Peau de Mille Bêtes
Après avoir abordé la légende arthurienne du point de vue de Morgane, l’auteur nous propose un récit acide et fascinant sur la construction d’une identité féminine complexe s’inspirant du conte à l’origine de Peau d’âne…
Delcourt Futurs immanquables Les Contes des frères Grimm Les coups de coeur des internautes Les prix lecteurs BDTheque 2019 One-shots, le best-of
Belle est vraiment très belle et tous les garçons du village la désirent. Rebutée par la perspective d’un mariage qu’elle n’aurait pas choisi, elle s’enfuit pour se réfugier au plus profond de la forêt. Là, le roi Lucane va la recueillir… puis l’aimer à la folie. Une petite fille va naître de cette union, Ronce, dont la destinée va être profondément bouleversée par la disparition de sa mère…
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Date de parution | 27 Mars 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne connais pas l'histoire du conte originel (si ce n'est que je connais Peau d'Âne, sa réinterprétation postérieure) donc je ne pourrais pas juger cet album sous l'angle de l'adaptation. En revanche, en tant que lecture indépendante, l'album m'a bluffé. Tout d'abord, ce qui frappe, c'est le dessin de Stéphane Fert. J'aime énormément son style jouant sur les teintes de bleus et de roses contrastés par du noir. Sa façon d'illustrer les personnages, les décors, les actions, n'est pas réaliste mais poétique. C'est sans doute bête comme façon de le dire, mais je n'ai pas d'autre mot : c'est poétique. De la poésie en dessin. Les récits qu'il scénarise tiennent bien souvent du conte (voir La Marche Brume par exemple) et son dessin joue vraiment sur l'aspect magique de ces histoires. Ici, c'est un conte donc. Un conte avec une princesse, un prince, un méchant roi, une sorcière/fée, des enchantements, des promesses, une histoire d'amour et des situations compliquées dont nos protagonistes devront s'extirper par la ruse. Pas de doute, pour tout-e amateur-ice de conte, on est en terrain connu. Et moi, bah je suis plus qu'amatrice de conte, j'adore ça. Donc quand ils sont aussi bien racontés (et aussi bien illustrés) qu'ici, je ne peux qu'avoir un coup de cœur. Le texte est beau. Il se permet de nombreux passages en rimes, mais même lorsqu'il s'agit de prose les dialogues gardent une sorte de rythme assez joli à entendre. En tant qu'amatrice de théâtre, je suis comblée. Il y a plusieurs propos qui se dégagent de cette histoire : on nous parle de désir (global comme le désir de liberté ou plus terre à terre comme celui de la chair), d'inceste, de traumas et surtout (surtout !) d'amour. D'amour romantique, oui, mais encore plus d'amour de la lecture. L'importance de la lecture est un point central de ce récit. Qu'elle soit pour s'instruire, voyager, rêver ou tout simplement se permettre de faire fi de ce qui a été précédemment écrit (il n'y a qu'à voir les quelques propos métaxtuels de certains personnages ou l'une des scènes finales). Le conte d'origine est ici modernisé. Même sans connaître le conte d'origine, on le sait, notamment grâce aux remarques métatextuelles précédemment citées, mais aussi par cette volonté qui se dégage de vouloir sincèrement s'intéresser aux traumas, émois et désir de son personnage féminin principal. Encore une fois, je ne connais pas le conte d'origine, mais je ne pense pas prendre de gros risque en pensant qu'un conte allemand du XIXème siècle ne devait pas être vraiment très féministe. Je ne développerais pas trop sur l'intrigue car, bien que simple, sa découverte joue un peu sur son charme. Comme tout conte, la première écoute/lecture joue sur notre imaginaire. Bon, qu'on se rassure quand-même, j'ai déjà lu l'album plusieurs fois et il ne perd pas de ses qualités avec les lectures. La lecture n'est sans doute pas parfaite (mais après tout quelle œuvre l'est vraiment ?). Pour moi, en tout cas, elle mérite un statut de culte.
Un conte dans lequel j'ai eu du mal à entrer, j'ai dû attendre le second chapitre. L'histoire de "Toutes fourrures" revisité. Tous les éléments du conte sont présents, un monde mystérieux peuplé de sorcière/fée, de rois, de princesses, de princes et surtout de créatures fantastiques. L'histoire se déroule dans deux mondes différents, le monde des humains et le monde d'en bas. Une introduction et un premier chapitre qui m'ont laissé perplexe, puis enfin des personnages qui prennent de la consistance et qui rendent vivant cette histoire. Quelques néologismes dont cette phrase du rois "Je ne me suis jamais senti aussi insectueux". Une belle trouvaille. Un conte moderne qui traite de sujets actuels. Un dessin qui ne m'a pas subjugué, pas qu'il ne soit pas beau, juste qu'il manque de magie à mes yeux. Par contre j'y ai vu des éclairs de génie sur certaines pleine page. Un style qui convient parfaitement à ce type de récit. Des cases avec des contours non définis. Une mise en page assez classique. Une colorisation dans les tons mauves et bleus qui apporte un plus au visuel. Une lecture agréable mais pas inoubliable.
Le conte est un genre qui laisse libre court à l'imagination de son auteur et Stéphane Fert n'en manque pas. Cet album nous transporte dans un monde imaginaire, c'est rythmé, dynamique et enjoué, un vrai plaisir à la lecture. En partant d'un trio classique prince princesse et sorcière, l'auteur créé un univers qui lui est propre avec comme personnage principal la princesse et non pas le prince. Un choix qui place notre conte dans l'air du temps. Nous avons une princesse victime de malédictions provoquées par son père qui est le méchant de cette aventure et la sorcière ou fée qui est l'alliée de nos deux héros. L'auteur prend des libertés avec les contes originaux et on obtient une aventure cruelle à souhait, parfois drôle et surtout alimentée par la créativité permanente de son auteur. Le dessin avec ses flous et peu de couleurs utilisées donnent un style particulier à l'album et participe à l'ambiance de ce monde imaginaire. Une lecture plaisante
Que voici un très joli conte moderne, dynamique et rempli de jolies surprises ! Une découverte qui fait plaisir en ces temps de confinement, où l'évasion est salutaire pour l'esprit. Peau de mille bêtes est effectivement très ressemblant par certains aspects au conte Peau d'âne, mais on notera une grande marge de différence, autant dans le propos que dans l'histoire. Probablement le double effet de l'adaptation et du conte d'origine qui semble avoir des différences. L'histoire emprunte des chemins traditionnels, mais avec une volonté de modernité qui ajoute une jolie réflexion sur la façon dont les contes véhiculent les idées de leur temps. Cela dit, et c'est l'origine de ma note malgré tout le plaisir que j'ai eu à la lecture, c'est parfois trop appuyé dans sa volonté, notamment lorsqu'on sent la démarcation du conte traditionnel qui est voulu. C'est dommage, parce que le conte perd alors de son intemporalité pour s'inscrire dans un sens précis. Et je regrette que l'on sente alors la volonté de l'auteur déborder dans le récit, alors que c'était auparavant plus fin et plus en filigrane. Le message n'était pas appuyé à outrance, et l'on sentait plusieurs niveaux de lectures et de références contemporaines qui s'emboitaient mais en laissant le choix au lecteur de ce qu'il voulait lire. C'est un peu le faux pas que je regrette, mais qui ne gâche pas plus que cela la lecture et laisse tout de même une belle histoire bien menée, aux propos et enjeux très bien travaillés. J'ai juste un petit reproche sur la sorciè ... pardon, la fée, que j'ai adorée tout au long du récit, mais dont certaines choses auraient mérité, selon moi, d'être expliquées plus précisément, notamment ses motivations. En dehors de ce petit chipotage (qui m'est resté par rapport à la fin, surtout), le reste fut un réel plaisir et me donne envie de m'y replonger lorsque ma pile à lire sera enfin finie. Le dessin est la démonstration de la force qu'on peut donner à un dessin que je n'apprécie pourtant pas. Ce n'est clairement pas la façon de représenter que je préfère, mais il se dégage de l'ensemble quelque chose de magique et de très conte, justement. C'est tout en couleur, plutôt sombre dans l'ensemble, mais en même temps clair et avec des passages en représentation de scènes plus spécifiques qui exploitent le jeu des couleurs pour symboliser les sensations. C'est extrêmement bien représenté, et l'ambiance qui ressort de tout ça m'a beaucoup touché. Je me suis réellement senti happé par le conte, comme ceux qu'on me racontait alors que j'étais minot. Cette BD est réellement bonne, à bien des égards, et n'eut été les deux petits points de détails que j'ai mentionnés plus haut quant au scénario, je suis réellement sous le charme de l'histoire. C'est drôle et inventif (il faudra que je lise le conte d'origine pour savoir dans quel mesure), intelligent et d'un propos maitrisé. Un conte moderne, mais qui sait jouer finement de ce qu'il veut dire. Bref, une lecture fortement recommandée !
C'est l'adaptation d'un conte que je ne connaissais pas et après avoir lu sur internet le résumé du conte original, je dois dire que j'apprécie bien mieux cette version moderne. Le ton est moderne et du coup la princesse va être mise en avant. Sa personnalité est intéressante, son histoire captivante et elle est très jolie. Je ne vois pas trop quoi ajouter de plus à ce que les autres posteurs ont déjà écrit hormis qu'ils ne parlent pas de l'élément que j'ai le plus apprécié dans cet album : la romance entre la princesse et le prince qui est beaucoup plus sympathique que le père incestueux de la pauvre héroïne. Leur relation m'a touché et j'ai bien aimé la poésie qui en ressortait. Ils sont vraiment très attachants. Le dessin est spécial. Je pense que si on était dans un autre genre que le conte, j'aurais probablement détesté le dessin, mais je trouve que ce style va très bien pour un conte. Bref, un conte intelligent et moderne.
Ce qui saute aux yeux – dans tous les sens du terme d’ailleurs, c’est le parti-pris graphique de Stéphane Fert. Car on a là un dessin (devrais-je dire une peinture ?) de toute beauté, qui fait fi du réalisme, pour privilégier une interprétation très poétique du conte. Je dis tout ça avec d’autant moins de retenue que ce n’est pas forcément ce type de dessin qui me plait le plus. Mais là, je dois reconnaître le talent de l’auteur ! La colorisation, qui joue sur des tons mauves, roses et bleus, mâtinés de dégradés de gris et de noir, est, quant à elle, tout à fait à mon goût. Delcourt met d’ailleurs bien en valeur ce beau travail, avec une couverture épaisse et un titre en relief. Voilà pour le plumage. Pour ce qui est du ramage, je l’ai trouvé un petit peu moins original. Je ne connais pas précisément le conte originel des frères Grimm, mais j’ai retrouvé ici quelques points communs avec « Peau d’âne » (un roi amoureux de sa fille, qui vit cachée dans la forêt, portant une peau de bête, etc.). Le personnage de la fée/sorcière apporte quelques discrètes touches d’humour. Au final, je dirais que c’est un album à réserver aux lecteurs misant davantage sur la poésie que sur le rationnel, et que ce sombre feu d’artifices ajoute quelques épices à un plat non pas banal (ce serait vraiment forcer le trait que de dire ça), mais quand même un peu « commun ». Mais je suis tout de même ressorti enchanté de ma lecture.
J’ai bien aimé ce conte. La narration moderne et le dessin rond, difforme et caricatural (mais toujours élégant à mes yeux) de Stéphane Fert me plaisent énormément. La morale de l’histoire est en phase avec notre époque mais elle passe au second plan face à l’humour et à l’intelligence du récit. Ce n’est qu’après la lecture, en y réfléchissant, que l’on se dit que ce qui nous a été conté était loin d’être idiot et que l’idée derrière les mots et le dessin et bel et bien un message universel digne d’un conte. Blue boy parle de désinvolture et de flamboyance. PAco souligne l’intelligence et la pertinence de l’adaptation. Que voulez-vous que je rajoute ? Je suis tout simplement bien d’accord avec eux.
Après avoir revisité le mythologie celte de façon très originale avec Morgane, Stéphane Fert nous enchante de nouveau avec cette adaptation d’un conte des Frères Grimm, « Toutes-Fourrures ». Une fois de plus, le dessinateur-scénariste semble avoir bénéficié d’une totale liberté de l’éditeur (et on ne s’en plaindra pas), de par sa technique bien particulière mêlant désinvolture et flamboyance. Un style graphique unique irradié par l’aura d’un Matisse ou d’un Gauguin. Un talent de coloriste procurant instantanément l’émerveillement, un univers foisonnant totalement immersif, qui charme et fait frémir en même temps. Pas de doute, on est bien dans le conte de fées, mais le vrai, le gothique, à mille lieues des mièvreries disneyiennes. Si l’aspect graphique de l’objet est prépondérant, Stéphane Fert n’en a pas pour autant oublié la narration, bien construite et captivante. Refusant la facilité d’un copier-coller de l’œuvre originale, il s’est complètement approprié l’histoire, non sans humour, et l’a modernisé en y intégrant un point de vue féministe, comme pour « Morgane ». Il est vrai qu’à travers les siècles, contes et mythologie étaient empreints d’un patriarcat odieux où la femme avait rarement le beau rôle, et Fert semble vouloir s’employer à faire un peu de dépoussiérage. Ronces, le personnage central du récit, va se construire seule, sans ce père qui l’abandonne alors qu’elle n’est qu’une enfant, pour la demander en mariage une fois devenue jeune fille ! Mais Ronces a entretemps appris la liberté. Elle refuse l’inceste, s’exposant ainsi à une malédiction de son géniteur qui fera d’elle un monstre aux yeux des hommes. Mais sous le pinceau de Stéphane Fert, la jeune femme apparaît comme une reine d’une beauté terrifiante, à l’allure dominatrice, qui envoûte tous les hommes s’approchant d’elle. Ronces les broie ou les avale comme de misérables vermisseaux, une façon peut-être de venger sa mère qui avait dû fuir son village sous les assauts répétés de la gent mâle. Présenté dans une très belle édition à la couverture veloutée, mettant en éveil nos sens tactiles - un parti pris assez logique puisqu’il est largement question ici d’enveloppe charnelle -, « Peau de Mille Bêtes » brille d’un éclat à la fois sombre et lumineux, remettant avec brio un conte d’antan au goût du jour. De la fort belle ouvrage, et à n’en pas douter, l’un des plus beaux albums de l’année.
Wow ! La voilà la surprise de ce début de printemps côté roman graphique ! Cette adaptation de "Peau de Mille Bêtes" des frères Grimm qui inspirera ensuite le conte Peau d'Âne est une parfaite réussite ! Belle est une jeune femme magnifique que tous les hommes du village courtisent et aimeraient bien épouser. Mais lassée de cette situation, Belle s'enfuie dans la forêt où elle sera recueillie par le roi Lucane ; ils y vivront une idylle parfaite qui donnera naissance à une fille : Ronce. Tout se passe merveilleusement bien jusqu'à ce que Belle meure et que le roi sombre dans une dépression profonde pendant de longues années jusqu'à ce que la jeune Ronce devienne à son tour une belle jeune femme, ce que ne va pas manquer de finir par remarquer le roi... La force des contes réside dans l'universalité des messages qu'ils délivrent même à travers le temps. Si certains vieillissent mieux que d'autres, la force de cet album tient à la réussite de son adaptation qui a su intégrer le questionnement actuel de la place des femmes dans nos sociétés. J'ai même poussé le vice à retrouver le texte original des frères Grimm pour comparer, et c'est là qu'on réalise toute la qualité du travail de Stéphane Fert. Rien ne manque au conte original ; il pose tranquillement ses pions pour nous proposer une version des plus actuelle de ce "Peau de Mille Bêtes" avec en prime un graphisme des plus somptueux. Certaines planches sont tout bonnement magnifiques ! Entre l'absence d'encrage sur beaucoup de cases et une palette de couleurs des plus réussie j'avoue sortir de cette lecture complètement conquis ! A découvrir, je recommande chaudement !
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