La Petite Souriante

C’est l’histoire d’un homme qui tue sa femme. Sauvagement. Puis, il balance le corps au fond d’un puits. Il rentre chez lui. Mais, là, il trouve sa femme… vivante ! « Ah ça, pour sûr, cette histoire, c’est pas vraiment « La petite maison dans la prairie » ! »
École européenne supérieure de l'image
Josep Pla, dit Pep, est éleveur d'autruches dans une tienda isolée. Une nuit, après treize ans d'un abominable mariage, il massacre sa femme avant de balancer son corps au fond d'un puits et de se débarrasser des traces. Enfin, il va pouvoir se la couler douce avec Isabela, sa belle-fille pourrie par la haine, qui rêvait de ce meurtre comme d'autres rêvent de leurs fiançailles. Sauf que... De retour chez lui, soulagé de son devoir accompli, Pep ne s'attendait pas à y être accueilli... par son épouse. Laide et bien vivante, et toujours aussi insupportable. Une découverte incompréhensible qui enflamme la colère d'Isabela, persuadée que son amant ne vaut pas un clou. Car si la morte est encore en vie, alors qui est dans le puits ? Et combien de fois faudra-t-il encore la tuer pour qu'elle ne revienne plus jamais leur gâcher l'existence ?
Scénario | |
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Date de parution | 02 Février 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Tu n'as pas honte de dire des cochonneries pareilles ? - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. La première édition date de 2018. Le scénario a été réalisé par Zidrou (Benoît Drousie), dessiné, encré et mis en couleurs par Benoît Springer, avec l'aide de Séverine Lambour pour la colorisation. Le tome se termine avec un cahier graphique de 14 pages, comprenant des études de personnages et de composition de page, ainsi que le texte intégral de la chanson Elle était souriante, paroles d'Edmond Bouchaud (dit Dufleuve), musique de Raoul Georges. Quelque part en France, vraisemblablement dans le Sud, une nuit, non loin d'un troupeau d'autruches, un homme est en train de manier une lourde masse ensanglantée. Il s'agit de Josep Pla (Pep), et il vient d'écrabouiller le visage de sa femme Dora, la tuant sur le coup. Il charge le corps de sa femme et la masse, sur le plateau de son pickup. Il conduit jusqu'à un puits isolé et prend le cadavre de son épouse par les épaules. Contre toute attente, elle reprend connaissance et lui demande le beurre. Il se dégage d'elle, reprend la masse et abat la masse jusqu'à avoir une certitude. Alors qu'il traîne le cadavre jusqu'au puits, il lui revient en mémoire une chanson qu'il appelle La petite souriante (en fait Elle était souriante). Il jette le corps dans le puits asséché, retourne vers le plateau pour y déposer la masse, et ramasse trois dents restées dessus, qu'il met dans sa poche. La pluie se met à tomber, lavant le plateau. Pep monte dans la cabine et commence à se déshabiller pour enlever ses vêtements pleins de sang. Son téléphone portable sonne. Il décroche et indique qu'il a fait le travail à son interlocutrice, son amante. Il conclut sur le fait qu'avec la mort de Dora, il va y avoir plus de boulot avec les autruches. Il rentre chez lui avec son pickup et après s'être changé. Il se gare, entre dans la maison, et accroche sa casquette à la patère. Il entend la voix de sa femme qui l'accueille. Il pénètre dans la cuisine et se retrouve face à Dora avec des bigoudis sur la tête, toute souriante. Il réussit à conserver sa contenance. Il ressort pour téléphoner depuis le bâtiment où les autruches sont abattues. Il rappelle son amante pour la mettre au courant de ce fait inexplicable : Dora est encore en vie. Il brule ses vêtements dans la chaudière. Il retrouve les trois dents dans sa poche. Le lendemain, Isabela, la fille de Dora, revient du pensionnat, déposée par Ruben, le vétérinaire. Elle explique à sa mère que des cours ont été annulés, suite à des restrictions budgétaires et qu'elle est bien contente d'être là pour fêter l'anniversaire de ses dix-huit ans le lendemain. Dès que sa mère commence à évoquer la possibilité d'aider Pep, son beau-père, au magasin, Isabela se lance dans une colère expliquant qu'elle ne peut pas supporter ce rustre sans éducation. Avec la couverture, le lecteur découvre un ouvrage intriguant : une image minimaliste annonçant un meurtre (une autruche en train de picorer un cadavre), une touche d'horreur corporelle, un récit de sous-genre derrière cette couverture artificiellement fatiguée, une forme d'absurdité existentielle avec ces animaux regardant la mort d'un humain avec indifférence pour la mort humaine. Les auteurs ne perdent pas de temps avec, d'entrée de jeu, la description d'un meurtre sauvage (à la masse), et la manière de faire disparaître le corps. Le lecteur observe des dessins très efficaces, descriptifs, avec des tracés de contour assouplis pour rendre compte de l'immédiateté de ce qui est montré sans affèterie. Il regarde les gestes fermes et brutaux de Pep, en notant que son visage exprime dans le même temps une forme de dégout, de tension et d'inquiétude. Il note la manière dont Benoît Springer accole les plans différents pour augmenter l'impact de la scène (l'alternance du visage et de la masse en page 6). Il apprécie le niveau de détails lorsque Pep se change dans la voiture, lui permettant de s'y projeter, ainsi que la manière dont le dessinateur donne à voir l'environnement pour que le lecteur dispose d'une vue d'ensemble. Les auteurs sont en phase pour montrer l'aspect très pragmatique du meurtre, la nécessité de devoir remettre des coups de masse parce que le travail n'a pas été bien fait du premier coup, le poids du cadavre à traîner jusqu'au puits, l'absence d'élégance pour le jeter dedans. Les auteurs décrivent une réalité très concrète et pragmatique, sans fioritures. La mise en couleurs de Springer et Séverine Lambour renforce le parti pris descriptif. Les artistes définissent une teinte dominante par séquence : un bleu gris pour la nuit de la scène d'ouverture, un marron acajou pour l'incinération des vêtements, un marron tabac pour le petit déjeuner entre Isabela et Dora, un orange roux pour la visite des pensionnaires de l'hospice. Ils équilibrent savamment les zones traitées avec des aplats, et celles traitées avec un discret dégradé. Cette approche a pour premier effet d'établir une ambiance tranchée pour chaque séquence, mais aussi comme conséquence d'aplatir un peu les dessins pourtant riches en détails et en volume. Il faut donc que le lecteur conserve une attention suffisante pour pouvoir apprécier la narration visuelle. À cette condition, il observe que le dessinateur sait croquer des visages très expressifs, sans avoir besoin de les exagérer. Au vu de la nature du récit (un crime sordide avec préméditation), il ne fait pas de doute que les personnages ont un grain, que leur vie émotionnelle est perturbée par des conflits intérieurs pour lesquels ils ne disposent pas de stratégie de gestion. Le regard du lecteur étant ainsi orienté, il voit effectivement passer des émotions assez crues sur les visages, bousculant sa tranquillité, plus par leur justesse que par leur intensité. Zidrou ne se livre pas à une étude de caractère, mais les dessins montrent des personnages habités par des conflits. La séquence d'ouverture atteste de la maîtrise de la mise en scène, du cadrage et du découpage par Benoît Springer. Le comportement des personnages fait ressortir ses qualités de directeur d'acteur. Au fil des séquences, le lecteur peut aussi observer, s'il s'en donne la peine, ses qualités de chef décorateur. Il y a donc pour commencer cette zone semi naturelle avec les puits et les clôtures, puis la maison bon marché de Pep, avec une cuisine fonctionnelle, une chambre simple et agréable à vivre. Le lecteur peut ensuite observer l'intérieur de la construction qui sert d'abattoir, à la fois dans sa géométrie, et dans ses installations techniques, les enclos des autruches, la zone naturelle autour de l'exploitation. Il bénéficie même d'une vue du ciel de l'exploitation (page 38) permettant de voir la disposition des bâtiments, le chemin d'accès et son d'isolation. Finalement sous des dehors un peu fades, la narration visuelle du récit s'avère très riche, avec des lieux bien campés, et des acteurs habitant leur rôle avec une conviction épatante. Zidrou a choisi de montrer toute l'horreur brutale du meurtre dès la séquence d'ouverture, avec même la nécessité de se remettre à frapper sauvagement le corps parce que la victime n'était pas si morte que ça. Benoît Springer dose ses effets avec doigté : des grosses tâches de sang, mais sans giclement à plusieurs mètres de distance, dans des quantités réalistes, dans des teintes à nouveau impressionnistes. Il montre aussi le corps déformé par l'impact des coups, mais sans gros plan, laissant le libre choix au lecteur de s'y attarder ou non. En dix pages, le scénariste a posé la dynamique du récit : Pep a-t-il bien assassiné sa femme et son retour en fait une créature surnaturelle, ou bien a-t-il tout imaginé du fait d'un cerveau dérangé ? Disposant de cinquante-quatre planches, l'auteur a choisi un axe narratif auquel il se tient pour que le récit présente une réelle consistance : la réalité du meurtre. Il s'installe donc un jeu avec le lecteur qui se demande ce qui s'est vraiment passé, s'il est dans un simple polar avec enquête et individus pas très bien dans leur tête, ou s'il s'agit d'un récit de type horreur surnaturelle. Il regarde donc les personnages en notant les bizarreries comportementales, en leur supposant des intentions. Zidrou révèle vite l'instigateur du meurtre, ainsi que la motivation pour le commettre. Le lecteur plonge dans un drame de la jalousie, reposant sur les conventions du polar, mais sans dimension sociale, sans utiliser ces conventions comme révélateur d'un milieu, ou d'une pathologie psychiatrique. Le lecteur apprécie la maîtrise des conventions narratives du genre polar, mais peut rester un peu sur sa faim du fait du manque d'enjeu autre que découvrir la réalité des faits. En effet il ne développe pas d'empathie pour ces individus qu'il ne côtoie pas très longtemps, et il se doute bien qu'il n'y aura pas de fin heureuse. S'il se pose encore des questions après la dernière page, il lui suffit de réfléchir au lien avec la chanson Elle était souriante, pour éclaircir l'intention de l'auteur dans son esprit. La lecture de cette bande dessinée laisse le lecteur sur une étrange impression. Il a pu apprécier la capacité du scénariste à mettre en œuvre les conventions du polar, et la facilité de lecture des planches. Au fil des séquences, il s'est rendu compte de la richesse de de la narration visuelle avec des performances d'acteur épatantes, tout en appréciant les moments inattendus comme la visite de la ferme. D'un autre côté, il peut ressentir une sorte de manque, la personnalité des protagonistes n'étant pas approfondies, l'intrigue étant très linéaire, le récit ne se prêtant pas à une lecture au deuxième degré sous un angle moqueur ou sarcastique.


Même si j’aurais volontiers vu le couple d’assassins péter davantage les plombs, face à une situation qui a de quoi les pousser à bout, j’ai trouvé cette lecture sympathique. L’idée de départ est simple : un mari assassine sa femme, en suivant les recommandations de sa maitresse. Il le fait froidement (et sauvagement, à coups de masse dans la gueule !), se débarrasse du cadavre et on n’en parle plus. En fait si, car sa femme est chez lui lorsqu’il y retourne. Commence alors une petite période de doutes (« mais bon sang je l’ai tuée pourtant ! »), d’essais pour achever le travail (et la femme gênante) d’une autre manière, etc. L’intrigue n’explique pas tout, mais ça passe bien. Il y a presque un humour noir assez fort qui l’enrobe, avec une chute qui elle aussi n’en manque pas, même si cette histoire se révèle au final un peu courte, et peut-être moins perverse que je ne l’aurais espéré.


Un polar qui tombe vite dans une ambiance de conte fantastique avec cette femme qui reste vivement malgré le fait qu'elle se fasses tuer. Le ton est noir vu que les trois personnages principaux ne sont pas franchement très sympathique. Comme souvent avec Zidrou, l'histoire se lit sans problème et il y a des bons dialogues sauf que le récit m'a semblé trop léger pour que je le trouve mémorable. Il y a des passages un peu poussif et je trouve la fin un peu abrupte et je ne suis pas certains d'avoir bien compris comment la femme fait pour toujours être en vie. Le dessin est sympathique.


J'attendais sans doute un peu trop de cet album dont on m'avait vanté les qualités. Du coup, ce n'est pas une déception, l'album est bon, mais je m'attendais à quelque chose un cran au dessus. Sorti de cette menue déception, il n'en reste pas moins de nombreuses qualités. Si je connais et j'apprécie le talent de Zidrou, je n'avais jamais lu d'album de Benoît Springer. Et ma fois, le duo fonctionne plutôt très bien ! Je ne suis juste pas très fan du parti pris de la colorisation jouant sur les aplats, sinon le reste se tient très bien et on dévore l'album d'une traite. L'histoire que nous propose Zidrou est savoureusement noire, comme je les aime, avec juste la petite touche de fantastique qui permet à l'histoire de prendre toute sa dimension. Car même quand on pense avoir tout prévu, ce n'est finalement peut être pas si simple de se débarrasser de sa "chère et tendre" moitié... Une histoire digne d'une vieille série que j’affectionnais beaucoup dans ma jeunesse "Bizarre Bizarre" et qui régalera les amateurs de contes un peu noirs où le fantastique s'invite là où on ne l'attendait pas forcément. (3.5/5)


On apprendra beaucoup de choses sur les autruches mais pas que. Sur la nature humaine également. Il est clair que lorsque l'on veut se débarrasser de son encombrante épouse, il y a parfois un lourd prix à payer. D'autres fois, cela emprunte les chemins de l'étrange. J'ai bien aimé ce conte finalement assez moral. Zidrou est un auteur totalement accompli qui maîtrise avec perfection son art. Il le prouve encore une fois avec un thriller à l'humour un peu particulier. Il sort un peu des sentiers battus avec ce polar très noir et parfois assez sordide. On lit cette histoire horrifique sans s'arrêter et d'une seule traite. Dans cet élevage peuplées d'autruches, on ne s'ennuiera pas une seconde. Bon à savoir: la couverture semble être abîmée sur les bords mais cela est fait exprès.

Que dire de cet album ? Voilà une bd d'ambiance qui présente sommairement mais suffisamment les protagonistes pour qu'ils nous dégoûtent légèrement. Une ferme d'autruches et de l'hémoglobine :) On ne sait pas trop où l'on est bien que les décors prévoient des indications qui ressemblent à de l'espagnol. La BD démarre fort et on est dans le vif du sujet. Tout s'enchaîne sans accroc, enfin pour le lecteur, le protagoniste, lui a quelques déconvenues. Et j'étais donc bien accrochée dans ma lecture, j'avais le sentiment qu'il restait encore pas mal de pages à lire, quand au détour d'une page... Bam ! fin de l'histoire, dans ma face le cahier graphique et les paroles de la petite souriante ! J'en suis restée pantoise, figée sur place dans un moment de relativité temporelle... Avais-je raté des pages, lu quelque chose de travers ? Comme dirait Google : mmhhh c'est embarrassant. Donc au final, j'ai beaucoup aimé le récit, mais j'ai l'impression que la fin s'est perdue dans les limbes de la quatrième dimension dont les portes me sont closes...Si quelqu'un y a accès je suis intéressée par les clés de décryptage :) L'avantage de ce genre d'oeuvre c'est que je pourrais la relire et toujours en faire une nouvelle interprétation et c'est pour cela que je lui donne cette note même si je n'ai pas tout compris, c'est quand même une idée intéressante et le traitement est efficace.


Pour commencer, La Petite Souriante est un bel objet. Bande dessinée au format un peu plus réduit que la normale, sa couverture cartonnée est joliment ouvragée pour donner l'aspect d'un vieux bouquin usager, jusqu'au relief et au vernis sur sa surface elle-même. A l'intérieur, le dessin est de Benoit Springer et il est bon. Il s'y entend pour représenter des décors semi-désertiques à l'américaine, ses fermiers un peu rednecks et leurs gros pick-up. Paysages comme personnages sont réussis et se marient très bien à l'ambiance grinçante du scénario. Car l'histoire, c'est celle d'un fermier qui massacre sa femme qu'il déteste pour vivre en paix avec sa jeune maîtresse. Sauf que sa femme réapparaît chez lui aussitôt après, sans pour autant que le cadavre de celle-ci n'ait disparu. Faudra-t-il qu'il la tue à nouveau ? Combien de fois cela va-t-il se répéter ? Récit fantastique au ton noir et caustique, l'intrigue met en scène une poignée de protagonistes épouvantables dans des scènes parfois ignobles et sanglantes. Si l'idée de départ est amusante et irrévérencieuse, elle ne réussit malheureusement pas à réellement prendre son essor. Le soufflé retombe et mène à une conclusion trop rapide à mon goût. Je reste en outre perplexe face à son final que je n'ai pas su comment interpréter autrement que comme la chute un peu facile d'un conte sarcastique. Reste pourtant le bel objet, le beau dessin et une ambiance décomplexée et à l'humour noir et gore qui amène le sourire.
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