Gagner la Guerre
Adaptation du roman culte de Jean-Philippe Jaworski.
Adaptations de romans en BD Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Tueurs à gages
Benvenuto est un tueur à gages, sans doute le meilleur de toute la République de Ciudalia. Sa nouvelle mission – expédier un noble venu s'encanailler dans les bas-fonds – a tout d'une sinécure. Mais le client va se révéler beaucoup plus coriace que prévu. Et voilà Benvenuto plongé au coeur d'un complot trop vaste pour lui...
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Public
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Date de parution | 25 Mai 2018 |
Statut histoire |
Série en cours
(5 ou 6 tomes de prévus)
4 tomes parus
Dernière parution :
Plus de 2 ans
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Les avis
Coté fond : Action, humour, pédagogie et profondeur scénaristique. Coté forme : découpage osé, influence manga, paysages virtuoses et précis, perspectives souvent vertigineuses. Coté personnage : un héros qui flirte avec les limites en permanence, complexe et humain, dont la psychologie nous tient en haleine tout du long. Des enjeux de pouvoir au cœur des intrigues avec des personnages tout sauf manichéens. Des dialogues savoureux et équilibrés. Un chara-design particulier mais qui finalement se laisse apprivoiser. Le 4iem tome brise un peu cette harmonie mais emplifie finalement l'attente d'un final grandiose dans le 5iem et dernier tome à venir.
Je ne suis pas trop adepte des tirages en noir et blanc à la base. Non pas que je n’apprécie pas la chose mais si la couleur est réalisée par un artiste sachant utiliser sa palette, j’ai tendance à me tourner vers une version normale. Toutefois, comme Benvenuto Gesufal le personnage principal et narrateur de cette série intitulée Gagner la Guerre, j’arrive à sentir le bon filon lorsque j’en flaire un. Si on me dit « Frédéric Genêt », « Tirage limité à 1000 exemplaires », « adaptation du cycle majeur de Jaworski, le best-seller de la fantasy française de ces dernières années », et « pour la modique somme de 17,95 euros », je ne vais pas gamberger des masses. Alors pour les néophytes, de quoi que ça cause ? Le premier tome intitulé Ciudalia d’après la cité où se déroule les tribulations de notre anti-héros, est l’adaptation d’une nouvelle de l’écrivain Jean-Philippe Jaworski : Mauvaise Donne. Bien que ne figurant pas dans le roman Gagner la Guerre, elle peut néanmoins lui être rattachée car personnages et décor en constituent ce qu’on pourrait appeler couramment un préquel. On peut même y voir un prototype ou galop d’essai de ce qui deviendra Gagner la Guerre. Il s’agit principalement d’une histoire de Fantasy « à canaille », avec cependant des aspects politiques et militaires très présents. Entendez par là que complots, coups tordus d’assassins en scred, appât du gain, entourloupes et retournements de veste constituent la sève du récit, mais pas que… Le tout bien entendu saupoudré d’une légère pointe de fantastique, bien que cet aspect pourtant fondamentale en Fantasy (bah ouais quand même…) constitue malheureusement un des points faibles de l’univers car trop peu présent à mon goût. Le décorum est disons inspiré par l’Italie époque du quattrocento, tandis que le système politique régissant Ciudalia ressemble grosso modo à celui de l’antique République romaine avec deux podestats gouvernants la cité. Bon maintenant que le décor est planté, je vais enfin en venir à pourquoi je juge cette nouveauté comme une très bonne adaptation et même tout simplement comme une très bonne BD. Déjà j’ai été très emballé par le level graphique proposé par Frédéric Genêt. C’est assez fouillé, l’encrage est surtout appuyé sur Benvenuto, mais tout ce qui gravite autour est plutôt bien travaillé et mis à part quelques cases, il nous propose des planches assez riches en détails et un trait net sans bavure. Vraiment il m’a donné envie de me mettre au N&B et pourquoi pas, de redécouvrir certains de mes artistes favoris dans des éditions sans couleurs, juste histoire de voir la différence et d’admirer encore plus la virtuosité de leur dessin. Après, j’ai aperçu quelques planches en couleurs, elles sont aussi très belles, ce n’est pas un problème. Après, que dire… Les Récits du Vieux Royaume (nom du cycle) sont un peu la grosse patate de forain dans le bide du paysage Fantasy sur la dernière décennie. J-P Jaworski avec sa plume hyper sophistiquée, sa quasi logorrhée inconsciente pourrait-on s’amuser à décrire le style, a créé un personnage devenu aujourd’hui iconique parmi les lecteurs de Fantasy : Benvenuto Gesufal, ou la rencontre improbable entre le poète-truand François Villon dont il est fortement inspiré (les lecteurs le découvriront dans la suite que notre tueur à gages Benvenuto a quelques talents artistiques picturales), et John MacLaine, le gars au mauvais endroit au mauvais moment qui se fourvoie dans les emmerdes. Les amateurs pourront regretter de ne pas retrouver dans ce premier jet toute la gouaille et le langage argotique dont use le personnage, et qui en faisait justement une de ces grandes forces et un fort point d’attachement. Mais patience… le vocabulaire argotique médiéviste a, pour l’instant, volontairement été mis de côté pour j’imagine faciliter la fluidité de la narration et des dialogues. Cela-dit j’y ai retrouvé la tonalité sinistre, grim&gritty du roman, ce qui démontre une adaptation plutôt fidèle. Même si c’est un cycle que j’ai adoré lire je le trouvais, notamment dans le roman, assez longuet et il m’était arrivé parfois de piqué du nez, et je m’attendais à retrouver cet aspect plus « jactance » que « action ». Je ne pouvais plus mal me tromper car comme je l’ai mentionner plus haut il y a à boire et à manger pour tout le monde. Entre deux phases de courses-poursuites et de tractations politiques, Genêt use du flash-back pour remonter dans le passé de Benvenuto à l’époque où il servait comme soldat dans l’armée ciudalienne, ce qui offre des moments épiques, guerriers, de l’action très musclée. Franchement il faut rester, acheter cet album, faire vivre cette série, parce que oui il y aura quelques creux mais aussi des batailles navales, du cape et épée, des elfes tolkieniens, plus de magie, plus d’action par la suite, toujours autant de traits d’humour cynique, des dialogues de soudards, ainsi que des plans machiavéliques encore plus fourbes.
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