Serum
Paris, 2050. Depuis les purges qui ont suivi le changement de régime, les tensions sont loin d'être apaisées. Des signes apparaissent ça et là. Une organisation criminelle clandestine semble préparer une action spectaculaire.
Anticipation Dictatures et répression Utopies, Dystopies
Reclus dans son appartement de la zone de transit, Kader vit seul. Divorcé, isolé de ses collègues à la maintenance des parcs éoliens, il ne parle à personne. Une injection de Sérum, un produit psychoactif administré aux justiciables dans le cadre du programme Vérité-Sécurité, l'empêche de mentir. Qu'il le veuille ou non, il ne peut dire que la vérité. Toute la vérité. Rien que la vérité. Cette malédiction fait de sa vie un enfer.
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Date de parution | 18 Octobre 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Grosse déception que cet album ! J'aime bien Pedrosa et la lecture du résumé sur le quatrième de couverture avait suscité en moi l'envie de le lire. Malheureusement le rythme est très plat, sans doute volontairement pour coller au quotidien morne et ennuyeux de notre héros. Là c'est trop, pas de rythme, c'est confus, les noms des personnages et les actions s’enchaînent sans qu'on comprenne bien ce qui se passe. Tout s'éclaircit un peu sur la fin, mais le revirement et les explications surviennent sur quelques pages seulement, c'est trop abrupt. J'aurais aimé un ouvrage plus long avec une intrigue un peu plus développée. C'est dommage car la thématique abordé est intéressante, et ce futur morne est plutôt plausible malheureusement, donc, l'histoire était tout à fait crédible, mais c'est assez mal traité car pas assez creusé, sans doute pour faire un one shot de taille conventionnelle. Les quelques pages qui suivent le dénouement sont superflues à mon avis, ça laisse un goût encore plus amer d'inutilité. Graphiquement pas grand chose à dire, ça colle à l'ambiance, mais du coup on s'ennuie d'autant plus. Un ouvrage qui n'avait pas les moyens de son ambition...
Je ressors de ma lecture avec une certaine frustration. Celle d'avoir lu une idée pas assez ou mal exploitée. L'histoire se laisse lire. Nous découvrons une société totalitaire (même si elle a gardé certaines formes de la démocratie), dans laquelle les déviants, les opposants ou les délinquants se voient administrer une drogue qui les oblige à ne dire que la vérité, en toute occasion. Noter héros subit ce traitement, et il ne peut ainsi se soustraire aux interrogatoires de la police d'Etat. Hélas, ses relations privées sont aussi pourries par sa franchise intégrale. Pedrosa prend le temps d'installer une ambiance - à défaut de nous donner toutes les clés de cette société. L'exposition est un peu trop longue. surtout en comparaison de la résolution de l'intrigue. Car, lorsque tout s'accélère, ça va pour le coup trop vite, j'ai le sentiment que l'intrigue a été expédiée. Du coup je suis frustré de ne pas avoir vu cette société (et l'idée de ce sérum de vérité) davantage exploités et explicités. Ensuite, je n'ai pas tout compris de la fin, et pas mal de passages me sont resté obscures (qu'en est-il des dirigeants, dont cette présidente, prise en flagrant délit de mensonge à la télé) ? Du pas mal donc, mais aussi des choses qui m'ont laissé sur ma faim.
L’histoire n’est pas palpitante. Vous plongerez allégrement dans Paris en 2050. La population est sous un sérum de vérité. C’est-à-dire qu’aucun individu ne peut mentir. Kader est seul et déprimé, ne trouvant que du plaisir qu’à travers les rencontres avec sa fille et son ex-femme. Une vie bien triste et morose. Est-ce qu’il y a un message quelconque à capter dans cet album ? Si c’est le cas, je suis passé à côté. C’est lent avec des dialogues bien pauvres. Le graphisme quant à lui, même si il est simple et sans fioriture, il est plutôt plaisant et adapté pour décrire une atmosphère pesante, austère et angoissante. La colorisation avec des tons froids accentue cette sensation. Le découpage des cases est d’un classique absolu. Quelle raideur dans l’approche. On reste donc ankylosé sur un gaufrier à 3 bandes à 2 ou 3 cases ! Pas emballé par cette société chimérique des années 2050 organisée pour que sa population ne soit pas heureuse. On n’y croit pas vraiment. Aucune dimension politique dans ce récit. Une bande dessinée banale sans saveur. note réelle 2,5
Je trouve que cette BD se base sur une idée très intéressante mais qu'elle est malheureusement assez peu développée et enrobée dans un scénario trop mou et ennuyeux. Cette idée qui est très bonne, c'est celle d'un état qui, pour assurer sa sécurité et punir les criminels, leur injecte un produit qui, durant des mois voire des années, les force à dire la vérité et rien d'autre que la vérité. Dans ces conditions, non seulement il leur est impossible de mentir, mais il est également impossible de dissimuler leurs pensées et dès qu'on leur pose une question ils y répondent sans rien cacher. Sur le plan de la police et de la justice, c'est pratique, certes, mais sur le plan de la vie privée et familiale, c'est terrible. J'étais donc curieux de voir ce concept mis en scène et les conséquences qu'il impliquerait. Le style de dessin de Nicolas Gaignard, et surtout ses personnages, m'a beaucoup fait penser à ceux de Frederik Peeters. Mais son trait est moins joli, moins affirmé, et les visages de ses protagonistes sont moins vivants. Celui du héros en tout cas, un vrai masque morbide du début à la fin de l'album, m'a rapidement lassé. Quant à l'intrigue, je l'ai trouvée trop lente, trop molle. La curiosité de départ a laissé la place à un désappointement puis à un soupçon d'ennui. Je ne me suis pas attaché au personnage principal et j'ai finalement suivi avec une certaine indifférence son parcours où il semble trainer laborieusement sa morosité et son mutisme. La fin de l'album vient expliquer son comportement et apporter un éclairage nouveau sur le reste du récit mais elle ne m'a qu'à moitié convaincu. Je n'ai pas bien saisi l'intérêt de ces manigances et ce qu'apportait un tel sacrifice de la part du héros dans le plan d'ensemble. Et dans tous les cas, je n'ai guère été diverti par cette lecture.
Une fois n’est pas coutume, Cyril Pedrosa a posé ses pinceaux pour ne s’occuper que du scénario. Il nous propose ici un récit d’anticipation politique mis en images par Nicolas Gaignard, dont c’est le premier album. L’histoire débute de façon énigmatique, avec un dialogue entre deux êtres dont on ne sait rien, si ce n’est que l’un évoque un événement grave aux conséquences irrémédiables, en décalage total avec des plans fixes se succédant, laissant voir un Paris nocturne et désert, avec seulement quelques indices pour montrer que l’action se situe dans le futur. Peu à peu, le contexte se dessine, mais ce n’est qu’avec parcimonie que les auteurs nous livrent au fil des pages les pièces de ce puzzle narratif. On finira par saisir alors toute l’ignominie odieuse et tragique dont est frappé Kader, le héros de l’histoire, qui, telle une souris piégée dans un labyrinthe, est contraint de dire la vérité grâce à la « zanédrine » qu’on lui a injecté dans l’organisme. La France qui est dépeinte ici est une extrapolation inquiétante de celle de 2018, où la surenchère médiatique semble avoir conduit les citoyens, craignant les attentats, à accepter la mise en place d’un régime autoritaire. Les attentats contre Charlie et le Bataclan sont passés par là, et ce one-shot est un avatar révélateur du climat actuel, où journalistes et politiciens jouent avec plus ou moins de cynisme la comédie du parler-vrai. Le dessin de Nicolas Gaignard traduit parfaitement l’atmosphère anxiogène imprégnant le récit, qui rappelle beaucoup le « 1984 » de George Orwell. On pense également à « Bladerunner », notamment pour certains des gadgets high-tech qui parfois semblent faire partie intégrante de l’organisme humain. Les décors nus et les couleurs froides font le reste, de même que l’inexpressivité des visages qui renforce l’absence d’humanité du contexte. « Sérum » est un thriller d’anticipation lent, parcouru par de rares scènes d’action, qui s’envisage plus comme un outil de réflexion politique, très fin au demeurant, que comme un inoffensif objet adrénalitique. Ce one-shot est in fine assez fascinant et ne manque pas d’intérêt, tans s’en faut, mais il est néanmoins dommage que les tenants et les aboutissants n’apparaissent pas toujours clairement au terme de l’histoire, même si une seconde lecture permet d’éclaircir certains points.
Fan du travail de Pedrosa, j’étais curieux de voir ce qu’il allait résulter de cet album, qui loin des terres de prédilections intimistes de ses derniers albums, nous emmène du côté de la dystopie. Il lâche aussi le dessin pour l’occasion et c’est un inconnu, Nicolas Gaignard, qui s’y colle et de façon très réussie. Nos deux auteurs nous embarquent dans le Paris de 2050, dans une France dirigée d’une main de fer par une présidente qui a sorti son pays de la Fédération Européenne… Oui, on n’en est pas passé loin pour ce qui nous concerne, et c’est tout l’intérêt de cet album, qui sur fond de thriller dystopique nous fait réfléchir sur notre apathie et ce laisser-faire ambiant face à tout ce qui petit à petit se met en place et permettrait entre les mains d’un dirigeant malveillant de mettre notre pays au pas et de l’enfoncer dans une forme de totalitarisme. C’est d’emblée l’ambiance imposée par le dessin et la mise en couleur de Nicolas Gaignard qui m’ont marqués. Son graphisme qui m’a rappelé par certains aspects celui de Frederik Peeters nous plonge dans une noirceur appropriée qui sert parfaitement le récit de Cyril Pedrosa. C’est en suivant Kader, personnage taciturne et secret que va évoluer l’intrigue. Soumis au Sérum, produit psycho-actif administré à tous les justiciables dans le cadre du programme Sécurité-Vérité, celui-ci est dans l’impossibilité de mentir… On comprend mieux son mal-être, surtout qu’il vient de divorcer… Petit à petit, on découvre ce qu’est devenu notre pays à travers ce personnage et son quotidien. Et tout cela monte doucement en puissance et en tension, car derrière cette façade qu’il impose Kader a beaucoup de choses à cacher… Un album fort et efficace qui met en lumière le savoir-faire de ces deux auteurs : à lire !
J'ai eu un gros moment de surprise une fois la BD refermée. Parce qu'elle m'avait plongée bien plus que je ne le pensais dans une ambiance très forte, et qu'au sortir de la lecture, je me suis retrouvé brutalement dans le monde réel. Et pourtant cette plongée saisissante est la moindre de ses qualités. Pedrosa est un auteur dont j'apprécie les œuvres même si je ne suis pas un très grand fan, mais là il devient quelqu'un à suivre selon moi. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu un tel scénario devant les yeux ! De la bonne science-fiction de type anticipation politique, assaisonnée de considération sur l'humain. Un bon mélange, qui surprend par la finesse de son dosage. C'est typiquement le genre de scénario qu'il faut relire deux ou trois fois pour saisir toutes les subtilités que l'auteur distille au fur et à mesure. La BD est en finesse, et c'est très surprenant à quel point rien n'est expliqué de façon évidente. Pour autant, toutes les clés de compréhension sont délivrés dans ce récit, ce qui en fait un scénario intelligent et subtil. Je ne suis d'ailleurs pas sûr d'avoir déjà tout compris. En revanche, le dessinateur m'était complètement inconnu. Et pourtant il a un trait qui fait mouche, surtout avec l'ambiance viscérale qu'il a réussi à développer. C'est sombre et glauque, on est happé dans ce Paris dystopique, encadré de militaires et de policiers, sous contrôle permanent. Et il y a quelque chose qui passe dans les personnages, leur attitudes, les cadrages ... C'est entrainant, sans qu'on ne se rende compte. Le dessin nous saute au visage pour nous entrainer dans cet univers sombre. Vraiment, pour un auteur que je découvre, je suis très enthousiaste ! Le régal final vient sans doute de ce mélange bien dosé de scénario intelligent et de dessin prenant : quelques considérations sur l'environnement et l'énergie, la politique, un futur de la France à la fois cohérent et parfaitement réaliste... C'est une BD qui résonne bien plus sur l'actualité qu'on ne pourrait s'y attendre (ça m'a fait immédiatement penser à l'état d'urgence notamment). C'est rempli de petits riens qui donnent un ensemble cohérent à cette France bien changée. Tellement bien fait qu'on aurait presque l'impression de s'y diriger gentiment. J'ai suivi l'avis de mon libraire, et je ne suis vraiment pas déçu. Une série bien noire, mais qui fait réfléchir, intelligente et servie par un dessin parfaitement en adéquation. J'ai vraiment un coup de cœur pour cette BD, que je vous recommande fortement.
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