1356 (Révolutions - Quand l'Histoire de France a basculé)

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Zoom sur un moment important de la guerre de cent ans.


1300 - 1453 : Moyen Âge et Guerre de Cent ans

Cette série thématique se consacre aux moments qui ont changé l’histoire de France et qui ont participé à forger notre nation. Poitiers 1356. Face aux Anglais, le roi de France essuie une cuisante défaite et est capturé. Le royaume est alors à qui voudra bien le prendre. Conan, un mercenaire qui a échappé au massacre, gagne Paris pour vendre sa lame au plus offrant. Il va se retrouver pris au milieu de puissants intérêts, entre les Anglais, les Bourguignons ou encore Étienne Marcel, le prévôt des marchands, tous voulant se débarrasser du dauphin. Les choses ne vont pas tourner comme il l’espérait… (Site éditeur)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Juin 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série 1356 (Révolutions - Quand l'Histoire de France a basculé) © Soleil 2019
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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13/06/2019 | Noirdésir
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L'avatar du posteur Agecanonix

Cette collection d'albums chez Soleil semble être une sorte d'équivalent de Champs d'honneur chez Delcourt, qui proposait une série de batailles célèbres, c'est donc une série-concept ayant de grandes ambitions, et j'ignore si les autres tomes abordent leurs sujets de meilleure façon, mais dans le cas présent, je n'ai pas été séduit ni convaincu par cette approche de la guerre de Cent Ans concernant cette période de 1356. En fait, l'album narre l'après bataille, les événements décrits racontent ce qui s'est passé après 1356, soit entre cette date et 1358. C'est certes un moment charnière avec un basculement de l'Histoire, mais il est très mal expliqué, avec en plus des erreurs flagrantes et des approximations qui m'étonnent quand même dans une Bd de ce type. Dès la page 6 (page figurant en galerie), la narration nous dit : "Ils n'avaient rien appris depuis Azincourt" ; là, c'est gros quand même parce qu'on est censé être en aout 1356, jour du désastre de Poitiers, or Azincourt a eu lieu en 1415 sous Charles VI, je pense que Pécau s'est fourvoyé et a confondu avec Crécy, première désastreuse bataille pour les Français qui a eu lieu en 1346, soit 10 ans avant, et il est vrai que les armées de chevaliers français n'ont pas su tirer la leçon de Crécy, d'où la nouvelle défaite de Poitiers. Ensuite, il est fait allusion au lieu-dit Alexandre, ça m'étonne parce que je connais bien les lieux, il y a même une stèle qui marque l'emplacement de la bataille funeste, mais elle a eu lieu à Nouaillé-Maupertuis, à 20 km de Poitiers, le lieu-dit est donc Maupertuis en 1356. Autre détail qui me frappe et me dérange : le héros, Conan de Nesle est un chevalier breton qui est en réalité un mercenaire ou un auxiliaire qui a mis son épée au service de la France, dans ce cas, je ne vois pas pourquoi il arbore une tunique d'armure marquée des fleurs de lys royales, cet atour étant réservé aux grands chevaliers de la noblesse française, garde rapprochée du roi de France et de l'ost royal, ce détail n'est absolument pas crédible. L'ensemble du scénario s'intéresse à une période concernant le Dauphin Charles (futur Charles V), Charles de Navarre, dit le Mauvais, son cousin qui ne cessera de trahir en passant d'un parti à l'autre, et Étienne Marcel, premier magistrat de la bourgeoisie parisienne, équivalent de nos maires actuels (c'est pourquoi il a sa statue derrière l'Hôtel de Ville de Paris). Le Dauphin se heurte à tous les mécontents, d'abord soutenu par Etienne Marcel, qui ensuite se retourne contre lui en voulant laisser entrer les Navarrais, donc les Anglais dans Paris. Pendant 2 ans, le jeune dauphin doit ruser, louvoyer, promettre et manœuvrer dans une capitale où couve l'émeute. Là dessus, la Jacquerie se déclenche en Picardie et sera sévèrement réprimée en 1358. On aperçoit aussi Robert le Coq, évêque de Laon, au service de Charles le Mauvais, mais son rôle ici n'est que survolé, si bien qu'on est un peu perdu dans cette période qui déjà est compliquée et peu facile à comprendre, alors j'imagine le néophyte qui va mettre les pieds dans cet album, je doute qu'il capte vraiment le fin mot de l'histoire. Je pense aussi que Étienne Marcel qui joue un rôle majeur dans cette période, n'est pas assez mis en avant, et pourtant il trône sur la couverture. Le scénario est donc trop confus et je le regrette, il est empêtré dans des faits et des références historiques peu claires, si bien que le récit manque de fluidité pour comprendre tous les enjeux de ce chaos politique. Honnêtement, je ne vois pas où Pécau cherche à nous emmener, sa description d'une période trouble pour le royaume de France est assez confuse et peu captivante. Son héros Conan de Nesle n'est guère attachant, et c'est lui qui finit par tuer Étienne Marcel ; je rappelle qu'il fut assassiné par un de ses anciens partisans, Jean Maillard, le 31 juillet 1358, et que son corps fut jeté en bas de la Porte Saint-Denis (l'ancienne porte fortifiée, pas celle qu'on voit de nos jours). Là dessus, la fin est un peu expédiée, car Pécau ne sait plus trop où il en est et doit conclure. Tout ceci est regrettable et je le déplore, c'est une période qui aurait été si intéressante (et finalement assez méconnue) si elle avait été abordée de façon plus claire. Toutefois la lecture peut s'avérer sans trop d'ennui, mais ma note réelle est de 2,5/5 car elle symbolise ma déception. Un mot enfin sur le dessin : je ne le trouve pas vraiment joli, mais il est quand même correct et bien documenté, les visages sont hargneux, le sang est très présent, et curieusement, il y a 2 dessinateurs sur cet album, mais il n'y a heureusement pas de rupture de style.

02/06/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Ca y est. A la suite d’autres éditeurs, comme Glénat ou Delcourt, Soleil se lance dans les collections concept sur des thèmes historiques. Je n’ai pas souvent été convaincu par ce genre de chose, mais bon, il doit y avoir un filon à exploiter. Il s’agit de traiter de moments charnières de l’Histoire de France (« là où tout a basculé avance-t-on fièrement chez l’éditeur). Certes… Si « Révolutions – Quand l’Histoire de France a basculé » semble présenté par l’éditeur comme une série, c’est en fait davantage une collection, avec des albums totalement indépendants des autres, si ce n’est de traiter d’un moment « charnière » (selon l’éditeur en tout cas). J’ai donc lu pour le moment « 1356 », qui se déroule durant la première partie de la Guerre de cent ans, après la défaite de Poitiers, alors que le royaume de France sombre dans une certaine anarchie, avec un roi prisonnier en Angleterre, un dauphin affaibli, une capitale, Paris dans laquelle l’agitation sociale gagne. Au milieu de ce décor catastrophique, le personnage principal est un mercenaire breton, rescapé de la défaite de Poitiers, qui va mettre ses armes (et son absence de scrupules) au service des plus offrants. Alors, certes, c’est sanglant – et c’est en cela conforme à la réalité. Mais les personnages manquent de profondeur, et la situation militaire, dynastique ou sociale, sans parler d’une analyse historique sont trop sacrifiés à l’action. Et la fin est un peu brutale. Du coup, après cette lecture, le lecteur qui ne connait pas grand-chose de cette période n’aura pas compris en quoi l’Histoire de France a basculé durant la courte période traitée ici. Et il aurait raison : si quelque chose a basculé, c’est sur la longue durée de cette « guerre » (et à tout prendre quelques années plus tard surtout). Bref, cela se laisse lire (le dessin est plutôt bon), mais tout aussi vite oublier je le crains. Note réelle 2,5/5.

13/06/2019 (modifier)