Joe Golem - Détective de l'occulte

Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 2 avis)

Joe Golem est une série inscrite dans le genre fantastique, matinée d’ambiances des pulps des années 1930.


New York

Quarante années ont passé depuis le Grand Désastre qui a submergé tout le bas de Manhattan, laissant cette partie du coeur de New York engloutie sous une dizaine de mètres d’eau. Des événements étranges ont commencé à survenir, et Joe Golem enquête lorsqu’une mystérieuse et terrifiante créature enlève des enfants pour les emmener dans les profondeurs de la cité engloutie tandis que les noyés resurgissent de ces eaux sombres… vivants.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Mai 2018
Statut histoire Histoires courtes (Abandon après le 1er tome - info éditeur) 1 tome paru

Couverture de la série Joe Golem - Détective de l'occulte © Delcourt 2018
Les notes
Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 2 avis)
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28/08/2018 | PAco
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Par Présence
Note: 2/5
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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015/2016, créés par Mike Mignola, coécrits par Mignola et Christopher Golden, dessinés et encrés par Patric Reynolds, avec une mise en couleurs de Dave Stewart. Il comprend deux histoires qui se suivent. Épisodes 1 à 3 The rat Catcher - En 1925, la Terre a tremblé et Manhattan s'est pour partie enfoncée dans l'eau. En 1955, Simon Church rentre le soir chez lui et il se met à étudier ses livres, comme à son habitude. La foudre frappe le coin de son immeuble, juste au-dessus de la pièce dans laquelle se trouve son bureau. Il remarque un changement imperceptible dans la statue de terre qui y est exposée. En septembre 1965, trois orphelins parcourent en barque les rues submergées qui sont devenues autant de canaux urbains. Ils repèrent un couple sur un pont et le plus agile d'entre eux grimpe, sectionne la bandoulière du sac de la dame, s'en empare et saute dans l'embarcation. En s'éloignant, l'un d'entre eux est happé par une créature issue des profondeurs. Pendant ce temps-là, Joe Golem s'est assoupi et il rêve d'un golem de pierre se déchaînant contre des sorcières au quinzième siècle, en Croatie. Lori Noonan, la maîtresse d'école, demande à Simon Church d'enquêter suite à a disparition de trois orphelins de sa classe. Épisodes 4 & 5 - The sunken dead - En octobre 1965, le pendule de Simon Church lui indique qu'il est en train de se passer quelque chose de pas catholique dans le quartier de Greenwich Village. Joe Golem étant parti se promener, il demande à sa cuisinière Martha où il se trouve. Il le récupère alors qu'il effectuait une balade en bateau avec Lori Noonan. Tous les deux, ils se dirigent vers l'habitation d'Argus Bostwick qui les reçoit de plus ou moins bonne grâce. Ils constatent rapidement qu'il a agrandi sa collection d'objets occultes, et qu'il a commencé un rituel aux conséquences fâcheuses. Mike Mignola est un créateur qui ne semble jamais connaître la panne d'inspiration, la peur de la page blanche. De temps à autre, en marge de l'univers partagé d'Hellboy et du BPRD déjà bien fourni, il lance une autre série, généralement avec un collaborateur, par exemple la série consacrée à Lord Baltimore. Joe Golem avait déjà eu droit à un roman, coécrit avec Christopher Golden : Joe Golem and the drowning city, initialement paru en octobre 1992. Reprenant le même modèle que pour Baltimore, Mignola donne donc une prolongation au roman, avec son coauteur. Il ne s'agit pas d'une suite à proprement parler puisqu'il n'est pas besoin d'avoir lu le roman pour apprécier ce tome. Aux dessins, le lecteur retrouve également l'artiste Ben Stenbeck qui a aussi illustré les cinq premiers tomes de la série Baltimore, ainsi que l'histoire Frankenstein Underground. Comme d'habitude dans les productions de Mike Mignola, Dave Stewart se charge de la mise en couleurs. En revanche les couvertures sont réalisées par Dave Palumbo. Ce dernier réalise des illustrations en peinture directe s'inscrivant dans la tradition des pulps (romans bon marché à sensation de la première moitié du vingtième siècle). Elles mettent en avant avec panache la virilité du héros, sa musculature, et une situation de danger, soit imminente, soit déjà physiquement advenue. Pour ces épisodes, Dave Stewart a choisi un parti pris chromatique affirmé. Il restreint sa palette au brun et à l'ocre, tirant parfois vers une teinte verdâtre, avec de rares effets de contraste avec une teinte orangée ou rougeâtre. Ce choix marque le récit d'une empreinte maussade, en cohérence avec la déliquescence de cette ville à moitié engloutie sous les flots. Il a aussi pour effet d'imprimer une sensation d'uniformité de surface à chaque séquence. Ben Stenbeck réalise des dessins s'inscrivant dans une veine descriptive. La séquence d'ouverture permet de voir le bateau qui dessert Brooklyn Heights, ainsi que New York vu du ciel. Ces épisodes contiennent de nombreuses autres vues des canaux de New York, pour un effet assez glauque et oppressant du fait du choix des couleurs plutôt sombres et oppressantes. Le lecteur peut promener son regard dans la pièce qui sert de bureau à Simon Church. Il peut se faire une idée de l'ameublement de la chambre de Joe. La séquence dans les pièces immergées (lors de la recherche du monstre sous-marin) donne une bonne idée de leur disposition les unes par rapport aux autres et de leur volumétrie. La bibliothèque d'Argus Bostwick impressionne par sa hauteur sous plafond, ses piliers et ses poutres de bois. Par contre la reconstitution du village croate au quinzième siècle fleure bon l'approximation d'un dessinateur qui n'a pas fait beaucoup de recherches de référence et qui s'en tient à des clichés sur les villages européens vaguement moyenâgeux. Ben Stenbeck a également eu la responsabilité de concevoir l'apparence des personnages. Joe Golem est donc un individu à la forte carrure avec une belle musculature, souvent en pardessus ou en tricot de corps, habillé à une mode qui rappelle plus les années 1940 que le début des années 1960. Simon Church a une vague allure de vieux monsieur aux cheveux blancs, avec des lunettes et une morphologie normale, sans musculature entretenue. Néanmoins son âge ne transparaît pas dans ses mouvements qui restent fluides comme ceux d'un jeune homme. Lori Noonan a également une silhouette normale, assez fine, avec également des tenues vestimentaires qui font plus datées que l'année 1965, certainement un effet de ralentissement sur les modes dû à l'effondrement partiel de la capitale. En passant d'une page à l'autre, le lecteur a parfois l'impression que le dessinateur éprouve des difficultés à garder une apparence cohérente pour les visages. Par exemple le volume et la forme de la coiffure de Lori Noonan subissent d'étranges variations que le seul effet de changement d'angle de vue ne suffit pas à expliquer. Le lecteur remarque également assez rapidement que Ben Stenbeck utilise l'encrage pour marquer les surfaces de petites griffures, ou pour apposer des aplats de noir aux contours irréguliers. Ces zones noires ne figurent pas l'ombre portée par une source lumineuse ou une autre, mais remplissent une fonction expressionniste, l'irrégularité de leur contour évoquant vaguement l'usure provoquée par un environnement agressif ou débilitant. Comme il est d'usage dans les comics, l'artiste s'affranchit de temps à autre de dessiner les arrière-plans, ce qui se remarque beaucoup du fait du choix de mise en couleurs assez uni opéré par Dave Stewart. Du coup le lecteur sort un peu de l'environnement où se déroule la scène, puisque finalement les obstacles et le relief n'ont pas de conséquences sur les mouvements des personnages. Certaines cases perdent ainsi beaucoup de leur intérêt visuel en n'apportant finalement pas grand-chose à la narration de l'histoire. Le lecteur plonge donc au cœur d'une situation déjà installée, Simon Church faisant effectuer des missions à Joe Golem. D'ailleurs Golem n'est pas son nom de famille qui n'est pas prononcé dans ces épisodes. Par contre le titre indique tout de suite au lecteur qu'elle est la nature de Joe. De ce fait, il n'éprouve pas beaucoup de curiosité pour ce personnage puisqu'il sait avant même de commencer sa lecture qu'il s'agit d'un être de terre animé par magie, avec une personnalité soit artificielle, soit très limitée. Par voie de conséquence, les séquences au quinzième siècle n'apportent pas grand-chose au récit, si ce n'est d'indiquer que Joe est troublé par ses remémorations qu'il interprète comme des cauchemars récurrents. Au bout de deux séquences dans le passé, le lecteur a compris le principe et ne voit pas ce qu'apportent les suivantes, peu denses en information. Il en découle que la construction du récit qui entrecoupe les deux enquêtes de Joe avec ces souvenirs apparaît artificielle et lourde, puisque le fil narratif dans le passé peine à capturer l'attention du lecteur (et puis les sorcières représentées par Stenbeck sont visuellement très fades). La séquence d'ouverture établit en une page la situation de New York comme ville ayant subi une catastrophe dont elle ne s'est pas relevée. Le lecteur porte son attention sur les enquêtes et les personnages. Ces derniers ne sont pas très développés, disposant d'un trait de caractère principal et unique. Il reste donc l'intrigue, soit deux enquêtes successives. La première est très classique et très linéaire avec une chasse au monstre aquatique. Le lecteur peut quand même reconnaître la patte de Mignola dans les observations de Joe sur les motivations très humaines dudit monstre. La deuxième commence de manière plus originale, mais par contre se déroule de manière encore plus linéaire, enfilant cliché après cliché. En refermant ce tome, le lecteur se dit que les collaborations entre Mike Mignola et Christopher Golden ne font pas ressortir les compétences des deux qui ont plutôt tendance à se neutraliser dans un récit fade, rendu plus insipide par des choix graphiques plus maniérés qu'inspirés.

15/10/2024 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
L'avatar du posteur PAco

Mike Mignola nous revient accompagné de l'écrivain Christopher Golden pour signer le scénario d'une nouvelle série fantastique qui n'appartient pas à son si débordant et fantastique univers de Hellboy. C'est Patric Reynolds (un inconnu pour moi) qui se colle au dessin pour accompagner notre duo de scénaristes. Mais si Hellboy n'est pas de mise cette fois-ci, le fantastique est quant à lui toujours au rendez-vous. "Joe Golem" s'inscrit donc bien dans le genre fantastique, avec une forte inspiration des pulps des années 1930. Une grande catastrophe a submergé tout le bas de Manhattan vers 1915 laissant cette partie du cœur de New York sous une dizaine de mètres d'eau ; nous sommes 40 ans plus tard et des événements étranges commencent à advenir... des enfants disparaissent et des noyés resurgissent de ces eaux sombres. Joe Golem commence alors à enquêter sur ces mystérieux événements. Composé de deux récits, le premier album de cette série est plutôt réussi, et le grand amateur de fantastique que je suis a été comblé par l'ambiance rétro qui transpire de ces pages. J'ai toujours été fan de ces histoires fantastiques sur fond d'enquête. Si trop souvent ces histoires sont loin d'être à la hauteur de mes espérances, ici notre trio s'en sort haut la main. On sent que nos auteurs ont bien intégré leurs classiques et savent poser une ambiance et des personnages. Là l'équilibre est subtil, entre le dessin et la colorisation parfaitement raccord avec l'atmosphère des histoires qu'on nous propose. On se laisse tranquillement embarquer dans cet univers sombre, humide qu'est devenu ce Manhattan noyé. Un bon début de série qui j'espère sera aussi efficace dans les tomes à venir. (3.5/5)

28/08/2018 (modifier)