Trap
Prix Victor-Rossel de la bande dessinée du meilleur album 2019. Un homme et son chien, seuls face à la nature. Un drôle de jeu de rôles, sans paroles, aussi fascinant que déjanté, qui vient stimuler notre instinct primal en alliant burlesque et sauvagerie.
BD muette Prix Diagonale/Victor-Rossel
Notre homme est un trappeur qui vit à l'état sauvage. Notre chien est son seul compagnon. Notre homme acquiert le pouvoir des animaux dont il endosse la fourrure. Ensemble, ils partent à la recherche d'un monstre féroce, qui tracera le sillon d'une aventure dans l'immensité de la nature, peuplée d'êtres étranges.
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Date de parution | 25 Janvier 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Quel drôle d'objet que ce Trap sans paroles qui sous un aspect que d'aucuns pourraient qualifier de foutraque est une ode un brin déjanté au retour à des choses simples, primaires pour ne pas dire primales. Déjanté, amusant avec la légère pointe de fantastique, ou plutôt de chamanisme. L'ensemble se lit ou plutôt se regarde de manière très fluide, il n'y a pas de temps mort et finalement l'on se prend au jeu afin de savoir où tout cela va nous mener. L'histoire n'est pas si simple qu'il y paraît de prime abord avec un final qui est comme une sorte de passation qui nous montre que les choses continuent. Un petit album dont on n'est pas obligé de faire l'achat, mais fort sympathique la lecture en est chaudement recommandée.
Comme beaucoup je pense, j’ai cru, en voyant cet album dans les devantures des librairies, à un nouvel opus de Grégory Panaccione. Le petit format, le dessin, et le look du personnage principal, proche du héros récurrent de Panaccione (voir l’excellent Match par exemple), tout semblait l’indiquer. Mais en fait il n’en est rien, il s’agit bien d’une œuvre de Matthieu Burnat, auteur que je découvre ici. L’histoire se déroule dans un univers indéfini, sorte de préhistoire dans laquelle nous suivons les mésaventures (totalement muettes) d’un type solitaire – comme dans L'Âge de raison de Matthieu Bonhomme. Cet homme (accompagné d’un improbable chien bleu !) possède la faculté de se revêtir des peaux des animaux qu’il a tués, de « devenir » ces animaux : on le voit, l’intrigue baigne dans un fantastique primitif. Il n’y a pas de temps morts, l’ensemble est très dynamique, très fluide, et se lit agréablement – mais aussi rapidement, puisque l’album est muet. J’ai parlé d’un chien bleu, mais il faut ajouter que tout est très coloré, chatoyant, les contrastes sont assez forts. J’ai parfois eu l’impression de lire un récit mythologique, dans lequel un être humain se mêle aux animaux, s’empare de leurs pouvoirs : on est assez proche de certains récits animistes amérindiens. On peut aussi ne lire cet album que comme un « struggle for life » plus ou moins frénétique et parfois humoristique. C’est en tout cas un petit album sympathique, dont je vous recommande la découverte. Note réelle 3,5/5.
Trap est un récit muet qui fait beaucoup penser au travail réalisé par Grégory Panaccione lors de certains de ses récits. On y retrouve la même maîtrise de la narration muette, le même sens du découpage, le même dynamisme, le même côté « mimé » des émotions des personnages, la même propension à saupoudrer son récit d’une part d’absurde… et même un personnage principal qui présente quelques similitude morphologiques avec le personnage fétiche de Panaccione. Ceci dit, l’histoire que nous conte Mathieu Burniat n’est en aucun cas un erzatz de la production de Panaccione. Elle mérite vraiment le coup d’œil et l’auteur parvient à créer un univers qui lui est propre, qui intrigue et qui sort des sentiers battus. Imaginez un trappeur d’une époque à-peu-préhistorique s’accaparant des spécificités d’un animal lorsqu’il se couvre le chef de sa peau. Si l’animal était féroce, il devient féroce, si l’animal était agile, il devient agile. Pour avancer dans sa quête (vaincre une bête aussi terrifiante que dangereuse), notre bon trappeur change donc de peau (de bête) en fonction des circonstances. Accompagné du plus fidèle des compagnons (un chien qui par son pelage bleu m’a rappelé « Froud & Stouf »), il va voir son aventure s’émailler de multiples péripéties lors desquels le danger ne se trouvera pas toujours où on l’attendait. Tout du long, le rythme est soutenu, les péripéties s’enchaînent avec naturel. Et alors que l’histoire qui nous est contée est quand même assez complexe, la maîtrise de la narration muette de son auteur en assure une grande compréhension. Et même les rares moments un peu moins compréhensibles de prime abord se transforment en plaisir de lecture lorsqu’il nous faut, à nous lecteurs, revenir en arrière pour bien capter le petit détail qui explique la scène. Non, franchement, c’est une belle petite réussite que ce bouquin qui ne paie pas de mine… mais j’avoue ne pas avoir tout capté sur la séquence finale (faudra que je le relise, tiens). Du coup, une lecture conseillée, tout comme l’achat !
C'est toujours difficile un exercice d'une bd sans le moindre dialogue. Il faut vraiment suivre et comprendre le sens des images surtout quand c'est assez dépaysant. On se situe à une époque préhistorique où un homme seul avec un chien doit affronter une bête sanguinaire ayant dévasté tout un village. Il n'y aura pas de quartier. Je n'ai pas tout saisi mais l'essentiel. J'ai beaucoup aimé la relation qu'entretient cet homme avec son chien qui est vraiment son meilleur ami. Il y a certes de l'aventure mais également une part de fantastique avec de la sorcellerie. Le dessin coloré est assez réussi. Un bon divertissement.
Tel un OVNI venu du fond des âges, « Trap » intrigue d’abord par sa couverture. Un homme, portant en guide de couvre-chef une tête de phacochère, est entouré avec son drôle de chien bleu par un groupe de créatures diverses, à la fois bizarres et familières, toutes regardant dans des directions différentes. Rien de menaçant dans ce curieux portrait de groupe, au contraire. Tous ces personnages, l’humain compris, dégagent un comique sous-jacent, de par leur difformité ou leur regard vide, ou les deux en même temps. A en juger par la couverture souple, au format comics, on peut douter que Mathieu Burniat ait cherché à se prendre au sérieux. Et l’air de rien, malgré les apparences, l’objet est séduisant avec ses touches de vernis sélectif et sa jaquette amovible, laquelle une fois retirée, dévoile des motifs aléatoires évoquant un fatras de fourrures animales, de branchages et de pierres, le tout dans un rouge uni éclatant…On ne se plaindra non plus pas du trait si particulier de Burniat, trait dont les rondeurs habituelles ont été comme électrisées par le rythme du récit, totalement en accord avec la mise en page virevoltante et les couleurs quasi-psychédéliques. L’histoire quant à elle est totalement raccord avec cette couverture. Originale, fascinante, insolite, drôle et surprenante, elle semble avoir été conçue à l’instinct, ce qui au regard de la thématique paraît assez logique. D’emblée, les pages se tournent sans que ne pointe l’ennui, tant le lecteur est intrigué par ce drôle de récit, quasi expérimental, et la raison n’est pas seulement liée au fait qu’il n’y ait pas de textes. Hormis d’obscures tentatives oubapéennes révélant une certaine prétention élitiste dénuée d’humour, « Trap » ne doit pas avoir beaucoup d’équivalents dans le neuvième art. C’est ainsi que l’on observe ce drôle d’humain à gros nez évoluer dans ce monde primitif. Muni d’un sac renfermant des masques de bêtes qui lui confèrent les pouvoirs de l’animal dès lors qu’il les met sur la tête, notre homme, accompagné d’un chien bleu à l’aura à peine plus impressionnante que celle de Rantanplan, se fait super-héros préhistorique, et nous laisse la plupart du temps interloqué et amusé. Si l’ouvrage se lit évidemment vite, dans quelques cas – rares heureusement -, on peut avoir du mal à percuter avec certaines scènes. Mais l’ensemble est tellement bizarre, car c’est aussi ça qui est bon, que l’on en oublie ces petits défauts, et l’on pourra bien faire montre d’indulgence étant donné la difficulté du challenge consistant à produire une histoire sans paroles. « Trap », c’est du primal délesté des blablas. « Trap », c’est le retour à la vie sauvage, l’appropriation de l’instinct animal doublée de lycanthropie, la pure bagarre pour la survie, la grisante adrénaline, l’odeur dangereusement enivrante du sang, le catch frénétique jusqu’à la giclure finale de la sève vitale adverse, mais aussi la sensation voluptueuse des peaux de bête sur "nos" corps nus et larvaires. « Trap », c’est tout cela avec un doigt de chamanisme et c’est follement bon… Ce petit thriller préhisto-psychédélique est donc une belle surprise. Et quand on sait que son auteur manifeste de l’intérêt pour la physique quantique (« Le Mystère du Monde Quantique »), l’objet prend forcément une autre dimension. Il appartiendra au lecteur d’y trouver des connections…
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