Petit traité d'écologie sauvage

Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)

Et si le premier ministre se prenait de passion pour les rainettes ?


Environnement et écologie Les petits éditeurs indépendants

Et si le premier ministre se prenait de passion pour les rainettes ? Et si écraser un hérisson par mégarde risquait de déclencher la fureur de son esprit protecteur ? Et si le monde et ses dirigeants adoptaient l'animisme des Indiens d'Amazonie ? La culture occidentale traditionnelle, quant à elle, ne subsisterait plus que dans quelques régions françaises, où un anthropologue jivaro viendrait l'étudier et militer pour sa sauvegarde. De ce parti pris, Alessandro Pignocchi fait émerger un monde où les valeurs s'inversent, les lignes se déplacent et où les rainettes reçoivent enfin la considération qu'elles méritent.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Mars 2017
Statut histoire Histoires courtes 3 tomes parus

Couverture de la série Petit traité d'écologie sauvage © Steinkis 2017
Les notes
Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)
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02/02/2018 | gruizzli
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L'avatar du posteur Triskeriaki

Un Amazonien qui vient étudier les européens, ça ne s'invente pas ! Le concept de la BD est original et amusant, les valeurs capitalistes sont inversées (les grands dirigeants sont animistes, ils sont soucieux du moindre animal), ce qui crée des débats loufoques. Malheureusement, j'ai été frustré par l'aspect BD que je trouve paresseux et méprisé, avec l'utilisation d'une même image par case, répétée parfois sur 4-5 pages !

25/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

J’étais passé complètement à côté de ces albums. Je me rappelle vaguement avoir vu leur couverture, mais leur aspect étrange m’avait fait penser à des romans graphiques pas faits pour moi. En fait on en est très loin ! En effet, ces délires plus ou moins loufoques issus du blog de l’auteur sont de petit brûlots absurdes, très engagés (voir les textes, mais aussi les références des citations en début de chaque chapitre ou dans les textes en fin de chaque album). Mais ce n’est pas non plus un pensum, la pagination est aérée (pas de gaufrier traditionnel) et l’auteur use d’un absurde souvent assez drôle. L’ethnologue jivaro, qui vient étudier « dans leur milieu » des Européens, est une idée intéressante et assez jubilatoire. On rigole à ses erreurs d’interprétation, dûes à sa méconnaissance relative de la langue et de la culture. Et par ricochet on s’amuse à imaginer le même type d’erreur de la part de certains de nos savants à propos de sociétés « indigènes ». Sinon, les hommes politiques, déclamant de la poésie, ou tenant des propos enflammés et/ou scientifiques sur telles ou telles plantes ou bestioles (grenouille par exemple), les commentaires décalés de journalistes (voir les débats autour des élections présidentielles de 2017), donnent un effet joyeusement décalé, absurde, à des scènes pourtant connues et sérieuses. Et cela donne aussi à réfléchir sur la valeur de discours qui sont dans la réalité saturés de langue de bois et de platitudes désincarnées. A tout prendre, la teneur des dialogues est ici presque plus « réaliste », humaine. Au travers de ces détournements (oiseaux discourant comme des journalistes ou personnages politiques, personnages politiques chantres d’une écologie poétique et politique), c’est une critique – assez constructive finalement – de nos sociétés et de certaines hypocrisies langagières qui est en œuvre ici. Et les textes qui concluent les albums (en particulier en fin du troisième, avec un éloge des ZAD) ne laissent pas de doute sur le caractère engagé de ces ouvrages, en plus de leurs qualités humoristiques indéniables.

12/03/2022 (modifier)
Par Titanick
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Titanick

Que ce petit traité est intelligent, et diablement drôle. Je regrette que ma bibliothèque municipale ne possède que les deux premiers tomes, j'aurais sans doute adoré lire le troisième, je vais aller déposer une réclamation sous peu (je plaisante). Nos paradigmes de sociétés, pas seulement occidentales d'ailleurs, sont bien mis à mal ici, et pour notre plus grand plaisir, zygomatique et intellectuel. Que nous ayons, et surtout nos politiciens avec nous, adopté les modes de pensée animistes jivaros, donne une saveur particulière à tous les discours et échanges verbaux des hautes sphères des états. On en vient à rêver que ce soit réellement le cas en ces temps troublés sur notre continent. Quant à l'élection présidentielle, le débat des deux candidats restant en lice, Mélanchon et Hamon, m'a fait hurler de rire. Je sens que celle qui approche sera moins enthousiasmante. Et que dire des interprétations de l'ethnologue Jivaro venu observer la dernière poche de résistance de la pensée actuelle ? Ses conclusions sont si évidentes dans l'absurde que c'en est confondant. Et si le dessin n'est en général pas le plus important dans ce genre de bd, il est ici particulièrement réussi. Les poses sont statiques et répétitives, certes, l'humour étant dans les dialogues. Mais les aquarelles sont très belles, surtout les mésanges, qui d'ailleurs ne manquent pas d'humour non plus. Bon, ben, je pars à la pêche du tome 3.

03/03/2022 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je réécris mon avis après lecture du troisième et dernier tome de cette série qui est décidément bien plus intelligente que rigolote, même si je dois dire que je me fends la gueule sur les gags et les idées que l'auteur a trouvé. Parti d'un point de vue étonnant, à savoir le développement de la pensée animiste des Jivaro dans l'ensemble du monde, sauf en Seine Saint-Denis où une poche de résistance continue d'exister, l'auteur tire une sacré leçon sur le monde et sur notre société. On sent, au travers de différents gags, tout les travers que l'auteur tient à souligner sur notre façon d'être et notre mode de vie. Chaque tome prend le temps de développer un aspect : dans le premier nous voyons les effets lorsque cette pensée se développe dans notre société, le deuxième tome se penche sur la compréhension de la société actuelle via un Jivaro anthropologue qui tente d'analyser avec ses biais nos habitudes, et le troisième tome conclue avec la fin de notre société, dont les derniers représentants disparaissent, avalés par la nouvelle société animiste. Si l'on peut y lire un message utopiste et positif sur le changement sociétal, j'y vois aussi et surtout une analyse très fine de nos propres comportements, de l'absurdité de ceux-ci et de la façon dont nous voyons et comprenons notre monde. Cette façon de faire est renforcé par le dessin, très coloré et faisant la part belle aux paysages, avec une répétition des postures et des cases (assez proche de ce que fait Fabcaro d'ailleurs) jusqu'à la chute, bien souvent reposant sur le dialogue. Et l'humour, parlons-en ! Entre Poutine et sa mangue, Merckel et son poisson ou Macron qui tente de faire le grand guignol pour attirer l'attention (et qui est materné par Merckell et Trump, un vrai régal), on rigole de nos dirigeants et de leurs travers, mais aussi et surtout de notre modèle sociétal. A ce niveau-là, les gags comprenant le sociologue Jivaro sont les meilleurs, avec un décalage et une vision qui m'ont fait rire à chaque fois. Mais qui m'ont également fait réfléchir, par rapport à notre propre rapport à la nature, à nous et aux autres. C'est plus fin et intelligent que ça en à l'air, et j'ai trouvé à cet égard que le troisième tome apporte une véritable réflexion sur notre mode de vie. Et le tout tempéré par des gags qui tombent juste (notamment les dialogues des oiseaux, une petite merveille). L'auteur a prit un parti original pour parler de fait sociétaux, et il a réussi au-delà de mes espérances. J'ai réellement ri, pas juste pouffé ou soufflé du nez, et je me suis posé bon nombre de questions à la fin de la lecture. C'est, à mon avis, une réussite à tout les niveaux. Les trois tommes se complètent à merveille, et je suis toujours enjoué à l'idée de relire l'un d'entre eux. Recommandé, surtout en ce moment, où la question de notre propre rapport au monde est au centre de bien de débats. Un triptyque rafraichissant et divertissant, amusant et intelligent. Que demander de plus ?

02/02/2018 (MAJ le 29/03/2020) (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

A titre personnel, j’ai bien aimé cet album. J’ai cependant conscience qu’il ne plaira pas à tout le monde et que cette forme d’humour passera au-dessus de la tête de bien des lecteurs. Trop intellectuel ? Oui, peut-être. En tous les cas, le lecteur doit déjà un peu connaître (et partager ?) certains principes de l’animisme pour saisir la démarche de l’auteur. Et si vous n’êtes ni intrigué, ni amusé par les deux cases présentées au dos de l’album, je pense sincèrement que vous feriez mieux de passer votre chemin. Pour ceux qui restent, les différentes histoires choquent, intriguent, amusent. Elles suscitent la réflexion du lecteur et forcent ce dernier à faire preuve d’une certaine forme d’humilité et d’autodérision. Le fait que l’auteur emploie régulièrement un même dessin pour illustrer une scène entière pourra déplaire à certains. Mais comme l’humour passe ici beaucoup plus par le décalage des dialogues et des propos tenus, à titre personnel, ce procédé ne m’a absolument pas dérangé. Au final, globalement, j’ai bien aimé. Il y a certaines scènes que je ne pense pas avoir pleinement saisies, mais elles sont rares. A contrario, certains dialogues m’ont vraiment bien fait marrer. C’est absurde et intelligent (parfois un peu trop pour moi, je le concède). En tous les cas à essayer. Franchement pas mal, quoi… et surtout différent de ce que l’on me propose d’ordinaire en matière d’humour.

08/03/2018 (modifier)