Zaroff
Adaptation du roman de R.Connel lui même adapté au cinéma sous le titre "Les chasses du comte Zaroff"
Adaptations de romans en BD Auteurs canadiens Coupés du monde... Jeux mortels L'Océan pacifique Signé
Fiona Flanagan est l'héritière d'un gang criminel de Boston, elle mets en place un stratagème pour venger la mort de son père, le responsable étant le comte Zaroff. Sur une île pas si déserte Fiona et ses hommes sont confrontés au comte Zaroff, grand chasseur devant l’éternel. Alors que la tempête fait rage les protagonistes s'affrontent dans un déchainement de violence.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 14 Mai 2019 |
Statut histoire | Une histoire par tome 2 tomes parus |
Les avis
« Les chasses du comte Zaroff » est un titre qui me parle, sans que j’aie vu le film en question (pas plus que la nouvelle qui l’a inspiré). Et c’est bien dommage, il faudra bien que je la découvre, car elle a été coréalisée par Schoedsack, aussi coréalisateur du génial « King Kong » ! C’est donc sans ces points de comparaison que j’ai lu la version- ou plutôt la sorte de suite – imaginée par Runberg. Le résultat est globalement bon, très efficace. En effet, tout est misé sur l’action, le rythme – au détriment de la profondeur des personnalités. Nous suivons donc une énorme chasse à l’homme (ou plutôt deux chasses en une !), sans aucun temps mort. Et là Runberg a cherché à placer tous les clichés du genre : sur une île déserte, des animaux sauvages, des pièges, une nature hostile (avec de gros orages), un rapport de force au départ déséquilibré, mais qui permet de faire disparaître au fur et à mesure un grand nombre de personnes pour un rééquilibrage final, etc. Bref, du déjà vu (voir « Jurassic Park : le monde perdu » de Spielberg, par exemple, qui inverse lui aussi les rapports entre chasseurs et chassés). Le côté niaiseux en moins, le pitch de la chasse à l’homme m’a aussi fait penser à un épisode de la pauvre série « L’île fantastique » (je ne sais plus trop pourquoi ?). Il faut donc accepter d’entrer sans trop de questions dans l’intrigue qui, un peu bâtie sur du réchauffé, est quand même bien fichue. Il faut aussi faire abstraction des quelques facilités scénaristiques (la très rapide reconstruction d’un nouveau territoire de chasse et d’un château par Zaroff, sur une île loin de tout, la vitesse incroyable à laquelle son sbire fabrique un brancard pour son neveu, ainsi que la vitesse des déplacements de Zaroff sur son île pour éliminer ses poursuivants – sur la plage en particulier, etc.). Cela dit, l’histoire se laisse lire rapidement, elle est assez prenante, et agréable. D’autant plus que Miville-Deschênes a encore progressé, son trait étant plus dynamique (les visages moins statiques, figés par exemple) que pour sa précédente collaboration avec Runberg, « Reconquêtes ». **************** Maj après lecture du tome 2 (La vengeance de Zaroff). j'ai retrouvé dans ce deuxième album le beau dessin de Miville-Deschênes, qui se trouve aussi à l'aise à représenter les étendues hivernales russes que la jungle tropicale. C'est en tout cas un réel plus, et rend agréable la lecture. Quant à l'histoire, elle se laisse lire, c'est dynamique , sans fioriture ni vraie psychologie, les amateurs de récits guerriers et d'action y trouveront leur compte. Mais ils doivent être prêts à avaler plus de couleuvres que dans le premier tome. En effet, les grandes lignes, comme pas mal de détails sont vraiment improbables et menacent franchement la crédibilité de l'ensemble. Aller chercher une savante russe à Moscou, en pleine offensive allemande de 1941, traverser les lignes allemandes et russes aussi facilement dans les deux sens, retrouver son chemin (même si on est sensé être originaire du pays) dans la nuit, la neige et en pleine bataille, voila bien un exploit improbable de Zaroff, qui n'oublie pas de trouver le temps de mettre en scène toutes ses tueries. Et je ne parle pas de l'aller retour d'avions américains pour déposer le commando et venir chercher les survivants, dans une zone concentrant sans doute des milliers d'avions russes et allemands... Mais si vous acceptez ce lot de facilités (et d'autres), ça peut être une lecture défouloir plaisante. Un album qui peut tout à fait être lu sans connaitre le premier tome, tant Runberg s'est écarté de l'intrigue d'origine (et je ne parle pas seulement du cadre géographique). Bref, une belle mise en images d'une fantaisie guerrière que Runberg a voulu un peu trop "too much".
Ayant adoré le roman et le film, je me suis procuré cette BD et... Ben... Bof ! Le scénar ?! Bon ouais y' a de l' idée mais ça tombe à plat et trés facile, pas envie de plus détailler pour pas spoil... Le dessin ? Mouais, pas mal mais un peu statique à mon goût, jugement tout personnel... On aime ou pas... Moi, pas ! Je pense que le dessinateur a voulu rendre hommage à l' atmosphère du film mais j' accroche pas... A voir gratuitement avant d' acheter je pense !
Le premier tome est très classique et offre ce à quoi on s’attend : un récit efficace mais non dénué d’incohérences et de facilités. C’est de la bande dessinée populaire, les personnages ont la tête de l’emploi et offrent ce qu’on attend d’eux. Je n’ai pas été déçu mais à la lecture des avis les plus enthousiastes, je m’attendais quand même à un peu mieux. Le deuxième tome est plus particulier et ne m’a pas vraiment convaincu. Le recrutement de Zaroff par les services secrets américains afin d’exfiltrer un amour passé devenue scientifique de haut vol (et travaillant sur la bombe atomique) m’est apparu être une base de travail trop improbable. Sylvain Runberg me semble ici en faire trop et même s’il sait doser un scénario et le rendre prenant du début à la fin, je n’ai jamais cru au récit et suis donc resté un peu sur le quai. Au niveau du dessin, là aussi c’est un travail de professionnel avec des ambiances bien rendues (la chaleur du premier tome comme la froideur du deuxième), des décors soignés et des personnages aux faciès très typés… et là aussi, j’ai eu le sentiment qu’il me manquait un petit quelque chose pour être totalement séduit. Un poil de personnalité ? je sais pas… C’est en tous les cas du très beau travail qui plaira à coup sûr aux amateurs de dessins classiques. Après lecture des deux premiers tomes, je dois donc bien avouer que je m’attendais à mieux, mais ça reste de la très bonne bande dessinée populaire. C’est juste qu’elle n’a pas réussi à m’embarquer totalement.
Après lecture c'est un sentiment de déception qui prédomine. Je n'ai pas lu le roman, par contre le film m'avait plu avec son ambiance "vieillotte". Je rejoins certaines réticences sur le scénario, le comte Zaroff retrouve trop facilement une nouvelle île, des mafieux irlandais niveau école maternelle et une mauvaise connaissance du jaguar (il ne chasse pas en meute et sa particularité et de tuer en perforant la boîte crânienne). Les personnages manquent de profondeurs, ils sont stéréotypés. Ma lecture n'a pas été un supplice, je dois reconnaître à Runberg un savoir-faire dans la narration, elle est fluide, vivante et captivante. Là où je vais me démarquer de tous les avis ci-dessous, c'est sur le graphisme de Miville-Deschênes, il est pas mal mais sans plus. C'est ce que j'appelle un dessin "passe partout" pour satisfaire un maximum de lecteurs, il manque d'âme. Son point fort reste le rendu de la jungle amazonienne, par contre les visages et les postures des personnages sont souvent statiques. Sympathique mais j'ai préféré le Zaroff de Maudit sois-tu.
Je n'ai ni lu le roman original, ni vu le film. Je n'avise donc la bd que pour elle-même et malheureusement je vais devoir me ranger du côté de ceux qui n'ont pas vraiment apprécié. C'est que, pour ma part, j'y ai trouvé du bon et du moins bon. Ce que j'ai aimé : un dessin magnifique, qui donne une ambiance de forêt hostile vraiment bien rendue. Pour ce qui est du découpage et de la « mise en scène », le scénariste sait raconter une histoire : suspense garanti, pas de temps mort, la tension monte, c'est bigrement bien mené. Oui mais voilà, et c'est là que le bât blesse, au service de quelle histoire ? Comme Bamiléké vient de le dire, rien n'est crédible. Même si les « héros » sont plus qu'improbables, c'est quand même censé se passer dans le monde réel, pas dans une réalité parallèle. Que dire de la construction des bâtiments et de l'aménagement de l'île en peu de temps et sans que les autorités ne remarquent rien ? Sans compter les approvisionnements en nourriture et en énergie ! Et finalement tout le monde semble connaître les activités du comte et même son tableau de chasse et aucun service de police internationale ne fait rien ? Et les personnages sont assez caricaturaux : d'un côté Zaroff et quelques hommes de main (tiens, ce sont eux aussi qui font ménage et popotte dans ce domaine bien tenu ?...), et de l'autre la crème des gangs mafieux qui ressemble à une équipe de bras cassés... Attention SPOILER : les plus débrouillards dans tout ça sont presque les trois mômes. Tant qu'à y aller dans le sordide, j'en aurais bien fait crever un ou deux, moi. Du coup, ça fait blockbuster américain avec les gentils qui restent à la fin... fin SPOILER. Pffff, un brin déçue je fus... J'hésite entre deux et trois étoiles... bon 3 quand même parce que le dessin est superbe et que je ne me suis pas ennuyée à la lecture, mais je ne l'achèterais pas, pas envie de le relire.
Je ne partage absolument pas les avis dithyrambiques des aviseurs précédents sauf pour les dessins et les décors. Je vais être un peu brutal mais sur la centaine de livres que j'ai acquis ces derniers mois, c'est le seul achat que je regrette. Pourtant quel dessin! les personnages et les décors foisonnants ne pouvaient guère être mieux dessinés. Des artistes au sommet de leurs techniques ,note imposée maximum. Oui mais pour moi c'est le libre qui compte, l'originalité des idées et des sentiments. Or une partie était déjà présente dans les Chasses . OUPS. Zaroff, nous est présenté comme un dandy psychopathe pervers donneur de leçons géopolitiques vaseuses et imprécises. On pourrait lui dire que sans l'incurie de sa caste, "le petit père des peuples" ne serait probablement jamais arrivé au pouvoir, évitant des millions de morts. On se demande d'ailleurs comment, bien planqué et isolé au fin fond des côtes sud-américaines, Zaroff pouvait avoir ses informations? Par pigeons? Soit. On se demande aussi ce qu'il a fait des femmes et enfants qui ont du s'échouer sur l'île? Re soit! Mais un "bon" héros doit toujours avoir un bon méchant en face de lui sinon c'est prout prout. Qu'avons nous? Le clan irlandais de Boston "le plus puissant et le plus craint". Des pointures du mal. Des années d'expériences, des cadavres dans tous les placards, des fonds illimités, une vraie petite armée et surtout the Irish Fighting Spirit. Du lourd!! Sauf qu'à peine débarqués, ils sont atteints du syndrome de l'idiotie totale ( à cause des moustiques?). Fiona fait ses preuves comme commandante de cour de récréation. Elle surenchérit en stratégie débile, choix ineptes, tout pour rendre les otages et se mettre en position de faiblesse sur le terrain adverse qu'elle découvre. Dans une BD pour la jeunesse je trouve cela très bien. Mais ici, pour adultes On aurait pu avoir un peu d'érotisme, de rebondissements non prévisibles ( avec les enfants par exemple). Je ne retrouve qu'une succession de clichés convenus avec un brin de pathos "Ils sont ton sang" bon Tonton. Sans oublier les super pièges à la Rambo que l'on voit partout depuis. Les flics de Boston devaient dormir assez tranquilles.
Un très bon album qui revisite le film « Les Chasses du comte Zaroff », c’est bien écrit et on reste captivé jusqu’au bout par cette histoire menée à un rythme effréné avec un suspens qui ne faiblit pas. On est totalement immergé dans une nature sauvage qui réserve les pièges habituels de la jungle aux acteurs de cette double chasse à l’homme. Seul bémol pour moi, le manque d’approfondissement des personnages, manque de charisme, de leur histoire personnelle, de leurs liens passés. Le duel de ces deux chasseurs-chassés, psychopathes tueurs en série, aurait gagné en tension dramatique. On peut y ajouter quelques facilités scénaristiques malvenues et quelques raccourcis agaçants. Le dessin réaliste est très beau, précis et dynamique. François Miville-Deschênes réalise, là, une très belle performance graphique. Un très bon moment de lecture, à recommander…
Une vraie action bien ficelée et qui mérite le détour. Emporté par les belles critiques, je saisis l'occasion d'emprunter. Je ne m'attendais pas vraiment à ce que ce soit autant d'actions. Et généralement, il faut quand même y aller pour que je sois vraiment heureux de ma lecture. Et ici, j'ai passé un excellent moment, très divertissant. Tout d'abord je suis complètement entré dans le décor sans aucun problème. D'ailleurs, par moment la nature sauvage me paraissait presque surréaliste. Ce qui n'est pas pour me déplaire puisqu'elle a nourri toute l'ambiance animale du récit et des personnages. Parfois la colorimétrie voulait donner comme un aspect un peu "hideux" non ? De temps en temps, ça m'a pas plu, comme les premières planches que je trouve finalement plutôt fades. Ca me faisait un peu bizarre. J'ai par contre beaucoup aimé le trait réaliste, qui semble reprendre des "vieux codes" de la BD mais remis au goût du jour avec style. Certaines scènes sont graphiquement splendides et j'ai pris le temps de m'attarder sur les combats, notamment celles entre l'Homme et la Bête Sauvage - si tenté que l'on puisse distinguer les deux pour cette histoire ! - L'histoire est palpitante, bien montée. J'avais lu par ici les raccourcis scénaristiques mais j'avoue que cela ne m'a pas vraiment interpellé, le nez collé aux péripéties qui s'enchaînent. Par contre au niveau du casting c'est dommage, j'aurais aimé un tout petit peu plus de profondeur, que cela soit sur la personnalité des personnages autant que sur la relation qu'ils entretiennent entre eux. Il pouvait y avoir des liens plus forts, plus intenses à mon sens, qui aurait donné plus qu'une histoire d'actions à suspens. La petite histoire du gars qui veut être calife à la place du calife m'apparaît franchement redondante et obsolète. Ca et les enfants...il y a beaucoup de choses que je considère comme "accessoire". La bataille finale est sympa et je ne suis pas déçu au moment de fermer le bouquin. La personnalité de Zaroff est franchement bien montée, mais là encore elle m'apparaît plus réussie graphiquement (un mélange entre noblesse et folie sauvage) que scénaristiquement. Un tout petit peu trop déséquilibré entre le dessin et le texte, mais je n'ai aucun doute à vous proposer de découvrir cette aventure palpitante.
L'enthousiasme de notre ami Agecanonix était tel que je ne pouvais pas passer à côté de cette bande dessinée ! Après avoir découvert le merveilleux film de 1932 récemment, je me suis donc lancé dans cette suite dessinée, et indéniablement, c'est du très, très bon boulot ! Faire revivre ce personnage détestable et fascinant n'était pas chose aisée, mais Sylvain Runberg a trouvé un excellent point de départ, permettant de renouveler les bases du scénario original tout en perpétuant l'univers dans la grande continuité de ce qu'instaurait le film de Pichel et Schoedsack. Cette idée d'opposer au général Zaroff une autre psychopathe permet de mettre en scène un nouveau duel où, cette fois, il devient difficile de déterminer qui, des deux adversaires, est la proie et qui est le chasseur. Les personnage sont très bien dessinés, et surtout très nuancés, par leurs actes et leurs dialogues, joliment écrits. Ainsi, Zaroff se découvre une âme en étant obligé de sauver la famille de sa sœur, mais pour autant, il ne devient pas un "gentil". Cela reste un psychopathe, un chasseur qui aime le goût du sang, mais au fond duquel sommeille toutefois un homme loyal. Heureusement, le scénario nous offre donc également les personnages de la sœur du général russe et de ses enfants, auxquels on aura moins de scrupules à s'attacher qu'au personnage principal. Le récit est raconté sur un ton très réaliste, et prend le temps de développer chacune de ses péripéties, malgré quelques raccourcis narratifs vraiment pas méchants (genre la civière qui surgit de nulle part sans précision d'une quelconque ellipse temporelle ayant permis sa confection). Ainsi, la crédibilité est de mise dans ce duel entre deux esprits tout aussi tordus l'un que l'autre, à la fois terrifiants et envoûtants. Surtout, le récit est parfaitement servi par le dessin de François Miville-Deschênes, d'une précision ahurissante et donc d'une beauté stupéfiante. Vraiment, chaque case est un pur plaisir à regarder. J'aime rarement quand le dessin est hyper-réaliste (à la Bergèse dans les "Buck Danny de 2005-2006, par exemple), mais ici, Miville-Deschênes réussit à faire quelque chose de très fluide. Notamment, l'alchimie entre les personnages et les paysages (élément essentiel dans les histoires mettant en scène le comte Zaroff) est admirable, il n'y a pas le côté trop statique qu'on trouve souvent quand le dessin essaye d'être trop réaliste. Ici, pas un trait en trop, l'équilibre est parfait ! Seul (très) léger reproche : il est peut-être un peu trop propre par rapport au ton du récit. Quand ça devient vraiment sanglant, on a parfois un petit peu de peine à ressentir l'impact d'une blessure ou d'un coup de griffe. Ou encore le visage blessé du général Zaroff est bien trop lisse par rapport à ce à quoi on aurait pu s'attendre. Mais bon, ça n'entame pas la qualité incroyable du dessin. Ainsi, alors que le pari de reprendre la nouvelle initiale et le film de 1932 avec la même intensité semblait perdu d'avance, Runberg et Miville-Deschênes réussissent pourtant à créer un résultat à la hauteur des œuvres initiales. Rien n'est édulcoré, aucun élément de base n'est trahi, et la continuité est parfaitement entretenue jusqu'à une conclusion qui sait être sombre sans l'être à l'excès. Une conclusion qui résume parfaitement l'esprit de cette bande dessinée : ne rien trahir, trouver le juste équilibre. Clairement, c'est une mission accomplie pour les deux auteurs !
Je crois n'avoir jamais mis de 5 étoiles à une Bd récente, mais voila c'est fait, je n'ai pu résister à cet album qui m'a en plus replongé dans des souvenirs de jeunesse exaltants ; j'ai en effet vu très jeune, alors que j'étais ado ou pré-ado le film de Shoedsack et Pichel au ciné-club de la 2 que présentait Claude-Jean Philippe à la fin d'Apostrophes chez Pivot, c'est vous dire si ça remonte. Mais le souvenir est tellement vivace, ce film m'a tellement marqué, c'est un chef-d'oeuvre du cinéma fantastique, et je me souviens que dans la semaine qui suivit je voyais aussi le Frankenstein de James Whale et le King Kong de 1933 car le ciné-club consacrait un cycle au ciné fantastique des années 30. D'un coup, je faisais mon éducation ciné avec 3 énormes classiques. Les Chasses du comte Zaroff (the Most dangerous game) a été tourné en 1932 par la même équipe que King Kong ; on y retrouvait Shoedsack à la réalisation avec Merian C. Cooper, puis la même actrice Fay Wray, et la musique était signée aussi par le légendaire Max Steiner ; les décors utilisaient le même plateau, avec des décors de jungle issus de Skull Island, les scènes de King Kong étaient tournées le jour par Cooper, et la nuit Shoedsack prenait le relais et tournait celles du Comte Zaroff qui visiblement était une petite production de la RKO devant servir de test au prestigieux projet mené par Shoedsack et Cooper : King Kong. Mais ce soi-disant petit film possédait d'indéniables qualités artistiques et techniques où la traque, la forteresse vaguement gothique, les marécages brumeux, la forêt dense constituaient une atmosphère hostile et angoissante, et qui faisait de Zaroff un aristocrate raffiné et cruel tout à fait fascinant. D'où le fait que ce film a fait date et qu'il a inspiré plusieurs remakes ; j'en citerai 2 qui présentent des qualités intéressantes : la Chasse sanglante en 1974 qui revisitait le mythe de façon plus bestiale et beaucoup plus violente, et la même année, la Comtesse perverse, un film espagnol de Jess Franco, le maître de l'érotisme et de l'horrifique bis, où sa comtesse chassait nue des vierges sur son île, un film qui je me souviens, avait émoustillé ma libido de très jeune adulte au début des années 80. On peut y ajouter Chasse à l'homme, remake moderne et premier film américain de John Woo qui lançait le cogneur belge Jean-Claude Van Damme chassé par d'horribles riches oisifs en Louisiane. Après ce cours d'histoire cinématographique, parlons de la Bd de Runberg et Miville-Deschênes, un album qui m'a entièrement ravi et où j'ai retrouvé plein de sensations. En fait, c'est une extrapolation d'un film mythique, lui-même adapté fidèlement d'une nouvelle, puisque Runberg imagine ce qui se passe après le film, c'est donc un prolongement librement interprété ; les auteurs résument le film dans les premières pages en une sorte de noir & blanc, qui permettent de comprendre la chronologie des événements précédents. Ce qui fait la force de ce scénario, c'est bien évidemment le dessin de Miville-Deschênes que j'avais déjà tellement admiré sur Reconquêtes, précedente Bd d'antic-fantasy du duo Runberg-MD. Ce dessin est toujours aussi somptueux et saisissant, MD crée un background hyper consistant qui donne une force incroyable à ce récit, à tel point que ça en devient presque immersif. Le décor de cette île maléfique constitué d'une jungle luxuriante, d'affrontements, et d'animaux sauvages (déjà MD se régalait avec ses bêtes monstrueuses dans Reconquêtes), tout ceci forme un univers extraordinaire et fantasmé. Certaines images renvoient à l'imaginaire des romans d'aventure du XIXème siècle, c'est proprement fabuleux. Au final, ce récit qui revisite le film avec 2 groupes de chasseurs qui se chassent mutuellement, et tout aussi psychopathes l'un que l'autre, est non seulement haletant, mais surtout parfaitement construit et bien conduit, quelle idée formidable de réinventer cette trame et de n'avoir pas cherché simplement à faire une banale adaptation du film, l'ambiance est parfaitement recréée, ça sera sans doute moins probant pour ceux qui n'ont pas vu le film évidemment, je pense qu'ils perdent beaucoup, mais je peux vous assurer que pour un gars comme moi qui a baigné dans cette atmosphère très jeune qui plus est, je suis tombé à la renverse devant tant d'excellence. Un album sensationnel à lire absolument !
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site