Conduite interdite
De retour en Arabie Saoudite après 5 années passées à Londres, une jeune femme a du mal à oublier la liberté et les conditions auxquelles les femmes avaient droit en Occident.
Féminisme La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Proche et Moyen-Orient
En 1984, Lubna quitte son Arabie Saoudite natale et se rend à Londres, en compagnie de ses parents. Son père doit y travailler pendant cinq ans. Là-bas, la jeune femme découvre une toute autre culture où la gente féminine peut travailler. Les femmes y sont autonomes et indépendantes. Lubna s'y éprend notamment d'une véritable passion pour la photographie. À l'heure où elle et ses parents rentrent en Arabie Saoudite, la jeune femme doit se dés-occidentaliser et remettre son voile sur son visage. Dès qu'elle pose le pied à terre, elle éprouve une gêne permanente. L'air est lourd. De retour chez eux, le père de Lubna lui annonce l'avoir inscrite à l'Université, mais en littérature arabe, pas en photographie. Frustrée et furieuse, elle est consignée dans sa chambre. De son balcon, elle observe les soldats américains présents, dont des femmes. Elle repense avec envie aux libertés que celles-ci possèdent. Quelques jours plus tard, Lubna apprend qu'elle va devoir se marier...
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Date de parution | 29 Mars 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album qui vaut presque plus pour le message émancipateur délivré, que pour l’histoire en elle-même. En plusieurs courts chapitres (tous introduits par des sourates du Coran), Chloé Wary se fait la porte-parole d’une jeune femme saoudienne, Nour, qui ne veut pas se conformer aux carcans imposés aux femmes dans la vie quotidienne. Cette soif de liberté – qui l’oppose frontalement à son père – va trouver à s’exprimer au travers du symbole de la conduite d’une voiture, interdite aux femmes dans ce royaume peu ouvert à la modernité sociale. Un mouvement féministe courageux, qui va se heurter à une violente répression. L’histoire de Nour se laisse lire, et son message est louable, mais l’album est vite lu, et j’aurais aimé avoir quelque chose de plus dense à me mettre sous la dent. Reste qu’il n’est pas mauvais de rappeler les côtés rétrogrades (pour ne pas dire plus) de l’Arabie saoudite, qui n’a pas grand-chose à envier à l’Iran (alors qu’on vend des armes et applaudit le rince moderne – quand il ne découpe pas ses opposants – tandis que l’Iran sert toujours d’unique repoussoir).
C’est une bd qui a été écrite pour dénoncer le fait que les femmes n’ont pas le droit de conduite en Arabie Saoudite depuis un décret du début des années 1980. L’actualité a rattrapé cette œuvre puisque le royaume a annoncé que les femmes pourront reconduire à partir de juin 2018. Il faut s’attendre à un tsunami de demande de permis de conduire. Que l’Etat interdise un certain nombre de choses, on l’accepte car cela s’appelle la loi. Maintenant que la religion au nom d’un Dieu dont on suppose l’existence sans preuve matérielle et scientifique interdise, c’est sans doute plus difficile à admettre. C’est dommage de se créer de telles restrictions supplémentaires que ce soit dans l’alimentaire ou dans les actes courantes de la vie de tous les jours. Les femmes en sont malheureusement les premières victimes. On a le droit de dire qu’on n’est pas d’accord avec de telles restrictions discriminatoires. Cette œuvre y concourt largement en citant d’ailleurs des sourates qui font d’ailleurs froid dans le dos. Je n’ai rien contre cette religion d’amour et de paix mais contre toutes les religions qui asservissent les gens au nom de certaines interprétations des textes sacrés. Finalement, quelle joie d’être libre en ayant aucune croyance. Il n’y aura pas d’erreur d’interprétation. Tout cela, ce ne sont que des chimères, point final. Cette bd est à pleurer sur le sort de ces pauvres femmes. On va suivre l’évolution d’une jeune fille qui a gouté les espaces de liberté quand le père de famille a travaillé à Londres. C’est certain que l’Occident, cela n’a rien à voir. Le retour dans la monarchie islamiste est difficile surtout avec la présence de la muttawa, la police des mœurs qui veille à ce que le port du voile soit intégral. Les nouvelles technologies sont encadrées, la musique n'est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, et la télévision par satellite est également filtrée, tandis que la ségrégation sexuelle est accentuée, et la conduite des femmes interdite. Féminisme et libertés ne font pas bon ménage. J’ai bien entendu été sensible au message d’espoir apporté par cette bd. Cela va se concrétiser bientôt. Il était sans doute nécessaire d’en parler afin de sensibiliser le public sur ce qui se passe dans une autre partie du monde où les mœurs et coutumes sont différentes. Mais bon, il faut savoir que selon un classement totalement indépendant, l’Arabie Saoudite est l’un des pays qui respecte le moins les droits de l’homme. Les autorités considèrent toute voix dissidente comme du terrorisme. Du coup, on ne peut être qu’admiratif envers ces femmes qui ont décidé de braver le pouvoir en conduisant pendant quelques minutes. Une escapade qu’elles paieront très cher. Juste un bémol par rapport au dessin sur cette bd qui n'est pas très bien réussi à mon humble avis. C'est un peu dommage. Pour le reste, j'ai assez développé.
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