L'Obsolescence programmée de nos sentiments
Récit d'une histoire d'amour tardive entre deux êtres qui n'attendaient plus grand chose de leur existence.
Auteurs néérlandais La BD au féminin Troisième âge
Lui, il s'appelle Ulysse. Il est veuf depuis plusieurs années et lorsqu'il perd son travail de déménageur, à 59 ans, une grande solitude s'empare de lui. Impossible même de s'entourer de ses enfants : sa fille est morte dans un accident à l'âge de 16 ans et son fils est très pris par son travail. Elle, c'est Mme Solenza. Méditerranée de son prénom, 62 ans au compteur. Ancien modèle (elle a fait la couverture de Lui dans sa jeunesse !), elle ne s'est jamais mariée et tient la fromagerie de sa mère qui vient de décéder après une longue maladie. Si leurs jours s'écoulent tristement et leurs occupations ne suffisent pas à masquer l'isolement qui est le leur, c'était sans compter un miracle émotionnel. Car entre cette femme et cet homme va se tisser une histoire d'amour d'autant plus belle qu'elle est tardive !
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Date de parution | 01 Juin 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Est-ce que nous avons été fidèle à l'enfant que nous étions ? - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, dont la première édition date de 2018. Il a été réalisé par Zidrou (Benoît Drousie) pour le scénario et par Aimée de Jongh pour les dessins et les couleurs. le tome contient un poème de Herman van Veen en exergue. Chapitre 1 : l'ennemie dans la glace. En province, dans un hôpital, Méditerranée Solenza contemple sa mère dans son lit : elle vient de rendre son dernier soupir, après neuf mois de maladie. Méditerranée en déduit que la mort n'aime pas le vieux, elle préfère cueillir des jeunes. Tino Solenza, le jeune frère de Méditerranée est également présent. Il indique qu'il va se charger du reste : les pompes funèbres, l'église, avertir la famille, tout ça. Méditerranée range ses affaires dans son sac, jette un coup d’œil à la pomme qui est restée sur la tablette, et s'apprête à partir. Son frère se rend compte que c'est elle maintenant, l'aînée des Solenza. de son côté, Ulysse Varenne plie les couvertures une dernière fois dans son camion de déménagement, sur le plateau à roulette, avec la sangle. Il ferme la porte et va rendre la clé du camion à son employeur des Déménagements Clément. Il dit au revoir à ses collègues Musta, le Bert et Philou avec qui il formait une équipe : ils s'étaient surnommé la pieuvre à 8 bras. Il part en faisant l'effort conscient de ne pas se retourner. Méditerranée Solenza quitte l'hôpital en pensant à la remarque de son frère Tino : l'aînée des Solenza. Elle prend le bus et remarque aussi bien le petit jeune plus rapide qu'elle pour prendre la dernière place assise, que la maman qui dit à sa jeune fille qu'elle doit laisser sa place aux personnes âgées en montrant Solenza. Ulysse Varenne sent déjà la déprime le gagner : il n'avait aucune envie d'être mis à la retraite et il ne sait rien faire. Il a déjà arrosé les plantes en pot sur son balcon, passé l'aspirateur, et il n'aime pas la lecture. Il n'a même aucune intention de remplacer le pommeau de douche qui fuit, car c'est le seul qui pleurniche sur son sort. Il n'a pas de petits enfants : son fils n'en veut pas, et sa fille il n'en est plus question. Elle est morte encore adolescente. Sa femme est également décédée il y quelques années ; elle s'appelait Pénéloppe Gardin. le soir il va se coucher en faisant des sudokus. Retraité à 59 ans. Veuf à 45 ans. Père pour la première fois à 20 ans (pour la seconde à 22). Marié à 18 ans. Il a tout fait plus tôt que les autres, certainement parce qu'il était prématuré à la naissance. Méditerranée Solenza est rentrée chez elle : elle se rend compte que machinalement elle a pris la pomme avec elle. Elle se demande bien pourquoi car elle a toujours eu horreur des pommes, depuis qu'enfant elle a vu Blanche Neige au cinéma avec son père. Elle avait eu tellement peur qu'elle avait mouillé sa culotte, et son père ne s'était pas fâché. Il s'était montré très compréhensif. Elle va se regarder dans la glace de la salle de bain. La couverture annonce clairement l'histoire : un couple de vieux, la soixantaine dont un préretraité à 59 ans. le lecteur peut regarder cette histoire sous cet angle et relever tout ce qui d'habitude ne se dit pas : la préretraite, l'ennui faute de savoir faire autre chose que son boulot, le champ des possibles qui s'est réduit à quelques rituels sans plus de nouveauté, les peurs enfantines pas dépassées, le besoin d'amour physique assouvi avec une professionnelle, la déchéance du corps (la peau perdant son élasticité, le ramollissement du corps, sans aller jusqu'à la maladie), être un modèle de charme (poser nu pour être clair), la différence de culture et de vie entre deux êtres. D'un côté, le lecteur a l'impression de pouvoir cocher des éléments dans une liste préparée à l'avance sur des choses qui existent mais qui ne doivent pas être évoquées en bonne société, qui ne doivent pas être abordées dans une conversation. D'un autre côté, le récit n'est jamais misérabiliste, même s'il sait être poignant. Uysse Varenne se retrouve désemparé d'être ainsi à la retraite, de devenir ce qu'il conçoit comme un inactif, d'être dans une routine sans joie, sans plus construire quelque chose ou participer à la société. Méditerranée prend pleinement conscience qu'elle est passée dans la catégorie des vieilles, qu'elle ne retrouvera jamais la beauté de ses jeunes années. Mais l'un comme l'autre ne sont pas dépressifs ou accablés. Ulysse continue d'être charmant, affable, gentiment blagueur ou taquin. Méditerranée continue de travailler dans sa fromagerie, contente de son métier. Ils ont le sourire et le contact facile, leur entourage est sympathique et aimant. Aimée de Jong avait déjà réalisé une dizaine de bandes dessinées avant celle-ci. Ses dessins s'inscrivant dans un registre réaliste et descriptif, avec des traits de contour un peu souples qui confèrent une forme de texture, de relief, avec un soupçon de spontanéité. Elle prend soin de représenter les décors dans les arrière-plans : la chambre d'hôpital avec les rideaux de séparation entre les différents lits dans la même pièce, le bureau du responsable de planning de l'entreprise de déménagement très fonctionnel avec du mobilier bon marché, le bus avec ses barres de maintien et ses passagers bien sages, l'appartement pas trop petit de veuf d'Ulysse Varenne et le deuxième oreiller sur le lit, les allées du parc de loisirs de la Glissoire; les gradins du stade de Lens, la fromagerie, la salle d'attente du médecin. le lecteur peut se projeter dans chaque endroit car il apparaît aussi plausible qu'authentique. L'artiste ne se contente pas de poser ses personnages devant un arrière-plan, ils interagissent avec les éléments du décor, se déplaçant en fonction de leur disposition, manipulant des accessoires. Elle met également en œuvre des compétences de costumière : les différentes tenues de Méditerranée Solenza, adaptées à son activité et à la météo, les tenues plus fonctionnelles et moins variées d'Ulysse Varenne. Le lecteur ressent rapidement une forme de proximité avec ces personnages dont il partage le quotidien grâce aux dessins, et qui sont sympathiques car ils savent sourire et ne portent pas de jugement sur les autres. Cette forme d'intimité est rehaussée par le fait qu'il voit Ulysse nu, et plus tard Méditerranée. Il ne s'agit pas de scènes érotiques, mais l'artiste porte un regard dans lequel le lecteur ressent de l'affection, sans jugement, mais aussi sans fard. Ulysse était un déménageur en bonne forme, avec un embonpoint marqué, et Méditerranée se désole en se regardant dans la glace en songeant qu'elle avait posé pour le magazine de charme Lui dans sa jeunesse. Cette proximité apporte une chaleur humaine remarquable aux séquences les plus délicates : Méditerranée consternée par son dégout irrationnel en regardant une pomme, Ulysse conscient de sa vie étriquée, Méditerranée se regardant nue dans la glace, Méditerranée et Ulysse ressentant que le courant passe entre eux, leur première relation au lit, Ulysse racontant une histoire qu'il a inventée à Méditerranée. La narration visuelle réussit à combiner une partie de la réalité d'une personne de soixante ans (ils sont tous les deux en vraiment bonne santé) avec une ambiance chaleureuse, d'acceptation, mais pas de renoncement. Sous le charme de la narration visuelle, le lecteur découvre l'intrigue : le rapprochement de Méditerranée et d'Ulysse qui formeront peut-être un couple. Zidrou se montre aussi positif dans sa narration qu'Aimée de Jongh, sans non plus porter de jugement, par exemple sur l'absence de goût pour la culture d'Ulysse, ou sa visite occasionnelle à une prostituée plus jeune que lui. Il sait intégrer des moments humoristiques tout en restant respectueux de ses personnages : par exemple la remarque sur le pommeau de douche seul à pleurnicher sur le sort d'Ulysse, la réaction de Méditerranée quand Ulysse lui ramène le numéro de Lui dans lequel se trouvent ses photographies de nu, la comparaison de leurs goûts en matière de chanson (Maurice Chevalier, Francis Lopez, Charles Trenet pour l'une, Pierre Perret, Henri Salvador, Carlos pour l'autre). le lecteur relève des éléments narratifs sophistiqués comme la remarque sur une durée de 9 mois en fin de récit qui renvoie à celle de 9 mois en ouverture de récit, ou des petites remarques nées de l'expérience comme le prix à payer par une femme pour rester indépendante. le savoir-faire et la bienveillance du scénariste font que le lecteur prend un grand plaisir à lire cette bande dessinée, même s'il remarque ces petits éléments narratifs soigneusement soupesés. Par exemple, l'aversion de Méditerranée pour les pommes renvoie à sa peur enfantine de la sorcière dans Blanche Neige, et le lecteur finit par établir la connexion avec le symbole de la pomme comme fruit défendu du plaisir (plutôt que de la connaissance). le récit se compose de 7 chapitres, le dernier comportant 7 pages. le lecteur peut estimer qu'il forme un épilogue détonnant du fait d'un élément peu plausible. Mais cet élément n'est pas biologiquement impossible. En revanche le choix de Méditerranée et d'Ulysse semble irresponsable, et peu plausible au vu de leur caractère réciproque. Cependant, s'il le prend plus comme une métaphore que comme un événement littéral, le lecteur y voit alors l'image de cette histoire commune que les deux amoureux souhaitent construire, aussi improbable à leur âge que l'événement attendu. Le lecteur ne peut s'empêcher d'éprouver une franche sympathie pour Méditerranée et pour Ulysse, deux personnages gentils, et finalement plutôt en bonne santé. Il est tout aussi séduit par les dessins expressifs et sensibles d'Aimée de Jongh. Peut-être qu'il va trouver cette histoire un peu trop gentille pour être crédible, un peu trop optimiste, sans problème de famille par exemple, ou un peu trop bienpensante (encore qu'Ulysse ne soit pas un modèle d'individu progressiste). Pour autant, cette gentillesse narrative n'empêche pas un sous-texte moins consensuel, moins radieux. En particulier, même si ce n'est pas exprimé, le lecteur ressent bien que les deux personnages ont accepté le fait qu'il leur reste nettement moins de temps à vivre, qu'il n'en ont déjà vécu. Sur ce point, la tonalité du récit n'est pas morbide, mais elle n'est pas naïve. Une belle histoire.
Cela fait quelque temps que je me demande si je dois lire ou pas cet album. Je l'ai pris dans mes mains, je l’ai feuilleté et je l’ai remis sur son présentoir. J’étais – je l’avoue – très circonspect. Il m’a fallu trois quatre visites chez mon libraire préféré pour que je me décide enfin. Pas facile de sortir de sa zone de confort. Et qu’est ce que j’ai bien fait ! Il faut de temps en temps que je me botte les fesses pour que je m’aventure dans des albums où je ne vais pas retrouver des gangsters qui règlent leurs comptes avec leurs flingues. Voilà donc un roman graphique de toute beauté dans lequel la sensibilité est de mise. Ulysse est à la retraite depuis peu. Une retraite qu’il n’a pas programmée. Son employeur l’a plutôt poussé vers la sortie en mettant en place un plan social. Que va-t-il devenir ? Méditerranée, suite au décès de sa mère, se retrouve l’ainée de la famille. Pour faire plus simple, c’est la prochaine sur la liste pour un départ vers le cimetière. Le poids des années tombe d’un seul coup sur ses frêles épaules. Méditerranée est devenue une vieille dame. Ulysse et Méditerranée vont fortuitement se rencontrer. Le début d’une nouvelle histoire d’amour. Zidrou aborde avec justesse sur un ton décomplexé le sujet de la solitude des personnes âgées. C’est magnifique, triste également mais pourtant plein d’espoirs. L’utilisation de la voix off permet de mieux appréhender le ressenti des personnages. C’est une belle idée qui permet de rendre la lecture très fluide. Le graphisme d’Aimée De Jongh est admirable avec de belles couleurs pastel. Album agréable à lire. L’histoire est plaisante et même touchante à travers ces deux personnages animés par une envie de vivre. Belle découverte que je recommande vivement.
L’obsolescence programmée de nos sentiments est une bd sur le temps qui passe et surtout sur la vieillesse et le fait d’avoir quand même une vie amoureuse à cet âge-là. Ainsi, cette lecture m’aura appris trois choses que j’ignorais : - Une femme peut encore avoir des règles dix ans après le début de sa ménopause. - Une femme peut faire un bébé à 62 ans même si elle a essayé toute une vie et que cela n’a pas fonctionné. Bref, un miracle de la vie est toujours possible. - Il ne faut pas laisser la place dans le bus à une personne âgée car lui dire aurait pour conséquence de la blesser sur son âge. Pour le reste, Zidrou fait encore dans les bons sentiments dégoulinants de tendresse. Je retiens que du positif car la moralité est plutôt encourageante. Malgré nos corps qui flétrissent, on peut toujours rester beau dans nos cœurs. Bref, une bd pleine d’espoir et qui fait du bien pour un lectorat plus âgé.
Encore un one-shot de Zidrou plein de bons sentiments et qui ne me touche qu'à moitié. Si j'ai bien aimé tout ce qui tournait autour des problèmes que rencontrent les personnes âgées (par exemple, être forcé de prendre sa retraite), l'histoire d'amour m'a moins intéressé. Je trouve que ça va un peu trop vite par moments. Bon, au moins l'album a le mérite de traiter de sujets un peu tabous comme la sexualité des aînés. Il y a aussi un événement qui arrive soudainement durant le dernier tiers de l'album et je ne sais pas trop quoi penser. D'un coté, cela donne des bons dialogues et j'ai bien aimé la scène entre le vieux couple et le fils docteur, mais d'un autre je trouve ça un peu facile qu'on n'ait pas d'explications sur ce qui arrive. Sinon, j'ai vraiment adoré le dessin que je trouve agréable à regarder et qui va bien pour ce genre de récit intimiste. J'espère que cette dessinatrice aura une longue carrière !
Voilà un album qui réussit très bien à traiter d'un sujet sensible – et souvent tabou, il faut le dire, à savoir les histoires d’amour vécues par les « séniors ». Et qui le fait sans tomber dans la mièvrerie ni dans certaines facilités scénaristiques. Zidrou a su « créer » deux personnages touchants, à la fois forts et emplis de faiblesses, en tout cas qui ont une personnalité qu’il prend le temps de développer. Et qui ressemblent aux personnes que nous pouvons côtoyer. Cette femme et cet homme, qui ont passé la soixantaine, redécouvrent l’amour après une rupture douloureuse (chômage pour l’un, mort de sa mère pour l’autre) qui les pousse à se questionner, à se projeter. Leur rencontre leur redonne à tous les deux un bon coup de fouet. Alors qu’ils semblaient si différents, ils se révèlent complémentaires. Je trouve juste que Zidrou a abusé du hasard avec les prénoms, le bonhomme, qui se prénomme Ulysse, tombe donc amoureux d’une Méditerranée ! (après avoir épousé une Pénélope !!). C’est un peu trop quand même, non ? Le dessin de De Jongh est très fluide, réussi, dans un style semi réaliste parfait pour habiller cette histoire d’amour. Si j’ai bien aimé ma lecture, et ne met que trois étoiles, c’est que le genre n’est pas forcément celui qui m’attire le plus. Mais je conçois que d’autres y trouvent davantage leur compte. C’est en tout cas une lecture très recommandable.
Il ne fait jamais bon vieillir quoi qu’on en dise, et personne ne souhaite expérimenter ce « naufrage », plus ou moins long dans la durée selon l’horloge interne de chacun. Pourtant, un jour ou l’autre, vient le moment où l’on vous laisse la place dans le bus, sans que l’on ait vu venir le coup. Et là, s’ensuit le temps des questionnements et peut-être de la déprime… A la soixantaine, peut-on encore être utile à quelqu’un et bâtir des projets ? Peut-on encore être désirable et connaître le grand amour quand on est seul ? Avec cet album au titre original, mais ne reflétant guère son contenu, Zidrou nous propose quelques éléments de réponse, qui, il faut l’avouer, s’avèrent plutôt réconfortants. L’histoire, qui démarre dans une certaine noirceur liée à la problématique du vieillissement, opère un virage à 180° dès lors que la rencontre entre Ulysse et Méditerranée aura lieu. On assiste alors à une sorte de petit miracle qui, une fois passé le cap de l’acceptation des corps flétris, va rajeunir les visages et injecter du sourire dans les expressions, avant que ne soit posée la cerise rouge vif sur le gâteau de l’amour tardif dont on ne pourra rien dire ici pour éviter de spoiler le récit. « L'Obsolescence programmée de nos sentiments » est servie par de très beaux textes où l’humour n’est pas absent. L’auteur belge, qui n’en est pas moins lucide pour autant, montre, sans tabous, qu’il n’y a pas nécessairement de fatalité, quand bien même avec l’âge on en vient à se sentir « blanchi comme un cheval fourbu », comme le chantait avec tant de désespérance Léo Ferré. A ce titre, cette fable optimiste sur le temps qui passe trouverait peut-être davantage son inspiration dans la chanson d’un compatriote non moins célèbre, j'ai nommé Jacques Brel, qui déclamait de façon poignante que le feu pouvait rejaillir « d'un ancien volcan qu'on croyait trop vieux ». Impossible de terminer cette chronique sans évoquer Aimée de Jongh, jeune dessinatrice néerlandaise déjà récompensée pour Le Retour de la Bondrée, qui illustre avec sensibilité le récit de Zidrou. Alliant son trait expressif à un cadrage bien senti, elle fait ressortir aussi bien les tourments intérieurs des personnages que leur besoin criant d’amour, les rend encore plus vivants en y mettant toute sa tendresse et son humanité. La synergie entre les deux auteurs a donc très bien fonctionné pour cette love story séniorisante, trop belle pour être vraie diront les grincheux, mais comme une pause bienfaisante face au tic-tac implacable de l’horloge.
Zidrou fait partie de mes scénaristes préférés surtout depuis qu’il réalise des bandes dessinées plutôt destinées à un public adulte. J’ai découvert « L’obsolescence programmée de nos sentiments » grâce à l’avis de Mac Arthur et à l’occasion du dernier festival de BD d’Amiens où la dessinatrice Aimée De Jongh était présente pour dédicacer son album. L’histoire est toute simple, elle nous conte la rencontre entre deux êtres en mal d’amour qui ont la particularité d’être des personnes qui s’approchent du 3ème âge… Je ne vais pas vous dévoiler la suite mais sachez que ce récit m’est apparu très attachant et optimiste… un peu trop même quand j’ai découvert le dénouement. D’ailleurs, cette fin peut être -à mon avis- sujette à de nombreux débats mais je la respecte sans problème. Pour le reste, j’ai aimé la simplicité des situations, j’ai adoré le fait que la vieillesse n’est pas abordée d’une façon triste et que –merde- parce que nous n'avons qu’une seule vie sur terre alors autant en profiter à donf et jusqu’à la fin même en amour ! Zidrou montre encore une fois sa grande sensibilité et son attachement sur les questions relatives aux rapports humains, j’aime son regard sur la société et sa capacité à retranscrire les sentiments d’une manière qui me semble juste. Le trait d’Aimée De Jongh s’accorde parfaitement avec ce récit. En tout cas, les éditions Dargaud et Zidrou ont vraiment trouvé la dessinatrice adéquate à cette bd, je ne vois pas qui d’autre aurait pu donner cette expressivité et ce réalisme du trait à cette histoire. Je ne mets que 3 étoiles à cette bande dessinée parce que j’en attendais peut-être un peu plus sur ce récit et parce que le dénouement m’a dérouté mais je ne regrette nullement pas mon achat. En effet, j’ai eu du plaisir à lire ce roman graphique qui met en scène des personnes âgées. J’ai eu également un coup de cœur pour le graphisme d’Aimée De Jongh qui accompagne très bien ce récit. Bref, pas un 4 étoiles mais un bon 3,5 finalement !
Le nom de Zidrou m'attirait déjà sur la couverture, mais l'avis de MacArthur m'a convaincu de me plonger dans cette lecture les yeux fermés. Et franchement ... je ne regrette qu'à moitié. Peut-être parce que j'étais enthousiaste suite à cet avis, j'ai été un poil déçu à la lecture de la BD, parce qu'elle m'a semblé "seulement" bien. En fait, je crois que j'ai été déçu qu'elle s'arrête aussi vite. Après, y avait-il besoin de développer encore, je ne suis pas certain non plus ... En tout cas, c'est avec grand plaisir que j'ai découvert le travail de la dessinatrice. Je ne l'avais jamais vu auparavant mais j'ai pris grand plaisir à découvrir sa patte tout au long du récit. Dans une histoire qui interroge sur le corps et l'image qu'on en a, il est important de mettre cette image en dessin. Et elle s'en sort à merveille, alliant l'expression du trait avec une douceur bienvenue dans l'histoire. Et l'histoire, parlons-en : une très belle histoire d'amour, qui sait se faire simple et touchante. Elle ne perd pas de temps à développer des fioritures inutiles, ici tout est dans la simplicité. Les scènes sont très belles et très justes. Mais, ce qui m'a un peu refroidi, c'est justement que l'histoire est un peu trop rapide. J'ai eu l'impression d'une lecture très rapide et qui ne m'a pas suffi. La conclusion est très bien, apportant son lot de réponses et de questionnement, mais j'aurais aimé un peu plus. En vrai, je ne saurais dire ce qui m'a manqué, mais un petit quelque chose de plus m'aurait fait mettre un 4/5. En attendant de trouver quoi et de pouvoir changer d'avis, je laisse mon 3 et un conseil d'achat car il s'agit là d'une vraie belle BD. Avis aux amateurs de romans graphiques.
Voilà un récit d’une simplicité déconcertante. Des personnages proches de nous, arrivés dans le dernier tiers de leur existence. Une histoire d’amour naissante alors qu’ils n’attendaient plus grand-chose de leur vie. Une vie sexuelle simple, naturelle, abordée avec pudeur mais sans tabou. Un peu d’humour, beaucoup de douceur et, en filigrane des interrogations qui parleront à chacun d’entre nous. Zidrou, une fois de plus, me séduit grâce à son écriture d’une justesse confondante. Ses dialogues, en particulier, me touchent systématiquement. J’aime l’humour discret, l’humilité des personnages et le fait que les sujets délicats ne sont pas contournés (ici la sexualité et le rapport au corps chez les personnes âgées). Le dessin d’Aimée De Jongh (déjà remarquée avec « Le Retour de la Bondrée ») est très agréable à l’œil et convient parfaitement au propos. J’ai aimé son expressivité, sa grande lisibilité. Mais, plus que tout, j’ai aimé sa représentation de corps vieillissants. Là aussi, l’auteure ne contourne pas l’obstacle et pourtant ses planches sont tout sauf impudiques. Un album à lire pour l’une des plus belles histoires d’amour que j’ai pu découvrir ces dernières années. Le final m’a un peu déstabilisé dans un premier temps mais il soulève des questions… que l’on est tous amené à se poser à un moment ou l’autre. Et si le choix des personnages ne sera très certainement pas partagé par tous les lecteurs, les auteurs parviennent à nous le faire accepter, ce qui est déjà un bel exploit. Reste un titre qui pourrait refroidir et qui, à mes yeux, n’est pas du tout représentatif du contenu de l’album. Mais ne vous arrêtez pas à si peu ! Car cet album est vraiment à lire par tous ceux qui aiment les romans graphiques.
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