C'est la jungle ! (Le livre de la jungle de Harvey Kurtzman)
Un recueil par le père de Mad paru en 1959 et qui est depuis devenu un classique de la bande dessinée américaine.
Les petits éditeurs indépendants MAD
En 1958, Harvey Kurtzman, le créateur du magazine MAD, proposa à l’éditeur de livres de poche Ian Ballantine une idée tout à fait novatrice : publier directement au format livre un recueil de quatre histoires graphiques, certaines à forte teneur autobiographiques, et toutes au vitriol, destinées à un lectorat adulte. Il faudra attendre plusieurs décennies avant que ce concept se popularise sous l’appellation « roman graphique ». En avance sur son temps, C’est la jungle ! (1959) fut à l’époque un relatif échec commercial, mais son originalité et sa réussite artistique eurent un impact extraordinaire sur plusieurs générations d’auteurs de bande dessinée, de Robert Crumb à Art Spiegelman, en passant par Georges Wolinski, qui tous lui rendent hommage dans ces pages. Classé 26e dans le « Top 100 des meilleurs comics du XXe siècle » établi par The Comics Journal, ce chef-d’œuvre précurseur, décapant et drôlissime de l’histoire de la bande dessinée américaine est présenté ici dans une édition enrichie, mise au point par le spécialiste Denis Kitchen, et une nouvelle traduction, à laquelle s’ajoute pour l’édition française un prologue de Georges Wolinski. Texte: L'éditeur
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Date de parution | Juillet 1978 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Je suis vraiment désolé de ne mettre que deux étoiles à cet album de Kurtzman, auteur qui a eu une grande importance dans le développement d’une certaine BD adulte. Aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi en Europe. Goscinny (qui avait travaillé avec lui) et Gotlib ont souvent dit tout ce qu’ils devaient à l’animateur de Mad, et Wolinski, dans sa longue préface, en remet une couche admirative. Mais voilà, les 3 histoires regroupées ici (j’ai lu l’édition du Square de 1978) m’ont laissé de marbre – la dernière, sorte de parodie de western, étant peut-être celle qui passe le mieux. Mais pour le reste, ces histoires anciennes font leur âge (fin des années 1950 je crois), et l’humour développé ici par Kurtzman est encore très sage, qui plus est avec des références qui sans doute m’ont échappé. J’avais été nettement plus convaincu par l’album que Gotlib avait publié l’année précédente chez Fluide Glacial (Hé les mecs !), où l’on retrouvait le côté déjanté, cartoonesque et irrévérencieux de Kurtzman. Une lecture poussive, décevante donc. L’originalité et la force de Kurtzman sont probablement ailleurs.
Je suis conscient de l'apport énorme d'Harvey Kurtzman au monde de la BD d'humour car je sais combien le magazine MAD, dont il est le co-créateur et premier rédacteur en chef, a inspiré ensuite ceux que je considère comme les maîtres de l'humour franco-belge tels que Goscinny et Gotlib. C'était un style parodique et satirique sans aucun doute révolutionnaire dans les années 50. Mais pourtant, je n'ai jamais été un très grand fan de MAD dont les pages me font sourire mais finissent assez vite par m'ennuyer à la longue. Et c'est encore pire pour moi en ce qui concerne les 4 histoires que contient cet album d'Harvey Kurtzman. Deux d'entre elles sont des pastiches de films de genre ou de séries télévisées de l'époque, d'abord une histoire de polar noir, puis ensuite un western. Et les deux autres sont davantage des satires sociales, l'une sur le monde de l'entreprise éditoriale et de l'ambition professionnelle, l'autre sur les sudistes américains, texans plus précisément. L'humour fonctionne en partie sur une vision cynique des choses, tournant à la dérision, et en partie aussi sur un décalage entre des dialogues faussement sérieux et le délire de certaines situations. Quant au dessin, il est dynamique et sûrement très moderne pour son époque, avec un trait souple et énergique. Sur le fond, ce sont là des éléments qui pouvaient me plaire. Mais dans la pratique, je me suis ennuyé. D'abord parce que l'humour ne m'a pas franchement atteint. Outre quelques références d'époque que je n'avais pas ce qui est moyen quand on veut savourer un pastiche, je n'ai pas été sensible à ce mélange de délire et de satires pince-sans-rire. Mais c'est surtout la surabondance de texte et de dialogues qui m'a saoulé. Certaines planches me donnaient presque l'impression d'être du texte illustré, avec une tonne de dialogues et en dessous une vague illustration qu'on regarde après coup. C'est probablement une forme de paresse intellectuelle de ma part mais quand je lis une BD, j'aime que le texte et le dessin s'articulent davantage et ne pas d'abord devoir lire un long texte et ensuite seulement voir l'image qui s'y rapporte. Et quand tout un album est aussi bavard et que l'humour recherché est justement plus dans ces dialogues que dans les images qui ne se suffisent pas à elle-même, eh bien je m'ennuie. Ce fut le cas avec cet album qui ne m'a pas vraiment fait rire et que j'ai eu du mal à ne pas abandonner, n'étant poussé finalement que par la curiosité de voir ce que cet auteur culte pour les auteurs de BD du 20e siècle avait à proposer. Des quatre histoires, je ne retiendrais que celle sur le western qui est un peu plus dynamique et moins alourdie par son texte, et dont le gag récurrent du shérif qui se fait descendre m'a quand même amusé.
3.5 Je précise que j'ai lu la version de Wombat parue en 2017 qui contient des textes de dessinateurs américains underground qui ont été influencés par Harvey Kurtzman ainsi qu'un prologue par le défunt Wolinski. Kurtzman est un des génie de l'humour américain et qui a entre autres lancé le célèbre magazine Mad. Malheureusement, suite à une dispute avec son éditeur il quitte Mad et malgré diverses tentatives pour créer un autre magazine à succès, il ne connaîtra que des échecs. Cet album est l'un d'entre eux: en 1958 il propose à un éditeur de livres de poches de publier un recueil de bandes dessinées directement en livre sans que ce matériel soit passé d'abord dans un magazine. Cela donne en 1959 cet album qui contient 4 histoires et qui ne sera pas un succès (juste la moitié des exemplaires ont été vendus) quoique depuis c'est devenu un classique qui a influencé plusieurs auteurs. On retrouve dans cet album deux histoires qui parodient des séries américaines des années 1950 et deux qui sont des satires sociales de la société de l'époque. Pour les parodies, on retrouve le génie de Kurtzman qui est capable de faire des parodies sans qu'on ait besoin de connaitre le matériel original pour trouver ça rigolo. En fait, si je ne savais pas que c'était basé sur des séries télé précises, j'aurais cru qu'il ne faisait que parodier deux genres en général (les histoires de détectives et les westerns). Les deux histoires portant sur la satire sociale ont un coté autobiographique vu que l'une se moque du monde de l'édition et que l'autre se moque des sudistes américains (Kurtzman a passé quelques temps durant la seconde guerre mondiale au Texas et a basé la ville qu'on voit dans ce récit sur la ville de Paris, Texas). L'humour fonctionne bien et les histoires sont agréables à lire (ma préférée est celle sur le western). Il y a tout de même quelques gags qui tombent à plat et c'est pour cela que je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une des meilleures bandes dessinées humoristiques de tous les temps. J'aime bien le dessin expressif de Kurtzman et on peut voir comment il a influencé des types comme Gotlib. Je trouve tout de même son style un peu moins bon comparé à certains dessinateurs de Mad avec lesquels il a collaboré. Donc c'est une curiosité qui n'a pas trop vieilli et qui est à lire si on est fan de ce type d'humour.
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