L'Epée sacrée (Sword of Ages)
Entre SF et fantasy, saga cosmique et quête fabuleuse, Gabriel Rodriguez, le dessinateur de Locke & Key, rend un hommage appuyé à Moebius et P. Craig Russell (Coraline) dans cette oeuvre qu’il réalise en auteur complet.
IDW Publishing Science-Fantasy
Sorti du fin fond de l'espace, un vaisseau s'écrase sur une planète sauvage. A son bord, un couple qui décide de confier sa fille en bas âge à une tribu de tigres aux dents de sabre, se contentant de venir la chercher une fois par an pour lui apporter une éducation humaine pendant quelques semaines. Avalon grandit donc au contact de ses deux cultures, de ses deux familles, ce qui lui permet d'acquérir des moyens physiques et un instinct de survie exceptionnels. A sa majorité, elle est envoyée, avec d'autres challengers croisés en chemin, accomplir un ensemble d'épreuves. Avalon va-t-elle accomplir sa destinée ?
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Date de parution | 24 Avril 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Sentiment de sécurité trompeur - Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2017/2018, écrits, dessinés et encrés par Gabriel Rodríguez, et mis en couleurs par Lovern Kindzierski. Il comprend également une introduction de 3 pages, écrite par Joe Hill en octobre 2018, ainsi que dix-sept pages d'illustrations en pleine page (couvertures en couleurs et en noir & blanc), un entretien de sept pages entre Ted Adams et Gabriel Rodríguez agrémenté de dessins d'étude, et 6 pages de représentations des principaux sites avec un logiciel de modélisation et de brèves explications du créateur. Gabriel Rodríguez et Joe Hill sont les auteurs de l'extraordinaire série Locke & Key, 37 épisodes publiés entre 2008 et 2013. Le vaisseau spatial Pendragon approche de l'orbite d'une planète. À son bord : une famille avec le père Lotharr, sa femme Iggren et son fils Morgan. Ils décident de s'installer sur cette planète, la procédure indiquant qu'ils doivent détruire leur vaisseau après. Un temps indéterminé après, Avalon (une jeune femme) est venue faire ses adieux à sa famille d'adoption : des félins de grande taille dotés de conscience et de la parole, et vivant dans les montagnes. Elle étreint sa mère adoptive, tout en regrettant l'absence de sa sœur Kai. La mère dit son incompréhension de voir Avalon rejoindre le monde des êtres humains régi par la parole, outil dédié à la manipulation tellement trompeur. Dans le même temps, 5 déités contemplent le destin de l'humanité, la succession des cycles avec élévation vers un niveau supérieur, puis chute à nouveau vers une période d'obscurantisme. Ils considèrent le risque élevé de la rupture de ce cycle, et ont mis en œuvre ce qui était de leur ressort pour que l'humanité puisse prendre conscience de ce cycle et s'en délivrer. Merlin ressent les tenants et les aboutissants de cette discussion pendant sa transe. Il décide d'emmener Avalon à la ville de Caledia, tenue par l'ordre des Moines Blancs. Ils sont accompagnés par l'oiseau Nikola, doué de conscience et de parole. Plus loin sur le chemin, au bord d'un lac, Trystan et Lancer Benveek sont en train de s'entraîner à l'épée, sous les yeux de Gawyn, et de 2 individus faisant payer pour le spectacle. Benveek n'arrête pas de faire des commentaires sur les qualités de bretteur de son opposant, tout en parant, évitant et portant des coups, alors que Trystan reste muet. Sur le chemin, Avalon a décidé d'attaquer un groupe de 6 gardes armés qui escortent un véhicule conduit par 2 autres gardes, transportant une cargaison d'esclaves. L'embuscade se déroule de manière très rapide, Avalon neutralisant 7 gardes avec une rapidité et une adresse extraordinaires. Merlin est obligé d'intervenir pour mettre le dernier hors d'état de nuire, Nikola ayant vu qu'elle allait se faire attaquer par derrière. Elle libère les prisonniers, dont le représentant s'inquiète de la distance à parcourir pour rallier Caledia, au risque de se faire dévorer par des bêtes sauvages. Avalon l'écoute gentiment, les laisse partir, et enferme les gardes dans la cage, leur promettant de venir les délivrer dans quelques jours. Peu de temps après, un groupe de templier de l'Étoile Noire arrive sur le site : le seigneur Morgan, le lieutenant Isolt, l'oiseau Gorice, et des soldats. Ils s'adressent à l'interprète resté sur place. Dans l'introduction, Joe Hill dit tout le bien qu'il pense de Gabriel Rodríguez, de sa capacité à créer des mondes, à faire s'incarner des personnages, à mettre en scène des situations complexes, à proposer une variation originale de la légende arthurienne. Effectivement, dès la première page, le lecteur remarque l'utilisation du mot Pendragon, un titre celtique qui signifie Chef dragon, porté par Arthur et par son père Uther. Parmi les autres éléments en provenance de la légende du roi Arthur, il relève le mot Avalon, les noms Merlin, Trystan, Morgan, la présence d'un dragon, et bien sûr l'épée retirée d'une grande gemme verte. L'auteur ne fait pas mystère de la source de son inspiration. Il indique dans l'interview qu'il a souhaité approcher la légende avec un angle un peu différent : avant Arthur, avec une pincée du principe de la Guerre des Étoiles, à savoir l'existence de vaisseaux spatiaux avant l'existence de l'homme sur la Terre. Finalement ces références à cette légende apparaissent comme l'auteur reconnaissant ce qu'il emprunte à un récit classique, une forme d'honnêteté vis-à-vis de son lecteur. Pour autant, les aventures d'Avalon forment une quête qui ne se limite pas à suivre servilement la trame du cycle arthurien. Il ne transpose pas à l'identique la situation des personnages portant le même nom (Merlin, Trystan, Gawin, Morgan) et il a décomposé son histoire en une série projetée à 6 tomes, celui-ci correspondant donc au tout début. Comme indiqué dans l'introduction, il s'agit pour Gabriel Rodríguez de construire tout un monde, et de l'explorer. L'auteur a donc fort à faire pour présenter tous les concepts et toutes les situations sans donner l'impression d'établir une liste, ou un guide de voyage. Afin de donner du rythme, il a choisi une structure en chapitre, à la longueur variable, d'une page à une quinzaine pour le plus long. En feuilletant rapidement le tome, le lecteur observe une bonne quantité de phylactères, mais aussi quelques pages plus aérées. À l'épreuve de la lecture, il fait l'expérience de pages consistantes, mais se tournant rapidement, sans impression de lourdeur ou de surcharge. Effectivement, la narration de Gabriel Rodríguez est plus dense que celle d'un comics classique, plus proche de celle d'une bande dessinée européenne, sur 102 pages de BD. Rapidement, le lecteur constate que l'auteur ne se contente pas d'une lutte du bien contre le mal, d'une dichotomie entre 2 factions ennemies, et qu'il indique que la situation de ce monde est plus complexe, avec différents clans ayant différentes aspirations. de même l'usage de l'épée d'Avalon ne relève pas de la simple arme magique. le lecteur se laisse rapidement séduire par la découverte de ce monde inconnu, par les croyances des différents clans, par les résidus d'artefacts technologiques, par l'enjeu à l'échelle des créatures vivantes, par la fougue réfléchie d'Avalon. Bien sûr, le lecteur est avant tout venu pour retrouver la richesse et l'inventivité de la narration visuelle de Gabriel Rodríguez, espérant bien un niveau similaire à celui de la série Locke & Key. Il est vite comblé au-delà de ses espérances. L'artiste mélange des éléments fantastiques attendus divers (vaisseau spatial, tigre dent de sabre, épée, uniforme avec ou sans cape, dragon, gros monstre), avec des apparences originales et spécifiques. de la même manière qu'il rend hommage à la légende du roi Arthur, il rend hommage à ces conventions de genre, par des versions qui lui appartiennent et qui servent son récit, plutôt que de ressembler à un catalogue de clichés servant à cacher un manque d'inspiration. En fonction de ses inclinations, le lecteur peut prendre son temps pour regarder les costumes et juger de leur praticité et de leur cohérence, prendre son temps pour regarder la faune et la comparer avec ce qu'il a déjà pu lire par ailleurs, la situer par rapport à son échelle de valeur, d'originalité. À chaque comparaison, la balance penche en faveur de Gabriel Rodríguez, de son inventivité, de son degré d'implication pour amener de la substance à chaque élément, pour construire sa vision. le lecteur éprouve donc un grand plaisir à se projeter dans ces endroits bien réalisés, au milieu de personnages consistants. Il observe les constructions et les environnements naturels, ainsi que les personnages se déplacer en fonction des caractéristiques de chaque lieu, à l'opposé d'individus plaqués indifféremment quel que soit l'endroit. Même sans lire les 6 pages sur la modélisation des bâtiments et de la citadelle de Caledia, le lecteur perçoit l'impressionnante cohérence spatiale de chaque lieu. En particulier, il se rend compte qu'il comprend facilement les déplacements des différentes factions et de différents personnages lors de l'attaque de la citadelle de Caledia qui dure une quarantaine de pages. À l'opposé de quelques affrontements spectaculaires qui s'enchaînent, Gabriel Rodríguez raconte les affrontements singuliers de chaque personnage principal, sa progression, la manière dont la bataille globale se répercute sur sa situation, la manière dont 2 combats peuvent se rejoindre. Effectivement, les pages de fin viennent confirmer l'investissement dans la conception de ce moment spectaculaire, à la fois pour les caractéristiques géographiques du terrain, à la fois pour l'architecture de la citadelle et du bâtiment principal. Tout ce travail reste en arrière-plan, l'auteur privilégiant bien la narration, plutôt que de se montrer démonstratif. le lecteur se jette donc à corps perdu dans la bataille, au travers des différents combats, admirant le courage et la dextérité des assaillants, retenant son souffle devant l'intervention de monstres et l'ampleur de la destruction, voyant que la vie des civils ne vaut pas grand-chose. En commençant ce tome, le lecteur prend vite conscience de son caractère de récit de genre, empruntant à droite et à gauche. La narration visuelle atteste vite du fait que Gabriel Rodríguez n'a rien perdu de sa verve ou de son inventivité. le récit utilise les différentes conventions de genre à bon escient, pour nourrir l'histoire, plutôt que comme prétexte pour cacher un manque de substance. le lecteur s'immerge dans un monde riche et bien pensé, suivant la progression difficile et pleine de périls d'Avalon vers une citadelle qui doit soutenir un siège. Il prend plaisir à découvrir les dangers et les créatures fantastiques. S'il y prête attention, il se rend aussi compte que l'auteur intègre naturellement des réflexions découlant de certaines situations, apportant une dimension littéraire à son récit de genre.
Il m’arrive également d’être déçu par une lecture dont on attendait beaucoup car c’est quand même le dessinateur de Locke & Key qui m’avait beaucoup plu. Rien à redire sur le graphisme qui est toujours parfaitement maîtrisé même si des axes d’amélioration demeurent toujours possibles. C’est en sa qualité d’auteur complet à savoir de scénariste que cela pêche véritablement. Là, on ne peut pas parler de maîtrise mais d’incohérences et surtout de manque de dynamisme. Bien entendu, c’est trop bavard laissant peu de place à l’action. Il faut savoir doser les cases dans une mise en scène et cela n’est pas maîtrisé car c’est confus. Bien sûr, loin de moi l’idée d’attaquer directement un auteur. Je dis simplement que le métier de scénariste est difficile loin de toute improvisation. Il y a tout de même de bonnes idées mais assez mal mises en œuvre. La suite se fera sans moi.
A vrai dire je suis un peu , voire franchement déçu par cette BD. Le moins que l'on puisse dire est qu'il faut pouvoir rentrer dedans. Tout d'abord un texte très, très encombrant, l'un des personnages n’arrêtant pas de parler pendant un combat, faire gaffe au souffle. S'il n'y avait que cela mais les auteurs grâce à un petit astérisque nous expliquent que c'est traduit du Templier, un peu plus loin du dialecte du "clan rouge". Franchement je sais pas ce que cela ajoute, moi j'ai trouvé ça ridicule. Concernant le scénario disons qu'à tout le moins c'est touffu de chez touffu et puis j'ai eu du mal à me passionner pour cette guerre entre clans dont je n'ai pas compris les enjeux. Ça commence genre Le Livre de la Jungle sauf que là nous avons droit à des sortes de tigres à dent de sabre pour élever l'héroïne. Le dessin quand à lui n'est pas moche il est même plutôt aéré, très lisible seule chose qui me pose problème et pas qu'un peu ce sont les visages des différents personnages, on a l'impression qu'ils se sont pris une porte dans la tronche, il n'ont pas de nez, même la belle Avalon censée être humaine souffre de ce nez aplati. Vous l'aurez compris cette histoire et son traitement ne m’ont pas plu, même en emprunt j'hésiterai à conseiller le truc.
Cruelle déception au sortir de la lecture de cet album. Moi qui avait trouvé dans Locke & Key du même dessinateur une des meilleure série en comics, là, je reste très dubitatif... Comme quoi, ne s'improvise pas scénariste qui veut. Là, si le dessin est bon, le récit est un peu confus et la fin abrupte. Peut-être est-ce à cause des nombreuses références et autres hommages appuyés qui composent cette saga que Gabriel Rodriguez a noyé son propos. Que ce soit les personnages inspirés des légendes arthuriennes ou les vibrantes références à l'univers de Moebius, j'étais pourtant en terre connue et très excité de plonger dans ce nouvel univers proposé par l'un des auteurs d'une fabuleuse série. Mais voilà de belles références et un coup de crayon talentueux ne font pas tout. L'Epée Sacrée oscillant entre SF et Fantasy aurait soit nécessité un développement en plusieurs tomes pour assoir quelque chose de plus construit et développé... ou le talent d'un autre scénariste. Là, on arrive à la fin en se disant, "ok,ok... et ???". Bref, de bonnes idées, un bon dessin, mais un récit qui manque de construction.
Nous voilà donc en présence de la première oeuvre, en tant qu'auteur (presque) complet, de Gabriel Rodriguez, qui a déjà à son actif une série réussie comme Locke & Key. Ici l'univers est radicalement différent, puisque son histoire prend pied sur une planète non identifiée, et qu'elle met aux prises différentes races intelligentes. La jeune Avalon, apparemment "tombée" des étoiles, prend fait et cause pour l'une des parties, et ses capacités surnaturelles vont lui permettre d'une part de récupérer une arme particulière, mais aussi d'avoir un rôle déterminant dans la bataille à venir. Si visuellement le boulot de Rodriguez est remarquable, il n'atteint pas un niveau époustouflant. Il manque encore cette âme qui en ferait l'égal d'un Moebius (oui, j'ose, car le Monsieur a tout de même fait un travail de grande beauté). Mais ne boudons pas notre plaisir, et saluons donc ces pages très dynamiques, souffrant seulement de quelques erreurs de physionomie ou de perspective. Le travail sur les couleurs réalisé par Lovern Kindzierski est lui aussi de grande qualité, et on a des pages qui sont de véritables bonbons pour les yeux. Au niveau de l'histoire, je suis moins enthousiaste. On a une longue, très longue, mise en place, on a du mal à comprendre ce qu'il se passe vraiment, où les protagonistes veulent en venir. Avalon quitte son clan de gros matous, se retrouve en compagnie de trois autres personnages dans une quête dont on ne sait rien avant qu'elle n'aboutisse, puis elle participe à une bataille façon Gouffre de Helm (dans le Seigneur des Anneaux) qui n'a ni queue ni tête. Et lorsque la bataille se termine... Eh bien c'est la fin de l'histoire, il semblerait, car Delcourt ne donne aucune information sur une éventuelle suite... Du coup, si le sort des survivants et les enjeux sous-tendant la bataille avaient pu instiller de l'intérêt chez le lecteur et si on aurait voulu en savoir plus les origines d'Avalon, par exemple, cette fin abrupte le dissipe un peu brutalement. Dommage. Je donne la moyenne pour le dessin, appétissant.
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