Arthur Cravan
Biographie d'Arthur Cravan, poète et boxeur, de 1910 à 1918.
1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale 1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Arthur Cravan Biographies Milieux artistiques
Rien ne fait peur au plus grand poète du monde, 2.05 mètres ! Sauf une fin qu’il juge indigne de lui : une mort dans les tranchées. Quand on est aussi grand, on a peu de chance de survivre au milieu du champ de bataille. Tour à tour poète, chevalier d’industrie, marin sur le Pacifique, muletier, charmeur de serpents, Arthur Cravan passera sa vie à fuir la guerre et à la transformer en œuvre d'art. Il rencontrera les plus grands artistes de ce début de XXe siècle et affrontera même un des plus grands champions du monde … de boxe ! Ce n'est pas pour rien que ce colosse à la vie déjantée est considéré par les surréalistes comme le premier Dada !
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 18 Avril 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Si Jack Manini explique en préface comment et pourquoi il s’est plongé dans ce projet autour d’Arthur Cravan, il faut dire que la période qui lui fait décor semble l’intéresser, si j’en crois certaines des séries auxquelles il a participé (La Guerre des Amants ou S.O.S. Lusitania par exemple). Pour en revenir à Cravan, il a été s’abreuver à une bonne source. En effet, la galerie 1900-2000 (rue Bonaparte, à Paris) et ceux qui l’animent depuis pas mal d’années (Marcel et David Fleiss) sont des défenseurs des artistes ayant participé ou étant apparentés aux mouvements Dada et surréaliste. Cravan (avec Vaché et Rigaut, l’un des « trois suicidés de la société », pour reprendre le titre d’un recueil, qui paraphrasait Antonin Artaud) est un personnage haut en couleur. Un personnage déjà, jouant son propre rôle. Jouant. Terriblement. On ressent dans ses textes une tension, une pulsion de vie hautement poétique. On peut le vérifier avec les nombreux extraits parus surtout dans sa revue « Maintenant » (rééditée – mais cette édition est aussi épuisée – par Jean-Michel Place il y a une quarantaine d’années) placés en exergue des différents chapitres de l’album. Cravan est un personnage électrisant, en phase avec le fracas poétique et politique contemporain du premier conflit mondial (André Breton s’en fera très rapidement l’écho), et quelqu’un, mais aussi un auteur dont j’aime depuis longtemps l’exubérance, la fraîcheur, la poésie incarnée, dans toute sa liberté, son absence de soumission : en cela Cravan est un déserteur fanatique, superbe. Manini en a ici dressé un portrait amusant, qui n’efface pas les contradictions, qui poursuit cet électron libre avec autant de lyrisme que celui-ci en a usé pour brûler sa vie. Je suis plus réservé sur sa présentation de Picabia ou Duchamp – mais bon, ce n’est pas le sujet central de l’album. A noter que Squarzoni avait publié un petit album, Portrait inédit de Arthur Cravan sur ce poète boxeur. Et je serais assez curieux de voir ce que pourrait faire de ce sujet (qui l’intéresse forcément) un auteur comme Benoît Preteseille. C’est en tout cas un album très recommandable. D'autant plus que le travail éditorial est de belle qualité (plus de 200 pages, avec une couverture épaisse, comme le papier, affiche en fac-simile jointe, etc.).
C’est le genre de personnage prétentieux que je n’aime pas et l’auteur en a fait une belle biographie après deux ans de travail acharné. Arthur Cravan avait la particularité non seulement d’être grand beau et fort mais également d’être le neveu de l’écrivain poète et romancier Oscar Wilde. Il le clamait sous tous les toits afin d’être reçu dans les réceptions se tenant à Paris, dans l’Europe entière et même à New-York ou Mexico. C’est un peu comme les fils d’artiste qui jouent sur la notoriété de leur ainé. C’était une espèce de dandy qui enchaînait avec les femmes et qui se moquait des artistes et notamment les peintres dans des critiques désinvoltes paru dans sa revue « Maintenant » (à ne pas confondre avec le changement, c’est maintenant). Il décrétait qui était bon ou mauvais sans se remettre pour le moins en cause. André Gide ou encore le poète Guillaume Apollinaire en ont fait les frais. En effet, il était doué d’un culot monstrueux n’hésitant pas à se dévoiler à nu devant une scène new-yorkaise médusé à l’occasion d’une conférence sur la littérature. Les stars sulfureuses n’avaient rien à lui envié en matière de scandale. On pensera notamment au début de carrière de Madonna avec sa fameuse culotte. Il est vrai que l’on peut préférer d’autres personnalités comme Mère Theresa mais bon, c’est Arthur Cravan. A la fin, il y a un glossaire avec bons nombres de personnages et ce qu’ils sont devenus. Moi, je pensais à la pauvre Renée qu’il avait abandonnée une fois de plus en Espagne et qu’il n’a pas retrouvée aux Amériques comme convenu où il a eu d’autres femmes. J’aurais bien aimé savoir ce qu’elle était devenue mais c’est l’impasse totale non seulement dans le récit mais également dans l’espace sémantique. Pour le reste, et malgré le fait que je n’aime pas vraiment le principal protagoniste, j’ai bien apprécié cet ouvrage où de grands moyens de présentation ont été mis (grand format malgré un volume de page très important, affiche réelle jointe etc…). Rien à redire non plus sur le graphisme qui me sied bien.
Arthur Cravan, personnage que je connaissais pas. Géant de plus de 2m, beau et musclé, il était boxeur et a même été champion de France amateur, sur forfait de son adversaire ceci dit. C'était aussi un poète et un acerbe critique d'art. Mais c'était aussi et surtout un personnage particulièrement fantasque du début du 20e siècle, un artiste à la vie délurée, aimant à se déclarer ancien chevalier d’industrie, marin sur le Pacifique, muletier, charmeur de serpents, neveu d'Oscar Wilde, petit-fils du Chancelier de la Reine d'Angleterre et poète aux cheveux les plus courts. Un personnage également parfois surréaliste, pionnier du mouvement Dada, remettant en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et politiques. Avec un tel personnage et la vie mouvementée qu'il a eue, il n'y avait pas besoin de fiction pour raconter sa vie. C'est ainsi que nous l'offre Jack Manini, mettant en scène ses années de 1910 à 1918, avec pour la première moitié sa vie de bohème et ses extravagances sociales et littéraires dans le milieu artistique parisien, puis sur la seconde moitié sa fuite en Espagne puis en Amérique pour éviter de partir dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale, où là encore il fait preuve de toute l'impertinence artistique et le culot en société dont il est capable. Le dessin de Jack Manini est beau et très élégant. Son trait clair, ses couleurs chaudes, sa mise en page pleine de classe offre de belles planches qu'on prend plaisir à parcourir. Le personnage d'Arhur Cravan, lui, par contre, m'est apparu nettement moins attachant. Je reconnais tout le fantasque et l'originalité de l'homme et de sa vie. Il est à n'en pas douter un provocateur excentrique, sincère dans sa vision bohème et iconoclaste de la société, physiquement hors norme et intellectuellement doué. Sa fougue et son audace ont forcément marqué son entourage et le milieu artistique de l'époque, bousculant les normes et poussant les artistes eux-mêmes dans leurs retranchements. En cela, on comprend qu'il soit considéré comme le premier Dada. Mais tel qu'il est présenté dans cette bande dessinée, j'ai avant tout ressenti son côté arrogant, égocentrique et souvent violent. Un modèle de narcissisme, l'exemple même du gamin mal-élevé qui veut attirer toute l'attention sur lui et qui est aidé en cela par son corps d'athlète et son esprit vif. On notera également ses amours multiples quand on le verra ne pas hésiter à écrire des lettres pleines de passion à plusieurs femmes en même temps, déclarant à toutes qu'elles sont la seule et unique qu'il veut voir vivre à ses côtés... et l'entretenir aussi semble-t-il aussi souvent. Et à côté de cela, je n'ai pas réussi à entrevoir pour de bon son talent artistique, les échantillons de sa poésie ne me parlant que très peu et seule la verve de ses lettres d'amour trouvant un intérêt à mes yeux. Nous avons donc la biographie d'un personnage étonnant de fantasque, qui bouscule les codes et les hommes. Une biographie claire, bien menée et joliment dessinée. Mais la biographie d'un homme que j'aurais détesté côtoyer.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site