La Recomposition des mondes
Que se passe-t-il sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ? Le mieux pour le savoir, c'est de se rendre sur place. Ça tombe bien, c'est le choix d'Alessandro.
Documentaires Pays de la Loire
Les brigades mobiles de CRS et leurs gros engins font face aux zadistes. Les deux camps s'échangent des mots : « Vous pourriez même poser vos casques, on vous fait du café et on discute calmement » selon les manifestants. « Vous le savez, au fond de vous, vous êtes du mauvais côté de l'histoire » selon la police. Le ton monte et bientôt une grenade assourdissante explose. Alessandro inhale le gaz lacrymogène. Il est à Notre-Dame-des-Landes... Il y a deux jours encore, il comptait les tritons dans les mares avec des naturalistes, loin de penser que dans ce havre de paix, les situations d'émeutes viendrait noircir ces si beaux paysages. Il se souvient comment il s'est embarqué dans cette incroyable aventure. Il était parti en stop depuis Paris pour Berlin. Là-bas, il a joué les punks avec son pote. Il s'est retrouvé dans des squats avec des SDF, des étudiants, des voyageurs de toutes sortes, des gens de classe moyenne supérieure. Une véritable mixité d'un naturel et d'une grande spontanéité. Il est arrivé à Notre-Dame-des-Landes il y a environ un mois, à la Rolandière, la ferme où se trouvent le phare et la bibliothèque...
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Date de parution | 18 Avril 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
La Recomposition des mondes est un album engagé présentant la situation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes dans les jours qui ont précédé son démantèlement par les autorités en 2018, quelques mois après l'abandon du projet d'aéroport. L'objectif de la BD est double : de témoigner d'une part sur la façon dont les gendarmes ont délogé les zadistes et détruit leurs constructions, et d'expliquer d'autre part pourquoi ceux-ci étaient restés sur place malgré l'abandon de l'aéroport et quel était leur combat et leurs idéaux. Graphiquement, rien à redire. Les planches peintes en couleurs directes sont plutôt belles même si le trait reste lâché et parfois un peu brouillon. La mise en scène est correcte, quoiqu'assez centrée sur le personnage du narrateur lui-même plutôt que sur des vues d'ensemble qui aurait rendu plus claires la compréhension de la situation. Mais c'est une méthode assez réaliste de représenter le témoignage de quelqu'un qui n'avait forcément pas de vue globale de la situation quand il était en plein milieu de tout ça. L'album présente toutefois les défauts de la majorité des albums engagés, le premier étant qu'il ne présente qu'une unique face du problème, un unique point de vue. Cela se ressent très vite dans la déshumanisation des gendarmes, dont on ne verra jamais que les casques fermés et un message d'évacuation préenregistré, et dont l'auteur mettra en scène un des représentants dans une discussion fictive à une table de bar en lui mettant des phrases clichés et manifestement dénuées de réflexion dans la bouche comme pour accentuer artificiellement le fait qu'ils sont forcément idiots et n'ont rien compris à la situation. Mais cette situation, l'auteur ne l'explique quasiment pas. On comprend qu'il est sur place depuis juste un mois mais qu'il se sent déjà indéfectiblement proche des autres zadistes, que ceux-ci représentent l'humanité dans toute sa sensibilité et sa sagesse, avec une vision belle et révolutionnaire d'un rapport égalitaire à la nature, bref qu'ils ont tout compris. Et pour eux comme pour lui, il apparait comme une évidence qu'il faut combattre l'Etat et lui présenter un front passif-agressif pour faire tomber ces monstres égoïstes et destructeurs du gouvernement et de la police. Mais il manque l'explication de pourquoi. Pourquoi ces personnes, aussi belles soient leurs idées, choisissent cette posture d'opposition affirmée et de désobéissance, avec le maintien d'une Zone à Défendre qui par définition est un défi ouvert à l'Etat. N'y avait-il pas moyen d'accomplir leurs mêmes idéaux de respect de la nature dans des propriétés privées qui leur appartiendraient, n'empièteraient pas sur des routes et terrains publics et n'auraient pas comme raison d'être essentielle la provocation envers le gouvernement ? La chose semble possible comme le montre cet autre témoignage par exemple : Le Collectif - Histoire de notre éco-hameau. Comment s'étonner ou s'indigner du fait que l'Etat réagisse en combattant cette entité, la ZAD, qui se présente finalement comme l'incarnation déclarée d'un ennemi de l'Etat ? Si l'idée était de montrer que le peuple entier allait les rejoindre et faire tomber le gouvernement, parce que comme eux ils pensaient qu'il était contre le peuple et n'avait pas été élu par lui, force est de constater que c'est un échec. Concrètement, j'ai trouvé que cette BD, aussi sincère semble-t-elle être, donnait une vision trop superficielle et trop manichéenne d'une situation complexe, et n'apportait pas d'explications profondes capables de convaincre un lecteur qui ne serait pas déjà partisan du projet.
J’avais découvert (et grandement apprécié !) cet auteur avec son Petit traité d'écologie sauvage, dans lequel, en fin du troisième tome, il faisait déjà un bel éloge des ZAD. Je le retrouve ici encore avec plaisir, tant j’ai aimé sa façon de traiter un sujet qui a priori m’intéresse (l’album est centré sur la ZAD de Notre Dame des Landes). Il y a un peu de Marion Montaigne et d’Étienne Davodeau dans sa façon de vulgariser des idées et connaissances, tout en usant d’un militantisme loin d’être rébarbatif. Avec un humour qui parsème les planches, très jolies au demeurant. La lecture est très agréable, et la narration est très bien équilibrée entre les passages loufoques, d’autodérision parfois, et ceux qui sont plus militants ou simplement scientifiques. Une chouette lecture, un documentaire intelligent.
Cette bd nous explique pourquoi les occupants de la Zad de Notre-Dame-des-Landes ne sont pas partis lorsque le projet d'aéroport de Nantes a été abandonné par le Président de la République. Beaucoup dans l'opinion n'ont pas compris cette détermination à rester pour occuper le terrain. L'auteur mène une enquête à l'intérieur même de la Zad pour nous faire comprendre l'esprit qui règne sur ce bocage où les hommes sont en communion avec la nature, les animaux et les plantes face aux forces de l'ordre. Inutile de préciser que c'est un témoignage à charge contre l'autorité en place par la volonté du peuple dans son ensemble. C'est un autre regard sur la Zad dans sa dimension cosmique et philosophique à ce que j'ai compris. Il y a également une certaine forme de gouvernance où les grades ne comptent pas car chacun a sa place. L'auteur espère un changement de notre perception du monde d'où cette recomposition en cours.
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