Speak
Mélinda, une lycéenne « ordinaire », nous ouvre son journal intime. Elle présente son année de lycée, ses cours, ses profs, ses relations avec les autres et... son drame.
Adaptations de romans en BD Auteurs canadiens Douleurs intimes Gros albums Harcèlement scolaire La BD au féminin Violences faites aux femmes
Avant le grand saut au lycée, une grande fête est organisée pour tous les ados de cet âge. Mélinda a 15 ans, elle se retrouve avec les copains un soir d'été. Elle boit un peu et se laisse approcher par Andy le beau gosse du lycée… Mais voilà, « ça », elle ne le voulait pas et pour cause elle a dit « non ». Elle a refusé, s'est débattue, mais en vain. Elle appelle la police. Mais une fois en ligne, au bout du fil, elle reste muette. Ses camarades, et notamment sa meilleure amie, vont croire qu'elle a juste voulu gâcher la fête. La rentrée arrive et au lycée elle est devenu le paria. Ses anciens amis l'insultent et la méprisent. Incapable d'exprimer ce qu'elle ressent, elle se mûre dans le silence. C'est la chute. Ses parents ne comprennent pas son attitude et ses résultats scolaires s'en ressentent. Seul le cours de dessin l’intéresse, elle dessine ses « bobos », ses monstres, ses angoisses et sa rage. Mélinda ne parle plus, elle est incomprise et perd confiance en elle. Ses journées au lycée sont devenues une torture. Un jour, pourtant, elle parvient à parler... mais bien entendu, c'est une menteuse jalouse !
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Date de parution | 09 Janvier 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Tout tourne autour d’une adolescente, Mélinda, à la fois héroïne et narratrice d’une histoire triste et hélas encore et toujours d’actualité. La majeure partie de l’album nous la montre mutique sombrant dans une forme d’asociabilité, se mettant ou étant mise à l’écart, jusqu’à souffrir de harcèlement (alors même que sa « vie familiale » est atone, voire anxiogène). Mais l’essentiel est ailleurs, car Mélinda a vécu un drame (je n’en dis pas plus, mais on devine de quoi il retourne très rapidement, même si ça n’est véritablement dit que dans les dernières pages) qui explique sa situation et son comportement. Il sous-tend aussi le titre et la fin du récit, lorsque les digues se rompent et que la victime « parle », hurle. J’ai trouvé que le sujet était traité de façon pudique, sans exagérer le pathos, et que l’histoire pouvait avoir un rôle de détonateur pour ceux et celles qui ont souffert des mêmes crimes. De plus – c’est évidemment secondaire, mais ça aide aussi à rendre fluide et agréable ce récit – Mélinda étant nauséeuse, aigrie, dépressive, elle voit tout en noir. Et du coup son regard sur le fonctionnement de son lycée est acerbe, avec quelques passages ironiques ou vitriol sur les « clubs » ‘comme celui des « Marthas »), les pompom girls, et plus généralement tous les phénomènes de cour. Refusant l’aveuglement général, refusant de rentrer dans « le moule », elle écorne le monde de bisounours : ne cherchant pas à plaire, elle dézingue ceux qui deviennent esclaves de leur image (sa « copine » Heather en particulier). Une forte pagination, mais ça se lit très vite (pas beaucoup de texte finalement, et un sujet douloureux traité de façon fluide).
"Speak", c'est un roman américain écrit il y a plus de vingt ans maintenant mais dont la résonance est toujours d'actualité, la preuve en est avec ce roman graphique adapté de l’œuvre et qui a modernisé son propos pour continuer de parler de la même chose et diffuser le même message. Rien que pour cela, je trouve l'adaptation brillante, et cette BD m'a plu. Mais commençons par le début. "Speak", donc, c'est à l'origine un roman (que je n'ai pas vu) mais qui fut adapté en téléfilm en 2004. Ce téléfilm, je l'ai vu et j'en avais été très étonné, avec une Kristen Steward parfaitement dans son rôle et un film petit budget mais néanmoins percutant. Lorsque j'ai vu l'adaptation de ce roman en BD, le visionnage du film était encore bien présent dans ma tête et j'avais envie de le lire, non pas pour l'histoire, mais pour comparer les deux médias et la façon dont les auteurs s'en sont sortis. Si je digresse autant, c'est parce que je considère les deux œuvres comme tout à fait réussi, et le seul bémol que j'ai eu en lisant ma lecture, c'est que chaque adaptation semblant très fidèle au livre, elles sont redondantes entre elles. Une seule des deux suffit, mais si la BD ne vous attire pas, je recommande le film. Bref, après cette petite introduction, je dois dire que la BD est une réussite. Je l'ai lu d'une traite sans jamais souffrir d'ennui même si je connaissais l’œuvre et avait le déroulement précis en tête. La grande crainte que j'avais, c'était une adaptation textuelle et factuelle, sans accorder plus de travail que ça à la transition d'un média à l'autre. Mais heureusement, la dessinatrice a pris le parti de soigner le dessin. Ce sont des pages souvent sans cases, au dessin en noir et blanc qui évolue, change, varie selon les humeurs, les planches, les moments. A travers le dessin, on ressent les émotions du personnage principal, et c'est exactement ce que j'attendais de la BD. On sent que l'auteur s'est employé à faire ressentir au maximum à travers les spécificités de la BD. L'histoire, évidemment, n'est pas en reste. C'est une histoire dure, qui parle de harcèlement scolaire, de la difficulté de se construire à l'adolescence, mais aussi de sujet encore plus grave. Je me permet de ne rien en dire, car l'explication intervient très tard dans le récit, mais c'est quelque chose qui est encore bien trop souvent d'actualité, et qui mériterait bien souvent une plus large connaissance du grand public. Dans ce récit, cependant, la douleur intime est présente en permanence mais n'est pas le seul point du récit. On a toute la vie du lycée, bien loin des représentations des mangas ou des séries pour adolescents (et bien plus proche de mes souvenirs de lycée) : une jungle où la position sociale est cruciale, les adultes dépassés par leurs préoccupations, l'écoute absente. Plus qu'un malaise adolescent, l'auteure a capté ce qui fait toute la complexité de cette période, où l'on nous demande de choisir nos vies alors même que l'on ne sait pas ce qu'on est. Et d'autres thèmes gravitent encore autour : les familles qui se détruisent lentement, les parents absents, le manque de communication. C'est d'ailleurs le gros point fort du livre : son titre, qui est le message de tout le livre. L'absence de communication et le silence. C'est un beau message, je trouve, car avant de dire aux adolescent(e)s qu'ils ont raisons, qu'ils doivent vivre libre et être heureux, messages que j'ai souvent l'impression d'entendre dans les histoires destinées aux adolescents, je pense que le message est important : parlez, communiquez. Garder tout ce que vous avez sur le cœur pour vous ne vous aidera pas. J'espère de tout cœur que cette BD aidera des personnes qui la liront, en espérant qu'ils n'ont pas eu les mêmes expériences que son héroïne, mais qu'au moins le message passe. C'est un des points que j'avais retenu du film, et je trouve que la BD le retransmet bien également. Si ce message est plus entendu, alors elle aura réussi totalement. Si je me permet de pinailler un poil, c'est dommage que la BD n'ait pas, à l'instar du film, proposé cette scène de fin (peut-être crée pour le film alors) où l'on voyait Mélinda parler avec sa mère dans la voiture, permettant de montrer que parler et la clé, mais sans nous mettre le son. Parce que ce n'est pas ce qu'elle dit qui est important, mais qu'elle puisse enfin le dire. Je me suis bien égaré dans mon avis, mais bon sang, ça fait plaisir de voir une BD comme celle-là. Je pense que si ça avait été la première fois que je découvrais son histoire, j'aurais probablement décerné un coup de cœur. Pour son message, son dessin et son histoire, sa mise en page et l'impact qu'elle peut avoir, je suis réellement certain que cette BD devrait être lue (et disponible) dans tout les CDI de France. Je ne suis plus lycéen depuis dix ans, je ne suis pas une fille, mais j'ai trouvé que cette histoire me touche encore. Preuve, s'il le fallait, que son histoire est bonne, voir même excellente. Et de voir que vingt ans après, avec quelques petites touches simples de modernisation, une telle histoire est encore d'actualité, c'est une preuve de la nécessité de son message. A mettre entre toutes les mains, et surtout celles de vos enfants en collègue/lycée. C'est important.
Adaptation d'un roman que je ne connaissais pas. C'est une oeuvre assez dur vu qu'il montre la vie d'une adolescente qui s'est fait violer et le pire s'est que le récit est basé sur la vie de l'écrivaine qui a écrit le roman ! Donc si vous n'aimez pas les histoires tristes, passez votre chemin parce que plusieurs scènes sont très dur émotionnellement tant l’héroïne souffre de son traumatisme et de l'incompréhension de son entourage. Comme l'auteure du roman a basé le récit sur ce qu'elle a vécu le récit sonne 'vrai'. Les personnages et leurs réactions sont crédibles et le ton est juste aussi. Le scénario réussit à parler de sujets graves sans tomber dans un truc larmoyant chiant. La dessinatrice a bien adapté le roman parce qu'à la lecture je n'ai pas ressenti que c'était une adaptation. Le dessin est dynamique et expressif. Bref, si on n'a pas de problème à lire une BD qui parle d'un sujet grave, c'est à lire.
Une oeuvre dans la droite ligne de 13 reason why (pour ceux qui connaissent à la fois le roman et la série sur Netflix). Mélinda n'a jamais réussi à parler de son viol tant l'épreuve a été difficile à vivre. Elle est devenue une sorte de paria au sein de son lycée pour avoir appeler la police lors de cette fête où elle avait trop bu et où l'on a abusé d'elle. Cependant, elle n'est pas aller jusqu'au bout de sa démarche de dénonciation. Du coup, elle va perdre progressivement ses amies et ses parents sont trop éloignés de ses préoccupations. Ses résultats scolaires vont chuter sauf dans une seule matière à savoir les arts plastiques qui laissent s'exprimer ses émotions cachées. Elle sera même victime d'harcèlement scolaire. C'est une oeuvre qui s'étale sur presque 400 pages. C'est long car on va avoir droit à beaucoup de souffrances qui s'expriment autrement que par des mots. Les victimes ont souvent du mal à se faire entendre après une agression. C'est également très difficile de voir son bourreau tous les jours dans le lycée et qu'il fait comme si de rien n'était en étant sûr de sa supériorité. La beauté masculine n'excuse pas tout bien au contraire. C'est comme un journal intime qu'on lit entre les mains. C'est touchant sur un sujet tabou. Le ton reste toujours juste sans tomber dans le pathologique. Une oeuvre qui mériterait d'être un peu plus connue car utile pour une prise de conscience. Non, c'est non !
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