La Veille du Grand Soir
Ce livre est le récit historique et romanesque de mai 68, dessiné par Sébastien Vassant, et nourri du vécu de Patrick Rotman et des entretiens inédits qu'il a réalisé auprès du pouvoir.
Institut Saint-Luc, Liège Mai 68
Il y a 50 ans, une crise existentielle secoue la France. Dans Mai 68 : La veille du grand soir, le lecteur est là où l’histoire s'écrit, à la Sorbonne et à l’Élysée, aux usines Renault ou à la Préfecture. Il côtoie Cohn-Bendit, voit débattre Sartre. En contrepoint, les auteurs racontent aussi les atermoiements au sommet de l’État : les affrontements entre De Gaulle et Pompidou ou les négociations entre un Chirac armé jusqu’aux dents et la CGT…
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 14 Mars 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai beaucoup aimé cette BD qui est une histoire semi-personnelle d'un jeune étudiant qui vit les évènements de mai 68. La BD va se dérouler au fil des évènements, avec les points de vue de De Gaulle, Pompidou, Cohn-Bendit ou les ministres, mais en restant dans un déroulé semi-factuel. Et c'est la grande force de la BD : s'investir dans un étudiant permet de vivre de l'intérieur, tandis que les écarts vers d'autres personnes permet d'avoir un point de vue de l'extérieur. Le dosage est plutôt bon (il n'y a finalement pas tant de choses qui se passent niveau étudiant, paradoxalement) tandis que la situation évolue petit à petit. L'auteur s'est clairement décarcassé pour nous faire comprendre ces deux semaines intenses qui virent la France vivre une contestation massive du capitalisme et de De Gaulle, qui ne restera au pouvoir qu'un an de plus. Ce qui m'a frappé à ma lecture, c'est qu'après tout ce que j'ai déjà pu lire ou voir sur cette période, j'ai encore eu des nouvelles façon de comprendre ce qu'il se passait. L'avantage est que l'étudiant présenté ici n'est pas spécialement militant, juste étudiant ayant des convictions lorsque ça commence à sérieusement bouger. La jeune étudiante qui l'accompagne est un bon personnage-miroir, présentant le versant revendicatif des étudiants (sur la question politique, sociale, féministe ...). Les deux personnages traversant l'ensemble des journées vont avoir deux points de vue différents, parfois complémentaires parfois opposé sur ce qu'il se passe. Et ça donne une dimension bien plus intéressante au récit. Lors de ma lecture, j'ai été frappé par deux aspects. Déjà, l'identification que j'ai pu faire aux protagonistes. Le ras-le-bol qui arrive d'un coup, les manifestations qui m'ont rappelées celle des retraites, la convergence des luttes et des questionnements, la difficulté à structurer un mouvement (comme Nuit debout ou les Gilets jaunes ont pu l'être). Et de fait, j'ai eu une immersion plus grandes dans ce qu'il se passait chaque jour de mai 68. L'autre aspect qui m'a surpris, c'est la réception de ces mouvements par tout le reste de la France, y compris les parisiens qui n'étaient pas dans les rues. Cet espoir qui a pris les ouvriers, les villes de France qui ont pu connaitre des évènements similaires et terriblement différents aussi (l'exemple de Nantes m'a beaucoup intéressé), mais aussi les dissensions internes aux mouvements sont très bien mises en lumière. Ce qui est né spontanément ne pouvait contenter tout le monde, même si tout le monde a pensé pouvoir en tirer profit. Le retour à la normale est cruel, certes, mais terriblement logique voir même prévisible à un certain stade. J'étais déçu de cette fin qui n'en est pas vraiment une, mais ce fut le cas de nombreuses luttes que j'ai vu mener ... En fait, je crois que je retiens surtout de cette BD qu'après lecture, je trouve mai 68 terriblement d'actualité. Nous avons eu de nombreux mouvements sociaux et manifestations récemment, tandis que la gronde semble s'étendre en tout sens, bons comme mauvais. Ce qu'il s'est passé en mai 68, c'est finalement très proche de ce que j'ai déjà vécu. Et en ce sens, la BD m'a permis de comprendre tout ça comme une leçon pour l'avenir. Mai 68 s'est fini comme cela, à nous d'en faire plus la prochaine fois. Et j'aime beaucoup ce message.
C'est la bd qu'il faut lire en ce mois de Mai 2018 pour célébrer le cinquantième anniversaire de ces événements qui ont changé la face de notre pays. Le lecteur doit être prévenu que le Général de Gaulle ne sera pas montré sous son meilleur jour avec toute l'aura qu'on lui connait. Néanmoins, cela traduit la réalité du moment avec un vieil homme de 77 ans après une vie politique déjà bien remplie en péripéties. On verra également ses divergences de vue avec un Pompidou qui se révèle être un plus fin stratège. Bien entendu, la part belle sera faite à Dany le rouge ainsi que de toute une clique de révolutionnaires voulant changer le monde. Encore que, on comprendra que le but n'était pas forcément d'avoir le pouvoir mais améliorer les conditions de vie des français ainsi qu'un changement de mentalités vers plus de libertés (Professeurs, vous êtes vieux, votre culture aussi !). Tout cela se terminera par la victoire écrasante des gaullistes aux élections de Juin 1968 qu'on a baptisé les élections de la peur. En fait, le Général va encore rester accroché un an au pouvoir avant de tirer sa révérence. On voit également que ce mouvement était très divisé et qu'il est mort faute d'avoir pu donner une impulsion politique. Ni Pierre Mendès-France, ni François Mitterrand et encore moins les communistes en ont profité. Ce n'est pas le fruit de ma réflexion personnelle mais le message véhiculé par les auteurs qui se sont solidement documentés. Attention que cette BD ne donne pas de mauvaises idées car nous savons tous comment se termine les révolutions. Le grand soir n'aura pas lieu. Cependant, ce mois de Mai où la jeunesse a été sévèrement châtiée marquera à tout jamais les esprits. Une œuvre riche en enseignements.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site