Morts par la France
Récit des recherches historiques effectuées dans les années 2000 par Armelle Mabon, sur le massacre de Thiaroye perpétré par l’armée française sur des tirailleurs sénégalais en décembre 44.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Afrique Noire Ecole Emile Cohl Les petits éditeurs indépendants
Armelle Mabon, ancienne assistante sociale reconvertie en historienne, se souvient comment elle a découvert un dossier brûlant à travers un poème de Léopold Sédar Senghor. A l’époque, au début des années 2000, alors qu’elle est thésarde dans une université de Bretagne, elle travaille sur la Mémoire des soldats indigènes qui ont combattu sous le drapeau français durant la seconde guerre mondiale. Pour les besoins de ses recherches, elle se rend au Sénégal, après avoir établi un contact avec Biram Senghor, le fils d’un tirailleur emprisonné dans un Frontstalag près de Rennes. En effet, son père Mbap Senghor était indigène dans l’ancien royaume de Sine, lorsqu’il avait été réquisitionné d’office et envoyé se battre pour la France colonisatrice en 1940. Biram évoque alors les tragiques « évènements » du camp militaire de Thiaroye, le 1er décembre 1944, lors desquels son père a été assassiné. Il récuse alors la version officielle de la mutinerie responsable du massacre de 35 tirailleurs sénégalais par l’armée française. Selon les archives de l’armée, cette mutinerie était due à une revendication salariale non légitime : les tirailleurs réclamaient une solde qui leur avait déjà été versée. Selon Biram, ce sont plusieurs centaines de ses compatriotes qui ont en réalité été massacrés, pour d’infâmes raisons économiques…
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Date de parution | 02 Mai 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cette BD m'a mis mal à l'aise pour deux raisons. La première est qu'elle fait la lumière sur un vrai drame de la France Coloniale, un massacre inacceptable de tirailleurs sénégalais par l'armée française elle-même alors qu'ils devaient être démobilisés après la fin de la seconde Guerre Mondiale. Ça me fait toujours mal de voir les erreurs et crimes que les autorités de mon pays ont pu réaliser par le passé. Et je me sens d'autant plus concerné que j'ai moi-même un long passé africain même si je n'ai jamais vécu au Sénégal. Faire la lumière sur de tels actes est certes instructif et louable mais en même temps, j'aimerais tellement que ça n'ait pas eu lieu que ça me plombe le moral de parcourir une oeuvre qui dévoile et détaille de telles choses, même quand c'est fait avec un dessin de belle qualité et une narration fluide et agréable. Mais j'ai aussi été mis mal à l'aise par le parti-pris des auteurs de cet album. Le Massacre de Thiaroye est un fait acté, une tragédie assumée par l'état français et pour laquelle François Hollande est notamment allé s'excuser personnellement à Dakar. Mais il existe une vraie controverse sur le détail de son déroulement, les causes du massacre et sur le nombre de victimes. La version officielle, soutenue par les gouvernements français et sénégalais eux-mêmes mais aussi par des historiens, est que le massacre a découlé d'une manifestation de dizaines de tirailleurs mécontents du paiement en retard de sommes d'argent qui leur étaient dues et d'une tentative musclée de l'armée de remettre ses soldats au pas qui aurait tourné à l'escalade de la violence. Les tirs auraient entraîné la mort de 70 tirailleurs "au moins". A cette version officielle s'oppose celle de l'historienne Armelle Mabon qui, sur la base de témoignages de descendants de victimes ou de survivants du massacre, et sur la base de documents du navire anglais ayant amené les tirailleurs jusqu'au camp de Thiaroye, affirme que non seulement ce sont des centaines de soldats qui ont été tués ce jour là mais aussi que ce sont les officiers français qui ont ordonné délibérément le massacre sans aucune offense physique de la part des tirailleurs, et qu'en plus les militaires français, et peut-être l'état lui-même, ont tout fait pour faire disparaître les preuves et cacher l'ampleur de ce massacre et continuent à le faire aujourd'hui. C'est cette version là que les auteurs ont adopté sans aucune réserve dans cette BD. Outre cette absence de réserves alors que le sujet est nettement matière à controverse auprès des historiens, c'est la manière manichéenne de le faire qui m'a heurté, notamment dans la partie romancée mettant en scène des tirailleurs braves et souriants d'un côté et des officiers français lâches, racistes et sans pitié de l'autre. Ce même biais narratif manichéen se retrouve aussi dans les personnages secondaires : l'ex-compagnon de l'historienne qui est égoïste et borné, l'ami sénégalais qui est doux et compréhensif, l'autre historien qui est arriviste et catégorique dans ses affirmations, le vieux Sénégalais fils d'une victime qui est sage, compréhensif et accueillant envers l'héroïne, etc... Ça ressemble à du militantisme politique et à un réquisitoire d'accusation péremptoire et sans finesse. Que ce type de récit intervienne une fois la lumière totalement faite sur le sujet et que la partie romancée soit réduite au strict minimum, pourquoi pas, mais tant que la controverse est aussi ouverte et quand la partie romancée est si présente et si unilatérale, je me sens mal à l'aise car je ne sais pas du tout sur quel pied danser et qui croire.
Voici une oeuvre un peu polémique qui parle du massacre par la France de ses combattants sénégalais (les fameux tirailleurs) vers la fin du conflit en les massacrant impunément par centaine pour ne pas payer leur solde après de bons et loyaux services. En effet, ils ne sont pas morts pour la France mais par notre pays d'où le titre qui peut prêter à confusion. On dira que c'est encore une exaction de plus du passé colonial de notre pays vis à vis de l'Afrique mais c'est sans doute plus que cela à la lecture des événements reconstitués par cette historienne se basant sur des faits et des preuves. Le thème est celui du massacre de Thiaroye dont je n'avais jamais entendu parler et pour cause. Il s'agit d'un crime de masse qui ne devrait absolument pas passé inaperçu. C'est d'une lâcheté sans nom autour d'hommes noirs qui ont versé leur sang pour la France. Une historienne du nom de Armelle Mabon se bats pour faire reconnaître la vérité depuis plus de 20 ans. C'est toute son histoire qui nous est également racontée car celui lui a coûté également beaucoup au niveau de sa vie privée. En tout cas, ce travail mémoriel a été très bien réalisé puisque j'y crois et que j'ai sans doute un autre regard.
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