Au temps des reptiles
Dans une nature sans paroles, il n’y a ni bien ni mal. Seulement la survie. A voir aussi : L'Age des Reptiles (L'Ere des Reptiles)
BD muette Dark Horse Comics Dinosaures
Ils ont régné sur la terre, dans les eaux, et dans les airs durant des millions d’années. Depuis la découverte des premiers fossiles, ils ont enflammé notre imaginaire. Découvrez la sauvagerie, la cruauté, et la beauté des créatures qui ont peuplé l’Afrique à l’ère du crétacé. Sans dialogues, sans un mot, Ricardo Delgado raconte les dinosaures.
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Date de parution | 02 Mai 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Loi de la nature - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015, écrits, dessinés, et encrés par Ricardo Delgado. Ce dernier a également défini les couleurs qui ont été ensuite mises en œuvre par Ryan Hill. Le tome commence par une introduction de deux pages d'Alan Dean Foster louant la capacité de Delgado à donner vie aux dinosaures avec un minutie obsessionnelle. Suit un avant-propos de trois pages rédigé par Barbara S. Grandstaff (chercheuse en biologie) qui évoque les différentes races mises en scène par Delgado, ainsi que la Téthys et l'oasis Bahariya. En fin de tome, se trouvent les quatre articles rédigés par Delgado apparus dans chacun des comics, sur les films de sabre d'Akira Kurosawa et l'influence des westerns américains sur son œuvre, sur le film Yojimbo (1961) de Kurosawa, sur l'église de l'Agonie à Alajuela, et enfin sur les rencontres de réalisateurs et d'acteurs lors de sa carrière au cinéma. Au Crétacé, quelque part à proximité du paléo-océan Téthys, non loin de l'oasis Bahariya, un Spinosaurus égyptien avance tranquillement au milieu de tronc de bois éclatés, allant vers la lisière d'une forêt. Deux dinosaures plus petits sortent du bois, se disputant une patte sanguinolente que l'un d'eux tient dans sa gueule. le Spinosaurus les regarde, sans intervenir. Il avance dans la forêt et arrive au bord d'une rivière. Il avance dedans et nage, des Mawsonias passant sous lui, puis des ancêtres de tortue. du haut de quelques branches, des ptérodactyles observent le passage du Spinosaurus sans intervenir. Au fil de l'eau, le Spinosaurus passe devant des troncs éclatés ou couchés par terre, sous une voûte végétale d'arbres de très grande hauteur. Un plus petit dinosaure nage dans le même cours d'eau et passe au milieu d'un troupeau de Paralititan. Ceux-ci le repèrent immédiatement et se jettent sur lui lacérant sa peau de leurs dents : le sang se répand rapidement dans l'eau de la rivière. le troupeau de Paralititan reprend sa marche et hurle pour écarter de plus petits dinosaures qui sont arrivés. le Spinosaurus sort brusquement de l'eau, juste devant le troupeau de Paralititan. Ces derniers s'apprêtent à le piétiner comme ils ont exterminé le précédent dinosaure. le Spinosaurus décoche un coup de griffe tranchante contre la patte d'un Paralititan qui recule de suite. le Spinosaurus reprend tranquillement sa nage, alors que la forêt redevient calme. La nuit commence à tomber : le Spinosaurus trouve un coin qui le satisfait. Il fait quelques tours sur lui-même et finit par se coucher sur ses pattes pour dormir. Un groupe de quatre petits dinosaures nocturnes passe à proximité sans s'arrêter. le jour se lève et le Spinosaurus se réveille sous un soleil éclatant. Il baille et se relève, reprenant sa marche. Il voit un groupe d'ancêtres de crocodiles en train de dépecer un cadavre dans une partie peu profonde de la rivière. Lui-même se remet à l'eau et reprend sa nage tranquille. Plusieurs espèces de poissons passent auprès de lui sans chercher à interagir. La densité de poissons se fait de plus en plus grande, et le Spinosaurus en profite pour en happer un dans sa gueule et le manger. Sur la grève, un ancêtre de crocodile se bat contre 2 ancêtres de crabe. Sous l'eau un gros poisson en a repéré un petit et s'apprête à l'engloutir dans sa gueule, sans se rendre compte que lui-même va être happé dans la gueule d'un gros dinosaure aquatique. Ricardo Delgado avait déjà réalisé d'autres histoires de dinosaures, regroupées dans Age of Reptiles Omnibus (Tribal Warfare, The Hunt, The Journey). Ces trois récits présentent la caractéristique d'être sans parole, et de prouver sans conteste possible l'implication totale de l'auteur pour donner à voir des dinosaures plausibles, correspondant le plus possible à l'état des connaissances en la matière au moment de leur réalisation. Il en va de même pour ce nouveau récit. le lecteur suit donc un Spinosaurus de début jusqu'à la fin, dans ses déplacements, ses repas, d'autres activités, et bien sûr ses combats, sans aucun mot, ni même effet sonore. Il n'y a pas de cellule de texte, il n'y a pas d'onomatopée pour les cris produits par les dinosaures. Il appartient donc au lecteur de rétablir dans son esprit une narration, de faire l'effort d'ajouter une forme de voix intérieure qui vient expliciter certains liens de cause à effet d'une case à l'autre, ou de trouver les mots pour verbaliser une réaction émotionnelle. Cet exercice devient d'autant plus conscient que le lecteur ne peut pas se projeter aisément dans les personnages qui sont tous des animaux. Ricardo Delgado fait en sorte de ne pas les humaniser, de ne pas projeter des intentions humaines dans leur comportement. En outre, les dessins montrent des animaux qui n'ont rien d'anthropomorphe et qui ne sont pas semblables à ceux d'aujourd'hui. le lecteur ne peut même pas leur transposer les stéréotypes propres aux animaux familiers. Il retrouve des besoins basiques : se nourrir, se reposer, se reproduire, se défendre, attaquer une proie. Le lecteur peut également être décontenancé par le fait qu'il ne peut même pas identifier une partie de ces dinosaures. S'il n'a pas de connaissance particulière en la matière, qu'il a surtout été attiré par la reconstitution, il voit des espèces différentes, mais sans que son cerveau soit en mesure de les nommer. Il est donc passé en mode entièrement visuel. de l'avis de la spécialiste en biologie, le travail de l'auteur est exemplaire en termes de reconstitution, ou plutôt de recréation de ces représentations, totalement respectueuse de l'état des connaissances scientifiques en la matière. Les dessins sont très descriptifs, très détaillés que ce soit pour la morphologie de chaque espèce, la forme du crâne, les caractéristiques de la dentition, la manière de se déplacer en fonction des articulations du squelette, et même les supputations en ce qui concerne la couleur des carapaces, de la peau. le lecteur néophyte voit les différences entre chaque espèce, tout en devant penser en termes visuels pour les concevoir, sans recourir au langage parlé. le lecteur connaisseur éprouve un plaisir ineffable à voir ainsi ces espèces prendre vie sous ses yeux, avec un grand soin apporté pour les rendre de la manière la plus plausible possible, la plus exacte possible. Tout au long de ces cent-deux pages de bande dessinée, le lecteur effectue un voyage extraordinaire aux côtés de ce Spinosaurus, traversant des paysages depuis longtemps disparus, assistant aux formes de coexistence entre espèces, depuis l'indifférence jusqu'à la prédation la plus sauvage, en passant par un accouplement rendu délicat du fait de la crête dorsale du Spinosaurus. Effectivement, il éprouve la sensation de visionner un reportage animalier extraordinaire, d'une époque disparue à couper le souffle du fait de sa grande vitalité, le nombre d'espèces et leur caractère forcément exotique puisqu'elles sont toutes éteintes. Il regarde les différentes espèces se déplacer : la marche souple du Spinosaurus, la marche lourde des Paralititan, la dérive passive des Mawsonia dans le courant du fleuve. Il reste interdit devant ces poissons au regard indéchiffrable, incapable d'imaginer ce que peut être une vie de poisson préhistorique. Dans le même temps, il revient à l'état de nature, de nature très sauvage même, avec la loi de la chaîne alimentaire. Malgré lui, il se retrouve incapable de s'empêcher de projeter des émotions dans ces dinosaures : les deux en train de jouer avec le membre arraché d'un autre, la tranquillité de se laisser dériver dans l'eau du fleuve, la méchanceté d'un groupe de grands attaquant un petit, l'ambition d'un groupe de petits attaquant un grand, la confiance en soi d'un dinosaure laissant passer un petit groupe dans l'assurance qu'ils ne peuvent pas lui faire du mal, la dangerosité mortelle d'un coup de griffe acérée bien placé, l'instinct de protection des petits d'une portée, l'absence de toute culpabilité à se nourrir de la portée d'une espèce différente, etc. La mise en scène de ces comportements renvoie le lecteur à ses propres instincts, à ses comportements réflexes, à l'atavisme du genre humain, à sa part de cerveau reptilien. Il ne peut que constater que le danger ou la pression le ramène vite à ce type de comportements, de valeurs fondamentales, bien présente sous le vernis de la civilisation, et même structurantes de la société humaine. Avant de commencer ce tome, le lecteur se dit qu'il s'agit d'une lecture facile, une simple reconstitution, fut-elle de qualité, un divertissement à base de dinosaures spectaculaires. Mais l'ambition de Ricardo Delgado est bien supérieure : il effectue un reportage le plus exact possible, montrant des animaux disparus au comportement dénué de toute trace d'humanité, évoluant dans un monde disparu représenté avec soin par un artiste qui ne compte pas sa peine. L'expert peut aussi bien identifier des Spinosaurus, des Araripesuchus, des Carcharodontosaurus, des Deltadromus, des Paralititan, des Rugops, des Stomatosuchus, des Bahariasaurus, des Mawsonia, des Bawitius et d'autres encore. Confronté à une telle diversité de vie, le lecteur fait l'expérience de sa propre animalité et de sa fragilité face à une faune et une flore aussi foisonnante.
J’étais attiré par cet album car je trouve la démarche extrêmement audacieuse. Raconter au travers d’un récit entièrement muet une histoire crédible de dinosaures, en tâchant au mieux de nous en faire ressentir les émotions, voilà qui est culotté ! Surtout si ces dinosaures ne sont pas ceux que l’on voit habituellement. Vous me direz que Brrémaud et Bertolucci ont déjà effectué la même démarche dans le tome 4 de la série Love parue chez Ankama. Je vous répondrai courtoisement que, et d’une, je n’ai pas lu cet album, et de deux, il semble qu’à l’heure où j’écris cet avis aucun lecteur du site ne l’ai lu non plus, et de trois ce n’est pas parce que quelqu’un d’autre a déjà pris cette initiative qu’elle n’en serait pas moins audacieuse. Car non seulement Ricardo Delgado (qui n’en est pas à son coup d’essai puisque déjà l’auteur de « Age of Reptiles ») nous livre un récit muet, mais de plus il ne se facilite pas la tâche en usant de dinosaures méconnus pour illustrer son récit. On est loin d’une imagerie à la Spielberg, simpliste et édulcorée, avec le sacrosaint T-Rex comme prédateur suprême et quelques vélociraptors dans le rôle de la bande de loubards cruels et sans pitié. C’est bien simple : n’étant pas calé en la matière, j’aurais été bien incapable de citer le nom d’une seule des espèces présentées ici s’il n’y avait pas eu un petit supplément en fin d’album. Mais cette façon de procéder permet d’illustrer un monde bien plus diversifié et riche que ce que nous renvoient nombre de productions de ce genre. Le résultat n’est malheureusement pas totalement convaincant. L’histoire est cependant compréhensible et l’auteur nous montre un univers crédible et, comme dit précédemment, éloigné de l’image classique que nous en avons. Par contre, certains passages, du fait d’un dessin pas toujours très précis et de cases parfois fort petites, ne sont pas facilement compréhensibles. Le dessin est d’ailleurs selon moi le point faible de l’album. J’aurais en effet préféré un trait plus fin et une plus grande précision dans les détails pour illustrer cet univers, ce qui aurait alors favorisé bien plus ma propre immersion. Je gage pourtant qu’un lecteur féru de dinosaures trouvera grand plaisir à cette lecture. En tous les cas, c’est un objet de curiosité qui mérite que l’on y jette un coup d’œil. Achat conseillé uniquement aux grands amateurs de dinosaures mais lecture ouverte à tous.
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