Alors que j'essayais d'être quelqu'un de bien (Wie ich versuchte ein guter Mensch zu sein)
Confessions sur une jeunesse amoureuse agitée, cinq ans après les événements décrits dans Trop n’est pas Assez (Prix Révélation Angoulême 2011 et Prix Artémisia 2011). Autriche, 1989. Ulli Lust a vingt-deux ans et vit désormais à Vienne où elle tente de faire carrière comme illustratrice tout en alternant petits boulots et aide sociale. Elle revient tous les week-ends chez ses parents, dans la campagne autrichienne, pour passer du temps avec son jeune fils, Philipp, qu’elle a eu à dix-sept ans suite à une rencontre sans lendemain. Ulli vit avec Georg, acteur dans une petite troupe de théâtre, limite dépressif et beaucoup plus âgé qu’elle. Suite à une rencontre dans un parc, elle s’engage dans une relation avec Kim, un jeune nigérien récemment arrivé en Autriche et une intense passion charnelle va se nouer entre eux. Mais Ulli tient à continuer sa relation avec Georg, tout en étant avec Kim...
Bichromie Cà et Là La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants
Autriche, 1990. Ulli a vingt-trois ans et vit à Vienne, où elle tente de faire carrière comme illustratrice tout en alternant petits boulots et aide sociale. Son fils de cinq ans, Philipp, vit chez ses parents, et elle est en couple avec un homme beaucoup plus âgé qu'elle, Georg, acteur dans une petite troupe de théâtre. Suite à une rencontre dans un parc, Ulli s'engage dans une intense liaison avec un jeune immigré nigérian, Kim. Férocement indépendante, la jeune femme décide de mener de front ces deux relations amoureuses ...
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Date de parution | Novembre 2017 |
Statut histoire | One shot (suite de Trop n'est pas assez) 1 tome paru |
Les avis
Après lecture de ce roman graphique, on peut l’affirmer : oui, Ulli Lust est une fille bien ! Il faudra peut-être à certains surmonter leur circonspection vis-à-vis d’un graphisme très scolaire et peu engageant, surtout dans les premières pages, et d’un récit qui prend un certain temps à démarrer. Une fois ce cap franchi, les choses finissent par se mettre en place et, alors que le fond s’impose doucement mais sûrement, la forme passe au second plan. On est peu à peu immergé dans ce pavé de plus de 300 pages et on pourra même reconnaître des qualités à un dessin parfois maladroit mais touchant dans sa sincérité voire poétique, en particulier pour les scènes d’amour. Très certainement à l’image de son auteure (non je n’utiliserai pas l’affreux néologisme « autrice » qui fait saigner mes oreilles), chez qui l’on sent une certaine fragilité, doublée d’une volonté de bien faire (tout est dans le titre) et de ne pas négliger les détails. J’ignore si « Lust » est un pseudo. Si ce n’est pas le cas, cela tendrait à accréditer l’idée qu’un patronyme pèse sur la destinée de celui qui le porte. Car de plaisir sexuel il est beaucoup question dans cette autobiographie honnête et courageuse. Son dessin explicite ne cherche pas à nous faire rincer l’œil, il présente l’acte sexuel comme une chose belle et naturelle. Ulli Lust est une féministe de son temps, qui ne revendique rien mais vit sa vie juste comme elle l’entend, en explorant son désir sexuel sans hypocrisie, sans peur du qu’en-dira-t-on. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne plait pas toujours. Non seulement à ses voisins-voisines, que l’hédonisme d’Ulli renvoie à leurs propres frustrations, mais surtout, et là on est au cœur du sujet, à son amant africain Kimata. Au départ dépeint comme un homme gentil, celui-ci va révéler au fur et à mesure sa jalousie maladive jusqu’à son paroxysme de haine et de violence, qui ne laissera pas sa partenaire indemne. Malgré cela, Ulli parvient à éviter l’écueil d’un racisme trop facile, évitant tout jugement de valeur sur la tradition africaine, caractérisée par un paternalisme déroutant pour l’Occidental lambda. L’auteure au contraire se contente d’être factuelle, mettant en lumière les préjugés et la bêtise de Kim (« tu fais partie de ces femmes blanches qui aiment les hommes noirs ? »), malgré ses tentatives pour être tolérant. Cela corrobore d’une certaine façon l’idée que le racisme peut être aussi le fait de ceux qui en sont les premières victimes, a fortiori dans un pays comme l’Autriche - où se déroule l’histoire -, un pays où l’extrême-droite a eu à plusieurs reprises l’accès au pouvoir. D’ailleurs, comme pour éviter la récupération politique, Ulli Lust n’oublie pas de faire allusion à certains comportements machistes et xénophobes dans son pays. L’auteure autrichienne réussit à traiter de front les thématiques de la violence conjugale et de la différence culturelle en prenant bien soin de faire la part des choses. Parallèlement, « Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien » aborde aussi la problématique de la fidélité… à soi-même, de l’importance de ne pas se renier dans le cadre du couple. C’est ce qui fait toute la richesse de ce roman très personnel, qu’on apprécie pour sa subtilité et son évitement des clichés, quand bien même il laisse un goût amer. A situation compliquée, il ne saurait y avoir de réponse simple, et Ulli Lust se garde bien d’en fournir…
Une BD que j'avais bien envie de lire, puisqu'elle est la suite du fameux Trop n'est pas assez, que j'avais découvert il y a de cela pas mal de temps. L'auteur poursuivait ici son autobiographie, et bien que je ne considérais pas qu'une suite soit indispensable (sa précédente BD se suffisait à elle seule), j'ai été ravi de découvrir comment la jeune punk écervelée devenait progressivement auteure de BD. Disons le tout de suite, Ulli Lust n'a pas peur de se mettre à nu. Et dans une autobiographie, c'est plutôt bienvenu. Elle va ici développer le moment charnière, entre l'affirmation de sa volonté de faire de l'art et le commencement de sa vie d'adulte. Entre relations libres et complexes, vie pas facile et enfant venu très tôt, ce n'est pas gagné ! Et quelle lecture ! L'auteure s'est nettement améliorée, donnant quelque chose d'encore plus lisible que le précédent opus, et très entrainant. On ne se rend pas compte du nombre de pages (pourtant conséquent) et tout s'enchaine sans temps mort. L'auteure nous dévoile tout, de sa libido à sa vie de couple, de son travail à ses doutes, on découvre petit à petit comment elle reste à la fois libre et émancipée (avec une sacrée volonté, il faut bien le dire), tout en traversant la vie pas facile que sont ses vingt-trois ans. J'aime beaucoup ce que l'auteure fait comme dessin, à la fois très vivant et expressif, avec plusieurs utilisations d'allégories. Les nuances de roses qui parsèment l’œuvre rajoutent à toute cette intimité dévoilée, et rendent les scènes de violence encore plus rudes. Une bien belle BD, qui aborde sans tabous la vie de l'auteure, et qui sait nous captiver tout du long. Mine de rien, Ulli Lust aura connu des drôles de choses dans sa vie, et c'est toujours aussi intéressant à lire. Lecture recommandée !
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