Griffes d'Ange
Jodo et Moebius font du porno. C'est pas triste!
BDSM Ecole Duperré Giraud-Moebius Hard & Soft, d'un érotisme à l'autre Jodorowsky Trash
Déjà dans le nom de "Griffes d'Ange", la jeune protagoniste de cette histoire troublante, s'exprime l'impossible mariage de la violence et de la douceur; de la chair et de l'esprit, du masculin et du féminin. Dans un récit brutal, effusion d'éclats sanglants et poétiques, Alexandro Jodorowsky raconte l'initiation sexuelle et spirituelle de Griffes d'Ange que Moebius dessine avec une infinie subtilité et une sereine aisance, comme les fantasmes les plus bizarres d'un érotomane sans retenue. Texte : humanos Ce que le résumé des Humanos ne dit pas, Jodorowsky le dit dans une interview : "Griffes d'Ange a constitué une expérience, car j'ai créé les textes d'après les dessins de Moebius. En fait, je lui avais dit : " tu es tellement pur, tellement angélique, tu devrais faire du porno, quelque chose qui te fasse honte ". Car pour moi, la honte est un moteur artistique. Alors il s'est forcé. " Extrait d'une interview réalisée par Bo-Doï (lien : http://www.bodoi.com/magazine/jodo6.asp)
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Novembre 1994 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le dessin de Moebius est toujours aussi bon. Maintenant, je dois être aussi sincère dans ma note : je me suis emmerdé, j'ai pas compris les métaphores (et j'ai pas envie de me forcer pour le comprendre), l'esthétique est pas à mon gout et je suis hermétique à la prose de Jodorowski. La BD m'est tombée des mains, je me suis décidé à suivre la fin pour voir si quelque chose de différent allait se passer mais franchement, je m'en fichais. Et j'arrive vraiment pas avec les aspects incestueux que Jodorowski qui sont bien trop présents dans son œuvre. Je reste prude, mais moi ça ne m'intéresse pas. Et niveau dessin, c'est du Moebius, OK, mais je suis là pour une BD. Là on a franchement de l'illustration surréaliste et finalement je suis plus écœuré lors des scènes SM. D'autant que j'ai l'impression que certains dessins sont repris (j'ai reconnu le dessin faisant l'ouverture de "La folle du Sacré-cœur"). Pour ma part, c'est du non et non, je rends la BD !
Si – étrangement – deux ou trois cases m’ont semblé maladroites, pas exemptes de défauts, le dessin de Moebius (dont je suis un très grand amateur) est vraiment très bon, très beau. Il sait développer une ambiance érotique avec une économie de moyens, et plusieurs dessins mettent en branle (qu’on me pardonne ce jeu de mots !) imaginaire et fantasmes. Le Noir et Blanc est ici adapté, par la finesse du trait, aux différentes saynètes – aux allures parfois d’art book érotique. Comme si l’on avait là un portfolio érotique d’un auteur qui vendrait sous le manteau sa production personnelle, n’osant pas dévoiler à ses lecteurs habituels l’expression de ses fantasmes (j’ai connu plusieurs écrivains qui ont agi de la sorte). Ce dessin assez froid accompagne le récit de Jodorowsky. Récit plutôt décousu, qui bascule assez vite dans du SM. Moebius suit dans ses illustrations le texte de Jodo (en fait le dessin précède le texte), les deux étant souvent liés par l’analogie, ajoutant aux décors (souvent épurés) quelques touches surréalistes (par exemple dans le dessin représentant une femme accrochée par ses seins aux crochets d’un lustres, avec dans la pièce très bourgeoise des sortes de serpents/larmes flottant, et aux murs des tableaux s’inspirant d’une célèbre photo d’André Breton – du moins est-ce mon interprétation). Plusieurs dessins sont « construits » comme des collages. Globalement, ce dessin est un mélange de la précision ciselée de Giraud, et de l’épure de Moebius. Le texte de Jodo est bien sûr assez perché. Rien d’un délire mystique dont il est coutumier. On plutôt là un récit poétique, une compilation de rêves érotiques. En fait il illustre les dessins de Moebius (qui n’apparaissent pas tous dans l’ordre de création, et la femme au cœur de l’histoire n’a pas toujours les mêmes traits). Cette collaboration est certes inégale, et le texte de Jodo n’est pas toujours assez fort (j’aurais bien aimé lire un album où Moebius aurait livré ses dessins à un poète surréaliste – même si Jodo est par certains aspects proche de ce mouvement). C’est ainsi que l’on ne suit pas vraiment une histoire linéaire, et que la conclusion est un peu brutale. Si le texte ne m’a pas toujours convaincu, j’ai suffisamment apprécié le dessin de Moebius pour que cette lecture soit plaisante.
Griffes d'Ange nous griffe au dessous du nombril, nous chahute le zizi. Moebius est à la hauteur de son génie, bouleversant les sens pour interroger notre intime. Griffes d'Ange est une série de portraits que l'on peux suivre comme une histoire, ou prendre chaque page comme un tableau indépendant. Il est certain que la sexualité ainsi étalée peut faire fuir certains puritains, mais comme c'est dessiné avec tellement de talent, il ne s'agit plus seulement de sexe, mais de l'Art de l'intime. Une bande dessinée qui secoue les valeurs établies, un véritable poème sur le corps et ses envies.
Jodo c'est quand même pas un mec comme tout le monde hein. Même dans ce scénario (qui est assez simple et court) il réussit à nous pondre quelques passages assez dérangeants. Le gros problème de cette BD réside surtout dans la manière de traiter cette histoire. Certes c'est assez original pour ce type de BD (un mini-texte d'un coté, une image de l'autre) mais donne un côté statique qui finalement rend la lecture assez poussive. Malgré le talent de Moebius, j'ai trouvé cette BD complètement chiante et sans intérêt.
Hum... Bon, si je ne mets pas 1/5, c'est pour le dessin de Moebius qui comme toujours est très bon (quoique tout ne m'aie pas plu). Mais alors l'histoire, elle... Déjà, je n'aime pas le côté mystique de Jodorowsky, mais alors là il y mêle en plus violence, sado-maso, soumission, inceste, et tout un flot de symboles pseudo-freudiens et surtout complètement mystico-hermétiques. En gros, la femme se doit de libérer son âme pour devenir vraiment Femme et pour cela elle doit passer par le meurtre du père, l'auto-mutilation, la scatologie métaphorique, la soumission-domination par rapport aux hommes, le libre cours de ses pulsions sexuelles, pour finir pénétrée par tous les trous par "l'illumination", la libération spirituelle... Mouais... Hum... Dire que je ne suis pas en accord avec une telle vision de l'âme et du sexe me parait évident. Et donc je n'ai pas du tout aimé le texte de Jodorowsky et tout ce qui fait le "scénario" de cette BD. Dommage car Moebius qui se met à l'érotique, c'est plutôt réussi graphiquement.
Bon, quand Jodo et Moebius décident de faire du porno, ils n’y vont pas de main morte, la galerie ne le montre pas, mais la plupart des images de cet album créent un malaise certain. Tout y passe : sado-masochisme, scatologie, inceste, torture, mutilation... Que les lecteurs sensibles s'abstiennent. Cet érotisme complètement débridé ne me dérange pas spécialement, cela reste de la poésie, noire, mais de la poésie, ce qui me dérange plus c'est le caractère franchement obscur de ce conte, j'ai du mal à y entrer. Je vois mal comment de toutes ces horreurs, Jodorowskky en arrive à sa mystique. Je changerais peut-être d'avis après une autre lecture, mais là, ce n'est pas évident. On regarde l'album autrement lorsque l'on sait que les dessins ont précédé le scénario et non l'inverse. Moebius y a donc exposé ses fantasmes visuels, fantasmes auxquels Jodo est venu greffer les siens, surenchérissant l'horreur de ces images. Les images de Moebius sont belles, c’est indéniable, quel dessinateur ! Mais l’interprétation qu’en fait Jodo ne me captive pas.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site