Les Éternels (Jack Kirby)
La dernière grande saga qu'à créé Jack Kirby pour Marvel.
Marvel Super-héros Univers des super-héros Marvel
Jack Kirby révèle l'histoire secrète des Éternels et des Déviants, et de la bataille qu’ils se livrent pour hériter de la Terre. Une saga complète du King des comics. Texte: L'éditeur
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Date de parution | 08 Novembre 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Les Célestes reviennent pour juger la race humaine. - Ce tome contient l'intégralité des épisodes de la première série des Éternels. Il regroupe les épisodes 1 à 19, ainsi que le numéro annuel 1, initialement parus de 1976 à 1978, créés, écrits et dessinés par Jack Kirby qui a également la fonction de responsable éditorial. L'encrage et le lettrage ont été réalisés par Mike Royer pour les épisodes 5 à 19 et le numéro annuel. John Verpoorten a encré les épisodes 1 à 4. La mise en couleurs a été réalisée par Glynis Wein. Quelque part sous les plaines des Andes, une petite équipe de fouille archéologique a découvert un site inca d'une richesse inouïe. Il se compose du professeur Daniel Damian, de sa fille Margo Damian, et de leur guide Ike Harris. Ils se tiennent devant la chambre des dieux de dimensions gigantesques, avec la plaque de la galaxie et une statue d'une dizaine de mètres de haut représentant le dieu dans son vaisseau avec une dizaine d'incas en train de le pousser. Chaque artefact évoque une technologie spatiale, traduite en termes de mythologie. Dans la chambre suivante, ils découvrent la statue de trois êtres anthropoïdes dans ce qui ressemblent à des combinaisons spatiales, en train de descendre vers la Terre. le professeur et sa fille avancent dans les différentes pièces, Ike Harris les accompagnant tout en filmant. Il commence à émettre des hypothèses : il estime que ce qui est représenté n'est pas que l'histoire de l'humanité, mais aussi celle de races divergentes. le professeur et sa fille ont du mal à croire qu'il tienne de tels propos. Ike Harris continue : il est à la recherche d'un objet qui devrait se trouver dans ces lieux : un objet permettant d'appeler les dieux qui reviendraient alors sur Terre. Pendant ce temps-là, un étrange événement survient au-dessus des eaux du Pacifique : un avion de chasse pénètre dans une turbulence d'énergie, et le pilote n'a d'autre choix que de s'éjecter. Cette étrange boule d'énergie est le fait de Kro et de son équipage, un des chefs des Déviants. Il va rendre compte à Tode, le roi des Déviants. Ce dernier lui confirme que les dieux sont sur le chemin du retour. Il n'a pas besoin d'en dire plus : Kro comprend parfaitement les conséquences pour leur race, et il accomplira sa mission qui est de localiser la balise qui appelle les dieux et de la détruire. Peu de temps après, il quitte la capitale engloutie de la Lémurie, à bord d'un sous-marin avec une petite troupe. Dans la chambre des dieux, Ike Harris a mis à jour une sorte de dispositif s'apparentant à un télescope futuriste. Daniel et Margo Damian sont convaincus de son savoir et l'écoute. Il révèle que son vrai nom est Ikaris, et il se lance dans une explication fantastique. Tout a commencé avec la venue des dieux sur Terre quand celle-ci n'était encore peuplée que d'animaux sauvages. Les dieux sont alors intervenus dans le processus de l'évolution, modifiant une espèce assez récente, celle des singes. C'est ainsi qu'ils ont donné naissance non pas à une race, mais à trois : celle des déviants, celle des humains, et celles de éternels. En 1975, Jacob Kurtzberg revient chez Marvel, après avoir réalisé plusieurs séries chez DC Comics, dont celles du Quatrième Monde. Il commence par reprendre la série Captain America, personnage qu'il avait créé en 1940 avec Joe Simon. Puis il lance série The Eternals, avec de réaliser successivement celles de 2001 l'odyssée de l'espace, puis Machine Man, Devil Dinosaur, Black Panther, et enfin une dernière histoire de Silver Surfer avec Stan Lee. Avec le palmarès de Jack Kirby, le lecteur s'attend à plonger dans une série intégrée à l'univers partagé Marvel. Il n'en est rien : il y a bien Hulk dans les épisodes 14 à 16, mais il s'agit en fait d'un robot (c'est révélé dès le départ), et n'importe quel autre robot doté d'une force physique conséquente aurait pu faire l'affaire. Il s'agit donc bel et bien d'une série indépendante de l'univers Marvel, développant sa propre mythologie interne, et même son propre panthéon de dieux. le point de départ est très proche de la théorie fumeuse présentée dans l'ouvrage Présence des extraterrestres (1969, Erinnerungen an die Zukunft, Ungelöste Rätsel der Vergangenheit / Chariots of the gods) de Erich von Däniken : la théorie des anciens astronautes et de l'astroarchéologie. Certains artefacts culturels archéologiques constitueraient la preuve de la présence d'extraterrestres sur Terre, théorie dont chacune des preuves avancées par l'auteur ont été prouvées totalement idiotes, mais ayant laissé de belles traces dans l'imaginaire collectif. Dès le premier épisode, l'auteur développe le principe de sa série : lors de l'évolution de l'humanité, il n'y a pas eu que des Homo Sapiens, mais aussi des éternels et des déviants, et ces races ont été manipulées par la première vague des Célestes, des extraterrestres géants humanoïdes. Ces derniers sont de retour sur Terre pour la quatrième fois, pour juger le développement de leurs créatures, leur mérite, et savoir s'ils mettent fin à cette expérience ou non. Les Éternels ont vécu isolés des êtres humains, et ils accueillent cette quatrième venue. Les déviants ont également vécu à l'écart et sont bien décidé à se venger de leur destinée en s'attaquant aux Célestes. Les humains découvrent qu'ils ne sont pas la seule race dotée d'intelligence sur Terre. Au début, l'affaire semble entendue d'avance : les Éternels vont protéger les Célestes pour éviter que ceux-ci n'éradiquent la vie sur Terre avant le terme de leur jugement qui doit intervenir dans 50 ans, contre les attaques des déviants, et contre les attaques des humains apeurés. Kirby dispose d'un bon encreur pour commencer, puis de son excellent encreur attitré de l'époque : c'est un festival de ses idiosyncrasies visuelles. Qu'il en soit déjà familier ou non, le lecteur les identifie rapidement : personnages en gros plan regardant directement vers le lecteur, tourbillons d'énergie sous forme d'essaim de points noirs (Kirby Crackles), architectures antiques démesurées, personnages en mouvement dans la plupart des cases, vêtements prêts du corps pour mettre en valeur la musculature des hommes, la grâce des femmes, gros monstres pas beaux de type série Z, costumes baroques aux couleurs criardes, combats physiques plein de force mais sans blessure apparente, expressions de visage souvent intenses et peu naturelles. Comme bien des comics de cette époque, celui-ci fait son âge : apparence de la narration visuelle destinée à des enfants, dialogues empesés et emphatiques, explicatifs et artificiels, résolution de tous les conflits par la force physique. Il est possible de considérer ces caractéristiques comme des conventions de genre spécifiques aux comics de superhéros de l'époque, pouvant obérer le plaisir de lecture jusqu'à le réduire à néant, ou à prendre comme un marqueur temporel n'empêchant pas de s'intéresser au récit. Pour les séries réalisées chez DC Comics, Jack Kirby avait opté pour une ouverture commençant avec un dessin en pleine page, puis un dessin en double page. Il met en œuvre ce principe dans 10 épisodes sur 20 (19 + 1 annuel) de la présente série. le lecteur ne peut pas empêcher sa bouche de s'ouvrir en signe de stupéfaction devant le spectacle de la statue monumentale inca, en forme de casque de pilote, puis devant la double page montrant un dieu dans son chariot spatial. Ces pages en mettent plein la vue : l'arrivée de la navette des Célestes, Arishem dont le corps gigantesque ne rentre pas dans une double page, les déviants sur les toits de New York ouvrant le feu sur Ikaris, la nuée d'Éternels dans le ciel pour aller former l'Uni-Mind, etc. L'artiste sait sublimer ses compositions pour tirer des représentations empruntes de naïveté vers une force brute, un expressionnisme teinté d'abstraction extraordinaire. À plusieurs reprises, les gratte-ciels de New York se parent de motifs abstraits noirs, formant un environnement mystérieux et primitif saisissant. Jack Kirby transforme un mode narratif à destination des enfants, en un mode d'expression dont la forme a été triturée pour exprimer la majesté des Célestes, la force des déviants, l'élégance des Éternels, la fragilité des humains, l'étrangeté du monde normal ayant perdu son caractère familier du fait de la présence révélée de créatures jusqu'alors cachées, et pourtant pour partie familière. En effet, quelques déviants et quelques éternels avaient évolué au milieu des humains à différentes époques donnant ainsi naissance à des légendes, Ikaris pour Icare (Icarus en anglais), Sersi pour Circé, Makkari pour Mercure, etc. Au fil de ces 20 épisodes, l'auteur met à profit cette mythologie créée de toutes pièces, en opposant les déviants aux éternels, mais bien vite en dépassant cette dichotomie simpliste et en proposant d'autres aventures dans lesquelles les déviants n'ont pas le mauvais rôle, et même les éternels peuvent avoir le mauvais rôle. Il donne à voir plusieurs Célestes vaquant à leurs occupations indéchiffrables : Arishem, Eson le chercheur, Nezzar le calculateur, Hargen le mesureur, Oneg le sondeur, Ziran le testeur. le lecteur ressent la singularité de cette mythologie. Il ne la prend bien évidemment pas au premier degré : trop flamboyante, trop merveilleuse, une littérature de l'imaginaire. Dans le même temps, comme dans un conte, il saisit le sens métaphorique de certaines images. Ces Célestes tout puissants se livrant à des activités insondables, écrasant les autres de leur toute puissance, comme l'image qu'un jeune enfant peut se faire de son père, ou des adultes mâles. Les traces culturelles laissées par les contacts avec les Éternels, comme la preuve patente du merveilleux présent dans le monde, comme le principe d'archétypes jungiens présents dans la culture humaine, comme des phénomènes incompréhensibles par l'esprit humain ayant donné naissance à des légendes. La merveilleuse Uni-Mind comme l'allégorie de l'intérêt général primant sur l'intérêt particulier. Etc. À l'opposé d'une série pétrie de continuité, le lecteur découvre une histoire indépendante, une nouvelle mythologie créée de toutes pièces par la puissance de l'imagination de Jack Kirby. Sous réserve de ne pas être allergique à certaines caractéristiques datées de la narration, il plonge dans une interprétation du monde, fantastique et merveilleuse, avec la convention du conflit physique comme matérialisation des antagonismes, des conflits d'intérêt. Il en prend plein les yeux avec des images parfois naïves, souvent puissantes et inventives. Il découvre une oeuvre d'auteur, marquée de la personnalité de son créateur, à la fois par sa lourdeur par certains côtés, à la fois par son sens du merveilleux et de l'action par d'autres.
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