Le Cimetière des Innocents
Un jeune homme vient à Paris pour retrouver la bague que portait son père avant la saint Barthélémy.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Académie des Beaux-Arts de Tournai La Saint-Barthélémy Paris
Arrivé de Rouen vers la capitale, Jonas est un huguenot, un jeune protestant qui vient tenter de remettre la main sur la bague que portait son père, massacré à la saint Barthélémy. Il découvre au cœur de la ville le cimetière des innocents, vaste place insalubre entourée d'ossuaires, et au cœur duquel une femme enfermée dans une cellule de pierre pousse des gémissements. Chaque matin, lorsque le premier rayon de soleil pénètre la minuscule lucarne, les badauds viennent entendre le dernier signe de vie de la recluse, condamnée par l'Eglise. Une jeune femme habillée comme un homme vient alors ouvertement critiquer la foule et l'absurdité de la punition. Un culot qui charme immédiatement le jeune rouennais, qui l'aborde, mais se fait gentiment remettre à sa place de réformé à la morale étouffante. Or les deux jeunes gens vont se croiser à nouveau. Jonas va fouiller des pièces emplies d'ossements pour tenter de retrouver le bijou qu'il est venu chercher. Oriane va tenter de gérer son vieux père qui tente de trouver la formule qui lui permettra de fabriquer de l'or. Tandis qu'un mystérieux personnage vêtu de noir, qui semble s'intéresser à Jonas, vient rencontrer en secret le curé de l'église.
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Date de parution | 10 Janvier 2018 |
Statut histoire | Série terminée (un diptyque + un one-shot) 3 tomes parus |
Les avis
Même si cela peut se comprendre, je ne suis pas sûr qu’il y ait là un cycle de deux albums et un autre à part, c’est bien une seule et même histoire (qui aurait d’ailleurs tout aussi bien pu se poursuivre, la fin reste ouverte), car le deuxième album ne conclut rien. J’ai trouvé l’histoire sympa, rythmée, vive, avec des personnages attachants, drame et humour (lorsque les reliques « revenues à la vie » font apparaitre des cochons par exemple – le fait que les reliques soient des os de cochon, donc de fausses reliques est tout à fait possible) mêlés efficacement, avec un dessin qui lui aussi se révèle agréable. Reste que si j’ai lu cette histoire avec plaisir, j’ai trouvé que cela s’étirait en longueur (dans le troisième tome surtout). Ou alors que petit à petit le rythme baissait, comme s’il n’y avait pas assez de renouvellement des péripéties – même les chamailleries entre nos deux héros ne suffisaient pas à maintenir l’intérêt. Mais ça reste quand même une lecture recommandée qui, tout en se moquant de certains travers (le curé cupide fabriquant des reliques, la Ligue exploitant la crédulité des gens), traverse cette période troublée de la fin des guerres de religion (on est une douzaine d’année après le massacre de la Saint Barthélemy, au moment où Henri IV est sur le point de parvenir à entrer dans Paris) en ne jouant pas que sur le drame.
Cette Bd prend pour contexte historique une période très troublée et très complexe qu'il n'est pas aisé d'identifier, surtout qu'ici, les auteurs ne précisent pas la date. D'après mes connaissances, on doit situer le récit entre 1589, date de l'assassinat du roi Henri III (le dernier Valois) et 1593, année où Henri IV abjure sa foi protestante. A ma connaissance, la Ligue n'a "régné" si l'on peut dire que peu de temps : sur son lit de mort, Henri III désigne Henri de Navarre comme son successeur mais l'encourage à se convertir au catholicisme ; devenu officiellement Henri IV, le Béarnais n'est pas reconnu par la Ligue qui elle s'était formée déjà bien avant la mort du roi, sous l'autorité des Guise, en 1586 lors de la fameuse guerre des Trois Henri. La Ligue proclame donc en 1589 le cardinal de Bourbon roi de France (un rôle totalement fantoche, sorte de prête-nom), la guerre civile continue, Henri IV se bat pour conquérir son royaume alors que la Ligue est maîtresse de Paris depuis août 1588. Mais après le couronnement d'Henri IV à Chartres en 1594, Paris accueille le Béarnais et voit d'un bon oeil les Espagnols qui s'y étaient installés, chassés comme des malpropres. Ce point historique étant précisé, j'ai pu lire avec intérêt cette Bd qui aborde les guerres de Religion, sujet déjà vu dans plusieurs autres Bd mais pas sous l'angle que je viens de décrire car c'est une période politiquement floue très marquée et très spécifique. L'idée de base est bonne, je regrette qu'elle ne soit pas mieux développée. Néanmoins, ce contexte historique est intéressant par les à-côtés décrits par les auteurs (notamment les filles emmurées, pratique totalement stupide et inique mais bien réelle). Par contre, l'aspect fantastique ne m'a pas du tout convaincu ; la pierre magique du vieil alchimiste père d'Oriane, détourne trop l'attention, et dans le tome 2, le récit s'égare un peu à cause de cette implication fantastique. J'aurais préféré qu'on s'intéresse plus à la rivalité entre catholiques et protestants et je m'attendais à voir la confrontation des héros avec ce contexte de guerres de religion, de même que le lansquenet qui protège Jonas, et qui est sans doute un petit clin d'oeil sympa à Maître Pritz de Les Chemins de Malefosse, reste un faire-valoir certes intéressant mais trop en retrait et ne jouant pas un rôle plus important. C'est intéressant de rattacher tout ceci au cimetière des Innocents, un des lieux les plus mythiques du vieux Paris de cette époque, vu qu'il a totalement disparu ; son ambiance morbide et sombre est assez fascinante, et on se souvient que le dénouement de la série Les 7 vies de l'épervier avait lieu aussi dans ce cimetière. Le dessin de Fourquemin n'est pas dans mes préférences, ici il est peut-être moins policé que dans Miss Endicott, mais c'est sans doute pas plus mal pour dessiner des trognes pittoresques. Au final, je note 3/5 mais je reste un peu sur ma faim avec cette Bd.
Le Cimetière des Innocents, au cœur de Paris, à l'époque où la ville est dominée par la Sainte Ligue Catholique tandis que les troupes de Henri IV, pas encore Roi de toute la France, assiègent la ville pour la soumettre à son autorité. Là, le peuple est fervemment religieux et vénère les saintes reliques que le curé local fait exhiber ainsi que la sainte recluse, enfermé dans une minuscule cellule face à l'église. C'est dans ce contexte que le jeune Jonas, cachant sa foi protestante, vient rechercher les restes de son père assassiné durant la Saint Barthélémy et qu'il fait la rencontre d'Oriane, jeune femme intelligente et éduquée qui méprise autant l'aveuglement de la foi catholique que la morale protestante. Le contexte et les personnages sont bien trouvés et originaux. Ils sont mis en image par l'excellent dessin de Xavier Fourquemin que j'apprécie beaucoup depuis la série Miss Endicott. Son style semi-réaliste et détaillé, associé à une sympathique colorisation, présente suffisamment de légèreté et de modernisme pour rendre relativement gai un récit mêlant pourtant diverses thématiques dures et sombres. J'ai apprécié le personnage d'Oriane, cultivée et plutôt féministe à une époque où c'est presque un blasphème d'imaginer telle chose. Le personnage du mercenaire lansquenet est également sympathique même si c'est là une ficelle un peu facile pour trouver un protecteur pour le héros. J'ai bien aimé aussi ce contexte alambiqué autour d'un trafic de reliques et d'un curé ambitieux. Ajouté au cadre d'un Paris assiégé et au conflit entre catholiques et protestants, toute cette partie réaliste m'a séduit. La partie fantastique qui apparaît avec la fameuse substance créée par le père d'Oriane y apporte une touche moins crédible mais tout de même plutôt intéressante car elle se combine assez bien avec l'intrigue de fond. J'ai par contre nettement moins apprécié le côté trop couillon du personnage de Jonas qui n'a su ni me faire rire ni me séduire. L'histoire se lit bien et même si la fin du second tome est un peu abrupte, je trouve qu'elle forme une histoire complète en deux tomes qui tient plutôt bien la route. A tel point que, contrairement à Mac Arthur ci-dessous, j'ai été plutôt surpris d'apprendre qu'il s'agissait en théorie seulement de la fin d'un premier cycle. J'ai un peu de mal à imaginer ce que pourrait raconter une suite, à moins qu'elle se déroule des années plus tard. Je demande à voir, si vraiment il y a une suite un jour...
Le Cimetière des Innocents est un récit d’aventure baignant dans un univers fantastique et un cadre historique. Le cadre et l’époque choisis sont originaux car peu souvent utilisés pour ce type de récit et permettent de développer une intrigue dans laquelle le fantastique est amené avec une certaine logique. Quoi de mieux qu’un cimetière pour y trouver des ressuscités et autres fantômes ? Quoi de mieux que cette époque trouble pour nous parler d’alchimie, de pierres philosophales et de reliques de Saints plus ou moins authentiques ? Le duo vedette est des plus classiques. Un jeune provincial franchement naïf, fonceur maladroit, un peu tièsse di bwès sur les bords mais au bon fond, d’une part. Une jeune femme, fille d’un alchimiste, débrouillarde, belle, indépendante, frondeuse, avec de l’esprit et au fond tout aussi bon, de l’autre. Fantasio et Seccotine, si vous voulez… ou Lanfeust et Cixi pour prendre un autre exemple. La formule a fait ses preuves et fonctionne ici aussi. Le ton général est à l’aventure mais l’humour est bien présent. La grosse louche de fantastique (on ne peut certainement pas parler d’une série « historique » dans le cas présent, sauf si l’on croit réellement que la pierre philosophale, les ressuscités et les revenants, ça existe pour du vrai) apporte tout son sel au récit, permettant de créer quelques rebondissements tantôt amusants tantôt surprenants. Le dessin de Fourquemin est très lisible et accessible à un large public. Au fil des albums, l’artiste perd de sa personnalité pour nous offrir un style plus « passe-partout » (même si je n’aime pas ce terme que je trouve un peu réducteur) mais que j’aime particulièrement. Le scénario est bien conçu, le découpage est agréable. En clair, ça se lit sans forcer… mais sans vraiment surprendre. Nous sommes là clairement devant du pur divertissement, mais avec çà et là quelques informations historiques plutôt instructives. C’est pas mal dans l’ensemble et je lirai certainement le prochain cycle. De fait, ce premier cycle de deux tomes se clôture sur une fin … qui appelle du pied une suite. A titre personnel, j’aurais préféré une fin plus conclusive car ici j’ai un peu de mal à parler de fin de cycle et je n’aime pas les promesses non tenues (et quand on me parle d’un cycle en deux tomes, ça veut dire qu’en deux tomes, je dois avoir une histoire réellement complète, merde !) Du coup, je ne conseillerai l'achat que si ce prochain cycle devait nous offrir une fin digne de ce nom !
Il est vrai que le cimetière est rempli de plein d’innocents et notamment en cette période de la Renaissance où vient d’avoir lieu le massacre de la Saint-Barthélemy. Les tensions entre protestants et catholiques sont encore très vives parmi la population alors qu’un nouveau roi Henri IV tente l’apaisement et pour cause (c’est un prince protestant connu sous le nom d’Henri de Navarre). L’Eglise a tué des milliers d’innocents. Elle fait malheureusement encore de nos jours des ravages parmi nos jeunes enfants qu’il ne faut jamais laisser sans surveillance et encore moins dans une église par ailleurs non tolérante. Certes, il faut pardonner car ils ne savent pas ce qu’ils font. On assiste également à l’emmurement des jeunes femmes au nom de Dieu. Elles sont d’ailleurs chargées de donner la bénédiction au peuple affriolant de ce genre de pratiques barbares. L’héroïne Oriane va malheureusement en faire les frais car il n’est pas bon être la fille d’un apothicaire en ces temps-là car on peut très vite être accusé de sorcellerie et de commerce avec le diable. C’est assez pratique pour se débarrasser des gens un peu gênant car grosse gueule. On éprouvera également de la compassion pour le héros, un jeune garçon qui fouille le cimetière à la recherche des ossements de son père tué lors de ce fameux massacre. Bref, l’ambiance un peu mortuaire est véritablement assurée ! Pour le reste, j’ai trouvé cela assez intéressant car original sur une période un peu méconnue. On entre dans les bas-fonds de la capitale parisienne en ces temps troublés. A noter une accélération du récit dans la dernière partie du premier tome qui donne envie de lire la suite. On ne sera pas déçu par ce diptyque qui réserve de bonnes surprises.
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