Le Patient
Jeu trouble entre le rescapé d'un massacre et la psy venant l'interroger.
BDs adaptées en film
À quoi bon se souvenir qu’on a vécu l’enfer ? La police arrête une jeune fille errant dans la rue, couverte de sang, un couteau à la main. En se rendant chez elle, les agents découvrent avec effroi une scène de massacre : toute sa famille a été assassinée... 6 ans plus tard, Pierre Grimaud, l’unique survivant du « massacre de la rue des Corneilles », se réveille d’un profond coma. L’adolescent de 15 ans qu’il était au moment des faits est aujourd’hui un jeune homme de 21 ans. Désorienté, encore paralysé et souffrant d’amnésie partielle, il est pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée sur les questions de criminologie et de victimologie. Pendant leurs séances, Anna tente de l’amener à se souvenir des circonstances du drame, malgré ses pertes de mémoire. Pierre lui évoque la présence mystérieuse d’un « homme en noir » qui hante ses rêves, probable réponse inconsciente à son traumatisme. Après plusieurs rendez-vous, Anna découvre en Pierre un être sensible et très intelligent. Touchée par son histoire, elle se met même à le prendre en affection. Petit à petit, une véritable complicité s’installe entre eux. Anna n’imagine pas à quel point ce patient va changer sa vie… Après le remarqué Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher revient avec un ouvrage témoignant une nouvelle fois de sa science narrative exemplaire. S’inscrivant dans une veine plus réaliste, Le Patient est un thriller psychologique prenant et surprenant, laissant entrevoir quelques-uns des thèmes de prédilection de l’auteur : le rapport à l’autre, la notion du « temps », de l’identité et de la mémoire. (Site éditeur)
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Date de parution | 10 Avril 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Oups! le couple du patient et de sa charmante mais intrigante psychologue a failli faire une victime de plus. Pas avec un couteau mais par ennui mortel. C'est une des série qui m'a le plus barbé depuis longtemps. 300 pages avec autant de longueurs et d'incohérences, j'ai eu mal pour la pauvre forêt. Dès le début je n'ai pas accroché au modèle de la présumée coupable comme leurre et du prince charmant démoniaque. C'est un modèle si visité dans les séries B TV qu'il faut bien plus que ce que j'ai trouvé dans la série pour éveiller mon appétit. J'ai immédiatement tiqué sur la cohérence de ce que propose l'auteur. On voit des policiers municipaux dont ce n'est pas la compétence massacrer une scène de crime et plus tard un inspecteur qui passe son temps à sermonner des jeunes turbulents sur un mur. De même si l'intervention auprès de Pierre semble du ressort de la psychologie celle de sa sœur est plus du domaine de la psychiatrie ce qui exclut d'emblée les compétences de la belle Anna. On continue bravement avec une aide soignante qui bécote son patient/prince charmant endormi dans une scène digne de Walt Disney. Pas très pro la miss! D'autant plus qu'on la retrouvera faire la toilette du prince en fin de journée en pleine consultation!!! D'ailleurs je n'ai pas eu le sentiment que l'auteur s'embarrassait trop du secret de la consultation dans de nombreux endroits. Cela donne une atmosphère du centre hospitalier assez incroyable presque toujours désert, sans hiérarchie bien identifiable où une psychologue (donc non médecin) débarque comme d'un chapeau pour faire ses effets à la Sharon Stone. On a même un agent de sécurité qui donne un avis médical à une médecin (chevronnée ?) ça frise le ridicule, pourquoi pas la coiffeuse?. (Non c'est ridicule pourquoi imposé 10-12 ans de formation?) On se demande d'ailleurs quelle autorité (un juge ?) permet d'importuner ce garçon puisque l'enquête est close? Idem pour la police. Je pourrais multiplier les remarques mais j'ai abandonné assez rapidement. Tous ces épisodes permettent à l'auteur d'introduire du morbide et du pathos à bon marché. C'est d'autant plus décalé que le graphisme rend les personnages très lisses avec un look d'ados BG immatures à tous les âges. Une énorme déception pas du tout à mon goût.
Je suis toujours happé par le travail de Timothé Le Boucher. L'histoire intrigante, la mise en scène cinématographique, les couleurs, la sensibilité et l'ambiguïté autour des relations humaines, tout m'a plu. Le milieu hospitalier permet de voir la complicité qui s'installe autour des différents handicaps, ça crée beaucoup de finesse dans la psychologie des personnages. J'ai déjà lu 47 Cordes et je ne suis pas déçu par cet autre oneshot.
Les gens te montrent ce qu'ils veulent que tu vois. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2019. Elle a été réalisée par Timothé le Boucher qui a tout fait : scénario, dessins, encrage, couleurs. Il s'agit d'une bande dessinée de 290 pages. Dans une banlieue résidentielle, au sein du lotissement Les Corneilles, une adolescente marche de nuit au milieu de la rue en short et teeshirt, avec un couteau ensanglanté dans la main droite, et du sang sur ses bras nus, ses jambes nues, et sur ses vêtements. Elle est interpellée par une voiture de police. Elle continue de marcher après les avoir regardés. Les deux agents s'approchent d'elle, la plaque au sol et lui passent les menottes. Ils l'identifient comme étant Laura Grimaud, celle qui avait été signalée par un voisin inquiet. Une équipe de police se rend au pavillon des Grimaud et découvre le massacre : les cadavres de Xavier (43 ans, le père), Muriel (46 ans, la mère), Françoise (63 ans, la grand-mère), Jules (4 ans), Quentin (10 ans), Alison (12 ans), Pierre (15 ans), et le cousin Dylan (16 ans). L'un des policiers constate que Pierre est encore en vie et il fait appeler une ambulance. 6 ans plus tard, comme chaque jour, la jeune aide-soignante Tiphane fait la toilette de Pierre Grimaud, toujours hospitalisé, toujours dans le coma. Ce jour-ci, elle s'enhardit et dépose un chaste baiser sur ses lèvres. Il entrouvre un œil et e referme aussitôt. Tiphane va chercher sa collègue plus âgée et plus expérimentée Carole qui constate également que Pierre ouvre les yeux par intermittence. Celui-ci fait des rêves entre cauchemar et délire, où apparaissent son cousin Dylan, puis sa sœur Laura, puis un corbeau. Les deux aides-soignantes reviennent dans la chambre et chasse le corbeau qui s'est posé sur son torse. Quelques jours plus tard, la psychologue Anna Kieffer arrive dans l'hôpital et demande son chemin à la docteure Babette Cotteau qui s'occupe de Pierre Grimaud. Elle vient s'entretenir avec Pierre pour sa thérapie. La docteure Cotteau la conduit jusqu'à la chambre du patient, tout en lui expliquant que cela fait un mois qu'il a commencé à montrer des signes de réveil. Kieffer frappe à la porte de la chambre et y entre. Pierre Grimaud est allongé dans son lit, parfaitement immobile, les yeux fermés. Kieffer va voir la vue à la fenêtre, et il entrouvre leurs yeux. Il parvient à articuler un faible bonjour. Anna Kieffer s'assoit sur la chaise des visiteurs, se présente et explique ce qu'elle est venue faire : elle est là pour l'écouter et il peut commencer avec ce qui lui passe par la tête. Pierre se tait pendant un instant puis commence à parler : les infirmières disent qu'il a la meilleure chambre qu'elle est spacieuse, et qu'il a vu sur les arbres. Il continue : il a peur tout le temps, même du mouvement des oiseaux les branches. Comme il ne peut pas bouger, il a le sentiment que n'importe quoi pourrait lui arriver et qu'il serait incapable de réagir. La nuit il a parfois l'impression que quelque chose se tient au-dessus de lui et l'écrase, une silhouette noire menaçante. Kieffer lui indique qu'il est en sécurité ici. En 2017, Thimoté le Boucher avait sorti un excellent album : Ces jours qui disparaissent, un thriller à la narration visuelle douce, au rythme lent, mettant le personnage principal Lubin, et le lecteur face au principe de réalité, avec implacabilité inévitable. La séquence d'ouverture dure neuf pages, pendant lesquelles le lecteur assiste à la fin du massacre des Corneilles, l'arrestation de la coupable, la découverte des corps, le survivant inconscient. Les dessins sont toujours aussi doux avec un trait d'encrage très fin pour le détourage, des lieux et des accessoires dessinés avec simplicité tout en incorporant un bon niveau de détails, une mise en couleurs pastel dans des teintes foncés apportant une forte consistance à chaque élément représenté. le lecteur est immédiatement accroché par ce fait divers atroce, le meurtre de sept personnes d'une même famille par la fille un peu attardée. Il découvre que l'enjeu du récit est de découvrir ce qui s'est réellement passé cette nuit-là. Laura Grimaud (17 ans) a-t-elle bien commis ces meurtres ? Ou est-ce que les événements se sont déroulés autrement ? Il est vraisemblable que l'esprit de Pierre contient des informations sur les circonstances du drame, mais qu'ils ont été profondément refoulés à la suite du traumatisme. le récit s'inscrit donc un registre d'enquête policière. Il se produit un ou deux autres événements qui font que le récit passe dans le registre du thriller, comme la découverte qu'Anna Kieffer était la psychologue suivant Laura pendant l'enquête et que celle-ci s'est suicidée peu de temps après avoir été arrêtée. Les dessins montrent les environnements de manière clinique : des traits de contours fins et réguliers, des vêtements propres, des lieux propres, même le pavillon bon marché de la grand-mère de Pierre, des immeubles propres et sans une seule marque de l'usure du temps même dans une banlieue défavorisée, des sols et des murs impeccables. Cela peut produire une impression de froideur ou de distanciation chez le lecteur. D'un autre côté, l'artiste choisit des cadrages qui mettent en valeur la profondeur de chaque lieu, sans s'économiser sur ce qu'il y a à dessiner : de la vue du ciel de l'hôpital et de la ville qui l'entoure, à ses espaces verts, en passant par la salle d'activité commune, la piscine pour la thérapie physique, ou encore les chambres des différents patients. À chaque fois, la prise de vue permet de voir comment les personnages habitent ces lieux, comment ils en utilisent les accessoires, comment ils s'y déplacent en fonction de la géométrie des lieux et des obstacles. du coup, l'impression de lieux tout neufs et artificiels disparaît car le lecteur voit bien qu'ils sont utilisés et habités au quotidien. L'impression donnée par les personnages peut également s'avérer un peu déstabilisante au premier regard. En fonction de sa bédéthèque, le lecteur peut y voir plutôt l'influence des mangas, ou plutôt l'influence des bandes dessinées pour la jeunesse. Effectivement, la plupart des visages sont lisses, sans rides, que ce soient les patients adolescents ou jeunes adultes, ou les adultes plus âgées comme madame Pinsolle qui aimerait bien toucher Pierre, ou l'inspecteur Henri Carrier visiblement plus proche de la retraite que du début de sa carrière. Mais là encore, les autres caractéristiques des dessins font que ces personnages acquièrent une véritable identité graphique reflétant leur âge et leur condition. le lecteur peut ne pas y prêter attention et juste le ressentir, mais à une ou deux reprises l'évidence s'impose à lui. La première fois se produit quand Anna Kieffer fait une remarque sur le sweatshirt que porte Pierre dans son lit. le dessinateur porte une réelle attention aux tenues vestimentaires qui sont choisies en fonction de la personnalité de l'individu, de sa position sociale (les chemisiers de prix d'Anna) et de son occupation du moment. S'il n'a pas fait attention à ce détail, cela devient manifeste avec le pull tricoté que madame Pinsole offre à Pierre. Rétrospectivement, il se dit que le joli serre-tête avec un nœud rose de Tiphane est aussi révélateur de son caractère. Qu'il y fasse sciemment attention ou non, le lecteur plonge donc dans un thriller psychologique dans lequel l'auteur a soigneusement conçu chaque élément graphique, chaque information visuelle. Arrivé à la page 40 (sur 290) de la bande dessinée, il devient apparent que le massacre des Corneilles est survenu dans un environnement spécifique : le caractère de la mère, la stratégie d'adaptation du père, la relation entre la grand-mère et sa fille, le milieu défavorisé, le retard mental de Laura, l'arrivée du cousin Dylan. Cela peut paraître un peu chargé, mais l'auteur montre une vie de famille plausible, sans maltraitance physique, mais avec une agressivité latente de la mère. La grande force de le Boucher est de ne pas mettre les pieds dans le plat en étant le plus explicite possible, mais de rester majoritairement dans les sous-entendus. du coup, le lecteur est dans l'incapacité d'empêcher son cerveau de gamberger, d'essayer de reconnaître des schémas, d'établir des connexions logiques pour aboutir à des suppositions qui seront confirmées ou infirmées par les informations présentes dans les séquences suivantes. Il prend bien sûr fait et cause pour la victime, que ce soit Pierre dont le visage porte la marque des lacérations au couteau, que ce soit Laura victime des remarques méchantes de sa mère, que ce soit Anna portant la culpabilité du suicide de Laura, que ce soient les autres patients de l'hôpital (Bastien muet et en fauteuil roulant après un accident de la route, Max qui a perdu ses deux jambes après un accident de scooter, une jeune femme atteinte d'un cancer). Il relève les petites remarques en coin qui atteste que tout le monde n'est pas animé de bonnes intentions et que la méchanceté est bien présente chez certains, au moins au point de faire quelques crasses. Il est également tiré de la douceur ambiante par des remarques qui sortent de la banalité affligeante des échanges pour faire la conversation, avec l'évocation du mythe d'Actéon et son interprétation psychanalytique, ou encore le phénomène de reproduction sociale, l'explication de la paralysie du sommeil. Le lecteur commence ce récit à la narration visuelle douce et solide, un peu froide pour les décors, comprenant qu'il s'agit d'un roman policier dans lequel il s'agit de comprendre comment est survenu le massacre des Corneilles (une jeune fille de 17 ans assassine tous les membres de sa famille dans le pavillon de banlieue) et comment il s'est déroulé. Les dessins propres sur eux donnent vie aux personnages, sans impression de voyeurisme ou de sensationnalisme. le malaise s'installe progressivement, des petits éléments dissonants de ci de là qui amènent le lecteur à se poser des questions sur la fiabilité de certaines déclarations, à participer lui-même aux déductions. Il est ferré et totalement impliqué, incapable de décrocher de ce thriller extraordinaire, aux personnages abimés tout en restant attachants, voyant très bien que tout cela ne peut que mal finir, sans pour autant savoir quelles seront les victimes suivantes, ni qui est vraiment coupable de quoi. Du grand art.
Prix des BD "Bulles de sang d'encre" en 2020, je me suis empressé de m'approprier ce titre suite au lauréat de 2019 (RIP) qui m'avait subjugué. Je suis donc parti avec beaucoup d'enthousiasme en plus des nombreuses critiques positives que j'avais pu lire de cette BD de Thimothé Le Boucher. Malgré des dessins qui ne m'attiraient pas vraiment et qui tirait beaucoup trop sur les "influences mangas" de cet auteur, je suis tout de suite rentré dans ce pavé de plus de 300 pages. J'ai été happé par ce thriller psychologique du début à la fin avec cette envie de terminer le livre et de connaitre le fin mot de l'histoire. Le scénario reste tout de même très prévisible même si le final à la Shutter Island lui donne une autre dimension. Le retournement de situation du milieu du livre est le gros point négatif à mon sens. En effet, l'introduction d'une "voix off" au personnage principal change la donne et me laisse perplexe. La rapidité à laquelle bascule l'intrique me dérange également et donne un arrière goût de déception. Je reste donc mitigé sur cet ouvrage et je ne sais pas si je dois, oui ou non, le recommander à mon entourage. Une lecture fluide et sans coupure mais un scénario prévisible et une construction hachée avec une fin énigmatique qui peut déplaire.
Le dessin ne me plaisait vraiment au premier regard alors je me suis fait violence à l'emprunter. Je suis agréablement surpris. Je n'avais même pas lu la présentation de cette BD avant de démarrer, je ne m'attendais pas à un thriller. Et je trouve que l'histoire respecte très bien le genre: il y a une tension permanente, qui sait augmenter graduellement jusqu'à la fin. Le dessin participe bien à l'ambiance, le côté impersonnel laisse planer un doute général qui ne s'éteint jamais. Ca n'est pas le style qui m'emballe, mais là je dois dire qu'il fait son effet. C'est dommage de ne pas retrouver plus tard les petites audaces graphiques du début (p.12+16). L'ensemble est très divertissant, j'avais quand même envie de m'accrocher pour découvrir le fin mot de l'histoire. Il y a un excellent équilibre entre le retour dans le passé de Pierre et son quotidien à l'hôpital. Certaines scènes sont d'ailleurs là simplement pour nous faire un peu frissonner, sans but autre, et ça m'énerve un peu. Mais bon, ça fait partie des codes du genre suspense. J'étais un peu lassé par moment, ce pavé aurait pu être un peu moins lourd. A la moitié du bouquin, le mystère se dévoile et tout s'accélère, avec de vrais passages à l'action. Le choix narratif passe, mais bon je trouve que les images parlent très bien pour elle-même. Et puis surtout la fin... Disons qu'elle tombe comme une chute dont on n'avait pas prévu le saut. Et ce retournement de situation ne m'a pas du tout convaincu. Je monte à "Pas mal" parce-que je ne m'attendais pas à apprécier le dessin, et puis parce-que j'ai senti la tension du suspense. C'est déjà l'essentiel. Mais on est encore loin d'un Scorsese si vous voyez ce que je veux dire. A emprunter oui, mais je ne sais pas ce qu'il restera d'intéressant lors des relectures.
Ce thriller psychologique assez long arrive à créer une atmosphère oppressante dès son tout début. En près de 300 pages, il ne s'essouffle pas et parvient à maintenir et renouveler le suspense. Le dessin de Timothé Le Boucher est fidèle à lui-même, d'inspiration assez manga, avec en particulier des personnages d'apparence souvent jeune et androgyne. Des cases de décor parsemées ça et là insufflent des respirations au récit et par leur simple présence donnent l'image d'un contexte un peu plus large. Je ne suis cependant pas plus convaincu que ça par les expressions des personnages, souvent difficilement déchiffrables, et parfois assez stéréotypées : on va avoir par exemple des expressions "j'ai peur", "je suis le grand méchant machiavélique", "je suis supérieurement intelligent", "je suis très mystérieux" qui seront répétées à l'envi. Concernant l'histoire, si je l'ai trouvé prenante à souhait et si l'intrigue présente des rebondissements et flashbacks intéressants, j'ai aussi cru y trouver de grosses incohérences. (Attention, spoiler) Après 6 ans dans le coma, il suffira de quelques semaines à notre patient pour qu'il retrouve des capacités musculaires excellentes, tout en faisant semblant auprès de tout le personnel de l'hôpital d'être juste en train de vaguement se rétablir. Le twist final surtout me laisse très interrogatif. Si ce n'est pas Pierre le coupable et que c'est Anna qui lui a insufflé tous ces souvenirs, est-ce elle la coupable des meurtres de la famille de Pierre ? Des autres meurtres évoqués ? Et sinon de qui s'agit-il ? Et si elle est la marionnettiste, quel est son mobile ? Sachant bien évidemment que si autres meurtres il y a eu, des éléments objectifs existent pour corroborer ou infirmer les hypothèses qu'on peut émettre. Mais bien sûr ces éléments n'apparaissent pas dans ce récit. Et s'il s'agit juste de dire que c'est vraiment Pierre le manipulateur et qu'il essaie de faire douter Anna et nous avec (mais dans ce cas pourquoi a-t-elle éteint son magnétophone ?), ça serait là aussi un peu faiblard. (fin spoiler) Ayant reparcouru l'album, je ne trouve aucune réponse convaincante à ces questions. Aussi le twist final me paraît-il soit un peu artificiel, mystérieux pour être mystérieux, soit incompréhensible, et je dois avouer que cela me laisse sur une déception. Dans le même registre, Shutter Island par exemple (le roman, le film, et je suppose la bd) est autrement magistral. Une lecture prenante et oppressante donc, mais qui s'achève malheureusement sur un un goût de déception.
L'auteur réussit à créer une atmosphère trouble entre les différents personnages. Des touches d'érotisme malsain, des liens familiaux dysfonctionnels, des vies brisées se mélangent dans le département de rééducation de cet hôpital. Le tout est mené au rythme d'une enquête longue, des flashbacks du héro, des péripéties présentes, qui dévoilent lentement l'intrigue. C'est une lecture prenante qui au final doit plus à l'ambiance et au mystère entourant les protagonistes qu'à l'enquête policière.
Une bande dessinée intéressante avec une scène glauque à souhait mais avec une fin floue. L'histoire : Pierre Grimaud, l'unique survivant du massacre de sa famille, se réveille de 6 ans de coma, à l'âge de 21 ans. Désorienté, encore paralysé et souffrant d'amnésie partielle, il est pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée sur les questions de criminologie et de victimologie, qui s'occupait de sa sœur, accusée du massacre, avant que celle-ci ne se suicide... L'atmosphère ambiguë et pesante, est bien retranscrite par des cases supplémentaires du décor des pièces, qui ralentissent la lecture et retranscrivent ce que voit Pierre, cloué sur son lit. Puis la mise en page évolue en même temps que sa rééducation porte ses fruits, ainsi que le nombre de personnages s'étoffe et que l'intrigue installe le doute sur la culpabilité de la sœur défunte. Le dessin est précis avec quelques airs de manga. A lire au moins une fois.
J'avais vraiment aimé Ces jours qui disparaissent et c'est avec une certaine curiosité et un a priori très favorable que j'ai attaqué cet album. Par certains cotés, on retrouve des thèmes proches entre les 2 oeuvres : la notion du temps qui passe, les rapports humains... le tout ici est mis en scène sur fond de polar. Cela avait tout pour me plaire, mais au final je suis très mitigé. Je suis bien rentré dans l'histoire : qu'est il arrivé à cette famille ? Comment va se reconstruire notre patient, le seul survivant du massacre de sa famille. Entrée en matière réussie. Mais assez rapidement plusieurs détails m'ont gêné. Graphiquement, tous les personnages ont l'air d'être des adolescents, ça ne colle pas avec les médecins par exemple, qui ne sont plus des internes pourtant. Certains aspects médicaux m'ont dérangé aussi : les questions que se posent la toubib sont dignes d'une étudiante première année. La relation de notre héros avec sa psy ne m'a pas convaincu. Je n'ai pas cru un instant à ce petit jeu de manipulation séduction. Et cela occupe une place bien importante dans l'album. Contrairement à Ces jours qui disparaissent qui provoque des questions existentielles et qui fut une lecture marquante, celle-ci est assez anecdotique à coté. Cela n'a provoqué aucun questionnement chez moi. A coté de ça, j'avais envie de connaitre le fin mot du récit, c'est donc que malgré ces éléments négatifs, il y a quand même de la matière intéressante. Mais au final je suis un peu déçu et je ne garderai pas grand chose de cette lecture je pense.
Timothé Le Boucher, auteur très en vue depuis le surprenant Ces jours qui disparaissent, publiait il y a un an « Le Patient », passant de ce qu’on pourrait appeler du « fantastique intimiste » à un registre plus conventionnel : le thriller psychologique. Comme pour son ouvrage précédent, le talent du jeune prodige se mesure autant à sa maîtrise du dessin que du scénario. Sa ligne claire fine et élégante bénéficie d’un cadrage millimétré, exprimant à la perfection les non-dits en jouant à fond sur les regards et la gestuelle. Du grand art qui resserre les liens les plus visuels entre le 7e et le 9e art. La narration elle-même est d’une extrême fluidité, dominée par un mystère constant qui maintient le lecteur en haleine jusqu’à la fin, et applique à merveille les codes cinématographiques du genre, sans oublier le twist final. Auparavant, Le Boucher aura pris soin de faire ressortir l’ambigüité et le côté obscur de ses personnages pour mieux nous laisser sur le qui-vive. On pourra légitimement mettre un bémol, mais pour en parler, il conviendra de conseiller au lecteur de cette chronique qui n’aurait pas lu l’ouvrage de ne pas lire la phrase qui suit. [SPOILER] Après avoir refermé ce pavé envoûtant (292 pages tout de même !), on peut s’interroger sur la crédibilité de l’intrigue. Le jeune Pierre, manipulateur cynique doté d’une intelligence supérieure, aurait-il réellement pu demander à sa sœur d’ajuster sa force pour ne pas lui asséner de coups mortels, mais suffisamment dosés pour le faire tomber dans un coma de six ans, sans risque d’y perdre des facultés cérébrales ? Car on constatera que lorsque le jeune garçon émerge de son coma, il semble avoir conservé intacte son intelligence hors normes si ce n’est une légère amnésie… [FIN DU SPOILER]. Bref, chacun se fera son opinion sur le sujet, mais quoi qu’on en pense et malgré ce que l’on peut considérer comme une légère incohérence, l’intrigue est plutôt bien ficelée, mais surtout, les personnages, TOUS les personnages sans exception, sont extrêmement bien campés. L'histoire, que l’on n'oubliera pas de sitôt, est assez dérangeante, notamment par le jeu trouble voire un peu malsain entre Pierre et sa jolie psychiatre (qui pourrait avoir l’âge de sa mère), fascinée et un brin amoureuse de son jeune patient et de sa personnalité extraordinaire, [SPOILER] qui rappellera quelque peu les « liaisons dangereuses » entre Hannibal Lecter et Clarice Starling dans « Le Silence des agneaux ». [FIN DU SPOILER]
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