Une vie comme un été
Gerda avait rêvé des étoiles toute sa vie… Barbara Yelin (prix Artemisia 2015) et Thomas von Steinacker racontent une vie placée sous le signe de l’infiniment grand d’un ciel étoilé.
Auteurs allemands La BD au féminin Troisième âge
Sans aucun pathos, Une vie comme un été retrace la vie de Gerda Wendt, alternant entre ces derniers jours en maison de retraite et les grandes étapes de sa vie. Petite fille brillante à l’école, jeune femme passionnée d’astrophysique, scientifique devant faire un choix entre sa carrière et sa vie de couple… Une vie magnifiquement tissée par Barbara Yelin et Thomas von Steinacker.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 29 Août 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
La fin de vie ne constitue pas le sujet le plus sexy qui soit, et a donné lieu à peu d'œuvres artistiques sérieuses (je veux dire évitant le piège du sentimentalisme facile et de la nostalgie racoleuse). Il ne nous vient sans doute même pas à l'esprit une BD qui trait de la vieillesse dans son stade terminal, quand la volonté de vivre n'est plus suffisante pour retenir la vie. Avec ce magnifique "Une vie comme un été", œuvre d'un couple d'artistes allemands pas forcément encore connus chez nous mais qui font ici un travail sensationnel, nous tenons enfin le livre dont nous avions besoin, sans forcément le savoir, pour nous aider à accompagner ceux que nous aimons dans la dernière étape. Et nous faire, inévitablement, songer à la manière dont nous affronterons nous-même la fin. Formellement superbe, avec sa combinaison d'aquarelle, et d'un graphisme faussement simple et véritablement élégant, "Une Vie comme un été" raconte donc les dernières semaines de la vie de Madame Wendt, comme l'appelle le personnel de la maison de retraite où elle termine doucement son existence, dans cette solitude des personnes âgées caractéristique de notre époque. Mais, ce que Thomas Von Steinaecker" et Barbara Yelin vont nous raconter, non, plutôt nous faire littéralement vivre par petites touches subtiles, c'est que cette mamie déjà un peu perdue dans sa tête et physiquement diminuée, c'est toujours la petite Gelda, cette élève timide brillantissime en Maths, amoureuse des chiffres et de l'espace, soit un esprit d'une intelligence exceptionnelle. C'est toujours la jolie Gelda, amoureuse d'un homme qui ne le lui rendra pas vraiment la pareille, qui sacrifiera une brillante carrière scientifique pour lui, et acceptera une vie ordinaire. Mais une vie pleine de ses infimes sensations de bonheur qui en font tout le prix. Une vie infiniment petite à l'échelle de l'univers, voire même dans la perspective de l'histoire humaine, mais une vie qui a compté. Qui compte encore. La construction de ce récit, qui brasse une vie entière en quelques pages, est passionnante, déclinant l'essentiel d'une existence avec une légèreté paradoxale… Et d'autant plus impactante que ces brefs chapitres nous font ressentir très finement toute l'importance de quelques moments choisis d'une existence, des moments qui définissent Gelda mieux qu'une longue analyse psychologique. Mais qui pourraient tout aussi bien être remplacés par d'autres, tout aussi importants, que nous ne connaîtrons jamais, et que Mme Wendt emportera avec elle. La conclusion du livre est absolument sublime, et nous laisse suspendus entre admiration et émotion devant ces images d'un simple été aussi fugace qu'éternel. A ce niveau de maîtrise de l'image - ces bleus profonds qui constituent la teinte dominante de "Une vie comme un été" nous donnent envie de nous replonger immédiatement dans le livre, une fois la dernière page tournée - et du récit, on se dit d'ailleurs que la BD est le média parfait pour exprimer des choses aussi difficiles et faire naître en nous des sentiments aussi complexes. Oui, Von Steinaecker et Yelin nous donnent, mine de rien, une belle leçon, aussi bien d'humanité que d'intelligence artistique.
Tout est dit dans le résumé du livre mais ce que je retiens surtout de ce résumé, ce sont les deux premiers mots : « sans pathos ». Et c’est là à mes yeux la plus grande réussite de ce livre, car ce qu’il nous raconte est d’une tristesse horrible. La déchéance, la perte de capacités, l’isolement, la perte d’autonomie, le renoncement… tous les aspects les plus tristes de la vieillesse et de la fin de vie sont abordés dans cette fiction extrêmement réaliste. Mais tout est raconté avec naturel, sans appuyer inutilement là où ça fait mal (ça fait déjà suffisamment mal comme ça, pas la peine d’en rajouter). La pudeur qui se dégage de ce récit est remarquable. Le fait de combiner des images de ce vieillissement de plus en plus asservissant et celles de la vie passée de Gerda, une vie somme toute très banale, nous permet d’encore plus prendre conscience du caractère ordinaire de ce récit… et oui, ça peut franchement donner à certains des envies de suicide ou du moins des raisons de craindre notre propre fin de vie. Le dessin de Barbara Yelin n’est pas désagréable mais la colorisation assombrit un peu trop les planches à mon goût. Du coup, le trait n’est pas toujours parfaitement lisible. Mais il s’agit juste ici d’un petit détail technique qui ne change en rien mon appréciation d’ensemble et je ne crois pas que l’on lise ce type de récit pour la beauté de ses planches. Une belle œuvre. A lire même si elle risque de vous déprimer. Je n’en déconseille pas l’achat vu la qualité d’ensemble… mais je ne sais pas si c’est le genre de livre vers lequel on revient spontanément.
Il y a des bds qui ne vaut mieux pas lire quand on n'est pas très bien après par exemple une dure journée de travail. Elle parle de la vie qui passe et surtout de la vieillesse qui nous prend notre vitalité dans une lente agonie. On suit le parcours d'une jeune physicienne qui va connaître certains déboires mais également une passion pour la physique. On a du mal à croire que c'est la même femme que l'on retrouve dans cette déchéance d'une maison de retraite. Cela fait vraiment du mal au coeur. C'est également un avertissement sur le sens de la vie. C'est assez triste comme lecture. Il vaut mieux être averti.
Cet album nous retrace la vie somme toute banale de Gerda Wendt. Nous faisons sa connaissance au crépuscule de sa vie alors qu'elle semble profondément s'ennuyer en maison de retraite. Les flash back vont alors s'enchaîner au fil d'une quinzaine de chapitres nous faisant doucement découvrir la vie de cette femme et sa passion pour les mathématiques et l'astronomie. Au delà de l'anecdote, c'est toute la place de la femme dans notre société et encore plus spécifiquement dans les strates scientifiques de la recherche que Thomas von Steinaecker et Barbara Yelin nous proposent de suivre. Car Gerda, très douée pour les nombres va rapidement devoir faire des choix difficiles entre sa carrière et sa famille. Sauf que faire carrière dans la recherche pour une femme n'est pas une chose qui va de soit à l'époque. L'album est plutôt bien construit avec cette narration en va et vient entre son présent dans sa maison de retraite et le fil de sa vie, mais malgré cela l'histoire ne m'a pas plus passionné que cela et je n'ai pas réussi à éprouver une sincère empathie pour Gerda. J'ai refermé cette BD en me disant "ok, sympa" mais rien de transcendant à mon goût. Le dessin singulier de Barbara Yelin tout à l'aquarelle et son découpage réfléchi n'ont pas su davantage infléchir mon appréciation. C'est bien fait, mais la magie des étoiles qui faisaient briller les yeux de Gerda n'a pas opérée chez moi.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site