Didier, la 5e roue du tracteur

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 9 avis)

Une « comédie romantique » rurale et décapante, à l’humour ravageur !


Agriculture et élevage Bretagne Ecole Pivaut, Nantes

Didier, 45 ans, vit avec sa soeur Soazig dans une petite ferme bretonne. Ce grand passionné de sport (à la télé) est bien malheureux : il n’a jamais connu le grand amour. Alors qu’il doit acheter une moissonneuse à la vente aux enchères du matériel agricole de Régis, copain de beuverie et fermier en faillite, il revient sans matériel mais avec son copain ! Mais cela ne résout pas son problème. Alors, aidé par Soazig et Régis, Didier décide de prendre le taureau par les corne et s'inscrit sur Mythic.FR

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Août 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Didier, la 5e roue du tracteur © Futuropolis 2018
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 9 avis)
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28/08/2018 | Mac Arthur
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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On termine quand même ? - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il est paru initialement en 2018, avec un scénario de Pascal Rabaté, des dessins et une mise en couleurs de François Ravard. Le soleil se lève sur la ferme de Didier. Il vient de se réveiller et il se dirige vers les toilettes. Il pousse un cri déchirant en faisant ses besoins. Il se rend chez le médecin en mobylette. Avant d'entendre l'avis du professionnel de santé, il lui dit qu'il sait qu'il va mourir, et il est triste de ne pas avoir encore connu le vrai amour alors qu'il a déjà 45 ans. Le docteur lui prescrit un traitement pour ses hémorroïdes, lui conseille de ne plus boire d'alcool pendant quelques jours, et lui suggère de s'inscrire sur un site de rencontre pour résoudre son autre problème. Il rentre à la ferme sur sa mobylette (ayant mis un coussin sur la selle) et n'est pas du tout surpris de voir Régis en slip et en bottes en train de se rouler une clope sur le pas de la porte. Il lui demande où se trouve sa sœur Soazic. Ayant eu la réponse, il se dirige vers l'étable où Soazic vient de terminer de traire les vaches. Il lui demande ce que fait Régis à la ferme. Elle le toise bizarrement en lui disant que la cuite d'hier avait dû être sévère. La vieille Didier était parti à la ferme de Régis pour participer à la vente aux enchères de tous ses biens, car il avait fait faillite. Le commissaire-priseur avait commencé par le tracteur, un modèle 635 Massey Ferguson de 2010, avec une mise à prix de départ fixée à 1.200 euros. Didier avait commencé à enchérir, mais son attention avait été détournée par le comportement de Régis. Ce dernier avait commencé par aller dire au revoir à ses vaches, en tenant à la main, une corde avec un nœud coulant. Puis il avait enlevé son bleu de travail devant tout le monde, pour se retrouver en slip et en bottes, et il était rentré chez lui avec sa corde à nœud coulant à la main. Didier s'était précipité au carreau de la porte pour voir ce qui allait se passer, alors que la vente aux enchères se poursuivait sans interruption. À son grand soulagement, Régis était ressorti sain et sauf. Au temps présent, Soazic voit que Didier a recouvré la mémoire et elle lui enjoint de prêter de quoi s'habiller à Régis. Puis ils prennent le petit déjeuner tous les trois dans la cuisine. Régis demande comment il peut aider. Soazic lui répond qu'il sait très bien qu'il y a toujours quelque chose à faire à la ferme. Didier lui demande s'il s'y connaît en internet. La couverture affiche clairement le parfum d'autodérision du récit : les casseroles tirées par le tracteur, la mention du célibat encore frais, sans compter que ce sont les vaches qui occupent le premier plan, et le titre apporte la touche finale. Le lecteur fait connaissance avec Didier dès la première page. Dès la deuxième, il connaît son âge (45 ans), son naturel inquiet (la fin est proche) et le drame de sa vie (il est célibataire). Il est facile de se moquer de ce paysan, pas très bon gestionnaire, sans vie affective, avec comme seul ami un fermier ayant fait faillite, prenant des cuites non maîtrisées de temps à autre, et vivant avec sa sœur qui assure les corvées ménagères (il ne sait pas faire la lessive), ainsi qu'une part significative des tâches de la ferme. Il est vrai que Didier est en surcharge pondérale, qu'il porte des grosses lunettes et que ses cheveux commencent à s'éclaircir, sachant qu'il est déjà grisonnant. Pour autant, le lecteur éprouve immédiatement une forte sympathie pour ce monsieur. D'un côté, il représente tout ce que la société réprouve de manière implicite (surcharge pondérale, métier sans gloire, absence totale de dimension spectaculaire) ; de l'autre côté, il a un cœur gros comme ça. En effet c'est le seul à se préoccuper de Régis, de s'inquiéter d'un possible suicide, de l'accueillir chez lui sans demande de compensation. Il apparaît en creux qu'il n'exploite en rien sa sœur, et que ce sont les hasards de la vie qui les ont amenés à continuer à habiter sous le même toit. Il échappe même au ridicule car ce n'est pas qu'il ne se respecte pas, c'est qu'il est dépourvu de toute vanité. Par voie de conséquence, il est impossible de se moquer de lui, ou de le mépriser. Bien sûr, les dessins participent pour beaucoup à dresser le portrait de Didier, à lui insuffler un élan vital. Dans la deuxième page, François Ravard représente Didier en slip dans le cabinet du médecin. Il ne minimise pas la dimension de sa brioche, mais sans la transformer non plus en étalage de viande, ou en tas de saindoux. Il montre les bajoues importantes sans être flasques, ainsi que les énormes lunettes, très fonctionnelles et dépourvues de toute qualité esthétique. Bien sûr Didier apparaît à plusieurs reprises comme un peu pathétique, que ce soit dans sa tenue de travail très ample, déconfit dans sa chemise trop petite (qu'il n'a portée que deux fois), surpris que les ronds de son maillot à pois rouge se déforment, ou encore courant tout nu dans un champ moissonné. Pourtant il ne s'agit pas de misérabilisme ou de méchanceté. En effet par ailleurs, Didier est montré comme un individu calme et posé, sensible et faisant preuve d'empathie. Il est en décalage avec la France qui gagne, avec les battants. En observant son visage, le lecteur peut voir qu'il n'est pas dépressif ou aigri. Il montre son désaccord par une moue désapprobatrice quand une réaction, une remarque ou une situation va à l'encontre de ses convictions ou de ses émotions. De la même manière, le lecteur s'attache très rapidement aux autres personnages. La plastique de Soazic n'est pas celle d'une pinup, mais d'une femme au visage avec un menton trop petit et un nez trop gros, ainsi qu'un bassin un peu empâté. Les expressions de son visage indiquent qu'elle a conservé un amour propre plus développé que son frère. Elle a, elle aussi, accepté sa condition de fermière dont la vie est accaparée par la ferme, sans pour avoir renoncé à la possibilité d'une vie différente. Elle n'a pas totalement accepté les choses comme elles sont, et elle continue à lutter contre ce qui l'agace chez son frère (à commencer par sa mollesse). Elle n'a pas baissé les bras face à une sorte de stase régissant sa vie. Le lecteur observe donc son langage corporel ainsi que les expressions de son visage et voit apparaître des jugements de valeur, des moments d'énervement, une volonté d'agir, le plaisir d'avoir une idée nouvelle. Régis vient compléter ce trio, avec une morphologie très fine, mais également dépourvue de toute élégance. Par comparaison avec les postures ou les expressions de Didier, il apparaît plus résigné. Il ne se plaint pas d'avoir tout perdu, mais il n'a pas l'énergie de se lancer dans un nouveau projet. Il prend les jours comme ils viennent, avec la mine d'un individu qui n'attend plus rien, sans être amer pour autant. Advienne que pourra. Dès la première case, le lecteur se retrouve à observer une cour de ferme dans une case de la largeur de la page, avec une luminosité de lever de soleil, des couleurs portant une part d'ombre, mais commençant déjà à se réchauffer. En page 6, il voit Didier au loin sur sa mobylette, avec un champ vert et jaune au premier plan, et des champs avec quelques arbres dans le lointain. L'artiste n'a utilisé quasiment aucun trait pour délimiter les contours, tout est représenté à la couleur directe, avec à nouveau une ambiance lumineuse paisible pour un jour ensoleillé. Quelques pages plus loin, Didier va voir son poirier dans le jardin, avec le chat qui court, quelques poules qui picorent, et les éoliennes discrètement esquissées au loin en fond de case. François Ravard a l'art et la manière de composer ses cases, en dosant soigneusement les éléments très précis, et les éléments esquissés, ou dont la forme se trouve discrètement peinte dans une teinte pale. À l'instar de ces éoliennes présentes dans quelques cases, le lecteur peut aussi remarquer de minuscules détails s'il s'en donne la peine : le coussin ajouté sur la selle de la mobylette, le collier de protection autour de la tête du chat, la manique accrochée au mur de la cuisine, les pneus sur le tas de fumier, les enseignes du coiffeur et du bar en forme de jeu de mots, la pompe à eau dans le jardin de la ferme de Régis, etc. Il est facile de se laisser prendre par la douceur de la narration visuelle et de ne pas prêter attention à ses menus détails. Il est tout aussi facile de prendre le temps de laisser son regard se poser sur une case ou une autre et d'en découvrir la richesse. Cette stratégie de représentation porte ses fruits en décrivant à la fois un quotidien très pragmatique et concret, réaliste (l'aménagement de la cuisine, les travaux de la ferme), à la fois l'ambiance de l'environnement que le regard embrasse dans son ensemble, sans forcément le scruter à chaque passage. Le lecteur se rend compte que ce mode de représentation fonctionne aussi avec les personnages, à la fois pour les petits gestes du quotidien (Régis en train de rouler sa clope), à la fois pour l'impression générale (la détresse de Didier dans le cabinet de consultation). Le lecteur se sent donc privilégié de pouvoir côtoyer ces individus ordinaires, dans leur vie spécifique. Il ressent une grande tendresse pour Didier et son sentiment que la vie ne lui a pas apporté ce qu'il attendait, pour Soazic vaguement excédée par un quotidien auquel il manque l'espoir d'un avenir, pour Régis résigné sans être abattu. Il ressent une pleine et entière adhésion à leurs projets. De ce fait, il ressent une forte curiosité pour le projet de Didier (s'inscrire sur un site de rencontre). Il sourit en voyant que Didier prend de la distance avec cet outil, au point que ce sont Soazic et Régis (ensemble ou chacun dans son coin) qui s'approprient le projet et accompagnent Didier, pour être sûr qu'il aboutisse. Bien sûr, la confrontation avec la réalité va être cruelle et brutale. Didier, avec l'aide de Soazic et Régis, va pouvoir mener son projet à bien. Dans le même temps, cette dynamique va initier d'autres changements inattendus. Malgré la douceur chaleureuse de la forme du récit et des illustrations, il est bien question du mal-être de plusieurs individus, d'avoir envie de faire quelque chose de sa vie, de désirer ce que l'on n'a pas et qui semble un dû au vu de ce qu'on a déjà accompli. Didier est contraint d'apprendre à se connaître en se mesurant à la réalité de son désir, ainsi qu'à ce qu'obtiennent les autres. De la même manière que le récit ne baigne pas dans le misérabilisme, il ne se complaît pas non plus dans l'amertume. Il y a ce que l'on veut, et ce dont on a besoin. L'effort fourni par Didier pour s'arracher à sa stase ne lui apporte pas ce qu'il avait escompté, mais il ne retourne pas au point de départ. Il est difficile de résister au second degré contenu dans le titre de cet ouvrage, ainsi qu'à sa couverture faussement naïve (les petits cœurs dans le ciel). Il est impossible de ne pas succomber à la gentillesse de la narration, ainsi qu'à sa cruauté sous-jacente, à son regard sur un quotidien dont les spécificités chassent la banalité, dont les personnages apparaissent faciles et agréables à vivre, à la fois pour leurs qualités et pour leurs défauts.

20/02/2025 (modifier)
Par Emka
Note: 3/5
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Il y a des jours où j'ai envie d'une lecture agréable et légère, et Rabaté y a déjà bien répondu avec Les Petits Ruisseaux ou Vive la marée ! que j'ai beaucoup aimés. On est ici sur l’histoire d’un type qui galère dans une campagne où l’amour se fait rare. Didier, c’est un gars ordinaire, un peu paumé, qui vit avec sa sœur Soazig dans une ferme bretonne. Il n’a jamais vraiment trouvé sa place, que ce soit en amour ou dans la vie en général. Rabaté nous plonge dans une ambiance rurale, bien loin des clichés idylliques, avec des personnages qui ont des vraies gueules et des vrais problèmes. Le récit est simple, sans prétention, mais bien orchestré. Didier, en quête d’amour, finit par s’inscrire sur un site de rencontres. On sent l’influence d"une certaine émission télévisuelle, mais Rabaté ne se contente pas de la parodier. Il explore avec un humour doux-amer la solitude, les petits espoirs, et les désillusions de ces gens coincés dans un coin de France souvent oublié. Il y a une vraie tendresse pour ces personnages, même si l’histoire reste légère, sans grande profondeur. Et c'est franchement ce que j'aime avec Pascal Rabaté. Le dessin de François Ravard colle parfaitement à l’ambiance. Avec ses traits simples et ses couleurs un peu passées, il rend bien l’atmosphère de cette campagne où rien n’est glamour. Les personnages sont attachants, même si on pourrait reprocher au récit de rester un peu en surface. Il manque peut-être ce petit quelque chose qui ferait que l’histoire reste en mémoire plus longtemps, un peu plus de développement sur le passé des personnages, par exemple. C'est peut être le principal reproche que j'aurais à faire cette fois au même Pascal Rabaté, j'ai l'impression de lire des demi histoires. Malgré tout il sait raconter les petites vies sans jamais sombrer dans le mélodrame. C’est une lecture agréable, qui se lit vite, avec le sourire, mais qui ne cherche pas à être plus que ce qu’elle est : une chronique simple et humaine, avec une touche d’humour et de mélancolie. Un album sympathique, sans révolutionner le genre, mais qui fait passer un bon moment.

31/08/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
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Franchement, j'ai bien rigolé en lisant cette BD qui ne vole pas plus haut qu'un sympathique et agréable moment ! C'est une histoire ordinaire, un gars qui veut trouver l'amour dans son pré mais qui est si maladroit (et paysan) qu'il échoue. Alors il s'inscrit sur un site de rencontre ... C'est très simple comme récit mais parfaitement bien orchestré. Entre la sœur et le frère, c'est la difficulté à se supporter, ça parle de la campagne, la vraie, celle aux bottes pleines de boues et aux paysans avec des gueules. C'est plein de bons sentiments, mais ça montre également les limites de ce monde paysan qui reste marginal, en proie aux difficultés financières, humaines et sociales. Mais aussi une petite parenthèse rigolote sur la vie de ces gens-là, un peu coincé dans la campagne, dans la ferme et dans la famille. Ce n'est pas un traité sociologique (loin de là !) mais c'est une petite histoire rigolote sur ce coin de France qui existe encore. Le dessin rajoute à l'ensemble, avec les bouilles marquées, les corps ronds ou maigrelet et les environnements qui sentent la campagne absolument pas idyllique. C'est le genre de lecture qui passe toute seule, qui n'est pas indispensable mais qui fait du bien. A lire !

17/09/2023 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
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Deux raisons m'ont poussée à lire cet album : - la description de la ruralité qui est un peu le parent pauvre des médias en général, puisque la majorité de la population vit en ville ou en banlieue. - l'esprit malin de Rabaté que j'ai particulièrement apprécié dans La Marie en plastique. Et pour tout dire, j'ai trouvé à peu près mon compte : la vision du monde agricole est juste, assez nuancée finalement : le désespoir des paysans, l'exode des femmes, les fêtes paysannes... Les rapports de genre et le sexe comme un enjeu un peu caché d'habitude, parce qu'on ne veut pas avoir l'air de dire que la misère sexuelle est l'apanage des agriculteurs (ce qui serait faux). Ici, tout est dit calmement, pris à la rigolade mais avec sensibilité, comme Rabaté sait le faire. C'est moins tire-larme que chez Zidrou, mais c'est un peu dans la même veine. Le bémol : c'est un peu léger sur l'épaisseur des individus. Ils ont tendance à représenter des personnages types, plutôt qu'une histoire vraiment unique et personnelle. C'est dommage. Il manque une vingtaine de pages sur le passé de la fratrie, par exemple, ou l'histoire de leurs parents... Quelque chose qui les attacherait à notre souvenir plus intimement. Sinon c'est sympathique.

07/06/2020 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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Le genre d'histoire que je qualifie de divertissement agréable. En effet, si j'ai bien aimé cet album, je trouve qu'il manque quelque chose pour le rendre indispensable. Il y a pas le 'petit plus' qui ferait en sorte que je le verrais sortir du lot des centaines (voire même des milliers) de bandes dessinées qui sortent chaque année. C'est une lecture agréable, mais un peu légère et je trouve que ça se lit tout de même un peu vite pour un album de presque 80 pages. Parmi les qualités de l'album, il y a le dessin que je trouve bon, les personnages sont attachants et il y a toujours cet humour léger qui me fait sourire à défaut de me faire rire. J'ai bien aimé comment les auteurs montrent que les trois personnages principaux ont des problèmes sans les faire s'apitoyer sur leurs sorts durant des dizaines de pages.

21/12/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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Une nouvelle version de l'amour est dans le pré. Cependant, l'amour peut ne pas être ce que l'on attend. Le pauvre Didier, on le plaint vraiment. Heureusement, sa soeur Soazig est là pour veiller sur lui. C'est également une histoire d'amitié avec Régis qui vient de perdre son exploitation. Cependant, le ton ne sera jamais au mélodrame bien au contraire. Il souffle comme un vent de légèreté sur cette oeuvre avec ses personnages attachants. J'ai bien aimé la conclusion assez champêtre de cette histoire rurale et sympathique.

15/12/2018 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà une histoire qui ne casse pas forcément des briques, mais qui se laisse tout de même lire – et plutôt agréablement. Sur un arrière-plan proche de l’ambiance de « L’amour est dans le pré » (du moins de ce que j’en connais, n’ayant jamais réellement regardé cette émission), Rabaté nous monte une petite comédie romantique, dans la France profonde et rurale, avec des personnages éloignés des canons de la mode, mais tellement « vrais », sincères – et donc finalement éloignés de toute beauferie. Si finalement ce n’est pas le personnage visé qui trouve son âme sœur, cette quête de l’alter-ego, pour fuir la solitude et une certaine désespérance qui envahit les campagnes (en cela le début, avec la vente aux enchères des biens d’un fermier, asphyxié par les dettes, laissait prévoir quelque chose de plus noir, alors que l’intrigue reste sur les rails du romantisme décalé, de l’humour champêtre) se révèle assez rafraîchissante. C’est une histoire agréable donc, et le dessin de Ravard qui la met en images est assez surprenant. Et d’abord chez Futuropolis, qui ne m’avait pas vraiment habitué à accueillir ce genre de trait – et de colorisation. Mais l’ensemble est bon, et tout à fait raccord, avec ses tons frais, avec ce que Rabaté nous propose. Album sympathique et rafraichissant.

14/12/2018 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Une petite chronique sociale dans une ferme bretonne où vivent un frère et sa sœur, ainsi qu'un fermier voisin tout juste recueilli suite à la faillite de son exploitation. Ce dernier était suicidaire mais retrouve le goût de vivre dans cette petite famille d'accueil. Le frère, lui, est un gros mollasson qui n'a jamais connu l'amour. Sa sœur aimerait bien le caser et en même temps, elle n'est pas insensible au passage à l'attrait de la nouveauté apporté par ce fermier qu'ils ont accueilli. Ambiance campagnarde de la France d'en bas et une dose indubitable d'humour pince-sans-rire : la touche typique des scénarios de Rabaté. Histoires comme dessins sont très agréables. Le trait de François Ravard est doux et appréciable, rehaussé par des couleurs légèrement pastels. Le récit amène d'abord le sourire par son côté humoristique puis plus tard par sa conclusion optimiste et pleine d'un bonheur simple. C'est une lecture un peu rapide mais très plaisante et divertissante.

06/12/2018 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Bien sûr, il y a un petit côté « L’amour est dans les prés » dans cet album mais pour moi celui-ci va bien au-delà de ça. Et c’est un grand moment de plaisir coupable que je viens de passer à lire ce délicieux récit. Je retrouve ici Pascal Rabaté dans le domaine dans lequel je le préfère. Cet album est dans la lignée des Petits Ruisseaux et autres Marie en plastique. Il s’en dégage une profonde tendresse pour le genre humain, sa bêtise et sa bonté. François Ravard l’illustre avec grand talent et l’éclaire grâce à une colorisation légère et lumineuse, voire audacieuse avec des intérieurs rose flashy des plus sympathiques. Ce duo aime les personnages qu’il met en scène et cela se sent ! Comment ne pas s’attacher à Didier, malgré sa fainéantise, sa bêtise et son penchant pour la bouteille ? Comment ne pas sympathiser avec sa sœur au caractère de grand frère, au bon sens paysan et au cœur en jachère ? Mais là où cet album confine au grand art, c’est dans le fait qu’il parvient à nous parler de choses graves avec une légèreté, une ironie, un recul… qui finiraient presque par nous convaincre que rien n'est grave dans la vie et que l’humanité à un avenir. La fin est résolument optimiste, heureuse, sereine. Elle arrive bien trop vite, me laissant avec un goût de trop peu. J’aurais tant voulu encore accompagner ce trio magique, maintenant devenu quatuor… Que dire encore, sinon que chaque planche est un ravissement à mes yeux tantôt par un visuel apaisant, tantôt par un dialogue savoureux, tantôt par un visage expressif, tantôt par un silence éloquent ? L’ensemble sonne merveilleusement juste et cela semble si simple, si évident… Quel talent !!! Et comme me le disait ma copine Herta en allant chercher des œufs : ne passons pas à côté des choses simples ! C’est pitoyable. C’est drôle. C’est con. C’est touchant. C’est humain… C'est un album à ne pas rater.

28/08/2018 (modifier)