Dans les eaux glacées du calcul égoïste
Un vétéran de la première guerre mondiale, fasciste et antisémite, se rapproche des surréalistes, Cocteau, Dali et Bunuel, pour les espionner pour le compte du pouvoir.
1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Auteurs italiens Cinéma Le Surréalisme Milieux artistiques
Victor est revenu brisé de la première guerre mondiale. Il porte un masque pour cacher son visage brûlé par les éclats d’une bombe. Malgré cela, toute sa haine est dirigée vers ceux qui semblent mettre en péril l’ordre établi, et notamment les surréalistes. Invité en 1929 à une fête organisée par la Comtesse de Noailles, Marie-Laure, Victor y fait la connaissance de trois personnes hors du commun : Jean Cocteau, Salvador Dali et Luis Bunuel. Ces deux derniers se sont taillé une petite réputation en réalisant un film intitulé Le Chien Andalou, dans lequel l’œil d’une femme est coupé au rasoir… Ils sont à la recherche de mécènes pour tourner la suite de ce chef d’œuvre de subversion. La fête des matières organisée par Marie-Laure de Noailles est décadente : un des convives insulte le préfet de Paris, Chiappe, et Nathalie, la compagne de Cocteau, rivalise d’humour et de culture sous les yeux jaloux de la maîtresse de maison, et sous le regard haineux de Victor, qui se lie d’amitié avec Marie-Laure. Au bout de la nuit, alors que Dali et Bunuel s’amusent à ridiculiser Cocteau, Victor va faire son rapport à la préfecture…
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Date de parution | 07 Mars 2018 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Le surréalisme est un mouvement artistique et politique majeur du XXème siècle (même si l’on se focalise essentiellement sur le premier aspect, occultant souvent le second, pourtant fondamental pour le mouvement). C’est aussi, plus personnellement, quelque chose qui me touche depuis longtemps, qui est au cœur de ce que j’apprécie et appréhende. C’est dire si a priori je suis intéressé par ce diptyque, dont l’intrigue se déroule à un moment charnière du mouvement, la fin de la « première période historique » (juste avant les grandes ruptures aboutissant au second manifeste de Breton). Il ne s’agit en tout cas absolument pas de « pseudo intellectualisme » comme écrit dans un précédent avis. Les deux albums se laissent lire plutôt facilement. Il y a certaines qualités, mais certains « détails » m’ont un peu gêné. Le dessin tout d’abord, est globalement bon, fluide, ne s’embarrassant pas de détails. Je regrette juste que certains personnages (quasiment tous sont « célèbres ») ne soient pas suffisamment ressemblants (Breton en particulier, même s’il est « secondaire » ici). L’intrigue ensuite. Les auteurs ont centré leur histoire autour de la réalisation, et surtout de la diffusion du film « L’âge d’or », et du scandale qui s’en est suivi. Une idée intéressante, qui peut permettre de développer l’arrière -plan artistique, mais aussi l’aspect politique, au moment où les ligues fascistes ont le vent en poupe : un contexte extrêmement riche, mais que les auteurs n’ont qu’en partie exploité, avec quelques biais pour la partie artistique. D’abord puisque le film est au cœur de l’histoire, choisir de centrer sur le couple de Noailles peut se comprendre, mais l’omniprésence de Cocteau est gênante – le présenter comme « surréaliste » l’est plus encore (surtout quand on connait ses rapports avec les surréalistes). Les rares apparitions de Breton le rendent plus ridicule qu’autre chose (et le terme de « pape » repris ici – comme trop souvent par ceux qui ne connaissent pas réellement cet homme et ce courant est absurde). Enfin, je suis très surpris qu’aucune allusion n’ait été faite aux mises au point surréalistes (voir le fascicule-tract « L’affaire de l’âge d’or »), au moins dans le texte final pourtant censé présenter les conséquences de ce scandale. Les manigances de l’extrême droite sont évoquées, mais pas suffisamment. Il est en particulier incroyable que le saccage du cinéma projetant le film, des tableaux d’Ernst, Tanguy, etc, ait finalement abouti à la censure du film (ce qu’ils souhaitaient !), ceci signant la complicité des pouvoirs publics (et du préfet Chiappe en particulier). Il est aussi intéressant de savoir que ce film est resté censuré jusqu’en 1981 ! Un diptyque un peu bancal donc (entre l’exploration d’un microcosme artistique, mais vu au travers du prisme des mondanités – d’où le grand rôle joué par Cocteau – et la montée des fascismes au seuil des années 1930), les auteurs, par-delà leurs partis-pris – que je conteste donc en partie, n’ayant pas suffisamment fait leur choix. Si l’on fait abstraction de certaines de mes remarques, on peut trouver plaisante cette lecture. Note réelle 2,5. Ah, j'ajoute que le film L'Age d'or est un petit chef d'oeuvre qui n'a pas perdu beaucoup de sa force provocatrice !
Eh bien je ne partage l'avis d'Erik que sur les seuls points du graphisme et du dessin, qui sont également à mon sens réussis. A noter le choix des couleurs, dont les tons me semblent particulièrement adaptés à l'environnement artistique de l'époque, dans les limites de mes humbles connaissances. Pour ma part je ne me suis pas du tout ennuyé, et l'entrée des personnages célèbres dans le déroulé de l'histoire, m'a semblé bien menée et pas trop académique, ou excessivement caricaturale. Le côté sécuritaire de l'intrigue, est à mon sens cohérent avec le contexte politique et social de l'époque. De plus, si l'on fait preuve d'un peu de curiosité intellectuelle, on peut visualiser gratuitement le film dont il est question dans l'histoire, sur le très connu "site d'hébergement de vidéos et de média social", et se rendre compte du rejet qu'a pu générer en son temps, l'oeuvre dont il est question. J 'achèterai le deuxième tome.
A vrai dire, je me suis littéralement ennuyé à cette lecture mêlant des artistes pourtant très célèbres durant l'entre-deux-guerre. Jugez-en par vous même: il y a tout de même Cocteau, Dali ou Buenel durant leur jeunesse. Surréalisme et subversion seront au rendez-vous. Mais comme dit, je n'apprécie pas trop ce monde d'égocentrisme et d'abstrait dans un pseudo-intellectualisme de base sous un voile de décadence. Pour autant, je dois bien avouer que le graphisme et le dessin est plutôt assez réussi. Mais cela ne fait malheureusement pas tout. C'est un écrin assez soigné. La société des années folles est bien décrite. Certains lecteurs peuvent néanmoins y trouver leur compte.
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