Bravo pour l'aventure - Les Aventures de Jesse Bravo

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Un aviateur/cascadeur intègre, dans l'Amérique des années 1930.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Aviation IDW Publishing Paquet USA Magazine

Jesse Bravo doit renflouer sa compagnie de charter. Pour cela il fait des piges comme cascadeur aérien pour les studios de Hollywood. Et personne (patron de studio, collègue indélicat ou bandit) ne le fait dévier du droit chemin.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Avril 1981
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Bravo pour l'aventure - Les Aventures de Jesse Bravo © Paquet 1981
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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01/02/2018 | Noirdésir
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Leçons de narration - Ce tome regroupe toutes les histoires écrites, dessinées et encrées par Alex Toth (25 juin 1928 – 27 mai 2006), mettant en scène le personnage de Jesse Bravo, réalisées entre 1982 et 1984. Il se présente sous un format de bande dessinée européenne et les histoires sont en couleurs. Who is Jesse Bravo ? (1982, 4 pages) – Sous forme de dessins accolés à des textes, Alex Toth présente la vie de son personnage. Bravo for adventure (1984, 54 pages) – Dans les années 1930, Jesse Bravo (un pilote d'avion, installé à son compte) accepte des commandes de fret, ou de réalisation d'acrobaties pour Hollywood. Alors que les finances sont en chute libre, il refuse de chercher un autre pilote qui doit de l'argent à un propriétaire de casino, et il accepte de réaliser des acrobaties pour un film qui doit se tourner à Lone Pine (même s'il refuse d'y emmener la fille du réalisateur). Coming (1982, 17 pages) – À Burbank en 1937, assommé par une pale d'hélice, Jesse Bravo hallucine. Il s'imagine dans une sorte de course-poursuite sans queue ni tête, de nature psychédélique. Le premier constat qui s'impose est que le travail d'édition est irréprochable, d'une très grande qualité, avec des pages parfaitement reprographiées permettant d'apprécier chaque trait, chaque aplat de noir. L'introduction de Dean Mulaney (dans l'édition VO) permet d'apprendre (ou de se remémorer) qu'Alex Toth a connu plusieurs vies professionnelles, comme dessinateur, mais aussi dans l'animation. IDW a d'ailleurs publié 3 tomes retraçant ses carrières : Genius, animated: The cartoon art of Alex Toth, Genius, illustrated: The life and art of Alex Toth, Genius, isolated: The life and art of Alex Toth. Ladite introduction permet également d'apprécier le sens de l'expression Un artiste pour les artistes, puisque Toth a été un modèle pour des dessinateurs comme Darwin Cooke, Bruce Timm, Howard Chaykin ou Paul Pope. Un feuilletage un peu rapide ne permet pas d'appréhender les qualités d'Alex Toth qui rendent ses comics si remarquables. Malgré le grand format, le lecteur ne voit au départ qu'une apparence datée, évoquant fortement les comic-strip des journaux américain. Mullaney indique d'ailleurs qu'Alex Toth admirait des créateurs de comic-strip comme Milton Caniff (Male Call ou Terry and the Pirates) et Noel Sickles (Scorchy Smith). Le lecteur se lance donc ce tome et il remarque immédiatement des traits épurés et des cases évoquant un peu Hugo Pratt. Il est également saisi par le lettrage fait main, sans cette impression répétitive des lettrages informatiques. Ce lettrage un peu irrégulier dans l'espacement des lettres et leur forme transmet une impression organique vivante, très agréable, un peu artisanale. D'ailleurs page 8, le lecteur découvre une case constituée de mots qui se chevauchent les uns les autres, sans forme humaine ou autre. La dernière case de cette page montre un vaisseau spatial en train de s'éloigner laissant une trace composée de gros carrés arrondis dont le lecteur se demande s'ils représentent les restes d'échappement d'un moteur à énergie inconnue, ou le son du même moteur retranscrit dans un alphabet extraterrestre (ou peut-être les deux à la fois). Cela peut paraître dérisoire d'aborder les qualités graphiques d'Alex Toth par le lettrage, mais pourtant cet aspect est partie intégrante de la page, et montre que cet artiste brise le mur qui sépare le dessin, des lettres d'un mot. À plusieurs reprises, Alex Toth rapatrie les lettres de l'alphabet dans le domaine du dessin en jouant sur leur graphie (une leçon dont se souviendront Howard Chaykin, et Ken Bruzenak, son lettreur attitré). Dès ces premières pages, le lecteur peut aussi constater l'incroyable travail d'épuration que Toth effectue sur les traits et les aplats de noir. En détaillant la manière dont est dessiné l'avion en train de voler (en haut à droite de la page 5), le lecteur constate un faible nombre de traits et une grosse masse noire pour la carlingue de l'avion. En prenant du recul, il constate qu'il peut quasiment identifier le modèle de l'avion, voir la fragilité des ailes de ce biplan, imaginer les contraintes qui tiraillent les câbles qui rigidifient la structure de l'avion, etc. C'est incroyable tout ce qu'expriment ces quelques lignes ! Tout au long de ce tome, le lecteur pourra ainsi observer à loisir la façon dont Alex Toth recherche jusqu'où il peut simplifier un contour, ou l'intérieur d'une surface, sans rien perdre de sens, pour atteindre une élégance raffinée. Il ne faut pas croire que cette épuration va de pair avec une forme de vide, ni d'économie. La gestion des aplats de noir et les variations d'épaisseur des traits de contour ont aussi pour effet de ne jamais donner l'impression d'une case creuse, ou superficielle. Lorsque la narration visuelle le nécessite, Alex Toth réalise des dessins comprenant plus de détails, comme l'intérieur d'un bar, les cadrans d'une radio, ou encore la carrosserie d'une Rolls Royce. Ce qui est également saisissant à la lecture de ces pages, c'est qu'il n'y a pas de cases statiques. Sans donner l'impression de rythme effréné ou de mouvement incessant, Alex Toth compose des images toujours pleines de vie, allant d'un simple haussement de sourcil, à un bolide lancé à toute allure. Il y a là une science de la composition proprement habitée par le flux de la vie. Cette vie émane également des personnages croqués par Alex Toth. Ils disposent tous d'une morphologie et d'une physionomie distinctes, facilement mémorisables, sans qu'ils n'en deviennent des caricatures. Sans aller concevoir des tenues extravagantes, Toth prend soin que chaque costume soit adapté à la personne, à son activité, et aux conditions météorologiques. Alex Toth sait dessiner avec une rare conviction les évolutions des avions en vol, malgré l'absence de repère fixe dans le ciel pour indiquer leur position ou leur trajectoire. La reconstitution historique est des plus convaincantes. le lecteur écoutera même la chanson When the deep purple falls over garden walls de Peter DeRose, sortir d'un jukebox (cette même chanson qui inspira Ritchie Blackmore pour le nom du groupe Deep Purple). Dans l'introduction, Dean Mullaney précise qu'il s'agissait pour Alex Toth de rendre hommage aux comic-strips, avec une histoire d'aviateur proche de la parodie. À la lecture, il s'avère que Toth a bien conçu une intrigue très cohérente, avec une habileté certaine pour utiliser les conventions de ce type de récit, sans pour autant se limiter à une enfilade de clichés, ou se reposer sur des mécaniques invraisemblables. Jesse Bravo est bien le personnage principal du récit (et même le héros), mais de nombreux rebondissements surviennent sans qu'il en soit le moteur. Ce tome se termine donc avec une dernière histoire (17 pages) pendant laquelle le lecteur voit les hallucinations de Jesse Bravo, ayant perdu connaissance. C'est une leçon de narration phénoménale. Alex Toth n'est pas tenu par une intrigue, il peut donc imaginer sa narration uniquement du point de vue visuel, passant d'une case à l'autre par le biais d'associations d'idée ou d'image. le lecteur se retrouve donc devant des cases de plus en plus épurée, où l'image tire vers l'abstraction, voire devient abstraite (une simple courbe, ou ligne brisée, ou encore une petite silhouette noire sur fond blanc (cette approche évoque fortement l'épure de Gilbert Hernandez). Soit le lecteur sera rebuté par ce délire insensé, soit il se rend compte que sur cette trame conceptuelle, Alex Toth réalise un travail narratif exceptionnel. Pourtant sans intrigue, cette suite de 17 pages constitue bien une narration inventive, avec un mouvement fluide, même s'il s'agit d'une case blanche ou noire, vierge de tout trait. Prise une par une, chaque case peut sembler incongrue ou même dépourvue de sens littéral. Remise dans le flux de la narration, à côté d'une autre case, ou dans le contexte de la planche, elle participe à un récit visuellement compréhensible, et pourtant impossible à mettre en mots. A priori, le lecteur attiré par ce tome y vient surtout pour découvrir l'art d'Alex Toth. Il est comblé au-delà de toute espérance par une maestria au service de la narration, par une leçon de narration à chaque page, et il bénéficie même d'une histoire à la construction intelligente, pleine de suspense. Il est alors possible de découvrir des travaux plus anciens comme Creepy presents Alex Toth ou Zorro: The complete Alex Toth.

29/08/2024 (modifier)