Le Livre des livres
Marc-Antoine Mathieu imagine un recueil de couvertures de livres qui n’existent pas, mais dont le titre, le texte de présentation et l’illustration portent en eux le ferment d’univers insolites.
Marc-Antoine Mathieu
Lorsque le Grand Entrepôt Des Albums Imaginaires brûla, toutes les couvertures en attente de leur histoire partirent en fumée, les fictions de fictions disparurent en une fumée blanche qui obscurcit le ciel de Babel à Alexandrie. Quelques-unes échappèrent aux flammes. Comme autant de flacons en quête de leur ivresse, ces promesses de récits furent mises à la page pour devenir un livre, ce livre...
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Date de parution | 08 Novembre 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Comme souvent, MAM a demandé – et obtenu – que son éditeur fasse un « petit » effort. C’est en effet un grand format, mais surtout un papier cartonné épais (plus habituel pour les albums destinés aux très jeunes !), puisque chaque page fait en fait office de couverture d’un album. L’album est une sorte de compilation d’idées, d’images, chaque double page mêlant (à gauche) un court texte, et à droite la couverture d’un livre imaginaire (avec auteur, titre et maison d’éditions eux-aussi créés par MAM). On y retrouve son habituel Noir et Blanc, avec toutes les nuances de gris pour l’agrémenter. Une ambiance souvent rappelant (personnage compris) les Julius, avec un dessin géométrique assez froid, mais aussi quelques touches d’humour assez inhabituelles. Entre l’exercice de style et la compilation de strips gags, MAM poursuit là son œuvre, toujours intéressante, exaltant – de manière assez froide parfois – l’imagination, qu’il a vraiment foisonnante. Si l’album n’est pas forcément le meilleur, ni le plus original de MAM, il n’en reste pas moins attractif : les curieux se doivent d’y jeter un coup d’œil. Note réelle 3,5/5.
De nouveau, Marc-Antoine Mathieu parvient à surprendre là où on ne l’attendait pas. Avec cet objet, peut-être encore moins identifiable que d’habitude car ce n’est pas une BD, mais plutôt une suite de couvertures - et de quatrièmes de couvertures - de livres imaginaires, dont la narration reste à inventer. Une démarche audacieuse qui va obliger le lecteur à participer activement au projet, si tant est qu’il prenne plaisir à faire fonctionner ses neurones mais aussi son imagination. Une fois l’accord tacite conclu avec ce dernier, car il faut dire que certains risquent d’être rebutés. Toutefois, ceux qui connaissent et apprécient Marc-Antoine Mathieu seront plus enclins à tenter l’expérience. Car ce dernier est joueur, souvent facétieux, et aime à perdre le lecteur dans des dédales métaphysiques vertigineux. Parfois, cela tient du chef d’œuvre (Julius Corentin Acquefacques), parfois de l’exercice de style alambiqué (3 Secondes), mais dans tous les cas, c’est toujours expérimental, Mathieu étant un adepte déclaré de la philosophie oubapéenne. Et comme l’auteur sait qu’il est exigeant dans le fond, il n’oublie jamais d’être ludique sur la forme, tout en faisant également preuve d’un talent narratif et graphique mêlant fantastique, absurde et humour. On peut le dire, Marc-Antoine Mathieu respecte son lectorat et avec lui, c’est donnant-donnant : il exige beaucoup dudit lectorat, quitte à paraître parfois élitiste, mais en contrepartie cherche à l’entraîner dans ses mondes parallèles sans l’importuner avec un pensum intello indigeste pour le commun des mortels. Et après tout, c’est bien à cela que devrait servir la BD, outil pédagogique par excellence. Alors que nous disent ces couvertures et quelles histoires non encore écrites pourraient-elles renfermer ? « A toi de voir, cher lecteur ! » nous enjoint MAM, non sans une certaine malice. Avec cet « ouvroir de BD potentiel » pour le moins radical, l’auteur confirme son côté poète facétieux, avec comme terrain de jeu une imagination sans bornes, ou alors la borne du 1000ème degré… Il est possible que certaines références assez pointues – beaucoup plus que tout ce qu’il a pu faire auparavant - échappent au lecteur lambda. L’ouvrage en est truffé et il faut parfois les chercher comme on chercherait des œufs de Pâques dans un jardin. En toute logique, on découvrira alors qui sont ses « frères d’âme », parmi lesquels Borges, Philippe K. Dick, Ionesco, Escher, Peeters et Schuiten, des écrivains et artistes dont l’univers est proche de l’auteur… Cela reste parfois plus accessible mais conduit toujours à une sorte de vertige, comme souvent avec Mathieu. Jeu avec les mots ou les images, ce dernier utilise tous les registres à sa disposition, et certains lui reprocheront peut-être d’avoir voulu uniquement se faire plaisir. D’un autre côté, on peut envisager l’objet, certes ultra-hybride, comme une invitation à la curiosité, à la connaissance et à l’imagination. Car comme le résume assez bien une des couvertures (« Le moteur du doute »), MAM n’impose aucune vérité, aucune certitude, et à l’aide d’un humour subtilement caustique, se moque aussi - du moins croit-on le percevoir – du verbiage présomptueux de certaines prétendues têtes pensantes ou de ceux qui veulent faire du neuvième art un domaine d’études académiques. Restant fidèle au noir et blanc, Marc-Antoine Mathieu confirme également son talent de dessinateur, avec une démarche plus artistique ici, faisant ressembler « Le Livre des livres » à un Beau livre formidablement poétique… qu’on pourra idéalement compulser dans les toilettes (honni soit qui mal y pense), permettant qui plus est de transcender avec élégance la fonction initiale appropriée pour ce lieu. Bande dessinée ou pas, peu importe, ce livre s’inscrit bien dans la lignée des expérimentations de son auteur qui semble ainsi vouloir échapper à tout classement. En tout cas, une œuvre atypique dont chaque page est en toute logique cartonnée, à conseiller pour quiconque serait en panne d’idée cadeau.
Comme à son habitude Marc-Antoine Mathieu signe un ouvrage hors norme. Le temps passe, et il arrive encore à jouer avec le support BD, à trouver des idées innovantes, et à surprendre. Voici une nouvelle preuve de sa créativité, si il y en avait encore besoin. Il propose avec ce livre des livres ... un recueil de couvertures. Oui, un album entier ne contenant que des couvertures d'albums. L'objet est déroutant, grand format, épais, lourd, chaque page étant une vraie couverture cartonnée. Il nous propose une compilation de premières et quatrièmes de couvertures. Bien sûr il pousse le jeu avec son style habituel : il signe l'ensemble des oeuvres par des auteurs aux patronymes tous issus d'un anagramme de Marc-Antoine Mathieu. C'est dingue le nombre de noms et prénoms qu'il arrive à former juste à partir des siens. Chaque couverture est labellisée d'une maison d'édition dont le nom, le logo et la typographie sont un clin d'oeil à un éditeur existant. Dit comme ça, cet ovni va susciter la curiosité. Mais en fait, malheureusement, une fois qu'on a dit ça on a tout dit. Car une fois la surprise passée, on reste sur notre faim. C'est vite lu, ça n'appelle pas spécialement d'autres lectures, éventuellement un feuilletage anecdotique à l'occasion. Mais ça fait bien peu pour un livre à 28 euros. C'est un objet que je verrais plus dans une exposition que dans les étagères de la bédéthèque de monsieur tout le monde. Je suis admiratif de tant d'imagination, mais je préfère les autres créations de l'auteur.
Voici donc la dernière production de MAM ! C’est toujours avec intérêt et curiosité que j’attends ses albums, tant j’apprécie son jeu sur le fond et la forme qui font la marque de fabrique de son travail. Le Grand Entrepôt Des Albums Imaginaires conservant toutes les couvertures de livres attendant leur histoire a brulé. Ce recueil nous présente sous forme d’un livre les rescapées d’un trésor disparu… Une nouvelle fois, l’objet surprend de par sa forme. Grand format, une cinquantaine de pages épaisses et cartonnées, présentant en face à face sur deux pages la couverture et la 4e de couverture d’un livre imaginaire… Comme à son habitude MAM prend plaisir à jouer avec les mots et le sens tout en laissant libre court à son imagination graphique qui illustre chaque livre. Alors oui, l’idée est intéressante mais je me suis rapidement ennuyé… Ok, j’ai pris plaisir à retrouver les maisons d’édition cachées dans les anagrammes et les multiples références qui fourmillent au fil des pages, mais sorti de là, tout cela s’éloigne trop à mon goût de la BD pour flirter avec la branlette intellectuelle. Enchaîner des phrases fourbies d’un vocabulaire abscons ça peut être drôle une fois, mais à la longue cela risque plus de lasser le lecteur qu’autre chose : ce fut mon cas. C’est donc très déçu que je sors de cette lecture, moi qui suis plutôt un fan du travail de l’auteur. Et puis à quasi 28€ l'objet, je pense que je ne serais pas le seul ; l'option d'achat mérite en tout cas réflexion...
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