La Dame de Fer

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Les retrouvailles de trois amis, trente ans après leur jeunesse morose et glorieuse dans l'Angleterre thatchérienne.


Angleterre Au bistrot Iles Britanniques Institut Saint-Luc, Liège La BD au féminin Séries avec un unique avis Une histoire de famille

Il pleut sur Kingsdown, le 8 avril 2013. Comme souvent, sur cette petite ville côtière proche de Douvres. Et pourtant c’est un jour gai. Miss Maggy est morte, vive la dame de fer ! A cette annonce, Donald offre une tournée générale aux habitués de son bar et se souvient des années de galère quand il était jeune ; cette région du Kent a été durement touchée par la politique de la Première ministre britannique. A l’époque, il usait le pavé et trompait l’ennui avec Abby et Owen, tous deux désormais exilés à Londres en quête de jours meilleurs. Que sont-ils devenus ? Sont-ils devenus les rois du monde ? Sont-ils toujours chaussés de leurs Doc Martens et écoutent-ils toujours les Clash ? [Texte de présentation de l'éditeur] Voir aussi : - Lady Jane

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Août 2017
Statut histoire One shot (premier volet d'un triptyque) 1 tome paru

Couverture de la série La Dame de Fer © Futuropolis 2017
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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15/02/2018 | Eric2Vzoul
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« La salope a cané ! », c'est le cri du cœur de Donald, ce 8 avril 2013, lorsque la TV qui tourne en boucle dans son bar annonce que Margaret Thatcher s'est enfin décidée à mourir. En tant que lecteur, j'admets que je partage sa joie ; c'est même un peu ce qui m'a poussé à faire l'acquisition de cet album. Il y a plein de gens très biens qui disparaissent quotidiennement dans l'indifférence, alors quand une saloperie débarrasse le monde de sa présence, il ne faut pas bouder son plaisir, même si l'héritage de la “Dame de Fer” est loin d'être éteint… Dans ce coin du Kent, la politique néolibérale de Thatcher a fait de sérieux dégâts en son temps. La fermeture des mines, malgré les grèves et les manifestations violentes, a plongé nombre de travailleurs locaux dans le chômage et les a contraints au départ. La petite bourgade côtière de Kingsdown est moribonde et n'abrite plus que quelques rares autochtones déprimés. Le décès de la responsable de cette catastrophe sociétale est pour Donald l'occasion de revenir sur ses années de jeunesse, lorsqu'ils étaient inséparables avec Abby et Owen. La vie les a séparés, mais Donald trouve l'occasion de faire revenir ses potes à Kingsdown… À travers de nombreux flashbacks, ce récit est la chronique d'une époque révolue et morose, lorsque l'Angleterre s'enfonçait dans la crise, que la destruction de l'outil industriel et minier plongeait les provinces dans la crise, quand la jeunesse rurale n'avait plus d'autre espoir que l'exil vers la grande ville. Mais c'est aussi l'histoire d'une jeunesse révoltée en jeans trop courts et Doc Martens, qui trompait son ennui en sifflant des bières, en écoutant les Clash et les Kinks, en essayant de maîtriser une vieille Norton Manx sur les routes sinueuses de la côte… Des jours qui furent heureux malgré le contexte dépressif instauré par “Miss Maggie”. Le retour au pays n'est pas simple, mais il permet de renouer des liens et peut-être de recommencer une nouvelle vie. La Dame de Fer est une jolie histoire d'amitié, avec des personnages attachants qui essaient de rattraper le temps perdu et de vivre – enfin – l'avenir dont le thatchérisme et les aléas de la vie les ont privés. Michel Constant, que je connaissait surtout pour son Mauro Caldi, illustre très correctement l'histoire, dans son style très ligne claire. Il n'est pas très à l'aise avec les visages et peine particulièrement à traduire les effets du vieillissement : ses personnages se retrouvent au bout de trente ans et ils n'ont pas pris une ride. Il faut être attentif aux détails (vêtements, couleurs de cheveux d'Abby…) pour séparer les scènes présentes de celles qui se déroulent dans les années 1980. En revanche, les décors et les cadrages transcrivent bien l'ambiance des époques et du lieu. Michel et Béa Constant bâtissent une comédie douce-amère sur le temps qui passe et sur l'éternelle jeunesse. Un récit finalement plus optimiste qu'il n'en a l'air, qui rappellerait presque Les Vieux Fourneaux, mais en plus sage, sans les envolées verbales et les délires comiques. Voici donc un album sans prétention, mais qui raconte quelques tranches de vies touchantes et mérite d'être découvert.

15/02/2018 (modifier)