Indélébiles
2019 : Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage. Indélébiles : comme les taches d’encre sur les doigts et les souvenirs que retient Luz de sa carrière de dessinateur-journaliste à Charlie Hebdo. Indélébiles : un livre résolument optimiste à l’humour communicatif, où Luz vous fait partager l’intimité de ce journal, et aussi son amour du dessin.
Autobiographie Charlie Hebdo Nouveau Futuropolis One-shots, le best-of Prix France Info Profession : bédéiste
De 1992 à 2015, Luz a dessiné toutes les semaines pour Charlie Hebdo. Jeune provincial puceau arrivé à Paris,il rencontre Cabu qui le prend sous son aile et l’entraîne à La Grosse Bertha, qui devient Charlie Hebdo. Avec le temps il devient l’un des piliers du journal. Dans un long rêve, il égrène ses souvenirs : ses amis, Charb, Tignous, Gébé, Catherine Meurisse…, le premier reportage en banlieue, aux USA, la tournée en Bosnie en guerre avec le chanteur Renaud, son infiltration au RPR, les manifs… Et la vie de bureau, les bouclages, les unes, Johnny. Enfin, il y a surtout la présence de Cabu, le mentor, jamais avare de conseils, qui essaie par exemple de lui apprendre à dessiner discrètement dans sa poche. C’est un Charlie Hebdo inconnu qui nous est présenté ici car, comme l’explique Luz : « Tout ce que vous connaissez ou croyez connaître de Charlie Hebdo ne se trouve pas dans ce livre ». Texte: L'éditeur
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Date de parution | 01 Novembre 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un retour en arrière, un hommage aux années passées chez Charlie Hebdo, avec toute l’ironie, la tendresse et l’humour de Luz. Le livre fonctionne comme une collection de petits moments, des saynètes qui nous plongent dans l’ambiance de la rédaction, aux côtés de Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, et tous les autres. Ce qui ressort surtout, c’est l’aspect humain : on sent que Luz nous invite à partager les souvenirs d’une bande de potes qui déconnent, mais aussi qui bossent dur. Le ton est souvent léger, drôle même, avec beaucoup d’autodérision, mais il y a toujours cette touche d’émotion en toile de fond. C’est un peu comme si Luz nous disait : “C’était ça, notre vie à Charlie, pleine de rires, de coups de gueule, de blagues potaches, mais aussi de passion pour le dessin et la liberté d’expression.” Le contraste entre l’humour et la gravité des événements qui ont suivi donne une dimension particulière à ces moments. Graphiquement, c’est du Luz pur jus. Les dessins sont expressifs et spontanés. Chaque personnage est croqué avec beaucoup de tendresse, et on reconnaît immédiatement les visages familiers de Cabu ou Charb, toujours avec ce style un peu lâché, typique de Luz. Le tout est très vivant, on a l’impression d’être là, dans la rédaction, au milieu des blagues et des coups de crayon. Touchant, vraiment. Au final, un album qui touche autant qu’il fait rire. C’est une sorte de célébration de ce que c’était de faire partie de cette équipe, avec tout ce que ça implique de moments délirants, mais aussi de travail. Un témoignage à la fois léger et poignant, j'ai beaucoup aimé.
J'ai beaucoup aimé cette BD, qui fait une sorte de suite/complément à Catharsis, du même auteur. Après la BD sur la tragédie et la perte, le voici revenue sur la vie et le passé. A travers l'évocation de ses souvenirs, nous revivrons son arrivé à Charlie Hebdo, sa découverte des autres collaborateurs du journal (Charb, Cabu, Gébé ...) et son apprentissage du journalisme satirique. La Bd est réellement prenante, a travers le regard de Luz, c'est tout un pan du journalisme français qui se dévoile. La caricature comme arme d'humour et de réflexion politique, la volonté de n'épargner personne, pas même ceux qui aiment le journal. On passe sur l'adolescence de l'auteur, sa jeunesse et la rencontre avec Cabu, son grand ami. C'est amusant de constater que Cabu était à la fois une idole de jeunesse, un mentor, un ami et un collègue. C'est probablement le collègue qui est le plus représenté à travers les pages, et l'on sent l'amour qu'avait Luz pour le papa du Grand Duduche. Les autres collègues ne sont pas en reste, et on sent la camaraderie et l'amitié qui régnait dans les locaux et la rédaction. Mais c'est aussi en dehors, avec les manifs, les reportages, les découvertes des actions militantes. La gauche "sale gosse" qu'incarnait Charlie Hebdo, aussi, progressivement enfermé dans un cercle de moquerie puérile peut-être moins efficace et moins dérangeant. On passe du subversif au transgressif. Bref, cette BD est à la fois une belle histoire, où l'on sent l'hommage aux potes et à ceux qui étaient là, mais aussi une BD sympathique sur les coulisses de Charlie Hebdo. Le dessin retranscrit l'atmosphère de camaraderie, de travail mais aussi les moments plus sombres, lorsque le malheur s'invite parfois. C'est dynamique, rythmé, drôle et prenant. Une petite réussite !
Victime d'une insomnie, Luz égrène toute une suite de souvenirs. Il nous fait ainsi partager des tranches de vie de Charlie Hebdo, la plupart du temps de franches rigolades. La galerie de personnages marquants est vaste, à commencer par Cabu (Ouais, Câbu ! Récré A2 !), mentor bienveillant, et Charb, pote polisson à l'humour potache et pipi caca bite (aaah, le coup du fax !). Le ton et le dessin de Luz sont la plupart du temps légers et drôles, présentant un regard optimiste et confiant, et c'est un petit bonheur que de lire ces anecdotes. Certes pas toujours tordantes, on ne peut cependant retenir des éclats de rire, parfois totalement impromptus, et d'autres sont tout simplement une longue tranche de fou rire. Entrecoupé de passages au présent au dessin très reconnaissable, l'ensemble commence surtout par un cauchemar, dans lequel il rentre dans la salle de rédaction où tout le monde s'active. Mais il ne peut plus parler. Et personne ne le voit. Et le tout s'achève dans des souvenirs qui fluctuent, dans une rédaction où tout le monde s'efface et où il ne reste qu'une page blanche. Pour finir sur les tâches d'encre sur la main de Luz qu'il nous montre, main tenant un crayon et doigt fièrement brandi. En défi à la mort, à l'absence, à l'oubli. Car là où Dessiner encore par exemple, montrait l'absence et le traumatisme, Luz a choisi dans Indélébiles de montrer la présence. Présence à travers ses souvenirs. Présence à travers ce livre. Présence dans nos mémoires à tous. Et c'est en creux qu'il faudra deviner ce qu'il ne dit pas dans cette lecture marquante.
Je ressens beaucoup de sympathie envers ce microcosme de dessinateurs provocateurs gauchistes anticonformistes... Ou alors d'adolescents attardés obsédés pour d'autres ! Déjà ce récit nous donne à voir le fonctionnement de cette institution qu'est Charlie Hebdo. Un reportage sur une organisation de reporters ! Toujours intéressant à savoir. Mais aussi, on découvre avec bonheur tous ces noms célèbres du dessin satirique se lancer des blagues de teub tout en voulant changer le monde avec de simples dessins et un verre de blanc à portée de main. Et surtout, le talent de Luz pour mener ce récit ! Sa sensibilité me touche à chaque fois. Son art de conteur me tient scotché au récit. La beauté de ses dessins et leurs découpages m'enchantent. Bravo !
Luz n’a jamais autant publié (peut-être ne lui a-t-on jamais fait autant de propositions aussi, je ne sais pas) que depuis le massacre perpétré par les séides de Daech à la rédaction de Charlie Hebdo. Plusieurs de ces publications affichent une volonté cathartique, comme celle-ci – mais par un biais différent que Catharsis par exemple. Ici, Luz nous retrace son passage dans la rédaction de ce journal provocateur (et illustre bien son fonctionnement tantôt anarchique, tantôt autogestionnaire, qui faisait fi des egos de chacun). L’ensemble s’étale sur une très longue période, et il s’agit d’une suite de « moments » choisis, qui s’enchainent en faisant sens, en donnant une belle illustration de l’effervescence, de la camaraderie, de la vie – dans ses excès et sa mauvaise foi parfois – qui animaient cette rédaction. L’autodérision, l’humour (pas toujours si noir que ça finalement) dominent, et rendent cette lecture très agréable. Les passages au festival d’Angoulême (avec les annonces bidons faites aux hauts-parleurs) sont très drôles. On devine aussi que Luz se sentait plus proche de certains des dessinateurs de Charlie : Charb et son flot de vannes scato/trash/pipi-caca. Mais surtout on sent bien l’admiration qu’il ressentait (comme tous les autres) pour Cabu, sorte de mentor, de grand frère, de père. Seules les dernières pages laissent passer en filigrane la douleur, la perte, l’incompréhension qui dominent après l’attaque de janvier 2015. C’est donc un album dont je recommande la lecture – et pas seulement aux amateurs de Luz ou de Charlie Hebdo.
Luz raconte des souvenirs du temps où il était à Charlie Hebdo. Les anecdotes tournent autour de sa carrière et de ses relations avec les autres personnalités du journal (surtout Cabu qui état un genre de mentor pour lui). Si vous voulez un livre qui parle de l'histoire de Charlie, passez votre chemin parce qu'au lieu de sujet comme le procès avec Choron, on a droit plutôt à des anecdotes de Luz sur des reportages ou encore des problèmes que rencontre les dessinateurs lorsqu'ils dessinent à la rédaction. Ce sont des anecdotes intéressantes et remplient d'émotions. Le dessin de Luz est excellent comme d'habitude et il sait comment bien communiquer les sentiments qu'il éprouvent. C'est une lecture à la fois rigolote et un peu triste. On retrouve un peu l'esprit de Charlie vu que dans plusieurs anecdotes les gens vont très loin dans l'humour noir et la déconnage (je pense notamment à pratiquement tout ce que Luz et ses potes font durant l'Angoulême de 1996). La narration est très fluide.
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