La Partition de Flintham
La comtesse Marie Adelaïde de Sutherland n’est plus. Elle laisse à Olivia une riche dotation et à Clara le domaine familial. L'une ira faire fortune à Londres tandis que l’autre, malgré son abnégation et son courage, ne pourra sauver Flintham Hall Manor d’une lente et inexorable décrépitude.
1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Angleterre Auteurs italiens Ere Victorienne Iles Britanniques La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Les prix lecteurs BDTheque 2018 One-shots, le best-of
1850. Flintham Hall Manor, qui a perdu son faste d’antan, est un domaine austère au cœur du Nottinghamshire. Lady Sutherland, la grand-mère de Clara et Lady Olivia, vient de mourir. En héritage, Clara reçoit le domaine alors qu’Olivia, elle, qui « a toujours préféré une vie libre et mondaine », reçoit l’équivalent de la valeur du domaine en livres sterling. Ce qui entraîne sa colère. Olivia décide alors de quitter le château, abandonnant sa sœur au triste sort qui l’attend. Pour sauver le domaine, moribond, elle va devoir abandonner sa grande passion, le clavecin…
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 25 Mai 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne vais pas être original en disant que La Partition de Flintham est une véritable claque graphique. C'est d'ailleurs son principal intérêt, à la fois sa plus grande qualité et son plus gros défaut. On ne peut que louer la magnificence des peintures (car c'est bien plus que du simple dessin) de Barbara Baldi. Chaque case ou presque est une toile à elle seule, évoquant bien sûr William Turner, mais aussi tout l'art impressionniste qui se développera le siècle suivant, à peu près à l'époque où prend place le scénario de La Partition de Flintham. C'est réellement magnifique, on aime se perdre dans les cases où Barbara Baldi représente, de manière parfois sommaire mais toujours puissamment évocatrice, les paysages de l'Angleterre. Magnifiés par le trait de la dessinatrice, qui n'hésite pas à pasticher certains tableaux d'époque (cf. l'avis d'Alix ci-dessous), ces paysages participent beaucoup à l'atmosphère sombre et mélancolique qui se dégage de l'ensemble, et séduit instantanément par sa force d'évocation. Le noir envahit la plupart des cases, renvoyant au parcours introspectif auquel on assiste durant cette bande dessinée. Le laconisme des dialogues renforce cette sensation d'isolement subi par le personnage principal, et l'empathie qu'on ressent pour elle. Néanmoins, il faut bien reconnaître que cette bande dessinée peut décevoir par la simplicité de son scénario. Renouant avec le roman victorien (on pense immédiatement aux sœurs Brontë, bien sûr), Barbara Baldi peine à donner du relief à son histoire. Les péripéties sont très peu nombreuses, mais surtout, la narration est parfois desservie par ces dialogues trop laconiques, incapables de donner aux personnages l'épaisseur qu'ils auraient pu avoir. Ce qui m'a surtout frappé et déçu, c'est l'absence brutale de transition entre certaines scènes. Il arrive qu'on passe d'une scène à une autre sans que rien ne prévienne ce passage abrupt, ce qui risque de laisser le lecteur un peu sur sa faim (moi, en tous cas). Cela donne un aspect parfois décousu à la narration (pas toujours), qui amoindrit légèrement le plaisir de lecture. Ce dernier est toutefois bien présent, grâce à la puissance graphique dont fait preuve l'auteur/dessinatrice. La mise en scène, brillante en tous points, et les choix graphiques opérés par Barbara Baldi sont vraiment ce pour quoi il faut lire La Partition de Flintham, plus qu'un scénario convenu et sans grande saveur. Il est dommage que ce dernier laisse ce petit arrière-goût d'inachevé à la fin de la lecture. Il n'empêche que cette bande dessinée est à lire au moins une fois dans sa vie. A défaut d'être un chef-d'œuvre, c'est une expérience assez mémorable.
Fascinant, envoûtant. Nous vivons dans un monde où la rapidité, l'immédiateté règnent en maîtres. L'on zappe, l'on tchatte, bref il reste peu d'instants qui nous permettent de prendre notre temps pour regarder les choses. Cet album de Barbara Baldi arrive à point nommé pour nous redonner le goût de la contemplation. Le dessin ou devrait-on dire les illustrations de ce récit sont à mille lieues de ce à quoi la BD classique nous a habitué. C'est particulier, sombre et cela nous oblige en tant que lecteur à sortir de notre zone de confort. Comme dit par mes camarades précédents, la lecture est assez rapide au vu du peu de dialogues mais une fois la dernière page tournée, un besoin irrépressible oblige à revenir au début pour goûter encore une fois les planches magnifiques de cet album. Nous voici replongés dans les livres d'Emily Brontë, je pense bien sûr au roman "Les hauts de hurle-vent", titre romantique au possible qui enflammait l'imagination de l'ado que j'étais. Que c'est beau, je pense aux toutes premières planches qui possèdent à mon sens un pouvoir quasi hypnotique et là l'esprit enfin arrêté nous pouvons nous abîmer dans la contemplation. J'ai eu la chance à Angoulême sur le stand de l'éditeur (Ici même), de pouvoir feuilleter le prochain album de Barbara Baldi Ada, qui s'annonce au moins aussi grandiose et beau que celui-ci. D'un abord exigeant, une BD qui ne laisse pas indifférent mais qui mérite à coup sûr le détour.
La première chose qui marque en ouvrant cet album, c’est bien entendu le graphisme. Je conçois tout à fait qu’il ne sera pas du goût de tout le monde. Je n’arrive pas à saisir tous les détails de la technique employée. Il s’agit clairement d’aquarelle, mais retravaillée à l’informatique, au point que certaines cases ressemblent presque à des photographies retouchées. Mais bon sang, que c’est beau. Les planches sont magistrales, notamment la présentation de la campagne du Nottinghamshire, mise en valeur dans les nombreux passages muets contemplatifs. On retrouve des références à des peintres et peintures connus, mais le fait que ces « emprunts » ne soient référencés nul part dans l’album est un peu limite je trouve (je vous laisse comparer la 3eme case de la page 38, et le tableau « Saison d'octobre » de Jules Bastien-Lepage par exemple. Merci Chandre pour l’information). L’histoire fait très « fable victorienne », dans le genre « Downton Abbey ». Le destin des deux sœurs, déchirées par le testament de leur grand-mère, est touchant au possible. J’ai trouvé le ton très juste, et la fin très belle, avec ce tout dernier sourire. Je note quand même quelques petits soucis de narration par moment, des enchainements un peu brusques, ou des phylactères agencés bizarrement et que j’ai lus dans le désordre (voir page 75, première case par exemple). M’enfin, rien de bien grave au final. J’ai passé un excellent moment de lecture. L’histoire m’a beaucoup plu, et puis surtout j’adore le style graphique. Je feuillette l’album régulièrement depuis ma lecture, pour admirer les nombreux paysages.
Une bonne BD peut-elle atteindre à la "grandeur" par la seule force de son dessin ? Le sens commun suggère que non, bien sûr, puisque la dictature du scénario tout-puissant nous a depuis longtemps convaincus d'exiger aussi une bonne histoire. Mais voilà que cette "Partition de Flintham" arrive pour ébranler nos certitudes. Premier livre d'une visiblement brillante illustratrice italienne, Barbara Baldi, ce livre nous envoûte, nous enchante, nous promène, simplement (?) à l'aide de ses images sublimes, sombres aquarelles rendant régulièrement hommage aux chefs d'œuvre de la peinture classique. Le livre est construit sur de très rares dialogues, et sur une histoire qui évoque immédiatement certains clichés romantiques éternels (les Soeurs Brontë, coucou !), avec son héroïne retranchée dans un refus du monde presque arrogant, mais prête à tous les labeurs et toutes les humiliations pour sauver l’héritage de sa grand-mère bien-aimée. "La Partition de Flintham", titre français un peu absurde sans doute imposé par le caractère intraduisible du titre original en Italien ("Lucenera", lumièrenoire ?), peut également nous rappeler les réflexions socio-politiques de "Downton Abbey" sur les contraintes économiques de la noblesse et sur les rapports entre maîtres et servants... Baldi ne pousse pas toutefois pas la logique de son histoire jusqu'au bout : elle abandonne sans résolution les divers fils de son intrigue, et refuse de conclure de manière logiquement tragique le destin de Clara, la sauvant grâce à un happy end par trop improbable, en nous faisant le coup usé du Deus Ex Machina (même si les deux dernières cases, énigmatiques, laissent planer un doute salutaire)... On ne peut donc pas dire que Barbara Baldi ait vraiment misé sur son scénario, qui ne paraît jamais vraiment l'intéresser, qui relève parfois plus de la logique des rêves (des cauchemars... puisque le pire est toujours certain !) que du rationnel. Pourtant, et c'est là toute la magie de ce livre plus singulier que formaliste, il est difficile de le reposer avant de l'avoir terminé : chaque illustration nous entraîne dans le monde douloureux de son héroïne romantique sur laquelle s'abattent tous les malheurs imaginables. La chute est cruelle, longue, étourdissante, mais la manière dont Baldi injecte une petite lumière vaillante dans la nuit noire et froide qui menace sans cesse d’engloutir Clara est si belle que la jouissance du lecteur se fait de plus en plus aiguë. "La Partition de Flintham" est une expérience rare.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site