Guantánamo Kid
C'est l'histoire d'un jeune garçon qui se rêve un avenir meilleur et quitte l'Arabie Saoudite pour étudier l'anglais et l'informatique au Pakistan. Deux mois après son arrivée, c'est le 11 septembre 2001. Au mauvais endroit au mauvais moment, le jeune adolescent est vendu par les services secrets pakistanais aux Américains, au prétexte qu'il appartiendrait à Al-Qaïda.
Amnesty International Documentaires Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles
C'est l'histoire d'un jeune garçon qui se rêve un avenir meilleur et quitte l'Arabie Saoudite pour étudier l'anglais et l'informatique au Pakistan. Deux mois après son arrivée, c'est le 11 septembre 2001. Au mauvais endroit au mauvais moment, le jeune adolescent est vendu par les services secrets pakistanais aux Américains, au prétexte qu'il appartiendrait à Al-Qaïda. C'est une descente aux enfers qui le mène à Guantanamo, au camp X-Ray puis au camp Delta, où il va vivre la routine des tortures, des interrogatoires incessants et vains. Une histoire vraie.
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Date de parution | 16 Mars 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voilà un album intéressant, sur un sujet à la fois grave et méconnu des médias (sauf certains, comme Le Monde diplomatique par exemple): nous allons découvrir "de l'intérieur" la calvaire enduré par un détenu de la base américaine de Guantanamo (Déjà, rien que l'existence même de cette base est un scandale, puisqu'elle se trouve en territoire cubain, contre la volonté du gouvernement cubain (peu importe ce qu'on pense de ce régime), suite à un accord passé alors que Cuba était une dictature inféodée aux Etats-Unis). La première partie est aussi instructive par rapport à la dure réalité de la vie en Arabie saoudite (où a immigré la famille du personnage principal, Tchadien d'origine). La suite, de son arrestation par hasard au Pakistan (uniquement parce qu'il avait un accent saoudien et a été assimilé à Al Qaïda) à son "transfert" sur différentes bases US (endroits secrets permettant la torture discrète) et son "installation" à Guantanamo est une longue suite de tortures, de propos racistes, qui va durer près de huit ans ! Tortures pratiquées par des hommes d'une grande nation, démocratique, sans aucun fondement juridique, sur un territoire usant de l'extraterritorialité pour hypocritement ne pas avoir à respecter les lois américaines. Pendant ce temps, Obama a succédé à G. W. Bush, mais a continué à pratiquer de la même façon, mais avec une meilleure image (le prix Nobel de la paix lui étant même décerné !). Le calvaire vécu par l'homme que nous suivons n'est hélas pas isolé, et non seulement ces méthodes sont inefficaces pour lutter contre le terrorisme, mais elles font beaucoup pour nourrir la haine des Etats-Unis, et donc grossir les rangs des terroristes. Le dessin est assez simple - décors minimalistes, traits épurés, au point que parfois on a l'impression que cela atténue la dureté du propos. Mais finalement cela passe bien, et fluidifie la lecture. C'est une lecture difficile, mais instructive. Qui démontre qu'aucune fin ne saurait jamais justifier n'importe quels moyens. Et que certaines "démocraties" usent parfois des mêmes méthodes que les Nazis dans leurs camps, perdant ainsi leur âme, et le droit de donner des leçons !
Un témoignage rare qui met en lumière l’absurdité d’un système carcéral inique où le recours à la torture était la règle, celui de Guantánamo, initié par le va-t-en guerre George W. Bush avec la complicité de certains gouvernements en échange de monnaie sonnante et trébuchante. Contrairement à la plupart des récits initiatiques qui peu ou prou finissent par s’approcher du Graal, celui-ci ressemble davantage à un cauchemar qui ne se termine même pas sur une note d’espoir… Mohammed El-Gorani, capturé de la façon la plus arbitraire à son adolescence par l’armée pakistanaise qui le revendit aux Américains, usé physiquement par huit années passées dans le camp loué à Cuba par les faucons US, pourchassé à sa libération par les gouvernements africains complices de la mascarade parce qu’ils redoutaient qu’il ne s’exprime dans la presse, a ainsi passé la plus grande partie de sa vie à combattre pour sa dignité et sa survie. Lui qui abordait la vie avec les plus grands espoirs pour sortir de la misère dans laquelle il était né, le constat s’avère extrêmement triste. Et pourtant, ce type n’a jamais courbé l’échine face à ses tortionnaires, ayant toujours clamé son innocence, et c’est sans doute aussi ce qui l’a aidé à tenir… L’histoire, si elle peut parfois s’attarder sur des détails pas toujours pertinents, nous laisse néanmoins abasourdis, autant parce qu’elle révèle la cruauté sans limites de l’Homme qu’elle montre le courage incroyable de ce personnage, qui en devient un modèle de résistance pour chacun. Par son minimalisme, le dessin noir et blanc, loin d’être désagréable, permet de rester centré sur le propos. Alors que Guantánamo n’a toujours pas fermé ses portes, plus de quinze ans après sa création et malgré la promesse de Barack Obama, ce récit reste plus que jamais d’actualité dans un monde toujours sous la menace terroriste, où la démocratie semble constamment reculer face à une certaine montée des intolérances. D’autant qu’on ne peut pas prétendre que les témoignages des anciens détenus de la prison cubaine sont légion. Sans doute pour les raisons mêmes qui sont exposées dans ce livre, d'où l’image des États-Unis n’en sort pas grandie.
J’ai trouvé cet album instructif, édifiant par plus d’un aspect mais, et alors que le sujet est très fort, finalement peu touchant. Je ne sais pas d’où vient le fait que l’émotion passe si difficilement en définitive alors que l’album respire la sincérité et que le sort de Mohammed El-Gorani est des plus injustes, absurdes et cruels. Un dessin peut-être un peu trop épuré, trop sage dans les scènes violentes. Une narration qui manque peut-être un peu d’empathie. Toujours est-il que je n’ai pas été autant touché que je l’aurais voulu. Mais ce n’est vraiment pas une raison pour passer à côté de cet album car son côté documentaire est précieux ! Ce témoignage nous permet de vivre Guantanamo de l’intérieur, en partageant le point de vue d’un jeune Arabe vendu par les services spéciaux pakistanais aux Américains avec le qualificatif de « terroriste présumé ». Les chefs d’accusation reposent sur des délations d’autres prisonniers… prêts à raconter n’importe quoi pour éviter coups, brimades et autres humiliations. Quelques recoupements des plus basiques permettront finalement à l’avocat de Mohammed El-Gorani (quand celui-ci aura finalement le droit d’en avoir un) de le faire libérer mais que de sévices subis, que de haine accumulée durant les huit (oui, 8 !) années de sa séquestration. Par ce témoignage, notre compréhension de la haine des peuples arabes vis-à-vis de l’Amérique s’affine. L’album fait montre d’une grande indulgence et de beaucoup de sagesse, les propos sont toujours mesurés mais n’occultent pas les dégâts provoqués par l’attitude dirigiste et le sentiment de toute puissance et d’impunité qui sont la marque de fabrique de la politique extérieure américaine. Barak Obama en prend pour son grade, mais il n’est pas le seul. Un album instructif, donc, qui mérite d’être lu. Et même si je n’en ferais pas une priorité, je ne vous en déconseillerai certainement pas l’achat, ses grandes qualités (notamment documentaires) suffisent amplement à oublier ses petits défauts.
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