Les Indes fourbes

Note: 4.12/5
(4.12/5 pour 33 avis)

Grand prix RTL de la bande dessinée 2019 Prix Landerneau BD 2019 Prix des libraires BD 2019 Prix Landerneau de la BD 2019 De l’ancien au Nouveau Monde, la fabuleuse épopée d’un vaurien en quête de fortune…


Auteurs espagnols BD à offrir Best of 2010-2019 Best-of des 20 ans du site Delcourt École européenne supérieure de l'image Grand prix RTL de la bande dessinée Les prix lecteurs BDTheque 2019 One-shots, le best-of Prix des Libraires de Bande Dessinée Prix Landerneau

Vulgaire escroc de bas étage vivant dans le Madrid du XVIIe siècle, Pablos décide de quitter l'Espagne pour s'embarquer à destination des colonies. Il y découvre un Nouveau Monde où tout est possible, même s'élever sur l'échelle sociale... Changeant d'identité comme de lieu, Pablos devient tour à tour esclave, noble, explorateur, traître... Des geôles espagnoles aux sommets de la Cordillère des Andes en passant par les méandres de l'Amazone, il connaît la gloire et la misère dans une épopée grandiose. Son but ? Voyons, la mythique El Dorado, bien sûr !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 28 Août 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Indes fourbes © Delcourt 2019
Les notes
Note: 4.12/5
(4.12/5 pour 33 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

28/08/2019 | Josq
Modifier


Par Emka
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Emka

Avec une dream team composée par Alain Ayroles au scénario et Juanjo Guarnido au dessin, il devient presque difficile de ne pas décevoir. Et j’avais beau avoir des attentes élevées, ca a très bien marché pour moi. Le récit explore des thèmes classiques du roman picaresque, où les petits vauriens règnent en maître. La survie par la ruse, la critique sociale et la quête de fortune dont donc au programme. Le scénario d’Alain Ayroles est riche et dense, mêlant habilement humour, satire et tragédie. La structure narrative est soignée, avec des retournements de situation bien placés et des dialogues vivants même si j’ai trouvé des passages un peu longs voire tirés par les cheveux. Le dessin de Juanjo Guarnido est comme on pouvait s’y attendre époustouflant. Quittant l'anthropomorphisme, Guarnido apporte un réalisme détaillé. Ses illustrations regorgent de détails, que ce soit dans les paysages luxuriants, les scènes de ville animées ou les expressions faciales des personnages. Chaque planche est une œuvre d’art en soi, j’adore. Si ce n’est une BD culte, "Les Indes fourbes" est pour moi une BD incontournable.

03/06/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Mais que vaut la vie de celui qui ne sert à rien ? - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, dont la première édition date de 2019. le scénario est d'Alain Ayrolles, les dessins et les couleurs de Juanjo Guarnido, avec l'aide d'Hermeline Janicot Texier pour les couleurs, Jena Bastide ayant réalisé la mise en couleurs des pages 75, 77 à 79, 81 à 84. L'ouvrage s'ouvre avec un court avant-propos d'un paragraphe évoquant El Buscon la Vie de l'Aventurier Don Pablos de Segovie (1626) de Francisco Gomez de Quevedo y Villegas (1580-1645), un des chefs d'œuvre du roman picaresque. Au seizième siècle, à la cour du roi d'Espagne, Pablos de Ségovie raconte son histoire : né gueux en Castille, il finit par décider de quitter l'Espagne pour gagner les Indes afin de connaître une vie meilleure. Il effectue la traversée vers l'Amérique du Sud sur un magnifique trois mats, en tant que membre d'équipage, tout en plumant les matelots aux cartes, en trichant. Mais l'un d'eux finit par comprendre la combine et Pablos est balancé par-dessus bord au large des côtes. Après une nuit difficile accroché à un bout de bois, il finit par échouer, épuisé, sur une plage. Quand il relève la tête, il constate qu'il est observé par une demi-douzaine d'africains. Au temps présent du récit, Pablos est allongé sur un chevalet de torture, en train d'être interrogé par l'alguazil de la place forte de Cuzco, assisté par l'intendant le seigneur Reyes. L'alguazil perd sa patience, mais Pablos insiste : il doit tout raconter dans l'ordre pour l'alguazil comprenne ce qu'il en est de l'Eldorado. Alors que Pablos perd conscience d'épuisement, Reyes fouille ses affaires et y trouve une tête réduite que l'alguazil identifie tout de suite : celle de don Diego, nom que Pablos pousse dans un cri soudain. Reyes lui conseille de raconter ce qu'il sait à l'alguazil. Pablos continue son histoire en reprenant au moment où il venait d'être intégré dans le petit village d'anciens esclaves africains, à qui il apprenait qu'une bulle papale interdisait de réduire les indiens en esclavage et que c'est la raison pour laquelle des africains avaient importés dans ce pays. Un soir, alors que les anciens discutent de son sort, Pablos se met à mimer sa vie en Espagne devant les autres villageois : son père, sa mère, son petit frère, leur vie de gueux. L'alguazil recommence à s'impatienter, mais Pablos explique que tout est important pour comprendre comment il en est arrivé à l'Eldorado. Après quelques jours passés avec la tribu, Pablos a décidé de s'en aller en catimini, ne souhaitant pas être cantonné à une vie de villageois fermiers. En logeant la côte, il finit par tomber sur un campement d'espagnols, des ouvriers dans une exploitation de cannes à sucre. L'un d'eux lui temps une machette pour aller travailler aux champs. Pablos se souvient du conseil de son père : ne jamais travailler. Alors que les travailleurs l'accompagnent vers leur nouvelle tâche, Pablos demande au meneur où on peut trouver l'or des Indes. le cavalier lui répond que toute la Nouvelle-Espagne a été grattée jusqu'à l'os et que pour l'or il faut aller au Pérou. Ils arrivent en vue d'un village et Pablos voit pour la première fois des Indiens, avec leur peau cuivrée. Il voit aussi le sort que leur réserve la main d'oeuvre de la plantation, à ces indiens qui ne peuvent servir à rien. Impressionnant de découvrir cette bande dessinée, d'un format un peu plus grand que d'habitude, avec une pagination plus importante (152 pages), et réalisée par le scénariste de de Cape et de Crocs (avec Jean-Luc Masbou), et le dessinateur de Blacksad (avec Juan Díaz Canales). D'autant plus que la couverture annonce qu'il s'agit d'une bande dessinée picaresque, le tome 2 d'El Buscón, jamais écrit par son auteur. Mais il est aussi possible de le lire comme une bande dessinée comme une autre, et même de se sentir un peu plus à l'aise en découvrant qu'Alain Ayrolles ne manque pas d'humour. L'ouvrage est composé de trois chapitres et il a intitulé, avec malice, le dernier : Qui traite de ce que verra celui qui lira les mots et regardera les images. de fait, cette bande dessinée se lit très facilement, avec de jolies cases, et une intrigue simple à lire. Les pérégrinations de Pablos de Ségovie sont hautes en couleurs, comme on peut s'y attendre dans un ouvrage se réclamant du genre picaresque, avec un personnage de rang social très bas qui ne rêve que de s'élever sans travailler, raconté sous la forme d'une biographie (Pablos racontant sa vie à d'autres personnages, la mimant parfois), réaliste, avec une discrète touche satirique. Le lecteur n'a pas besoin de disposer de connaissances préalables sur la conquête du Mexique par les espagnols pour apprécier l'histoire, même si le scénariste incorpore des éléments authentique. La reconstitution histoire réalisée par Juanjo Guarnido est très impressionnante. le lecteur éprouve la sensation d'être un invité de marque à la cour du roi d'Espagne, de s'appuyer contre un montant du trois-mâts pour assister à la partie de cartes de Pablos avec les marins, de se trouver dans une cave de la forteresse de Cuzco pour écouter l'histoire de la vie de Pablos, de regarder le port de Callao depuis la mer, de descendre au fond d'un mine de mercure, etc. L'artiste réalise des dessins en détourant traditionnellement les personnages et les éléments de décor, puis en les habillant de couleurs à l'aquarelle, pour des planches très plaisantes à l'œil, gorgées de lumière. le niveau de détails est épatant du début jusqu'à la fin, sans baisse de qualité, avec des décors représentés dans plus de 95% des cases, un travail descriptif de titan, de bout en bout. S'il souhaite prendre le temps pour savourer, le lecteur observe les différentes tenues vestimentaires, des officiels espagnols avec leurs armes aux simples indiens ruraux en passant par les mendiants, un prêtre, une matrone, le chef des rebelles péruviens… L'artiste sait donner des visages très expressifs à chaque personnage, parfois avec une touche d'exagération : la mine innocente de Grajalita qui explique que Pablos l'a forcée à tricher, l'alguazil excédé de la durée du récit de Pablos qui ne semble vouloir jamais aboutir à l'Eldorado, le visage souriant du prêtre Balthazar, le visage hostile de la tenancière de l'auberge La Mona de Gibraltar à Cuzco, etc. C'est un régal de côtoyer cette humanité si naturelle. C'est souvent irrésistible de comique, par exemple quand Pablos indique sa joie de revoir des figures de chrétiens, alors qu'en face lui il n'a que des individus à la mine patibulaire, et qu'il vient de quitter les africains réellement fraternels. Enfin, Juanjo Guarnido est passé maître dans l'art de tailler la barbe et la moustache aux personnages masculins, avec une variété inimaginable. À plusieurs reprises, Pablos est amené à user de la pantomime pour distraire des individus plus ou moins amènes. La première fois se produit en page 21 et les dessins montrent à nouveau avec clarté et évidence à quel point Pablos se montre expressif et est compris par les africains, malgré la barrière de la langue et de la culture. le spectacle des paysages s'avère tout aussi enchanteur : la mer et son écume (page 15), la dense jungle et sa faune (page 24), une superbe vue du dessus d'une crique (page 26), les routes et les chemins de montagne, les cimes enneigées, les rues et les bâtiments de Cuzco ainsi que sa forteresse, etc. Cela culmine avec l'expédition qui finit par aboutir à Eldorado, une séquence muette de 12 pages (de p.66 à p.77). Cette bande dessinée est un splendide spectacle visuel du début jusqu'à la fin, avec des moments étonnants. le lecteur ne s'attend pas forcément à des combats avec massacre d'indiens (un passage difficile à regarder), ou à l'explosion d'un crapaud dans le cadre d'un jeu d'enfants cruel. Cette histoire est pleine de surprises visuelles découlant directement du moment ou du lieu. Alain Ayrolles met en scène un individu créé dans un roman et il évoque rapidement son passé, en particulier ce que sont devenus son père, sa mère et son petit frère. Sous des dehors parfois burlesques, il montre un individu issu d'une classe sociale inférieure, celle des gueux, et bien décidé à améliorer sa situation sociale. le lecteur se lie tout de suite d'amitié avec lui, du fait de ses talents de conteur, formidablement mis en scène par le scénariste. Il lui faut presque faire un effort conscient pour reconnaître que ce même gugusse n'hésite pas à prostituer une de ses compagnes, en page 35. Au fil de ces tribulations, Pablos de Ségovie se retrouve à côtoyer bien des personnages, et dans des situations sociales diverses. Cela le conduit à faire des remarques en passant qui sont autant de commentaires sur l'état de la société. Mais que vaut la vie de celui qui ne sert à rien ? se demande-t-il. Un peu plus loin, il fait le constat que partout les gros mangent les petits, et veillent à ce que jamais ils ne puissent enfler jusqu'à leur taille. Il ne peut que constater la façon dont les indiens sont traités, malgré la bulle papale sensée leur assurer une protection. Il grimace et il frémit quand le père Balthazar a pour objectif de faire de Pablos un bon pauvre, c'est-à-dire un individu qui reste à sa place sans chercher à la remettre en cause, à questionner l'ordre établi. Il ne perd aucune illusion quand les nobles révèlent leur véritable motivation, leur façon de faire. Cette dimension sociale reste toujours à l'arrière-plan, le lecteur étant totalement captivé par les aventures de Pablos, par sa ressource, par les revers de fortune, par la soif de l'or et ce qu'elle fait faire aux individus. Il se rend bien compte qu'il semble parfois y a voir plus que ce que raconte Pablos, ou un ou deux points pas si clairs que ça. Tout sera expliqué à la fin du récit dont l'intrigue ne se limite pas à trouver l'Eldorado, loin de là. Les Indes fourbes est un de ces albums dont le lecteur sait qu'il sera excellent avant même d'avoir commencé la première page. En fonction de sa disposition d'esprit, cela peut l'allécher ou au contraire le rebuter. Une fois qu'il a commencé l'histoire, il a bien du mal à s'arrêter. La narration visuelle est extraordinaire, sans aucune faiblesse, descriptive et lumineuse, un spectacle de chaque page sans pour autant jamais sacrifier la clarté de l'histoire. L'intrigue articule une succession de tribulations sur un fil directeur très simple, offrant une richesse impressionnante. À la rigueur, le lecteur peut regretter que les commentaires de Pablos de Ségovie ne soient pas plus mordants vis-à-vis des différents cercles de la société où il évolue. Mais il est vrai que cette critique très feutrée est en cohérence avec sa personnalité.

28/05/2024 (modifier)
Par Charly
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Charly

"Les Indes fourbes" est une bande dessinée qui m'a totalement captivé et diverti dès la première page jusqu'à la dernière. Écrit par Alain Ayroles et illustré par Juanjo Guarnido, ce chef-d'œuvre est une ode à l'aventure, à l'humour et à l'imagination débordante. L'intrigue de "Les Indes fourbes" est ingénieuse et pleine de rebondissements. On y suit les péripéties de don Pablos de Ségovie, un jeune homme rusé et débrouillard, embarqué malgré lui dans une quête aux dimensions épiques. Le scénario est riche en surprises et en retournements de situation, et on ne peut s'empêcher de tourner les pages pour découvrir ce qui attend notre héros atypique. L'un des points forts de cette bande dessinée réside dans ses personnages charismatiques et hauts en couleur. Don Pablos est un protagoniste attachant et plein de ressources, dont les répliques savoureuses ne manquent pas de faire sourire. Les autres personnages qui croisent sa route sont tout aussi mémorables, chacun avec sa personnalité unique et ses motivations propres. On se laisse entraîner avec enthousiasme dans cet univers foisonnant de détails et d'émotions. L'aspect visuel de "Les Indes fourbes" est un véritable régal pour les yeux. Juanjo Guarnido, célèbre pour son travail sur Blacksad, offre ici des illustrations d'une beauté époustouflante. Chaque planche est soigneusement dessinée, avec une maîtrise technique et un sens du détail qui donnent vie aux décors, aux costumes et aux expressions des personnages. Les couleurs chatoyantes viennent magnifier l'ensemble, créant une atmosphère à la fois vivante et envoûtante. Mais ce qui fait de "Les Indes fourbes" une œuvre exceptionnelle, c'est sa capacité à mêler différents genres avec brio. On retrouve des éléments de l'aventure épique, de la comédie, du drame et même de la satire sociale. L'humour est omniprésent et se manifeste à travers des dialogues percutants, des situations loufoques et des jeux de mots savoureux. Cette combinaison réussie des genres confère à la bande dessinée une originalité qui la distingue et lui confère un attrait universel. En conclusion, "Les Indes fourbes" est une véritable pépite de la bande dessinée. Son scénario ingénieux, ses personnages mémorables et son esthétique remarquable en font une lecture captivante et divertissante. Que vous soyez un passionné d'aventure, un amateur d'humour ou simplement un amateur de belles illustrations, cette BD saura vous charmer et vous transporter dans un voyage palpitant à travers les pages. Ne passez pas à côté de cette incroyable aventure !

16/05/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Je me suis vraiment régalé à la lecture de cette montagne d'amoralité presque jubilatoire de 160 pages. Comme d'habitude, Ayroles a su construire un scénario original et captivant. Je ne m'appesantirai pas sur la richesse de sa mise en scène au risque de dévoiler l'un des plus forts attraits de l'ouvrage. Je préfère souligner l'équilibre exquis du personnage de Pablos entre empathie et répulsion. À travers ce personnage mi burlesque mi tragique c'est une métaphore très bien imaginée d'une partie de l'histoire européenne. Cette charge contre la colonisation et ses horreurs, ignominies ou injustices nous rappelle qu'une partie de la richesse de l'Europe s'est faite au détriment de populations qui n'avaient pas mérité cette situation. Mais le mérite n'a rien à voir avec cela me direz-vous. Bien sûr Ayroles pousse la caricature à son degré extrême et aucun de ses personnages n'a l'âme nécessaire pour adoucir les souffrances de ces pauvres gens. Il faut bien dire que, sous une caricature humoristique, les auteurs sont probablement très proches du profil des soudards qui ont agi dans ces contrées. L'action se passe au Pérou mais on imagine assez facilement la même chose au Congo, en Australie, en Indonésie ou au Sahara. Le graphisme de Guarnido sait mettre en valeur la magnificence des paysages andins. Les détails sont nombreux et précis et nous renvoient à une juste description de l'architecture espagnole ou inca de la région de Cuzco. Mais la force du graphisme est le dynamisme de la gestuelle et des expressions des différents personnages du récit. Entre le comique de certaines situations et le tragique des massacres, les auteurs nous ballotent à leur gré entre des sentiments contradictoires. C'est vraiment très bien fait. J'ai une minuscule réserve sur l'épilogue qui par son invraisemblance amoindrit pour moi la démonstration des horreurs possibles. Cet épilogue me renvoie au film Kagemusha d'Akira Kurosawa qui traitait le sujet avec plus de justesse. Cela reste une lecture très agréable, assez rapide malgré les 160 pages qui proposent aventure et réflexion.

22/11/2022 (modifier)
Par karibou79
Note: 5/5
L'avatar du posteur karibou79

4.5 Avec un duo d'auteurs de cette trampe, on ne prend pas beaucoup de risque en se lançant dans ce gros album (qui aurait pu être vendu en plusieurs tomes comme les 3 parties composant le récit; top pour éviter la frustration des délais de parution), graphisme et narration tapent très haut. Et chose rare, on le relit pour reprendre de zéro et voir si tout correspond avec la fin. Et on le relit rien que pour admirer ces belles planches colorées. Et on le relit en raison du bon souvenir avant de le prêter à quelqu'un en le prévenant bien de ne pas feuilleter l'album pour ne pas gâcher le plaisir. Car oui, c'est un plaisir de suivre ce filou attachant qui vous attacherait pour mieux vous détrousser. Et encore plus grâce à Ayrolle qui adopte un style moins lyrique et bavard que d'autres séries qu'il a écrites. Et en plus, la couverture est si belle que vous pourriez encadrer l'album et le suspendre.

23/12/2021 (modifier)
Par Loupgris
Note: 4/5

Cette BD m'avait attiré l’œil de par son format car elle ne passe pas inaperçu dans les rayons. Quand ensuite j'ai vu les auteurs, alors là je me suis dit il faut la lire, surtout que c'est un one shot donc n'hésitons pas. Le scénario est fort sympathique (sans être monstrueux), on reconnaît bien le talent d'Ayrolles dans le style et sa façon de nous accrocher avec des une histoire simple mais dont on veut absolument savoir la suite. Au niveau du dessin, c'est de très bonne qualité, les couleurs sont belles, colle au style de la BD. Toutefois, je trouve qu'on atteint pas les sommets de Blacksad mais cela reste très agréable pour les yeux. Au final, une très bonne BD, plaisante. La collaboration entre les 2 auteurs n'atteint peut-être pas les sommets espérés mais cela reste un très bon moment de lecture.

22/12/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Benjie

Cet album est un régal pour les yeux et pour l’esprit. C’est très bien écrit, le scénario est vif et maîtrisé, et le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la dernière page (même si la fin est un peu précipitée). Pablos de Ségovie est un personnage truculent qui a plus d’un tour dans son sac et peu de scrupules pour parvenir à ses fins. Un précepte hérité de son père guide sa vie : « Tu ne travailleras point ! ». Les petites escroqueries de sa jeunesse ne l’ayant pas mené bien loin, il embarque pour le Nouveau Monde. Et c’est là que l’Aventure commence… C’est intelligent, drôle et plein d’imagination. Les références à la littérature sont bien trouvées et celles qui font renvoient à la peinture espagnole sont bien vues et intéressantes. Le récit est ponctué de réflexions pertinentes sur la société : la pauvreté, le pouvoir de l’argent ou le ridicule de l’étiquette chez les Grands d’Espagne… Le scénario est découpé en trois chapitres à la pagination importante qui donne tout l’espace nécessaire au développement de l’intrigue. Le lecteur est entraîné vers une série de fausses pistes qui fonctionnent très bien : on les suit sans se poser de questions. Ayroles et Guarnido sont deux auteurs de grand talent tant pour le scénario que pour le dessin. Ils nous donnent un album bien équilibré et même s’il y a quelques baisses de rythme de temps en temps, c’est vraiment un très bon moment de lecture.

28/11/2021 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Les indes fourbes, c'est sans doute le livre qui m'a redonné envie de lire de la bande dessinée après un très, très long creux. Emprunté sans même en avoir entendu parler et sans avoir vu les auteurs (on ne se moque pas, au fond !), c'était la très belle couverture et le format imposant de l'album qui m'avaient attiré. A la lecture, j'ai adoré la première partie. Quand est venue la deuxième, j'ai un peu décroché, ça commençait à faire un peu longuet. Et comme je devais rendre ce livre rapidement, la troisième est passée trop rapidement. Mais cette histoire restait en toile de fond dans mes pensées, et quelques mois plus tard je suis retourné en librairie acheter l'album. Et oui, rien que pour ça on est déjà sur un album qui pour moi est remarquable, toutes les lectures n'incitant pas, et de loin, à une relecture ou un achat. Les indes fourbes, donc, après une relecture plus calme, c'est un magnifique dessin, et une histoire joliment intriquée. La première partie, la plus longue, nous livre le récit de Pablos, qui tel un Keyser Söze, se retrouve entre les mains de l'Alguazil majeur, seigneur peu tendre et peu enclin à entendre son récit. Il sera pourtant pris dans les rets du talent de narrateur de Pablos, et le lecteur avec lui. On y aura droit au récit de la vie de Pablos, par Pablos, un récit picaresque au goût d'aventure, nous amenant - au bout d'un long chemin et de moultes détours - à l'Eldorado. Mais si vous vous rappelez de Usual Suspects, vous savez que maintenant va arriver une deuxième partie du récit, et avec elle la vérité. Et en effet, on a droit à une magnifique relecture du récit fort enjolivé de Pablos. Puis une troisième partie entraînera Pablos au bout du bout de son leitmotiv. Les indes fourbes, c'est une lecture dense et riche, c'est l'histoire d'un coquin qui cherche à ne pas crever, à s'éloigner autant que possible de sa condition miséreuse, c'est ce principe poussé jusqu'à l'outrance pour parvenir à cette conclusion inévitable et pourtant absurde, c'est un dessin magnifique de Guarnido, c'est des pages sur lesquelles on revient pour vérifier la cohérence de l'ensemble, c'est une construction littéraire, un conte, une fable, un roman picaresque, et c'est aussi des rires devant les situations et les rebondissements énormes et les mines improbables des protagonistes. Une excellente découverte pour moi, donc, et dont je sais que je la relirai plusieurs fois avec beaucoup de plaisir.

24/05/2021 (modifier)
Par Jetjet
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Jetjet

La bande dessinée me casse les roubignolles actuellement. Ce n'est un secret probablement pour personne. Je passe beaucoup moins de temps à lire et donc à venir chroniquer par ici pour x raisons qui je l'espère s'estomperont. Pourtant il était difficile en 2019 de passer au travers de cette grosse sortie de rentrée. Pensez-donc, une œuvre à 4 mains du dessinateur de Blacksad, série devenue très rapidement culte par la seule force de ses dessins animaliers détaillés de toute beauté d'une part et d'autre part du scénariste d'autres séries remarquables avec également des bestioles douées de paroles dont je ne vais pas vous faire l'affront de vous les citer naïvement. Si vous n'avez pas lu Garulfo ou De Capes et de.... OUPS ! Je l'ai dit ! Et bien arrêtez la lecture de mon humble critique pour vous gorger des bons mots de Maître Ayroles dans les titres qui ont fait la gloire de ce grand monsieur. Les autres ont surement donc lu Les Indes Fourbes et n'ont pas attendu aussi longtemps que moi pour avoir leur avis. Mais qu'importe, je vais enfin donner le mien qui peut se résumer en peu de choses : pourquoi ai-je attendu autant de temps pour lire ce petit bijou ? (d'autant que je le possède depuis sa sortie ahem). Et surtout, comment ai-je pu ne pas être spoilé bêtement de cette intrigue à tiroirs ce qui aurait probablement bien gâché cette lecture vierge de tout ressenti. Car je ne peux que conseiller, non même de recommander à la plupart des âmes curieuses et tout aussi vierges que moi de se jeter sans aucune retenue dans ce récit sans aucune influence extérieure, quelle qu'elle soit. Les auteurs laissent déjà bien trop d'indices parsemés par ici ou par cela. On retrouve l'intérêt du papa d'Eusèbe le lapin pour les mises en scène théâtrales et autres farces dignes de Molière. Le récit des tristes mésaventures de Pablos qui constitue le premier acte et une bonne partie du récit (un copieux 160 pages livré en un seul tome complet) n'est qu'une mise en bouche où l'humour de la situation se dispute au ridicule et à la cruauté des hommes. Désirant faire fortune en Amérique du Sud que l'on appelait encore les Indes au XVIIème siècle, notre malandrin n'a décidément pas beaucoup de chance ou du moins c'est ce que l'on suppose. En quête d'un Eldorado qui pourrait établir sa gloire, Pablos va rencontrer tout un tas de personnages qui vont l'élever ou le rabaisser. La mise en scène en histoires imbriquées pourrait être pénible à suivre mais Ayrolles qui insuffle un tel souffle et un tel rythme qu'il est difficile de couper sa lecture. Et lorsqu'arrivent les second et troisième actes bien plus courts mais ô combien jubilatoires, on arrive en fin de lecture avec le sourire aux lèvres et surtout l'envie de tout relire immédiatement pour déceler certaines fourberies. Ai-je parlé du dessin ? Non mais il est magnifique. Guarnido prouve en deux temps trois mouvements qu'il peut dessiner autre chose que des polars félins et il le fait très bien (sa double page en aquarelle regorge de détails de toute beauté) et ne faiblit jamais. On sent ces deux auteurs s'amuser énormément. Peu importe certaines ficelles scénaristiques, j'ai passé un excellent moment et vous savez quoi ? Oubliez ma première phrase. ^^

18/05/2021 (modifier)
Par Solo
Note: 4/5
L'avatar du posteur Solo

Le dessin et les deux tiers du scénario m'embarque avec excitation… C’est simplement l’épilogue qui m’empêchera de scander une réussite totale. J’ai totalement aimé suivre ce héros gueux et manipulateur et chercher à débusquer le fin mot de l’histoire avant qu’il nous soit révélé. Tout est tellement bien monté, la surprise est bien là à la première lecture. Il est presque impossible de deviner ce qui va se passer du début à la fin. Vraiment j’ai tout dévoré jusqu’au bout et j’ai pris plaisir sur toute ma lecture… A part… A part la fin, qui manquera un peu de tact pour moi. A la sortie de mes multiples lectures, je retiens essentiellement la « première » aventure du héros plus que les autres qui suivront. Ce qui me laisse à penser que l’histoire est un peu déséquilibrée et que je ne ressens pas la montée en puissance, mais plutôt un léger désintérêt sur la fin. Et les dernières planches, bien qu’étonnantes, atteindront le paroxysme de ce qui m’aura décidément déçu. Au final, j’ai toujours ce ressenti que le rythme s’accélère « sous prétexte que » notre héros a fait le plus dur, scénaristiquement. Mais personnellement, j’ai surtout l’impression que les auteurs se devaient de boucler avec un one-shot, pas plus. Pour autant, impossible de limiter ma critique à *** tellement le dessin est d’une richesse et d’un style où je m’y retrouve complètement. Comparativement à Blacksad, on profite de la patte de Guarnido pour créer une ambiance digne de l’époque et de l’intrigue. Impossible de laisser un *** alors que les auteurs réussissent à nous faire aimer un héros qui est, mine de rien, parmi les pires espèces humaines que l’on puisse rencontrer dans une société. Mais voilà, juste dommage que les derniers chapitres s’accélèrent et marquent un point final qui, pour une fois, me paraît être un peu hâtif. Cela a pour conséquence d’avoir quelque chose tiré par les cheveux alors qu’un véritable développement (un deuxième tome quoi) aurait rendu l’ensemble plus équilibré. Quoi qu’il en soit, c’est définitivement une lecture que je recommande, qui plait et peut se savourer à tout âge !

01/05/2021 (modifier)