Malaterre

Note: 4.11/5
(4.11/5 pour 18 avis)

2018 : Grand prix RTL de la bande dessinée. Une fresque familiale épique entre l'Europe et l'Afrique équatoriale, avec un personnage dominant tout le récit de son aura volcanique : Gabriel Lesaffre, personnage fascinant haut en couleurs, détestable et attachant la fois...


Afrique Noire BD à offrir Best of 2010-2019 Best-of des 20 ans du site Dargaud Grand prix RTL de la bande dessinée Les prix lecteurs BDTheque 2018 One-shots, le best-of

Coureur, menteur, buveur, noceur... Gabriel Lesaffre a toutes les qualités. Depuis l'enfance, il est en rupture avec son milieu familial. Épris de liberté, il ne supporte pas l'autorité. Un jour, il tombe amoureux d'une lointaine cousine, Claudia. Elle a dix ans de moins que lui. Coup de foudre, mariage, trois enfants : Gabriel se laisser séduire par les charmes de la vie de couple et les délices du confort bourgeois. Mais ses vieux démons se rappellent à son bon souvenir. Gabriel s'ennuie. Il plaque tout, s'envole pour l'Afrique, reste cinq ans sans donner de nouvelles. Puis il réapparaît, fidèle à lui-même. Mêlant manipulation, persuasion et belles promesses, il obtient la garde de Mathilde et Simon, les deux aînés, et les emmène avec lui en Afrique équatoriale. Pour ces deux jeunes ados, une nouvelle existence commence : ils découvrent l'Afrique et une vie « festive, bigarrée, frivole et un peu vaine ». Mais ils doivent aussi supporter les incessants problèmes d'argent de leur père, héritier d'un domaine qu'il est incapable de gérer, et son penchant insurmontable pour la boisson. Et si le rêve africain finissait par se dissiper dans les vapeurs d'alcool ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Septembre 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Malaterre © Dargaud 2018
Les notes
Note: 4.11/5
(4.11/5 pour 18 avis)
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10/11/2018 | Blue Boy
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Par Emka
Note: 4/5
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Un album qui m'a frappé d’emblée par l’énergie qui s’en dégage, une énergie brute générée par le personnage principal, Gabriel Lesaffre, un homme en pleine fuite en avant. La colère est ici omniprésente, dessinée avec une justesse par Pierre-Henry Gomont, et elle habite Gabriel de bout en bout. Un homme instable, imprévisible, qui abandonne tout en France pour partir gérer une plantation en Afrique. C’est ce personnage complexe, tiraillé entre ses rêves de grandeur et sa réalité chaotique, qui donne tout son poids à cette histoire. Le trait nerveux de Gomont sert parfaitement l’intensité de ce récit. Autant je trouve qu'il en abuse dans d'autres BD comme La Fuite du cerveau, autant il arrive ici à rendre palpable la violence contenue dans les relations de Gabriel, que ce soit avec ses enfants ou avec les gens qui l’entourent. Chaque planche semble vibrer de cette tension, renforcée par une utilisation très expressive des couleurs et des contrastes. Les décors exotiques de la plantation, qui auraient pu adoucir l’atmosphère, n’apportent au final qu’un surcroît de sauvagerie à la dérive personnelle de Gabriel. Le scénario lui-même se déroule comme un drame familial où les névroses d’un père se répercutent sur ses enfants. Le personnage principal, qui oscille entre séduction et despotisme, est fascinant dans sa capacité à tout détruire autour de lui, sans même s’en rendre compte. Et pourtant, il reste étrangement humain, presque vulnérable dans sa quête de liberté et d’évasion, même si ses choix mènent inévitablement au désastre. C’est peut-être cette dualité qui fait toute la force de cet album. Un album intense, où le dessin se met au service d’un récit profondément humain, parfois dérangeant, mais toujours sincère. La force de l’album repose sur la manière dont Gomont parvient à faire ressentir la colère qui habite son personnage, tout en laissant transparaître l’échec et la solitude derrière cette façade de force brute.

17/09/2024 (modifier)
Par Patoun
Note: 4/5
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Un très bon moment de lecture. Ce qui m'interpelle en premier, c'est la concision du récit. Non pas par le nombre de pages, ni par sa durée chronologique (qui finalement s'avère conséquente), mais par son fond propre. Autrement dit, une histoire qui repose seulement sur une dizaine de flashbacks pris à des époques variées. Toutefois, ces quelques scènes ont amplement suffit à transmettre à cette œuvre une grande richesse émotive. En effet, au travers d'une histoire avant tout familiale, l'auteur parvient avec une aisance insolente (et c'est ce que j'aime le plus) à nous plonger dans la peau des différents protagonistes pour ainsi nous éprouver/délecter d'un cocktail sensitif : de la pitié pour une mère à qui le bonheur a été volé et pour un gamin abandonné, de l'amertume envers deux jeunes adolescents qui délaissent leurs proches puis du plaisir et de l'excitation à les voir se (re)construire une nouvelle vie à l'autre bout du monde*, une alternance d'admiration et d'agacement pour un père téméraire, excessif mais déterminé, qui mène tant bien que mal sa barque... Ce n'est pas une œuvre qui m'a marqué par son sujet mais par la justesse des sentiments retranscrits à partir de souvenirs d'origine diverse et plus ou moins réels comme l'auteur le signale en préface (et aussi par le coup de crayon ^^) Je recommande fortement la lecture ! :) *j'étais persuadé pendant toute ma lecture que l'histoire se passait en Amérique du sud et non en Afrique.

02/03/2023 (modifier)
Par Gaendoul
Note: 4/5
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J'ai lu cette bd un peu par hasard, parce que j'avais en tête les bonnes notes ici et qu'elle trainait dans ma médiathèque. Bien m'en a pris car je me suis laissé entraîner, un peu malgré moi, dans l'histoire de ce père de famille atypique et de ses enfants. Le dessin est plutôt du genre à me rebuter pourtant mais l'ensemble se lit très bien et finalement, ce gros pavé de 192 pages se lit plus rapidement qu'on ne l'aurait cru de prime abord. Mais alors, qu'est ce qui fait que cette bd est très bonne ? La justesse des personnages peut-être, leur humanité et le destin hors norme du personnage principal ? Embarquez dans Malaterre et vous serez à coup sûr dépaysés, que vous aimiez ce style de bd ou non.

19/11/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Le héros est un personnage horripilant au premier abord, égoïste, têtu et coléreux. Aveuglé par son envie de restaurer la soi-disant grandeur du domaine agricole familial, Gabriel va tout sacrifier pour y arriver, à commencer par sa propre famille. Cerise sur le gâteau, le domaine en question est une exploitation forestière en faillite au cœur de la jungle africaine. C’est très bien écrit, les dialogues sont crus et le ton monte facilement. Notre héros n’a pas beaucoup de patience et toute mise en doute du succès de son opération provoque sa colère. Il ne supporte pas !! Le dessin est à l’image du personnage : nerveux, faussement brouillon et les humeurs des personnages, traduites en bulles, apportent de la nervosité supplémentaire. Les planches de jungles ont superbes, elles dégagent de la moiteur et l’impression d’une immensité que l’homme ne pourra jamais contrôler. Comme le miroir de la tâche démentielle qui les attend pour remettre en état le domaine. Cette vie sauvage contraste évidemment avec la vie que les enfants de Gabriel vont trouver en ville. Là encore, c’est une totale nouveauté pour eux ! Après le désenchantement, vient l’adaptation et la découverte de la liberté. Côté ambiance, c’est très réussi. L’évolution des personnages où chacun se cherche, hésite ou refoule ses sentiments est bien traitée, c’est confus et incertain comme l’est leur situation. C’est très bien écrit, très bien construit et pas aussi simple qu’il y paraît au début de l’album. C’est moite à souhait, c’est nerveux... La complexité des personnages fait réfléchir. Pour moi, cet album est un gros coup de cœur !

12/06/2022 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
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Après un sentiment mitigé sur La Fuite du cerveau, j'ai tenté cet album de M. Gomont et cela s'est bien mieux passé. De belles images d'une jungle moite où l'on voit un personnage imbu de lui-même et cumulant de prime abord tous les défauts se débattre avec son rêve de maintenir une propriété foncière en état. Se greffe là-dessus une histoire familiale compliquée et des enfants qui ne savent pas à quoi s'en tenir avec un tel paternel. Cela m'a rappelé par certains côtés le film The Lost city of Z. L'album est dense avec près de 200 pages. Le trait est nerveux à la manière de Christophe Blain. Une lecture de grande qualité.

31/05/2022 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
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Au vue des critiques unanimement dithyrambiques de mes prédécesseurs, je suis forcément un peu déçu. Moi je ne sais pas trop si j'ai aimé. Cela ne m'a pas déplu, je n'ai pas eu de mal à finir cette lecture. Mais voilà je n'ai pas été passionné comme je l'espérais. La faute évidement à ce personnage principal que je ne suis pas arrivé à apprécier et qui n'a pas réussi à m'émouvoir. La liste de tous ces mauvais cotés est tellement longue : ethilo-tabagiste, égoïste, ambitieux dans le mauvais sens du terme, raciste, magouilleur, mauvais père, et j'en passe... Visiblement plus il agit mal et plus les autres lecteurs ont l'ont compris et ont finit par le trouver sympathique. Moi je ne lui trouve pas de circonstance atténuante, je ne lui trouve pas d'excuse. Donc il ne me touche pas. C'est même l'inverse, il m'énerve. Quand il arrache ses enfants à leur mère pour les laisser livrer à eux même au bout du monde, uniquement pour servir ses ambitions personnelles et ses rêves d'entreprise familiale ça m'agace plus que ça m'émeut. Au niveau des points positifs il y a de bonnes idées dans la narration, ou les bulles imagées entre autre. Les enfants ont plus réussi à m'intéresser. J'étais curieux de voir comment ils arriveraient à se construire au milieu de tout ça. Mais je crois que j'attendais surtout un récit qui me prendrait plus aux tripes, alors que là c'est une succession de chapitres racontant la vie atypique d'un sale type. C'est ce qui fait visiblement l'attrait de cet album qui repose sur ce personnage, sa personnalité et sa vie mais moi ça ne m'a pas parlé plus que ça. Un pas mal sans plus, en ce qui me concerne.

30/11/2021 (modifier)
Par Solo
Note: 5/5
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Une merveille de 180 planches. Si vous n'êtes pas tenté par le scénario au premier abord, alors un conseil: commencez par le graphisme en ouvrant le bouquin pour changer d’avis. Rien que les couleurs valent le détour. Et puis le dessin fait que l’ensemble mérite d’être parcouru juste pour le bonheur des yeux. C’est chaud et riche, on se fait plaisir du début à la fin, c'est fou... Le dessin de Pierre-Henry Gomont me semble franchement singulier, et j’ai tout de suite été conquis. Sa façon de crayonner sur chaque case dégage comme de « fausses imperfections » sur le trait des personnages. Mais on voit bien dès le départ que Gomont est un grand dessinateur et que cela est tout à fait maîtrisé. Le style est brut, franc. Les décors, les ombres, le remplissage, les arrière-plans, tout ça est griffonné pour s’adapter parfaitement au récit et (surtout) aux personnages : chacun a l’esprit embrouillé par toutes ses situations où personne ne trouve son compte, ni sa place. Pour animer le récit, l’auteur joue admirablement avec chaque code de la BD aussi : ces « bulles dessinées » qui viennent traduire les pensées affreuses des personnages face au comportement abject de Gabriel, le jeu de présence plus ou moins forte de la fumée de cigarette selon les émotions, ces bulles encore qui finissent en éclair ou en boucle pour illustrer la colère ou la douceur, et puis il y a tout ce que j’aime aussi : ces petites cases laissant place au silence, pas si nombreuses donc tellement puissantes et qui veulent dire tellement de choses ici… Bref Pierre-Henry Gomont a dompté tous les éléments de la BD pour confectionner un roman graphique particulièrement grandiose… L’écriture est parfaite pour moi, la narration est bien équilibrée avec les dialogues. Tout cet ensemble dégage une vraie profondeur pour tous ces personnages qui n’arrivent pas bien à profiter, tout le temps brouillés, jamais l’esprit clair. Gabriel dégage un fantastique mystère alors que ses émotions sont franches et visibles (selon la fumée de sa cigarette), il est détestable et on a pitié de lui, sauf qu’on le trouve attachant aussi... Un connard sympathique expliquait Pierre-Henry Gomont, et la définition se lit très bien ici… Dans l’ensemble je suis empathique auprès de tout le monde, ce récit est vraiment super touchant et la fin a bien failli me faire craquer. Il existe des idées très fortes à tirer du récit je trouve, et l’auteur a l’habileté de ne pas rentrer dans la leçon de vie ! On a tous ces histoires de famille, histoires plus ou moins graves, avec des proches plus ou moins cons, voir qu’on ne peut pas piffrer. Et pour autant, ce lien familial est noué aussi avec le lien intime et affectif. C’est cette sorte de paradoxe que l’auteur veut raconter. Et c’est magnifiquement amené. Superlatifs à foison pour ce bouquin, et c’est vrai que je ne peux que vous en conseiller la lecture et la possession, car c'est une très grande BD.

08/04/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

J’ai vraiment bien aimé cette lecture. Gomont a réussi à développer une histoire et à me captiver, sur une base qui aurait pu paraitre étriquée, mais là, la narration (souvent très « littéraire » - dans le bon sens du terme), le dessin, tout est bon. Le petit texte d’introduction laisse à penser qu’il y a là quelque chose d’en partie autobiographique, même si on ne sait pas à partir de quel moment Gomont s’est affranchi de la réalité. Toujours est-il que l’histoire de ce bonhomme, Gabriel, égoïste, hédoniste, aveugle à ce qui pourrait le faire dévier de ses idées de fonceur (il y a un peu de Fitzcarraldo en lui, dans ses rêves de redresser le domaine africain, qui lutte contre la forêt envahissante comme lui lutte contre les créanciers et les charognards qui guettent sa ruine), se révèle intéressante, et nous fait découvrir une personnalité plus complexe qu’il n’y parait. En effet, l’égoïsme a parfois la couleur de l’amour, et ce type, qui brûle la vie par les deux bouts, cherche aussi un havre où se poser. Les relations qu’il entretient avec son « domaine » africain, mais aussi avec sa « famille » (horrible avec sa femme, ambivalent avec ses trois enfants) font le sel de l’intrigue. En particulier pour tout ce qui tourne autour de Simon (alter ego de Gomont ?). Gomont réussit quand même à rendre attachant Gabriel, pourtant détestable par bien des points. Quant au dessin, très nerveux, avec un trait au rendu brouillon, il convient parfaitement à la personnalité de Gabriel, et aussi à cette histoire, brossant à gros traits une vie de famille, où rien n’est clair, où tout va vite et loin. Dessin dynamique donc. Bref, chouette histoire dont je vous recommande la lecture.

14/03/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Yannou D. Yannou

Il y a un côté romanesque très réussi dans cette bd. C'est assez rare. Dans le fond il n'y a rien de nouveau et pourtant tout fonctionne, on est happé par cette bd romanesque. Je crois même que c'est la première fois que j'aimerais donner le nom de "roman graphique" à une bd alors que dans la définition généralement admise ça ne s'y prêterait pas trop dans ce cas précis. Les dessins et la colorisation sont en parfaite adéquation avec l'histoire. Des dessins très lâchés, très élégants et pas prétentieux. En clair j'ai beaucoup aimé !

22/02/2021 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

Allez y... vous serez embarqués dans le monde des ados rebelles ingrats, des expats d'Afrique noire néo-coloniaux, des adultes portant péniblement leurs failles, leurs maladresses, des familles disloquées dysfonctionnelles. Ce récit juste ne s'égare pas. Il navigue avec intelligence en mélangeant tous ces mondes dans une belle harmonie, une lecture fluide et crédible. Le dessin très personnel rend parfaitement les ambiances des lieux, les émotions des protagonistes. Belle réussite.

05/04/2020 (modifier)