Sous les bouclettes
C'est l'histoire d'une vie, celle de Gudule, autrice, gaffeuse invétérée, facétieuse et attachante. C'est l'histoire d'un amour soudain, incongru, inattendu. C'est l'histoire d'un parcours du combattant, celui d'une famille contre la Sale Maladie.
Cancer Encrages La BD au féminin Maladies et épidémies
Un jour, Gudule est tombée malade. Sa fille l'a accompagnée dans cette épreuve et raconte ce qu’elle a vécu dans un roman graphique riche et poignant, où elle donne à voir qui était l’étonnante femme sous les bouclettes. C’est l’histoire d’une vie. La vie de Gudule. Enfant rebelle, femme d’Arts et de Lettres, personnalité engagée, gaffeuse rigolote et attachante, elle se révèle à travers les petits moments de honte qui ont parsemé sa vie. À la fois témoignage et hommage, Mélaka livre un récit bouleversant où elle raconte les tracas médicaux, le déclin et le chagrin avec beaucoup de tendresse et de dérision.
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Date de parution | 11 Avril 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Mélaka nous raconte avec simplicité et beaucoup de sincérité les derniers moments de sa mère, Gudule, autrice connue que je ne connaissais pas. Pas de pathos ou de drame exagéré, juste la réalité d’une famille qui traverse une épreuve difficile. Le récit alterne entre les souvenirs de Gudule, racontés avec tendresse et parfois un brin d’humour, et les moments où la maladie prend de plus en plus de place. Ce mélange passé-présent donne du rythme à l’histoire et permet de découvrir à la fois la femme forte qu’était Gudule et la douleur qui s’installe peu à peu. Le dessin, assez simple et direct, n’essaie pas d’en faire trop. Il accompagne bien le ton du récit, avec ce côté un peu brut qui fait passer les émotions sans avoir besoin d’effets. L’humour est là, discret, mais il apporte un peu de légèreté, même quand les situations sont compliquées. Ce n’est jamais lourd, juste ce qu’il faut pour continuer d’avancer dans l’histoire. Ce qui ressort surtout, c’est l’amour qui lie cette famille. On sent que, malgré la tristesse et les moments de découragement, il y a toujours ce lien fort qui les maintient ensemble. C’est un album sur le deuil, oui, mais aussi sur la vie qui continue, sur l’importance des souvenirs et des moments partagés. Loin d’être larmoyant, le récit est honnête et touchant, sans chercher à forcer les émotions. Un album qui se lit tranquillement, avec des moments de tendresse et de tristesse bien équilibrés, et qui laisse une impression de douceur malgré tout.
L’album reprend des notes/scénarios de Gudule, auxquels se mêlent ceux de Melaka sa fille. Le tout donne un album biographique chargé d’émotions. C’est aussi une déclaration d’amour de Melaka à sa mère (et à sa famille – par alliance parfois). Beaucoup d’émotions donc, qui touchera surtout ceux qui connaissent Gudule, sa personne et son œuvre. Mais les autres (dont je suis – je ne connais qu’à la marge et souvent de l’extérieur cette dame assez atypique et attachante) liront cet album sans problème, la narration est dynamique et fluide. Le dessin, moderne et simple, est frais et très lisible. Il y a un peu de Marjane Satrapi (le côté sociétal et historique en moins) dans le traitement graphique et narratif. C’est juste qu’on a parfois du mal à se placer à la hauteur de l’investissement affectif de Melaka.
Les bouclettes du titre, ce sont celles d’Anne Liger-Belair alias Gudule, une femme rebelle et attachante, écrivaine de métier, connue notamment pour sa participation au journal Harakiri dans les années 70. Et sous ces bouclettes, une âme originale et riche d’une vie foisonnante. Mais aussi une saleté de tumeur, infâme parasite cervical qui finira par avoir raison de la joie de vivre et de l’énergie de sa proie. Un gliome sournois, rebaptisé « Guillaume » par Gudule, à la fois par malice mais aussi comme pour mieux le domestiquer et l’affronter. Mélaka, quant à elle, s’est servi de son art comme un exutoire. C’est peu de temps après la mort de sa mère, avec qui elle entretenait un rapport fusionnel, que lui est venue l’idée, de façon tout à fait naturelle, d’écrire cette bande dessinée. Elle qui dit détester le premier degré, est parvenue à faire d’une expérience tragique et pénible un récit vivant, bourré d’humour et presque joyeux, mais qui n’en reste pas moins poignant. De la part de celle qui chapeaute aujourd’hui le Psykopat avec son fondateur de père, Paul Karali (alias Carali), on ne pouvait s’attendre à quelque chose de plombant. Et pourtant. Car cette femme extraordinaire, qui perd son compagnon Sylvain, emporté également par la maladie en début d’ouvrage, sera à son tour touchée par le cancer seulement trois mois après. On se pince pour croire qu’une telle injustice puisse ne pas sortir tout droit d’un mauvais mélo. C’est ce qui rend la chose unique, et le lecteur peu enclin au pathos ne s’en plaindra pas. L’excellente idée qu’a eue Mélaka, elle qui rêvait de produire un livre avec Gudule, a été de piocher dans les écrits de sa mère et de les insérer dans son récit après les avoir mis en dessin, comme si réellement l’ouvrage avait été écrit à quatre mains. Et pour plus de clarté, un judicieux code couleur permet de distinguer les deux auteures : sépia quand la narratrice est Gudule, bleu quand il s’agit de Mélaka. Il faut dire que les anecdotes de Gudule contribuent pour beaucoup à la légèreté du récit. Souvent cocasses, ces tranches de vie révèlent le côté gaffeuse d’une personnalité qui avait fini par s’en accommoder en riant d’elle-même. On découvre également un esprit libre et combattif qui voulait s’affranchir d’une éducation religieuse stricte et de tous les dogmes d’une manière générale. Et puis il y a aussi le dessin, dont la rondeur burlesque rappelle un certain Matt Groening, apporte une belle fraîcheur au récit. « Sous les bouclettes » se révèle non seulement un vibrant hommage d’une fille à sa mère (« un cri d’amour, un cri d’adieu » dit Mélaka en préface), mais un témoignage généreux et bouleversant qui touchera tout le monde de près ou de loin. Sa portée est puissante, comparable sur le thème de la maladie à L'Ascension du Haut Mal de David B. Enfin, on ne saura refermer cette chronique sans citer Castor, le dernier grand amour de Gudule, qui aura accompagné cette dernière jusqu’à la fin, avec tendresse et dévouement. Celui qui fut son « ange gardien » - la rencontre se produit peu de temps après la mort de Sylvain -, lui aura évité la double peine de terminer ses jours dans un hôpital. Mélaka lui a d’ailleurs très légitimement dédié cet album, énorme coup de cœur il va sans dire.
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