Soudain l'univers prend fin (Don’t get eaten by anything)

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Avec ce recueil de strips hautement improbables, Dakota McFadzean nous entraîne irrésistiblement vers une dimension hallucinante, à la fois trash et poétique


Cà et Là Les petits éditeurs indépendants Strips

Entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2015, le dessinateur canadien Dakota McFadzean a dessiné chaque jour un strip en quatre cases pour le mettre en ligne sur son site internet. Soit in fine un total de mille huit cent vingt-cinq strips dessinés sur une période de quatre ans ! C’est un accomplissement remarquable pour un jeune auteur (bien que ce type de contrainte soit familier aux dessinateurs de la presse quotidienne). Mais le plus remarquable est la facilité avec laquelle Dakota McFadzean jongle avec l’humour noir et l’absurde. Alternant brillamment des histoires complètement surréalistes avec des strips plus introspectifs, Dakota McFadzean sait varier les effets allant du gore à la poésie, avec un sens du rythme et de la réplique qui fait mouche à chaque fois...

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Septembre 2017
Statut histoire Strips - gags (Deuxième volume en prévision) 1 tome paru

Couverture de la série Soudain l'univers prend fin © Cà et Là 2017
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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22/09/2018 | Blue Boy
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Quelques personnages récurrents (un type et son éléphant, un chat volant, un gamer philosophe et verbeux et son pote, des dinosaures, etc.) et des situations qui se répondent parfois, se complètent, au milieu de strips très divers. Cela se lit vite (chaque strip – de trois à quatre vignettes – est très court) et agréablement. Le ton alterne entre humour noir, absurde et un peu de poésie, de loufoquerie, de non-sens (quelques strips m’ont complètement échappé), une bonne dose de fantastique aussi, bien sûr, et pas mal de suites surréalistes. Mais l’ensemble est frais. Surtout que l’auteur, livrant chaque jour un strip, devait tenir le rythme, le coup, de cette contrainte risquant d’épuiser l’inspiration. Et je dois dire qu’il s’en tire très bien à ce niveau, il n’y a pas de réelle baisse de niveau, ni de sentiment de « remplissage ». C’est globalement assez délirant, peut-être pas à lire d’une traite (mais on a envie d’y revenir régulièrement) : c’est en tout cas un univers à découvrir, qui ne manquera pas d’intéresser les plus curieux. Rationnels s’abstenir. Note réelle 3,5/5.

21/04/2020 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Au moment où les Editions Ça et Là tentent d’affronter la bourrasque des difficultés financières, il est approprié de revenir sur cet éditeur indépendant qui n’a pas choisi de publier les œuvres les plus faciles d’accès, mais ce faisant a édifié au fil de temps une palette d’univers on ne peut plus riche. « Soudain l’univers prend fin » en fait partie et constitue une expérience de lecture tout à fait atypique. C’est quand on lit ce genre de livres qu’on prend conscience que de telles initiatives éditoriales doivent être soutenues haut et fort. Il faut évidemment souligner la qualité de la reliure dotée d’un ruban signet (un petit rien toujours classieux). Simple et efficace, le dessin se situe dans la droite ligne du style comics US humoristique. L’ouvrage est donc essentiellement composé de strips de quatre cases, à raison d’un strip par jour pendant plus de deux ans - en réalité six, mais ce recueil ne comporte que la période entre 2011 et 2013. Tel est le défi qu’a relevé le Canadien en laissant errer son imagination, estimant n’avoir rien de particulier à dire sur sa vie. Voilà pour la forme. Et c’est lorsqu’on attaque la lecture que cela devient encore plus intéressant. Le début suscite une impression plus que mitigée et ces strips aberrants laissent le lecteur plus que dubitatif. Sommes-nous censés rire de ces pseudo-gags qui semblent avoir été conçus juste pour remplir des cases dans le cadre du challenge que s’est imposé McFadzean ? Pour dix strips, on ne va « sous-rire » que pour un ou deux, avant peut-être de laisser choir l’objet mollement sur le sol. Et puis, et puis… il se produit alors quelque chose de très étrange, un renversement de situation à 180°, tout à fait inédit. Non seulement le bouquin ne nous tombe pas des mains, mais on ne peut plus le lâcher… Est-ce cette absurdité totalement décalée qui engendre un effet de fascination unique, faisant que bien malgré soi, on finit par adhérer à ce drôle d’univers ? Ainsi, on se surprend à s’esclaffer devant l’audace de ces strips aux chutes totalement déphasées, mélange de poésie et d’humour noir. Et l’air de rien, Dakota McFadzean impose au fil des pages son univers néo-dadaïste doté d’une mécanique qui lui est propre et qui fonctionne parfaitement, à condition d’en déchiffrer le mot de passe d’accès. Grouillant de références pop-culture, ces minuscules strips racontant l’ordinaire sous le prisme du fantastique, avec ses personnages récurrents, deviennent ainsi de grandes histoires où seul le ciel est la limite ! Et c’est lorsque le livre prend fin, et son univers avec, que l’on voudrait que ça ne s’arrête jamais. Heureusement, et c’est l’avantage non négligeable de cette œuvre sans queue ni tête : on peut la relire à l’infini et dans tous les sens ! S’il n’y avait qu’un livre à conserver dans les toilettes, ce serait bien celui-là ! On attend évidemment la suite (période 2014-2015), d’où l’intérêt de soutenir l’éditeur !

22/09/2018 (modifier)