Annihilator
Ray Spass est un scénariste hollywoodien à succès embauché pour lancer une nouvelle franchise, consacrée au voleur futuriste Max Nomax, mais lorsqu'il découvre qu'il est atteint d'une tumeur au cerveau, Ray plonge dans une spirale d'autodestruction.
Serial killers
Ray Spass est un scénariste hollywoodien à succès embauché pour lancer une nouvelle franchise, consacrée au voleur futuriste Max Nomax, mais lorsqu'il découvre qu'il est atteint d'une tumeur au cerveau, Ray plonge dans une spirale d'autodestruction. C'est alors que son propre personnage de fiction, Max, apparaît dans son salon, et lui demande son aide pour ressusciter sa bien-aimée. Le créateur et sa création s'embarquent alors dans un périple sans répit, poursuivis par l'Annihilator, un tueur implacable.
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Date de parution | 16 Septembre 2016 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le rêve du papillon - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il comprend les 6 épisodes, initialement parus en 2014/2015, écrits par Grant Morrison, dessinés, encrés et mis en couleurs par Frazer Iriving. Toute cette histoire est racontée sous forme de bande dessinée. Elle commence avec une vision de l'espace, et un plan se rapprochant d'un trou noir au centre de la voie lactée, au centre de notre existence. Il a été surnommé Annihilator. Ces 4 premières cases comprennent de courtes phrases comme tapées à la machine, les premières phrases d'un script de film. Dans la station Dis (la base spatiale à proximité de cette anomalie spatiale), Max Nomax est pourchassé par Jet Marko (l'annihilateur en chef de l'entité Vada). Sur Terre, le scénariste de films Ray (pour Raymond) Spass visite une villa réputée hantée à Hollywood, pour s'y installer. Il a écrit 2 films à succès : Coriolis, School of night. Il a choisi cette demeure pour retrouver l'inspiration (avec une bonne dose quotidienne d'alcool, et quelques drogues récréatives), pour honorer sa livraison d'un nouveau scénario à son agent Josh Smiles. le sujet de son scénario est un mélange de science-fiction et d'horreur, dont le personnage principal s'appelle Max Nomax. Legendary Comics est une filiale du producteur de films Legendary Pictures. Leur première parution fut "Holy terror" de Frank Miller, suivi par "The tower chronicles" de Matt Wagner & Simon Bisley. Le lecteur apprécie l'ironie du récit qui met en scène un scénariste de film (Ray Spass) qui doit rendre une histoire avec un personnage principal ayant le potentiel de devenir un héros récurrent pour une série de films. Dès le postulat de départ, Grant Morrison introduit une mise en abyme, avec une forme d'autocritique sur sa propre histoire qu'il écrit pour une filiale d'une maison de production de films. le lecteur pense également à Zhuangzi (de son vrai nom Zhu?ng Zh?u), penseur chinois du quatrième siècle avant Jésus Christ, et au rêve du papillon. Il s'agit d'une fable où un homme rêve qu'il est un papillon, mais à son réveil il se demande s'il n'est pas plutôt le rêve que fait un papillon se croyant homme. Dès la première séquence, Grant Morrison établit un jeu de miroir, où un scénariste écrit une histoire, mais le personnage principal de cette histoire apparaît dans la réalité de l'auteur, et agit sur lui, comme si l'auteur n'était qu'une fiction créée par le personnage. le lecteur se retrouve donc à chercher des indices pour savoir si les 2 (Ray Spass et Max Nomax) sont réels, ou seulement l'un des 2, ou l'un des 2 n'est qu'une manifestation dans l'esprit dérangé de l'autre. Il augmente le niveau de doute par le fait que Ray Spass est un alcoolique et un utilisateur régulier de produits psychotropes pour doper ses capacités créatives. du coup la réalité devient très relative. Tout lecteur allergique à ce genre d'incertitude sur la réalité peut passer son chemin sans regret. Dans le cadre de ce jeu de miroir, Grant Morrison raconte 2 histoires entremêlées. Max Nomax a été condamné à l'emprisonnement sur la station spatiale Dis, suite à un crime affreux. Olympia, sa victime, est enchâssée dans un cocon qui trône au milieu de la grande salle de Dis. de son côté, Ray Spass a perdu Luna Kozma, sa femme, dans des circonstances qui restent vague pendant la première partie du récit, faisant miroir avec le statut de Luna. Morrison rend encore un peu plus perméables les frontières entre créateur et créature, en indiquant que Spass s'est inspiré d'un personnage des années 1930 pour créer Max Nomax (une sorte de décalque de Fantômas). Grant Morrison ajoute encore un niveau de lecture avec le concept de l'Annihilateur. Cette entité est donc celle qui met fin à toute vie, une sorte de générateur d'entropie. Charge au lecteur d'imaginer ce que cette métaphore peut recéler, à quoi correspond cet annihilateur, cette forme de pulsion de mort. Au fil des révélations, il est également question de paternité, de responsabilité vis-à-vis de son conjoint, et dans une moindre mesure de spiritualité. Jet Marko est un agent d'une entité appelée Vada, l'acronyme de Vatic Artificial Divine Authority. Pour un amateur de science-fiction, la forme de cet acronyme fait penser à VALIS : Vast Active Living Intelligence System (ou en français La trilogie divine, I : Siva) de Philip Kindred Dick. Le récit ne se limite pas à un exercice intellectuel sur l'influence du personnage créé sur son créateur, ou sur le fait que l'écrivain s'abreuve à une source d'inspiration qu'il ne maîtrise pas, dont il est le jouet et qui lui impose son histoire, une sorte d'inconscient collectif dans lequel les histoires existeraient à l'état latent. Il insère un suspense déconcertant, en jouant sur les flux temporel des 2 fils narratifs. Max Nomax finit par rejoindre Ray Spass, et lui demande d'écrire son histoire, car il ne se souvient pas de ce qu'il lui est arrivé lorsque Jet Marko l'a rejoint. Il ne sait plus comment il lui a échappé. Spass doit donc écrire l'histoire déjà survenue de Nomax, pour lui révéler le moyen de défaire Marko. Il en découle une étonnante course-poursuite où un personnage doit en forcer un autre à écrire ce qu'il lui est déjà arrivé. Dès la couverture, le lecteur sait que cette histoire a bénéficié d'un artiste à la forte identité graphique. Frazer Irving réalise ses planches à l'infographie, ce qui lui permet d'utiliser la couleur pour décrire les formes, sculpter les volumes, apporter des textures, jouer sur l'éclairage. Son mode de conception des images est à l'opposé de la chaîne de fabrication industrielle des comics mensuel (dessinateur + encreur + metteur en couleurs). de fait, le lecteur pénètre dans un environnement visuel à la forte personnalité, totalement immersif. Cette plongée commence dès la première séquence avec un page dédiée au spectacle de l'espace et de l'annihilateur (la singularité spatiale) et continue avec la course-poursuite à bord de Dis, avec des armes futuristes projetant des décharges d'énergie crépitantes. La séquence suivante se passe sur Terre, et montre la visite de la villa hollywoodienne. L'apparence des personnages est très marquée, avec une coupe de cheveux improbable pour Ray Spass (une longue mèche de cheveux bouclés devant l'oeil droit), et une apparence plus neutre pour l'agent immobilier, en costume cravate. Irving croque des individus à l'apparence réelle, allant de l'anonymat lisse de Dave et Steve (les 2 agents du FBI), à l'exubérance de Max Nomax, en passant par la normalité de Luna Kozma. Par contraste, les séquences de science-fiction montrent des individus dans des costumes un peu baroques, au design conçu par des modistes ayant un sens de la classe, sans en devenir kitch. Comme beaucoup de dessinateurs, Frazer Irving s'intéresse aux décors pendant la première moitié du récit, avec des rendus allant de l'esquisse, jusqu'à la précision photographique, en fonction de la nature de la séquence. Dans la seconde moitié, il se repose sur des effets chromatiques, sans s'astreindre à représenter des éléments concrets en arrière-plan, ce qui finit par se voir. C'est un peu dommageable pour la narration visuelle, car le récit de Grant Morrison s'envole vers le conceptuel et aurait gagné à être ancré dans le concret par des dessins plus fournis et figuratifs. Frazer Iving doit également relever le défi de transcrire les émotions des personnages sur leur visage. le scénariste ne lui a pas facilité la tâche puisque Ray Spass est la proie d'émotions exacerbées, Max Nomax a tendance à tout surjouer, Josh Smiles (l'agent représentant Spass) est du genre individu au sang-froid, Jet Marko a la tête le plus souvent recouverte d'un casque, le rendant totalement inexpressif. L'artiste réussit à transformer toutes ces contraintes pour donner plus de personnalité à ces protagonistes qui sont très vivants sur la page. le lecteur apprécie également la qualité de sa prestation pour réussir à donner une forme visuelle séduisante et inquiétante aux concepts les plus échevelés de ce récit qui n'en manque pas. Dès les premières pages, le lecteur a compris que Grant Morrison est en très grande forme pour un récit conceptuel. le scénariste met son récit en abyme, avec sa propre position d'auteur d'un comics susceptible de servir de point de départ à un film. Il joue sur un effet de miroir à plusieurs niveaux entre le créateur (Ray Spass, mais aussi lui-même) et sa créature (Max Nomax, à moins que ce ne soit l'inverse), sans oublier une intrigue haletante, et des thèmes adultes s'intégrant parfaitement dans ce dispositif narratif complexe. Frazer Irving assure une prestation de haut niveau dans la première partie pour donner une forme visuelle à ce scénario de haut vol, tant pour les personnages que pour les environnements. Il se focalise plus sur les personnages et les concepts dans la deuxième partie. Au final, le lecteur finit par ressentir l'approche cérébrale de cette intrigue, aux dépens des personnages dont les névroses (pour Ray Spass) et le cabotinage (pour Max Nomax) finissent par lasser un peu, et diminuer le potentiel de projection du lecteur en eux.
Ce récit reprend l’idée d’une rencontre entre un auteur et sa création. Ici, il s’agit d’un auteur qui s’est enfoncé dans tous les excès après un grand succès. Drogué, névrosé, déchu de son piédestal, ce personnage est on ne peut plus pitoyable. Face à lui, une sorte de super-méchant, arrogant, cynique et implacable, sorti tout droit de son cerveau, se retrouve sur Terre pour une raison que le lecteur ne comprendra qu’à la lecture de l’album. Le scénario s’articule sur deux fils narratifs. Le premier est un récit de science-fiction très emphatique et au ton sentencieux. On y découvre notre super-méchant enfermé dans une station spatiale suite à un crime dont on ignore tout. Le second fil narratif nous permet de suivre l’auteur sur Terre alors qu’il cherche à réaliser son come-back via la réalisation d’un scénario de science-fiction. Ces deux fils finissent par se rejoindre, bien entendu. Personnellement, je n’ai pas souvent été convaincu par ce principe de la rencontre entre un auteur et un de ses personnages de fiction. Je trouve cependant que la mise en place est ici plutôt bien vue, le personnage de fiction perdant au fil du temps son caractère fictionnel… car il y aurait une explication rationnelle au fait que l’auteur puisse raconter l’histoire de son personnage. C’est tordu et on est dans de la SF pur jus… mais c’est cohérent, quelque part. Par contre, j’ai eu du mal à apprécier la narration. L’auteur étant un grand névrosé constamment shooté, le récit de SF qu’il écrit (et qui constitue donc un des deux fils narratifs) est -très logiquement- décousu, obscur, allumé… En clair, c’est chiant à lire. Les passages où les deux personnages se rencontrent et interagissent sont plus agréables à lire mais on reste dans de la SF américaine très grandiloquente, gratuitement vulgaire et violente. Au final, alors que je trouve l’idée qui permet de relier ces deux univers assez agréable, la lecture de l’album m’a été pénible. Au niveau du dessin, si je ne nie pas la qualité du trait d’Irving Frazer, je continue à ne pas être fan de ce type de dessin très sombre avec un encrage marqué. Mais c’est juste une question de goût et les amateurs de comics devraient, je pense, beaucoup apprécier le travail réalisé ici. Deux styles picturaux distincts illustrent les deux fils narratifs, l’un -celui dédié à la SF- tient plus de la peinture, l’autre propose un aspect plus hachuré et plus brouillon. Au final, je n’ai pas été convaincu par cet album, non qu’il soit mauvais mais il n’était tout simplement pas fait pour moi, surtout du point de vue de la narration et du dessin qui me donnent ce sentiment d’être face à des auteurs qui cherchent plus l’effet que l’émotion… Bof, donc, dans mon chef… mais si vous êtes amateurs de SF américaine, sombre et violente, cet album peut constituer une belle surprise.
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