Gideon falls

Ça démarre plutôt pas mal : horreur et fantastique se mêlent assez intelligemment pour créer un suspense réel ; surtout que les trajectoires parallèles entre les protagonistes -personnalités crédibles très adroitement exposées en peu de cases- intriguent rapidement. Le dessin de Andrea Sorrentino, très figuratif, avec un encrage contrasté au rendu proche du travail de Jae Lee (mais sans les effets esthétiques), accentue la tension par l'impression de réalisme "magnifié" ainsi créée. Très cinéma d'Art... Malheureusement, à peu près après la moitié du récit, l'ajout plutôt S.F. du concept des dimensions parallèles ruine complètement l'atmosphère originelle de l'histoire ; et les péripéties du petit groupe de "héros" s'apparentent soudain alors d'avantage à une course-poursuite pour échapper aux zombies... Le côté expérimental du découpage des planches, franchement raté du point de vue stylistique ET narratif (cases et bulles à l'envers ! Non mais OH ?!) achève de ficher en l'air la lecture : j'ai carrément sauté certaines pages ! Et la conclusion est, à la fois (!), tirée par les cheveux et archi-banale. Hou ! L'escroquerie. Déception, donc : m'est avis que le Jeff Lemire, étant donnée la formule utilisée pour vendre son idée, visait d'autres média que le Comic-Book. Hélas, ce qui fonctionne pour la Télévision -et encore !- ne passe pas forcément avec le même bonheur via le format papier illustré. J'ai un peu l'impression de m'être fait eu, sur ce coup-là, tant la chose semblait sérieuse, au départ. ... Enfin ! J'aurais eu au moins le plaisir de côtoyer Lucy Liu pendant une heure ou deux !

17/02/2024 (modifier)

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J’éprouve des sentiments contradictoires suite à ma relecture de l’ensemble de la série. D’une part, je suis vraiment soufflé par la créativité de la mise en page. Ce récit d’horreur cherche à nous déstabiliser, à nous faire perdre tous nos repères (longtemps, on ne comprend pas trop ce qu’il se passe) et la mise en page participe adéquatement à notre désorientation. Dessins à l’envers, centres de gravité décalés, doubles planches miroirs, cases sous forme de cubes qui s’agglomèrent, sous forme de chaine ADN, et j’en passe et des meilleures. C’est très bien fait, pas toujours confortable à lire, bien dans l’esprit du récit et très original. Autre point fort : la galerie des personnages et la structure sur deux lignes de narration dans les premiers chapitres. On s’attache vite aux différents personnages et malgré qu’il nous est difficile dans un premier temps de faire le lien entre les deux histoires qui se développent en parallèle, notre curiosité est exacerbée. Et puis des réponses arrivent, des mystères s’éclaircissent et je me suis vraiment dit que ça allait le faire. D’autre part, les deux auteurs poussent quand même leur concept très loin. A un point tel qu’ils décident de nous fournir des explications sur celui-ci dans les bonus du dernier volume. Et ça, pour moi, c’est un mauvais signe, car s’il faut nous expliquer un concept alors même que nous avons fini notre lecture, c’est que ce concept est resté confus durant toute celle-ci ou nous a été mal expliqué. Pour moi, c’est le gros point faible de la série. Si les auteurs semblent maitriser leur concept, ils n’ont pas réussi à nous en délivrer intelligemment les clés durant notre lecture, d’où un sentiment de frustration chez moi, l’impression de ne pas avoir tout compris notamment au niveau de certains paradoxes temporels et surtout au niveau d’une fin que, si elle respecte un gros cliché du genre horrifique, j’ai du mal à resituer dans le contexte global. Mention spéciale pour les différentes couvertures usant de notre tendance naturelle à l’anamorphose paréidolique. Elles contribuent à ce sentiment d’étrangeté glauque que la série parvient à faire naitre. Donc voilà, il y a du pour vraiment enthousiasmant et du contre vraiment frustrant. Si vous êtes fans de récit d’horreur, c’est à essayer. Les traceurs sont bien présents (opposition entre le bien et le mal, dimension fantastique, personnages borderline) auxquels viennent s’ajouter des éléments moins souvent utilisés dans ce genre (univers parallèles, mondes quantiques)… mais c’est très déstabilisant et je ne suis pas totalement convaincu par le concept.

30/05/2022 (modifier)

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2.5 Encore une fois, je trouve qu'une série de Lemire est moyenne. Il semblerait que j'ai de la difficulté avec cet auteur. Ce premier tome pose une intrigue dont le traitement m'a semblé un peu trop classique durant une bonne majorité de l'album. On a droit comme héros à un type que tout le monde prend pour un cinglé et qui a un passé mystérieux et le second héros est un type qui débarque dans la place et qui va vite découvrir que quelque chose d'étrange et sinistre s'y passe. On a droit à une mystérieuse grange noire qui apparaît lorsqu'un événement atroce se produit. Le récit se laisse lire et j'ai un peu envie de connaitre la clé du mystère derrière cette mystérieuse grange, mais des scènes dans les derniers chapitres me font un peu peur et me donnent l'impression que le scénario risque de tomber dans le n'importe quoi. Comme souvent avec Lemire la psychologie des personnages est mise en avant et je dois dire qu'aucun ne m'a semblé vraiment attachant. Le dessin est correct. Les fans de Lemire risquent de mieux accrocher. Personnellement, j'ai eu l'impression d'avoir lu un épisode moyen d'une série du genre X-Files.

12/04/2019 (modifier)

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