Emma G. Wildford
Zidrou et Edith proposent un voyage dans le temps (années 1920) et dans l’espace (Angleterre et Laponie), à travers l’histoire d’Emma G. Wildford qui mêle mystère, aventure et amour.
1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Angleterre Iles Britanniques La BD au féminin Pays scandinaves
Il y a quatorze mois, son fiancé, Roald Hodges – membre de la National Geographic Society – a embarqué à bord du Kinship en direction de la Norvège, et depuis... elle est sans nouvelles de lui. Elle questionne régulièrement les autres membres, en vain. Avant de partir, Roald a confié à Emma une mystérieuse enveloppe à n’ouvrir que dans le cas où il lui arriverait malheur. Réfutant cette éventualité, elle décide de tout quitter – sa vie, son confort, l’Angleterre – pour se rendre en Laponie. Et en chemin, elle va peu à peu perdre ses certitudes... Plus qu’une quête à la recherche de son fiancé, Emma va vivre une véritable quête personnelle.
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Date de parution | 22 Novembre 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Les géantes assassinées - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il est initialement paru en novembre 2017. Il s'agit d'un récit écrit par Zidrou (Benoît Drousie), dessiné et mis en couleurs par Édith (Édith Grattery). le premier est un scénariste de bande dessiné très prolifique, auteur aussi bien de séries pour la jeunesse comme Tamara avec Darasse, que de récits pour lecteurs plus âgés comme Natures mortes avec Oriol. Édith est une auteure de bande dessiné et une illustratrice prolifique, par exemple l'adaptation de Les Hauts du Hurlevent de Charlotte Brontë, ou des séries originales comme Basil & Victoria, ou les illustrations de la série Princesse Zélina. En 1920, deux femmes sont installées à l'ombre d'un arbre, dans une grande propriété, située en grande banlieue de Londres. Il s'agit d'Emma G. Wildford et de sa soeur Elizabeth qui est enceinte. La première compose et écrit un poème, la seconde lit. Incommodée par la forte chaleur, Emma se déshabille complètement et fait trempette dans le bassin aux nénuphars où nagent des carpes, essuyant quelques remarques de sa sœur choquée par un tel comportement. Un peu plus tard la servante Doris vient leur apporter les douceurs pour le goûter dont des desserts glacés Dame Blanche. Pendent qu'elles dégustent ces mets, Charles (le mari d'Elisabeth) revient de sa journée à la City où il est banquier. Il accepte bien volontiers de manger un peu de glace comme lui propose Emma. Il s'enquiert de la santé de sa femme qui est enceinte, puis il demande à Emma si elle a eu des nouvelles de son fiancée Roald Hodges junior, parti en expédition en Laponie. Emma répond par la négative et demande qu'il l'emmène dans sa voiture le lendemain, jusqu'à Londres. Lors du trajet, Emma admoneste Charles qui souhaite engager la conversation et lui rappelle la fois où il s'est permis des privautés mal venues, sur sa personne. À Londres, Charles la dépose à la librairie Orwell Book Shop où elle donne lecture de ses poèmes aux 3 personnes qui sont venues l'écouter. Après leur avoir donné des conseils bien sentis et personnalisés, elle se rend à la Royal Geographical Society où elle pénètre malgré la non mixité qui est de mise. Elle évoque l'expédition de son fiancé avec Lord Grosvenor, pour découvrir le tombeau de la déesse Dolla vénérée par les autochtones. Elle se fait rabrouer par Gordon Scott, sociétaire ayant lui-même exploré ces régions. Il évoque les ascendants de Roald Hodges qui ont tous trouvé la mort au cours d'expédition. Emma se souvient de ses adieux avec son fiancé sur le quai d'une gare. Elle retourne dans la résidence d'été de sa sœur et son mari. Lord Wildford (le père d'Emma & Elizabeth) se joint à eux pour le diner et évoque sa rencontre avec la romancière Agatha Christie (1890-1976). Au cours de la nuit, elle prend la décision de se lancer elle-même dans une expédition en suivant celle de son fiancé pour le retrouver. Dès sa prise en main de l'ouvrage, le lecteur est frappé par la qualité de sa finition. Il dispose d'un rabat qui se referme par-dessus la couverture, comme le rabat d'un journal intime. Au cours de sa lecture, il découvre insérés dans les pages, un facsimilé du billet d'Emma G. Wildford pour le navire qui l'emmène jusqu'au port de Bergen en Norvège, un facsimilé de la photographie de son fiancé, ainsi que la lettre dans son enveloppe, que Roald Hodges a écrit à Emma avant de partir. Ces artefacts n'apportent pas d'éléments supplémentaires au récit, mais il participe au plaisir d'ouvrir cet ouvrage au format soigné. le récit commence par une page consacrée à la chambre vide d'Emma. le lecteur note les contours tracés d'un trait fin, un peu tremblotant, comme s'il n'était pas très assuré, ainsi que la densité des informations visuelles. Les 6 pages suivantes sont consacrés à une prise de vue dont les plans partent d'une vue éloignée de la demeure, et se rapprochent de plus en plus des 2 sœurs. le lecteur sent la chaleur de l'été l'envelopper. Il constate l'immobilité des arbres et de la végétation. Édith n'a pas changé son mode de représentation, en particulier le détourage au trait fin et un peu lâche. Il n'en reste pas moins que ces images présentent une réelle dimension descriptive, et il se rend compte que les contours sont complétés par une mise en couleurs chaude et sophistiquée, transcrivant l'ambiance lumineuse propre à une après-midi d'été sous une chaleur harassante, ajoutant parfois des éléments représentés à la peinture directe, comme les carpes dans le bassin d'ornement. Au fil des séquences, le lecteur se projette avec plaisir dans les différents lieux où se rend Emma. Il ressent la tranquillité de la monotonie de la campagne anglaise pendant le trajet en voiture avec Charles, avec une légère brume de chaleur et un vert humide. Il laisse son regard errer sur les étagères qui croulent de volumes divers, tapissant l'intégralité de la librairie avec une lumière mordorée propice à la lecture. Il pénètre avec respect dans la vénérable institution de la Royal Geographical Society, constatant la richesse de son aménagement et de son ameublement. Il distingue la masse des navires au port, à demi effacés par la pluie et le brouillard, le jour de l'embarquement d'Emma, ce qui lui fait dire qu'elle a l'impression de faire ses adieux à un troupeau de parapluies. Il envie Emma de pouvoir avancer au pas sur un cheval au milieu de la toundra en Laponie, pour un spectacle grandiose des herbes déjà jaunies. Un peu plus tard, il aimerait bien participer à la bataille de boules de neige entre Emma et son guide Børge Hansen, par une belle lumière. Enfin, il observe l'étendue de mer gelée avec la tentation irrépressible de tester la résistance de la glace pour marcher dessus. Les dessins et les couleurs d'Édith tiennent la promesse implicite du récit, d'emmener le lecteur dans des endroits sauvages et de lui faire voir de beaux paysages. Édith applique le même mode de représentation pour les personnages. Chacun d'entre eux dispose d'une silhouette et d'un visage facilement identifiables. Emma G Wildford est une jeune femme à la silhouette plutôt fine, pas très grande, avec des cheveux mi-longs. Au fil de ses apparitions, le lecteur apprend à la connaître au travers de son langage corporel, avec des gestes très naturels, ni calculés, ni empruntés, une forme d'assurance qui ne s'exprime pas aux dépens de ses interlocuteurs. Elle ne joue pas le jeu de la séduction, elle se comporte normalement, sans jouer de sa féminité, mais sans la cacher, sans donner l'image d'une personne fragile, mais sans non plus vouloir s'imposer de manière masculine, sans entrer en compétition avec ses interlocuteurs. Par comparaison, sa sœur Elizabeth est porteuse de plus d'archétypes féminins, en particulier du fait des précautions qu'elle doit prendre en se déplaçant, étant déjà fort avancée dans sa grossesse. Dans la poignée de cases où elle apparaît Doris se conforme aux signes extérieurs attendus de la part d'une servante. Charles fait montre de l'assurance d'un individu disposant d'une belle aisance financière qu'il estime légitime car acquise par son travail. Børge Hansen se comporte comme un guide respectueux sans être servile, attentif à la personne qu'il accompagne sans la considérer comme inférieure ou ayant besoin d'une assistance particulière. Il se dégage une forme de bienveillance dans les relations interpersonnelles, malgré l'écart passé de Charles. Édith fait le nécessaire pour réaliser une reconstitution historique satisfaisante, qu'il s'agisse des tenues vestimentaires ou des modèles de mobilier, jusqu'à la forme des skis et les habits contre le froid. le lecteur se rend compte qu'il se laisse surprendre à plusieurs reprises par la beauté ou l'originalité d'un dessin qu'il peut considérer en dehors du contexte de la trame narrative : les carpes dans le bassin d'agrément, Emma allongée dans le bassin d'agrément recouverte par l'eau (une variation sur le tableau Ophélie, 1851-1852, de John Everett Millais, en page 9), la mise en scène sur fond blanc de la séparation sur le quai de la gare, l'étrange rêve mêlant bonhomme de neige et mère partie, ou encore les 2 pages à base de motifs de traditionnels de la culture Sami, la marche onirique sur la glace pour rejoindre l'îlot d'Ukonkivi. Ces séquences splendides apportent une richesse impressionnante au récit. Zidrou a choisi d'écrire une histoire s'inscrivant dans un contexte historique et géographique clairement identifié. Il s'appuie sur les dessins d'Édith pour le montrer, et insère également quelques références comme la relation de Lord Wildford avec Agatha Christie, la mention de Lord Olave Baden-Powell, d'un livre de Jack London ou encore de la Reine Victoria. La mention de cette dernière survient quand Emme G. Wildford indique aux sociétaires de la Royal Geographical Society qu'elle va à son tour se lancer dans une expédition, décision sortant de l'ordinaire par rapport à la place de la femme dans la société, sauf pour la Reine Victoria. Effectivement, le lecteur voit bien qu'Emma G. Wildford ne se conforme au comportement attendu pour une femme dans la société anglaise de l'époque. Sa sœur trouve inconvenant qu'elle puisse s'immerger nue dans le bassin d'ornement, au risque d'être vue par le jardinier. Son père refuse d'admettre qu'elle ait pu tomber amoureuse de Roald Hodges junior à l'âge de 13 ans. Elle brave l'interdiction d'entrée faite aux femmes à la Royal Geographical Society. C'est une auteure publiée. le lecteur peut envisager de classer ce récit parmi les ouvrages féministes puisqu'il raconte l'histoire d'une femme s'émancipant des règles que lui impose la société dans laquelle elle a vu le jour. Ce n'est pas un ouvrage militant pour autant. Emma G. Wildford est issue d'une famille aisée et dispose de finances suffisantes pour partir en expédition en Laponie. Elle n'a aucunement pour ambition de revendiquer une place différente pour la femme, ou de prendre la tête d'un mouvement de libération de la femme. Ce n'est pas une suffragette. Par contre, elle ne se sent pas tenue par les règles de bienséance implicites ou explicites Il s'agit d'une jeune femme bien décidée à expérimenter les plaisirs de la vie, comme les sentiments, l'émerveillement devant la beauté du monde, la sexualité sans en faire un défi, le plaisir de l'alcool de temps en temps. Elle souhaite disposer de sa liberté de mouvement au gré de ses envies, sans que cela ne relève d'une volonté délibérée de braver les interdits, sans non plus assumer la posture virile d'un homme. Grâce aux dessins, les actions d'Emma G. Wildford apparaissent comme des évidences naturelles. Zidrou glisse discrètement une raison d'ordre psychologique dans son comportement, avec l'absence de sa mère. Il insère également quelques scènes symboliques, comme celle du rêve mêlant la mère partie et le bonhomme de neige, le rôle de la déesse Dolla donnant le feu aux hommes, le carnet de poème d'Emma. L'écriture permet à Emma G. Wildford d'explorer un espace de liberté qui lui est socialement accessible. Alors qu'elle progresse dans son expédition en Laponie, son carnet tombe dans la neige et l'eau dilue l'encre, rendant les poèmes illisibles, comme s'ils étaient devenus inutiles à partir du moment où elle a pu explorer le monde réel à sa guise. Édith & Zidrou emmènent le lecteur aux côtés d'une jeune femme agréable et déterminée, sachant ce qu'elle veut, sans pour autant singer le comportement d'un homme ou obtenir ce qu'elle veut aux dépens des autres. L'artiste combine traits de contours légers et peinture directe pour une narration visuelle aérienne et séduisante, restant ancrée dans la réalité. Zidrou raconte une histoire simple en suivant une personne attachante, qui refuse d'être cantonnée à un rôle prédéterminé par des règles qu'elle n'a pas choisies.
J'ai découvert cette BD qui est un très bel objet éditorial, entre la couverture s'ouvrant de façon originale et trois documents glissés dans la BD comme autant d'indices que l'on va découvrir au fur et à mesure de l'histoire. C'est intéressant et c'est une grosse qualité de la BD. Maintenant, je dois dire que la BD n'a pas non plus une histoire qui m'a transporté plus que ça. On a une jeune femme de la bonne société anglaise qui recherche son fiancé disparu lors d'une exploration dans le nord Scandinave. Sous des faux airs de Alexandra David-Neel, l'histoire peut sembler proche d'autres ouvrages (je pense à la série Une Aventure de Jeanne Picquigny) et de fait je m'attendais à ce qui arrive dans le final. D'ailleurs ça m'a rappelé aussi des histoires de Jack London, sans trop savoir si le récit en est inspiré ou non. Toujours est-il que j'ai trouvé le déroulé sans grande surprise et que les indices semés au début sont assez vite explicite dans le récit. J'aurais aimé une plus grande interaction laissé au lecteur, le choix de comprendre les choses petit à petit. Dommage, l'idée est bonne mais l'utilisation est assez peu développée. Pour le reste, j'ai trouvé que le récit reste assez classique aussi. Pas de grande surprise à la lecture, même si elle reste satisfaisante. C'est surtout le dessin que j'ai apprécié. Il est très joli et c'est la première fois que je lis une BD de Edith, son trait m'a plu. Je suis assez preneur d'une nouvelle BD de sa part en tout cas !
J'ai trouvé que la forme était originale. On a un album avec une couverture qui se déplie (pas facile à manipuler pour la lecture), et qui contient 3 éléments : une lettre, une photo et un billet d'embarquement. Manipuler ces objets et les analyser avant de commencer la lecture a été une excellente mise en bouche. Juste qu'il faut pour être intrigué avant d'attaquer l'album. Bien vu. Le début m'a bien plu, même si cette histoire de femme qui attend son mari disparu en expédition n'a pas l'air ultra novatrice et originale. Mais ça fonctionne, on se prend au truc et c'est avec curiosité qu'on suit cette femme prête à tout pour retrouver son fiancé. Et c'est encore plus savoureux d'avoir lu la lettre qu'il lui a laissé avant de partir. J'ai trouvé un peu molle la deuxième partie, le voyage dans le grand nord, sur les traces de son mari Son périple avec son guide ne m'a pas emballé plus que ça : j'ai ressenti quelques longueurs dans cette partie. Et j'ai trouvé la fin assez expéditive. Un petit déséquilibre mal venu. Mais dans l'ensemble c'est une lecture que j'ai bien apprécié.
La collection Noctambule confirme avec cet opus qu’elle est un des labels de qualité des éditions Soleil. En effet, on a là un joli objet, enserré dans un emboitage, avec des documents qui donnent un certain cachet, pour ne pas dire un cachet certain à l’album : fac-simile d’une lettre – qu’il est important de ne pas lire trop tôt (idéalement après lecture, ou alors pas avant qu’elle ne soit réellement lue par un personnage dans l'album), d’un billet de transatlantique, d’une photo. Par-delà l’intrigue elle-même, c’est bien dans le portrait d’une femme que réside le principal intérêt de cette histoire. En effet, Emma est atypique dans la bonne société anglaise dans laquelle elle vit. Poétesse, indépendante, qui n’hésite pas à tenir tête à son père, à la société de géographie – aux hommes en général. Qui n’hésite pas à se lancer dans une expédition improbable pour retrouver l'homme qu'elle aime, explorateur disparu dans le grand nord, seulement accompagnée d’un guide local, qui va lui faire découvrir la beauté des paysages, et plus encore… Je suis juste resté un chouia déçu par la fin, mais ce n’est peut-être qu’affaire de goût, je souhaitais qu’Emma garde son allant… La narration est fluide, le dessin, simple, efficace, la lecture est agréable : une lecture recommandée donc. Note réelle 3,5/5.
L’album est présenté dans une très jolie boite. A peine ouvert, on se retrouve dans un jardin anglais, dans les années 1920, dans une ambiance aux couleurs chaudes et douces, un rien suranné. Emma G. Wilford est mélancolique, elle attend. Elle espère. Elle espère avoir bientôt des nouvelles de son fiancé parti en exploration dans le grand nord, en quête d’une mystérieuse déesse nordique. Malheureusement, il n’a donné aucune nouvelle depuis plus d’un an. Est-il seulement en vie ? Emma G. Wilford est une poétesse. Tout au long de l’album, elle écrit des vers. Emma est aussi une femme libre, pleine d’énergie, aux répliques directes et bien envoyées. N’y tenant plus, elle décide de partir à la recherche de son amour perdu en Laponie. La clef de l’énigme se trouve-t-elle dans l’enveloppe qu’il a laissée à son attention avant de partir ? Cette lettre est glissée à l’intérieur de l’album, de même qu'une carte d’embarquement et une photo du disparu. Cet album est une pépite. Du jardin anglais écrasé par la chaleur étouffante de l’été aux paysages glacés du grand Nord, Emma va en apprendre plus sur les êtres humains, sur la vie et sur elle-même. Du très beau dessin se dégage un romantisme extraordinaire.
Là oui cela vaut le coup. L'objet est déjà très bien édité. Une couverture magnifiquement illustrée, renforcé d'une couverture à rabat, de fac similés (photo et billet d'embarquement) font de ce livre un bel album que l'on apprécie d'ouvrir. Sur une centaine de pages, le dessin fait d'encrage pointu et vif, sec et fin, se mêle et danse avec une mise en couleurs de type aquarelles qui fait parfaitement écho à l'histoire, à la période et aux personnages. C'est très joli, vraiment un superbe travail. L'histoire nous fait suivre Emma, fille cadette d'une famille de petite aristocratie anglaise au début du 20e, période de conventions et de convenances, où la femme se marie et se doit d'être là pour son homme, profiter du temps qui passe dans une oisiveté inutile pour celles de bonne condition bien sûr, en ne remettant surtout pas en cause ce patriarcat étouffant. Emma est l'herbe folle, la femme poète qui rêve plus d'aventures que d'inaction. Elle va partir à la recherche de son fiancé, descendant d'explorateurs parti lui aussi vers le pôle nord et porté disparu. Nous allons donc la suivre d'abord dans son combat des conventions, puis dans celui des éléments naturels avant d'affronter celui des révélations. Comme le trait, l'histoire est vive, enlevée. La narration et le rythme sont parfaitement exécutés. C'est une très belle lecture.
Je n'ai pas du tout accroché à ce one-shot pourtant produit par deux auteurs que j'aime bien. Déjà je trouve que le dessin est correct sans plus, Je préférais le style d'Edith lorsque les personnages étaient dessinés de manière un peu moins réaliste, mais ce n'est pas mauvais et les couleurs sont bien choisies. Quant au scénario, il ne m'a pas du tout passionné. Je n'ai pas réussi à m'intéresser à Emma, au sexisme qu'elle subit et à sa quête pour retrouver son fiancé. Il n'y a que les vingts dernières pages que j'ai trouvées un peu intéressantes, mais à ce stade je m'ennuyais tellement que je m'en foutais déjà du récit. J'ai eu l'impression que la présentation de l'album était plus travaillée que le scénario, mais puisque plusieurs lecteurs adorent, on va dire que c'était encore un album qui n'était pas fait pour moi.
Cet album a fait partie de la sélection d'Angoulême pour l'édition 2018 et c'est mérité. Emma Wilford, est une femme anti conformiste dans l'Angleterre du début du 20e siècle. Elle s'occupe en composant des poèmes et a bien du mal à faire face aux conventions sociales de son époque. Son arme à elle, c'est l'ironie, le trait d'esprit, la remarque mordante. Pour échapper aux carcans sociaux de son époque, elle se met à la recherche de son fiancé parti lors d'une expédition au nord de la Norvège. Très bien écrit, et joliment dessiné dans un style digne de la ligne claire, cet album se démarque d'abord sur la forme. L'ouvrage se présente sous une forme broché, un peu comme un cahier sur lequel Emma écrirait ses poèmes, qui se referme sous une couverture rigide à l'image de la plupart des bd. A l'image d'un coffret, on trouve aussi différents objets dans cet album: une photo, un ticket de bateau, et aussi une lettre. Une lettre adressé par son fiancé qu'Emma n'a jamais ouvert, de peur d'y lire des choses désagréables. A titre personnel c'est la première fois que je vois une Bd présentée de cette manière. Tout ceci renforce l'idée qu'Emma est bien un personnage réel, et non pas imaginaire, dont on peu suivre la trace grâce à des objets personnels. Cet ouvrage m'a fait pensé à "Monsieur Désire", sur un personnage également anti conformiste dans l'Angleterre Victorienne. Cet album est pour moi une véritable réussite, tant sur le fond que sur la forme et j'invite tout un chacun à le lire.
Zidrou et Edith nous livrent ici un drame romantique traité de façon subtile et poétique, empreint d’un charme suranné, rehaussé par le tirage original et luxueux qui en fait un véritable objet d’art. Avec ses deux collections Métamorphose et Noctambule, l’éditeur Soleil, en mettant l’accent sur la qualité de l’impression, semble avoir compris, face aux enjeux du tout numérique, que l’avenir de la BD passait par une sorte de sacralisation de l’objet : double-couverture aimantée se dépliant pour laisser apparaître l’œuvre dans sa nudité, tel un écrin dévoilant son diamant ; insertion d’une enveloppe, d’une photo et d’un ticket d’embarquement, autant de pièces d’un puzzle contribuant à insuffler une touche de mystère au récit. C’est tout à fait magnifique ! De plus, le trait élégant d’Edith reste un vrai plaisir des yeux, renforcé par ses aquarelles délicates et de jolis effets de lumière. Aucune surcharge inutile dans ce dessin qui recèle un côté intemporel convenant bien à l’atmosphère de début de XXe siècle du récit. Plusieurs fois récompensée (notamment par une Pépite BD à Montreuil avec Le Jardin de Minuit), cette auteure, qui n’en est donc pas à sa première œuvre, mériterait largement une plus large renommée, à l’instar de ses consœurs plus connues, notamment Pénélope Bagieu, Chloé Cruchaudet ou encore Marion Montaigne. Scénariste BD très prolifique, Benoit Zidrou quant à lui nous propose une histoire en forme de quête passionnelle, celle d’une femme qui veut croire à l’amour avec un grand A, dût-elle se brûler les ailes, ou bien plutôt éteindre le feu qu’elle porte en elle dans la froidure des terres nordiques, pour reprendre la splendide parabole liée à l’expédition de son fiancé disparu. C’est bien vu et plein de justesse. Si dès le début, on devine qu’en partant à la recherche de Roald, Emma s’expose à de terribles désillusions, on comprend aussi que celle-ci, animée d’une passion aveuglante, refuse d’être consumée par une attente illusoire, car si Emma est naïve, elle n’en est pas moins combative – et féministe à sa façon en bravant le mépris et la condescendance des hommes de la société d’archéologie, ceux-ci cherchant à la dissuader de partir sur les traces de son fiancé. Emma n’est pas Pénélope. Elle préfère, plutôt que de tisser mille fois la même toile, écrire des poèmes. Ses écrits ont d’ailleurs bien souffert de l’humidité à la suite d’une chute durant sa quête, ce qui lui fera dire : « C’est comme si tout, toujours, était à réécrire »… « Emma G. Wildford », qui a été nominé pour le Festival d’Angoulême, a de bonnes chances de décrocher le Fauve d’or, procurant ainsi à ses auteurs une légitime reconnaissance dans le milieu du neuvième art. Le comité de sélection ne s’y est pas trompé en listant cette bande dessinée, qui est d’ores et déjà une des meilleures productions de 2017.
Décidément, tout comme sait le faire la collection "Métamorphose" du même éditeur, "Noctambule" sait soigner la présentation de ses albums en nous offrant un objet de toute beauté. En effet, la BD comporte en couverture un rabat supplémentaire qui confère à l'album un cachet indéniable. Il est aussi accompagné d'une enveloppe contenant plusieurs fac similés en lien avec l'histoire. Après leur dernière collaboration dans l'album Le Jardin de Minuit, Zidrou et Edith remettent le couvert pour nous proposer un album loin du fantastique cette fois. Plus intimiste, centré sur le personnage d'Emma, jeune poétesse anglaise censée épouser son fiancé Roald Hodges, membre de la National Geographic Society, à son retour d'expédition en Norvège. Sauf que l'expédition n'a plus donné signe de vie depuis des mois, et son promis non plus... Depuis elle se morfond chez sa sœur, mariée à un riche banquier londonien. Il ne lui reste qu'une lettre qu'il lui avait laissé à n'ouvrir qu'en cas de malheur mais qu'elle refuse d'ouvrir, ce qui vaudrait acceptation de sa disparition. Mais Emma n'est pas fille à s'en laisser compter et plutôt que de se résigner, elle décide de partir à la recherche de son futur époux en Norvège, ce qui n'est pas rien quand on est une femme en ce début de XXe siècle. C'est plutôt bien mené, les ambiances sont excellentes notamment grâce au dessin et à la mise en couleur de Edith, mais malgré cela je n'ai pas réussi à me faire plus embarquer que cela dans cette histoire. Peut-être déjà parce que j'avais un peu pressentis le fin mot de l'histoire, mais surtout parce qu'il me manque le petit supplément d'âme, l'étincelle qui fait la différence. Car somme toute ce n'est pas tant dans le mystère de cette disparition que réside l'intérêt de cet album mais bien dans le parcours atypique de cette jeune Emma, un peu trop en avance sur son temps. Un bon album auquel il n'aura pas manqué grand chose pour osciller vers le 4/5 mais qui restera à 3.
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