Alexandrin ou l'art de faire des vers à pied
Une histoire tout en fraîcheur, en douceur, mélancolique et pourtant lumineuse, et une vraie bonne surprise
Poètes et poésie
On s'attache à cet Alexandrin, poète de rue qui recueille un jeune fugueur pour lui faire découvrir son monde (et nous faire du même coup prendre un peu de distance par rapport au matérialisme de notre époque La rencontre Rabaté-Kokor donne un album inattendu, plein de poésie.
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Date de parution | 24 Août 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’aime beaucoup les histoires de Pascal Rabaté avec un bémol, j’ai parfois l’impression de lire une demi histoire. C’est le cas avec celle-ci. L’association avec Kokor au dessin fonctionne bien, j’ai trouvé le dessin sobre et efficace, au service des personnages et de l’histoire. Le personnage d’Alexandrin, avec son amour des mots et son penchant pour l’alexandrin, semble vouloir incarner une certaine forme de poésie du quotidien. Réduire la poésie aux alexandrins est un peu réducteur je trouve, et je n’ai pas été convaincu ni dans le fond ni dans la forme. Ses vers sont souvent bancals, parfois même à la limite de l’imparfait (rimes telles que “Kevin/rime”). Alexandrin modeste, n'atteint jamais Racine… La poésie, quand elle est bien maniée, peut transformer le banal en sublime. Ici, malheureusement, le sublime reste hors de portée. Le récit, quant à lui, se contente d’effleurer des thèmes déjà bien explorés. Le poète-clochard englouti par une société de consommation indifférente, c’est un peu déjà-vu, et Rabaté ne parvient pas à insuffler une grande originalité à ce thème pourtant porteur. C'est agréable à lire, esthétiquement plaisant mais décevant quand on sait de quoi peut être capable Pascal Rabaté. En tous cas je préfère lire Vive la marée !, Les Petits Ruisseaux ou Ibicus.
Décidément j'ai du mal avec les textes de Pascal Rabaté. Ici encore je suis resté hermétique à sa "poésie" écrite. J'ai trouvé que contrairement à ce qu'il suggère, Alexandrin prend de grandes libertés avec le classicisme de l'alexandrin en le réduisant à une simple rime parfois imparfaite (Kevin/rime ou vie/raviolis). Mais surtout je n'ai pas retrouvé la musique et le rythme envoutant d'un Racine ou d'un Ayroles. Rabaté à l'instar des grands poètes du XXème siècle et fin XIXème, semble nous dire que le beau peut se nicher dans le vulgaire du quotidien (touille/bouillent). Certes, mais si Baudelaire y réussit je n'ai pas été convaincu par Alexandrin/Rabaté. Le reste du récit du gentil poète-clochard englouti par la société de consommation et de performance est assez convenu et Rabaté n'y apporte pas une grande originalité sur le thème de l'homme et l'enfant en vadrouille. Le graphisme de Kokor fait le travail mais là encore je le trouve beaucoup trop statique pour nous entrainer dans un tourbillon de musicalité. Les héros sont trop souvent assis pour créer ce mouvement. Une lecture passable à mon goût.
Voilà une histoire assez simple sur le fond, agréable à lire, et assez vite lue (il n’y a pas trop de texte ni d’intrigue alambiquée à assimiler). C’est aéré, léger, et j’ai plutôt aimé suivre les mésaventures de ce clochard poète, de cet errant magnifiquement dérisoire, accompagné d’un gamin rencontré dans la rue, le duo vivotant, vendant quelques vers. Mais si j’aurais bien aimé mieux noter cet album, je m’en tiens aux trois étoiles. Car il y a là quelque chose qui me gêne, au niveau de ce qu’on entend par poésie. En effet, on a là plutôt une sorte de suite de slams, le côté poétique étant marqué par des rimes (qui s’affranchissent allègrement de pieds réguliers). Or si pour certains la rime fait la poésie, c’est une erreur. Et du coup, j’ai trouvé lourdingues ces phrases justement parce qu’elles prétendent à tort à la poésie alors même que des dialogues simples, ou alors une vraie inspiration poétique m’auraient sans doute rendu plus jouissive cette histoire. Bon, ceci étant dit, c’est une lecture qui plaira certainement davantage à certains. Et de toute façon, la narration est fluide et agréable, et la fin, pleine d’une noire ironie, est bien fichue. Note réelle 2,5/5.
Kokor est un auteur que j’apprécie beaucoup. J’aime son coup de crayon et ses récits qui m’invitent à la flânerie. C’est donc avec l’idée de passer un bon moment de lecture que j’ai abordé « Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied ». En plus, pour la réalisation de cette bande dessinée, Rabaté, un autre auteur que j’apprécie, se retrouve au scénario, que demander de plus ?! Et bien, je suis tombé des nues… En fait, je ne crois pas du tout que je suis le lecteur approprié pour lire « Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied » parce que je déteste les poèmes et tout le bordel qui est lié à cette matière ! Dans ma jeunesse, ça a toujours été une corvée, une horreur de réciter des poèmes. Je ne vois aucun intérêt de compter le nombre de vers, ça ne m’amuse pas ! En lisant « Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied », j’ai eu l’impression que les auteurs ont voulu faire un exercice de style, qu’ils ont créé cette histoire par amour pour la poésie au détriment du récit en lui-même. Tout au long de cette lecture, je n’ai jamais réussi à m’imprégner de la poésie proposée par Kokor et Rabaté. Pire, j’ai eu maintes fois envie de donner des claques au personnage principal tellement il m’agaçait, du genre « Mais réveille-toi nom de dieu ! Ouvre tes yeux, c’est bien beau de parler tout le temps en vers mais ne vois-tu pas que tu te fais passer pour un idiot, certes un bel idiot, mais un sacré idiot quand même ! ». Et pourtant, j’aime Georges Brassens et Léo Ferré. D’ailleurs, à propos de Léo Ferré, je poste ici quelques passages de « Préface » qui résument en gros mon ressenti sur la poésie : « La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction. Elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore. On ne prend les mots qu´avec des gants. À menstruel, on préfère périodique. Et l´on va répétant qu´il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires et du codex », « Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n´employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu´ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baise-main », « Ce n´est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot. Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s´ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes. »… Après, ne venez pas me dire non plus que les paroles d’un rappeur (qui utilise souvent des expressions et des mots issus d’une communauté ou d’une zone bien définies, et donc inconnus de/inadaptés à/ la langue française) sont des poèmes… Je ne vais pas faire la morale aux auteurs, ni avoir la prétention de leur dire ce qu’il aurait fallu faire car je n’y connais rien en poésie, ou plutôt en poèmes. Malgré le beau coup de crayon de Kokor, malgré un dénouement assez touchant, malgré toute la volonté du monde de la part des auteurs pour nous faire partager leur amour pour la poésie/les poèmes, je n’ai pas été porté par leur récit… Cette bande dessinée ne m’était donc clairement pas destinée.
La vie fait parfois curieusement les choses, il y a environ une heure je postais un avis sur une BD, Snotgirl où le langage SMS est roi. J'y disais toute ma nostalgie de ce temps où les élèves avaient encore la possibilité de découvrir des auteurs, des poètes qui ne sont plus à la mode aujourd'hui. J'ai trouvé cette BD très jolie et émouvante. Mine de rien elle nous dit beaucoup de choses sur notre monde moderne, fait de rapidité et d'instantanéité. Et oui la lecture n'est pas difficile, d'ailleurs pourquoi le croirait-on ? Parce qu'à un moment ou un autre, on aurait entendu un rimailleur tenter de jouer au poète, un professeur rebutant à l'école. J'invite le plus grand nombre à lire cette BD, elle prend tout son sens à l'heure actuelle, dégageant une certaine mélancolie mais sans tristesse. Elle prouve qu'avec quelques mots arrangés de belle manière l'on peut dire des choses importantes. Du dessin se dégage également une ambiance qui sur certaines planches incite à la rêverie.
J’ai bien aimé ce récit, certes très classique sur son fond, mais joli et poétique dans sa forme. L’histoire de ce sans-abri voguant au fil des paysages, vivant de poèmes vendus de portes en portes et qui prend sous son aile protectrice et éducatrice un jeune fugueur, ce n’est clairement pas ce qui se fait de plus original. Mais tout classique qu’il soit, ce récit n’en est pas moins touchant. Je craignais un peu que l’écriture en vers et en pieds fatigue à force, ou m’oblige à relire certains dialogues pour bien les comprendre. Ce n’est absolument pas le cas, cette écriture demeure très fluide et agréable à lire. L’humour est bien présent mais demeure léger car ce sont la poésie des mots et la musicalité du verbe qui sont mis en avant. Le dessin est vraiment beau. La colorisation apporte une mélancolie au récit tandis que le trait expressif et caricatural laisse passer beaucoup d’émotions. Des décors se dégage encore une forme de mélancolie, de douceur, de beauté dans la normalité. Rien d’exceptionnel mais je me suis senti bien dans ces pages. En clair, j’ai bien aimé… même si ce récit est tout sauf surprenant.
C'est une bd sur le temps qui passe, sur le sens des mots, sur une pause à faire dans une vie qui va de plus en plus vite. C'est le regard d'un vagabond maniant bien la langue de Molière entre mélancolie et douceur. En effet, il parle en faisant des alexandrins ce qui donne un caractère poétique à cette oeuvre. Bref, il faut aimer vivre dans ces délires pour apprécier. Ce poète va de porte en porte. Parfois, il est bien accueilli et parfois assez mal. C'est une expérience assez intéressante et assez touchante notamment vers la fin. La moralité est que la poésie ne meurt jamais même si la vie emporte tout sur son passage.
Ouah, je m'étonne moi-même de la note que je donne, c'est vous dire ! Qu'a fait cette BD pour attirer mes foudres chroniqueuses ? Rien, et c'est là tout le drame. Cette lecture n'a pas été déplaisante, mais elle m'est passé un peu trop au-dessus de la tête. J'en reste encore surpris. Le souci, c'est que si je n'avais pas du redéménager mes BD récemment, j'aurais complètement oublié que je l'avais lu. Et pourtant je me rappelle l'histoire et quelques détails, mais dans l'ensemble j'ai trouvé ça seulement sympathique, j'ai oublié pas mal de choses et ma relecture m'a encore plus laissé sur ma faim. C'est trop mignon et trop beau, sans doute. Pas assez de fantaisie ou de poésie (dans le sens pas assez poétique dans la façon de faire), une fin convenable mais qui ne m'a pas touché ... Je ne sais pas exactement où, mais l'alchimie n'a pas pris. Et ça m'embête un peu parce qu'il y avait tout pour que je sois enthousiaste. Le dessin est bon, quoique pas particulièrement notable à mon gout. Et pour le reste ... Ben je n'ai pas tellement envie de le lire une troisième fois, ce qui est quand même sacrément dommage. Bref, en ce qui me concerne c'est un coup d'éclat dans le vent. Et c'est malheureusement tout.
Un scénario sympathique de Rabaté servi par l'excellent trait de Kokor. À cause du titre, j'avais moi aussi peur de lire une histoire remplie d'alexandrins chiants à lire, mais au final cela se lit très facilement et j'ai bien aimé les dialogues. Le personnage du poète est un personnage attachant et intéressant et le petit garçon qui l'accompagne durant la majorité de l'album n'est pas mauvais non plus. Toutefois, il manque quelque chose pour rendre le tout captivant à lire. J'ai trouvé que vers les trois-quarts de l'album, le récit commençait à tirer en longueur et qu'il ne se passait plus grand chose de bien intéressant. Heureusement que les dernières pages sont très bien. Au final, un bon divertissement sans plus.
Cela fait des années que je n'avais pas lu une bande dessinée signée Kokor,depuis Balade Balade, en 2003. Bien que le scénario soit de Pascal Rabaté, je trouve que l'on reste dans son univers, c'est d'ailleurs ce qui fait le charme de ce one-shot. J'avais peur que la lecture des dialogues, la plupart en alexandrins, soit fastidieuse au final, et bien non, on finit comme Kevin, le jeune garçon qui accompagne le poète, par attraper ce virus. En suivant quelques jours dans la vie de curieux poète, mi clochard, mi séducteur, Alexandrin, j'ai beaucoup ri (ah! la scène des bains douches) mais la seconde partie de cet ouvrage devient plus émouvante, voire touchante, toute empreinte de spleen. Ce livre est une véritable bouffée d'oxygène dans ce monde matérialiste. Touchant.
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