In Waves

Note: 3.69/5
(3.69/5 pour 13 avis)

La perte d’un être cher et la façon dont on traverse le deuil, en surfant comme on peut la crête d’une grosse vague. Tantôt au-dessus de l’écume, tantôt envahi et fracassé par le poids de l’eau.


Autobiographie Cancer Douleurs intimes Le deuil Le surf Les prix lecteurs BDTheque 2019 Maladies et épidémies

Avec beaucoup de finesse et de pudeur, AJ Dungo, immortalise les instants de grâce de sa relation avec Kristen. La légèreté et l’émotion des premières rencontres, la violence du combat contre la maladie, la noblesse de la jeune femme qui se bat avec calme. Il évoque en parallèle leur passion commune pour le surf, l’océan. Et évite très justement l’écueil du pathos en intercalant dans son récit personnel, un petit précis d’histoire du surf.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Août 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série In Waves © Casterman 2019
Les notes
Note: 3.69/5
(3.69/5 pour 13 avis)
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13/08/2019 | Mac Arthur
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Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Renversant. C'est un format très épais et souple avec des parties en bleu canard, l'histoire du narrateur, mises en vis-à-vis de passages en sépia qui racontent l'histoire des pionniers du surf. Pour quelqu'un de l'intérieur des terres, comme moi, cela ne parait pas très séduisant. Et pourtant... Vous sortez de la lecture comme si vous veniez de passer une journée à la mer. Lavé, fatigué, les yeux mouillés et les bras lourds. Il y a très peu de textes et peu de dialogues. Une voix off qui est le point de vue d'un des personnages et ...le dessin. C'est drôle comme il n'est pas vraiment habile, pas très contrasté non plus. Peu de traits, pas d'ombre. Un mystère. Si je vous raconte l'histoire, ça va vous plomber, donc n'y pensez même pas, l'intérêt est ailleurs, c'est une expérience de BD.

21/05/2020 (modifier)
Par Blue boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Si le surf lui sert de fil rouge, « In Waves » est d’abord le livre d’un deuil. Comme le précise l’auteur en postface, ll n’est pas « expert en matière de surf », se définissant plutôt comme « amateur enthousiaste, que les grandes figures du surf inspirent ». Et d’évoquer cette obsession en commun « de chevaucher les vagues, ce profond respect pour l’océan, et le cœur brisé. » Un cœur brisé par la mort de sa petite amie. Il n’est donc nullement nécessaire de s’intéresser au surf pour apprécier ce très beau roman (autobio-)graphique, qui du coup nous fait voir cette discipline sous un jour nouveau, loin des clichés faciles sur les beaux gosses un peu benêts passant leur journée à se faire admirer par des meutes de filles éperdues. Nous sommes ici dans un registre très différent, beaucoup plus grave, plus mélancolique aussi. Aj Dungo évoque ici la maladie de sa petite amie Kristen, disparue bien trop tôt après des années de lutte pour rester en vie. Quel rapport entre le surf et la maladie me direz-vous ? On le comprend dès le début du livre, où tous les amis de Kristen se sont réunis sur la côte à l’occasion de son anniversaire pour la voir surfer, alors que celle-ci apparaît déjà passablement affaiblie. L’auteur, qui ne l’avait jamais vue sur une planche, connaissait sa passion pour ce sport qu’elle ne pratiquait presque plus depuis que son cancer avait été diagnostiqué. Aj Dungo va ainsi utiliser la passion de la jeune fille pour construire un récit alternant l’histoire du surf et la descente aux enfers de Kristen. Et contre toute attente, ce parti pris fonctionne formidablement bien, avec un code couleur bichromique pour chaque versant du récit, vert pour raconter l’intimiste, sepia pour évoquer le sport et ses figures. Et les deux narrations, en s’entrecoupant de la sorte, finissent par produire une alchimie inattendue, un rythme harmonieux, régulier et apaisant comme peuvent l’être le bruit des vagues… ce qui contribue sans nul doute à alléger un récit au thème pas forcément très joyeux. L’auteur nous épargne tout pathos inutile, se contentant de nous livrer sa propre expérience, celle d’un amour pur, avec pudeur et sensibilité. Très graphique, le dessin est d’une sobriété exemplaire, avec une ligne épurée où chaque trait est à sa place, sans surcharge, comme une évidence. Un peu comme si la mer avait guidé le crayon d’Aj Dungo, d’une fluidité et d’une douceur infinie, même si l’on peut imaginer la tempête qui a précédé… Et quand arrivent les dernières pages, on se dit que l’auteur n’a pu concevoir cette œuvre tout seul, et que la personne qui l’a aidé vit forcément en lui… comme une évidence. « In Waves » parvient ainsi à nous toucher au plus profond de nous-mêmes. L’histoire de Kristen, cette jeune fille profondément amoureuse de la vie, frappée injustement par une maladie qui « se jouait d’elle », nous brise le cœur à nous aussi. Elle constitue un exemple admirable de courage pour chacun et une leçon pour tous les bien-portants grognons centrés sur leur petite personne. Loin d’être une vague bluette, « In Waves » nous submerge telle une vague émotionnelle puissante, nous rendant à la fois plus humble et plus fort, plus proche de l’essentiel.

12/01/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Guillaume.M

« In Waves » est un voyage dans le monde du surf et dans l’intimité, l’amour puis le deuil d’AJ Dungo pour Kristen, fauchée par le cancer. Une véritable émotion se dégage de ce roman graphique, page après page. Malgré le caractère éminemment personnel du scénario, l’auteur parvient à garder une grande pudeur tout en faisant preuve d’une honnêteté qui force le respect. Pour écrire « In Waves », AJ Dungo se livre et a forcément dû mettre ses tripes sur la table. Parvenir à le faire avec tant de classe et une telle douceur, malgré la violence du sujet traité, a dû lui demander un immense travail d’introspection et du recul. Tout cela n’est pas sans me rappeler le fameux Pilules bleues de Frederik Peeters, la poésie en plus. La trame narrative mêle habilement l’histoire personnelle de Kristen et AJ et l’histoire du surf, notamment par les biographies de Duke Kahanamoku et Tom Blake, légendes de ce sport. Si ce mélange peut sembler étonnant, voire superficiel, au début de l’album, les liens entre l’autobiographie et le surf se resserrent peu à peu jusqu’à devenir une évidence. À ce propos, la citation qui suit, directement tirée de l’album, résume parfaitement le parallèle qu’AJ Dungo tire entre le deuil et l’océan : « Cela vient par vague. C’est une réponse un peu lapidaire, mais juste. Le vide est constant. Mais le chagrin du deuil n’a pas de forme propre. Il va et il vient. Il demeure imprévisible. Il naît d’une tempête au loin, au plus profond de l’océan, à l’abri des regards, en faisant gronder les flots. Il surgit, canalisé, concentré, se forme, se précipite, chargeant toute sa force avant d’atteindre le point de rupture. Il croît jusqu’à ne plus pouvoir tenir sa forme. Il devient instable et s’effondre. Il finit par se répandre en une surface uniforme et calme. Et puis l’eau se retire, avant que la vague ne se reforme à nouveau. (…) Il faut surfer. » Cet album n’est pas seulement une réussite scénaristique. Il est également un succès graphique. Quel talent, quelle souplesse et quelle force malgré la simplicité et la douceur du trait, presque liquide. Les planches s’enchaînent avec une homogénéité et une fluidité qui rappellent l’eau. Cela commence déjà avec la fort jolie couverture et se confirme tout au long de l’album. Quant à la mise en couleur, là encore c’est une réussite, avec le sépia pour l’histoire du surf et le bleu pour la partie autobiographique. « In Waves » est un coup de cœur et sans doute l’un des albums les plus marquants de l’année 2019. Plusieurs heures après sa lecture, j’en suis encore imprégné…

26/08/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Très beau récit que celui-ci, qui a réussi à me toucher alors que le pari n’était pas gagné d’avance. Ce qui marque tout d’abord, avec ce ‘In Waves’, c’est bien sûr (et il suffit de jeter un œil sur la couverture) son aspect graphique. AJ Dungo fait montre d’un talent énorme. Ses dessins combinent élégance, pureté et esthétisme. Chaque case me semble réalisée avec le même souci de recherche, d’épure, le même soin, la même cohérence pour qu’à chaque fois je reste stupéfait par l’harmonie et la douceur qui se dégagent de ce trait, de ce style démodé et moderne à la fois… intemporel en somme. Bon, c’est clair, côté visuel, je suis sous le charme. Mais bien souvent, avec ce type de livre qui s’admire pour chaque case, l’histoire a tendance à passer au second plan et l’émotion du récit n’atteint jamais l’émotion suscitée par le trait. Du coup, d’ordinaire avec ce genre d’objet j’admire… mais je ne suis pas ‘dedans’. Et bien ici, l’émotion du récit est bien réelle. Ce livre est un magnifique hommage d’un auteur pour sa compagne défunte, une œuvre emplie de respect, de pudeur… et, on y revient, d’élégance. Roman graphique par son sujet autobiographique, cette œuvre m’a marqué par sa sincérité et par la capacité de l’auteur à nous faire partager son amour pour Kristen au travers d’un portrait simple et d’une grande finesse. Finesse qui se dégage aussi dans la pertinence de l’alternance entre les pages consacrées à l’histoire du surf et celles dédiées à l’aspect autobiographique. Car en racontant les vies de Duke Kahanamoku et de Tom Blake, AJ Dungo ne se contente pas de retracer une page d’histoire. Il lie cette histoire à sa propre expérience, Duke le flamboyant et Tom le solitaire… Kristen et AJ… Elle, belle intelligente et pleine de vie et lui solitaire, renfermé, maladroit. Enfin, derrière ce drame d’une existence rongée par la maladie se love une leçon de vie, celle que nous donne Kristen qui cherchera aussi longtemps possible à ‘rester sur la vague’… et celle que nous offre AJ Dungo pour qui ce deuil est comme une vague qui parfois le submerge et parfois le laisse dans le creux. Et finalement, ce livre nous parle de résilience dans le sens le plus noble du terme, dans cette capacité qu’a l’être humain de se construire au travers de ses expériences, quand bien même celles-ci sont terriblement douloureuses.

13/08/2019 (modifier)