Phagocytose (Fagocitosis (Espagne))

Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)

Phagocytose est une satire réjouissante de la société de consommation et de l'ultralibéralisme.


Auteurs espagnols Barcelone Cà et Là Les petits éditeurs indépendants Luttes des classes & conflits sociaux

À travers une série d'histoires courtes très ironiques, les auteurs se penchent plus spécifiquement sur la récupération du discours politique de la gauche engagée par les médias mais aussi par des catégories sociales aisées, une posture qui ne conserve de l'action politique que ses signes extérieurs, symbolisée dans le livre par une chaîne de fast food nommée Marx Donald's. Trois petites histoires vont être ajoutées pour l'édition française : Une histoire, « Obey », sur les injonctions que la société nous envoie au cours de notre vie et deux histoires sur la France, « Juillet » sur différents 14 juillets de l'Histoire de France et «Mai» sur mai 68.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Août 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Phagocytose © Cà et Là 2018
Les notes
Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)
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17/10/2018 | Erik
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L'avatar du posteur Noirdésir

Étrange album que celui-ci ! Non pas tant à cause de son sujet, mais plutôt dans son traitement décousu, et ce dans le fond et dans la forme. Des chapitres plus ou moins courts alternent, chacun utilisant divers styles graphiques (qui peuvent se côtoyer dans un même chapitre d’ailleurs, du Franco-belge à gros nez à des photos sur lesquelles sont dessinés des personnages, en passant par des styles minimalistes proches de certains dessins animés des années 1960). Décousu ensuite parce que, si le fil rouge semble être une dénonciation de la société de consommation, et le capitalisme libéral, cela part un peu dans tous les sens. Parodie d’entretien et de questionnaire d’embauche, flash-mob (amusante) dans un Mac-Do (ici renommé Marx-Do), offres d’emploi (souvent drôle, mais jouant sur le rire jaune face au cynisme, en mettant lien les diplômes, compétences et sacrifices attendus, face à la triste et nulle réalité des tâches à accomplir), parodie de comics (dans lequel les X-perts, ici sorte des présentateurs de médias types BFM ou Fox News, déversent l’ordo libéral et cassent du sucre sur les syndicats ou l’Etat – leurs analysent partant volontairement en vrille sur la fin), fausses pubs et pages webs, etc, voilà toute la panoplie utilisée pour dénoncer, un peu à la manière de certains collages situationnistes, une certaine société (Marx et Engels apparaissaient d’ailleurs au début). Plusieurs petites histoires se déroulent dans l’univers des traders, qui se comportent parfois comme des gamers acharnés et vulgaires. Les publicitaires sont aussi pris pour cible (pour les affiches des abris bus, mais aussi leur novlangue et leurs stratégies commerciales), comme les conférences managériales (ici qui partent en gros délire). Parodie de magazine, d’ancêtres de la BD, délire de Swift (son texte est excellent et a donné lieu à une non moins excellente adaptation par les Monthy Python dans "Le sens de la vie"), tout est bon pour délirer gentiment, tourner autour du pot, pour ensuite porter l'estocade. Le message est peut-être difficile à capter parfois, tant cela fait feu de tout bois d’une part, mais aussi parce les auteurs joue surtout sur l’effet acide, d’érosion, de leurs histoires, sur notre société capitaliste : pas de slogan ni de message clairement délivré, sauf peut-être une fois, à la fin d’un dialogue entre deux publicitaires, à propos d’un slogan « fabriqué en Chine, pensé en Europe » : l’un deux dit : « Est-ce que tu es disposé à payer beaucoup plus pour tes fringues ? », ce à quoi l’autre lui répond : « Seulement si on augmente mon salaire ». Et tout d’un coup, sur la fin, un personnage nous parle du frauduleux « prix Nobel d’économie », et là le langage se fait à la fois plus clair et plus incisif, et donne alors un éclairage plus rageur et politique (au sens noble du terme) à toutes les histoires lues auparavant. Un album brinquebalant, un peu foutraque, auquel j’ai eu un peu de mal à m’acclimater, mais qu’au final j’ai apprécié. Note réelle 3,5/5.

17/05/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Cet album est un ensemble d'histoires courtes dont certaines s'articulent les unes avec les autres, chacune avec un style narratif un peu différent, une mise en scène parfois surprenante et d'autres fois plus classique. Toutes font la satire de la société de consommation et de l'ultra-libéralisme. Elles sont l'oeuvre d'auteurs catalans et on retrouve souvent Barcelone en toile de fond de ces saynètes. Le dessin de Danide n'est pas mauvais du tout. Il alterne les styles graphiques au fil des différentes histoires, parfois en noir et blanc et parfois très colorés, parfois réalistes et parfois caricaturaux. Globalement, c'est plutôt joli et certaines histoires sont originales dans la mise en scène. Il en ressort régulièrement une inspiration ou du moins une utilisation de l'iconographie du web, comme cette histoire reprenant une page Youtube dont la vidéo défilerait d'une planche à la suivante, cette autre histoire intégrant une case sur deux une navigation GPS visiblement issue de Google Maps, ou encore une autre cette fois avec Google Street View. Un autre chapitre, lui, imite une vieille publication BD en kiosque, avec fac-similé de couverture, pages intérieures et 4e de couverture. Cette assez belle recherche graphique sert des histoires aux tons variés, parfois très incisifs, parfois plus indirects. Toutes critiquent le monde capitaliste soit par la raillerie sans fard, soit par la parodie plus insidieuse, soit par des messages informatifs, et d'autres fois par des métaphores un peu moins évidentes. La grande majorité semble viser un caractère humoristique... et c'est là que le bât blesse car je les ai trouvées globalement ennuyeuses et pas drôles. Plusieurs fois, je suis arrivé à la fin d'une histoire en restant perplexe, en me demandant quand j'étais sensé rire, ou encore pourquoi ça s'arrêtait sur une conclusion aussi abrupte. Le ton me parait si décalé qu'il m'a de nombreuses fois échappé et plusieurs histoires me sont passées complètement à côté. Je n'en retiendrais que deux en réalité, celle très cynique sur l'utilisation des bébés des familles pauvres comme nourriture pour relancer l'économie, et celle très instructive sur la réalité de ce qu'on appelle le Prix Nobel d'Economie, même si, après m'être un peu renseigné, l'accusation que portent les auteurs me semble un peu exagérée puisqu'on dirait bien que ce n'est pas une institution financière mais bien l'Académie royale des sciences de Suède, comme pour les "vrais" prix Nobel, qui décide du lauréat de ce prix dont en réalité je me fous totalement. Mais les autres histoires m'ont pour la plupart franchement ennuyé, malgré un attrait pour leur aspect graphique et une certaine curiosité sur où voulaient en venir les auteurs.

17/05/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 2/5
L'avatar du posteur Erik

Encore une bd qui crache sur notre société de consommation que personnellement j'aime bien. Non, décidément, je ne serai jamais un adepte de ce cher Karl Marx qui campe son personnage dans cette oeuvre à l'assaut des Marx Donald du monde entier. Certes, cette critique qui tape sur le culte de l'argent peut faire des adeptes parmi un certain public altermondialiste mais je dois bien avouer que ce n'est pas ma tasse de thé d'autant que le style graphique m'a paru assez rebutant malgré quelques effets de style recherché façon pub américaine. Une parodie un peu absurde parmi tant d'autres où les X-Men deviennent les X-Perts du libéralisme à outrance.

17/10/2018 (MAJ le 18/10/2018) (modifier)