Fêtes Himalayennes - Les derniers Kalash
Voyage à la rencontre d'un peuple chamaniste du Pakistan dont les traditions et la culture sont vouées à disparaître
Afghanistan Documentaires L'Himalaya La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Photo et dessin Photographie Tribus et peuples isolés
Dans les vallées reculée de la frontière Pakistano-afghane, les 3.000 derniers Kalash de l'Himalaya tentent de préserver leur culture et leurs traditions ancestrales, désormais menacées par l'islamisation de la société et le monde moderne. A l'approche du solstice d'hiver, les Kalash chantent et dansent pour la renaissance des saisons et la fertilité de leurs cultures. Ils prient les dieux et les esprits de la nature, dialoguent avec les fées et écoutent les instructions du chamane. C'est pour vivre de l'intérieur l'événement le plus sacré de la tradition que Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre et Hervé Nègre ont intégré le quotidien de ce peuple, appris leur langue et adopté leurs rites.
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Date de parution | 09 Janvier 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C'est avec admiration que l'on peut saluer le long travail de Viviane Lièvre, Jean-Yves Loude et Hervé Nègre pour faire connaître la communauté Kalash et ses coutumes. Pendant plus de 15 ans, au prix de nombreux allers-retours à proximité d'une zone de guerre atroce, les trois auteurs ont fourni un travail d'intégration et d'observation qui a servi de matrice à cet ouvrage. Le dessin d'Hubert Maury (Le Pays des Purs) est postérieur mais il est fin connaisseur de la région ce qui lui permet de ne pas trahir l'esprit du documentaire. Son graphisme de style reportage est bon et procure un dynamisme au récit que n'aurait pas pu fournir les nombreuses photos qui s'intercalent et illustrent le récit. Ces deux visuels sont très complémentaires et donnent beaucoup de lisibilité à l'ouvrage. Comme le titre l'indique le récit est assez discret sur la vie au quotidien des Kalash et s'attache pour l'essentiel aux fêtes toujours à connotations religieuses et aux rites de passages des habitants. Cela donne une ambiance gaie, pacifique, consensuelle et très sympathique qui développe une image très empathique pour cette communauté. Avec un peu de recul il y a bien des points qui me seraient inacceptables : la séparation purs/impurs ou hommes/femmes, le choix d'une tradition orale qui plonge une grande partie de la communauté dans l'illettrisme toujours problématique. Il y a aussi cette limite d'une médecine traditionnelle qui n'empêche pas une forte mortalité infantile. Mais cette communauté qui vit en quasi-autarcie est surtout victime de son terrible environnement politique et géographique. L'ouvrage est aussi une invitation à respecter la liberté de ce petit peuple, c'est un droit universel et les auteurs ont le grand mérite de nous le rappeler.
BD-documentaire empruntée par curiosité à la bibliothèque. Je dois dire que la couverture et le style du dessin ne m'attiraient pas énormément, mais ça a été une belle surprise. On suit le voyage de 3 reporters au sein du peuple Kalash. La BD mêle du dessin et des photos réelles. Très touchant. On sent vraiment le lien que les reporters ont tissé avec les membres du peuple. Également très instructif sur ce peuple méconnu et ses traditions. Cela m'a rappelé que des gens sur terre vivent d'une toute autre façon que nous, et que la société occidentale est loin d'être le seul modèle existant. Hormis pour la place qu'a la femme dans la société Kalash, nous avons des choses à apprendre de ce peuple vis à vis du lien avec la nature, de la tolérance et de la générosité.
Cette BD m'a permis de découvrir un peuple dont j'ignorais tout, doté d'une culture tellement originale et différente de celles des nations qui l'entourent qu'on pourrait presque la croire fictive. Comment imaginer en effet qu'en plein Pakistan musulman, non loin de la frontière d'Afghanistan et de ses talibans, vivent quelques milliers d'hommes et de femmes du culture purement chamanique, avec des rites, des costumes et des croyances n'ayant rien à voir avec les religions du Livre à la présence pourtant si impitoyable sur place. Plutôt que de nous offrir un documentaire classique et un peu ennuyeux, les auteurs de cette BD nous proposent de suivre le parcours de 3 ethnologues français qui ont choisi, à partir de la fin des années 70, d'aller vivre avec ce peuple durant des mois, étalés sur plusieurs années, pour s'imprégner de leur culture et se mêler à eux pour mieux les découvrir. Ils sont ainsi devenus leurs amis et leurs porte-paroles pour permettre au monde d'apprendre qui ils sont et de permettre à leur peuple de ne pas disparaître dans l'oubli et l'assimilation forcée. C'est vraiment un peuple charmant qu'on nous amène à découvrir. Même si je tique toujours un peu quand une culture impose une forme de ségrégation entre hommes et femmes, ce qui est le cas ici, les Kalash ont l'air de vivre en belle harmonie et avec une ouverture d'esprit bienvenue. J'ai notamment beaucoup aimé leurs rituels de camaraderie et d'alliances entre villages consistant à se défouler à coups d'insultes mutuelles et de comportements grivois, le tout avec le sourire. C'est amusant et en même temps, ce n'est pas bête du tout sur le principe. Cette BD fut donc pour moi une belle découverte, celle d'un peuple original et visiblement très sympathique, même s'il reste forcément une touche amère de se demander combien de temps sa culture pourra perdurer face à la pression du monde musulman qui l'encercle littéralement et les assimile irrémédiablement.
« Allez parler de nous, chez vous, au-delà des montagnes. Dites au monde que nous existons ». Avec cet ouvrage documentaire, les auteurs ont tenu promesse au villageois qui leur avait tenu ces propos en guise d'adieu. Au printemps 1978, Hervé Nègre, Viviane Lièvre et Jean-Yves Loudes ont ainsi quitté leurs emplois respectifs et leurs vies confortable en France, sans prévoir que l’aventure allait durer quinze ans !, Car ce témoignage est bien plus qu’une simple « visite au zoo » puisque ces derniers ont partagé le quotidien de cette peuplade, les Kalash, réduite aujourd’hui à quelque 3.000 âmes, adoptant leurs coutumes, apprenant leur langue, participant à leurs fêtes et abandonnant leurs vêtements occidentaux pour revêtir les tenues locales. En évitant bien évidemment tout jugement, se fondant dans la communauté dans un processus de mimétisme assez incroyable. Ce documentaire suit au plus près les pratiques festives de ces hommes et ces femmes, retranscrit grâce au dessin simple mais descriptif de Hubert Maury. Chaque événement, calqué sur les saisons, semble réglé comme une horloge suisse, avec son lot de rituels millénaires destinés à s’attirer les faveurs des dieux par rapport aux récoltes. C’est parfois drôle et inattendu (la séance d’insultes entre les femmes et les hommes lors de la fête Sarasari), parfois moins car lesté d’un paternalisme un peu poussiéreux faisant que les femmes sont considérées comme impures et n’ont pas accès à certains lieux. Mais cela sera peut-être le seul point commun avec l’Islam, et pour un peu, ce pays pourrait presque s’appeler « Bisounours Land » si ce n’était pour le voisinage agressif des Talibans mettant en péril leurs pratiques les moins conformes au Coran. Même si aucune image forte ne ressort véritablement de cet album, ce dernier se laisse lire sans déplaisir. Certes, on n’a pas non plus vraiment affaire à une tribu aborigène oubliée dans la course au progrès, mais il est intéressant de voir qu’une société si différente ait pu survivre si longtemps face à un monothéisme aussi prédominant qu’est l’Islam, moins tolérant que jamais vis-à-vis des autres cultures. Sans doute, leur isolement géographique y est pour quelque chose. Les photos d’Hervé Nègre s’intègrent parfaitement parmi les dessins, qui ont repris la même gamme de couleurs. Bien sûr, la technique n’a rien de nouveau, un certain Emmanuel Guibert l’ayant déjà exploitée dans Le Photographe, et d’autres après lui. Au final, « Fêtes himalayennes » s’avère être un témoignage sympathique par des personnalités curieuses et généreuses à travers leur soutien à une cause, la défense des derniers Kalash, dont on ne peut prévoir si elle n’est pas déjà perdue d’avance. Un emprunt en bibliothèque peut suffire.
Cet album, publié à l’occasion de l’exposition « Fêtes Himalayennes, les derniers Kalash » présentée au musée des Confluences à Lyon, raconte les multiples séjours de 2 ethnologues et 1 photographe français chez ce peuple méconnu dans les années 70 et 80. Les trois mille derniers Kalash de l'Himalaya tentent de préserver leur culture et leurs traditions ancestrales, menacées par l'islamisation de la société́ et le monde moderne. On y découvre un peuple simple, souvent illettré, dont la vie est rythmée par les récoltes, l’élevage, et surtout les multiples croyances et célébrations païennes qui ponctuent le calendrier. Il est fascinant d’y retrouver des similarités avec nos célébrations de Noël (les vraies, avant que les chrétiens ne décalent la date de naissance de Jésus pour coïncider avec le solstice d’hiver), la signification originale des cadeaux, de la bouffe, des lumières sur le sapin etc. A noter que l’adage « c’était mieux avant » montre ici ses limites. On retrouve avec fascination (mais aussi un peu de dégout) des traditions quand même bien arriérées (ségrégations des femmes, considérées impures, sacrifice de pauvres bêtes pour apaiser les dieux, chasses aux sorcières). Nos 3 aventuriers ne jugent pas (ou peu) pour autant, et font de leur mieux pour s’intégrer et apprendre la langue et les traditions indigènes. La mise en image d’Hubert Maury (auteur de l’excellent Le Pays des Purs, dans un genre similaire et toujours chez La Boîte à Bulles) est exemplaire. Le dessin est maitrisé et lisible, et agrémenté de superbe photographies et dessins fournis par l’équipe originale (Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre et Hervé Nègre), un peu dans le style de la référence du genre photo-dessiné : Le Photographe. Les photos sont superbes, souvent en couleurs, et ajoutent vraiment une dimension émotionnelle au récit (je pense notamment aux portraits magnifiques). Un album fascinant.
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