La Princesse de Clèves
Adaptation du célèbre roman de Madame de La Fayette.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Adaptations de romans en BD Biographies École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg La BD au féminin
Écrit en 1678 par Madame de La Fayette, "La Princesse de Clèves" est un roman fondateur. La jeune Mademoiselle de Chartres y fait ses premiers pas dans la cour du roi de France, Henri II. Entre cabales, médisances et galanteries, elle rencontre l'amour dans un univers pétri de conventions et retourne à son avantage les idéaux féminins stéréotypés de l'époque (la solitude, le silence, le secret, la retenue, la décence et la discrétion). Le récit propose ainsi une forme de féminisme inédit, dans laquelle l'estime de soi prévaut et la raison triomphe de la passion.
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Date de parution | 29 Mars 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
N'ayant pas lu le roman de Madame de La Fayette, c'est avec cette adaptation BD que j'ai découvert La Princesse de Clèves. Outre l'adaptation en question, dessinée par Claire Bouilhac, l'album comprend une introduction et un prologue de quelques pages dessinées par Catel et mettant en scène l'autrice du roman, Madame de La Fayette, avant et après la publication du fameux ouvrage. Je n'ai que peu apprécié ces deux portions du livre. D'une part je n'aime pas le dessin de Catel et notamment les expressions pincées des femmes qu'elle dessine, et d'autre part je n'y ai vu qu'un intérêt relatif par rapport à l'histoire en elle-même, si ce n'est de savoir qu'elle a été écrite par une femme de la cour de Louis XIV et que le livre avait eu un grand succès à son époque. L'histoire de la La Princesse de Clèves est dessinée par Claire Bouilhac. J'aime beaucoup plus son graphisme et les couleurs chaudes qui l'accompagnent. C'est un type de dessin qui donne envie de se lancer dans la lecture. J'apprécie le soin apporté aux architectures d'époque ainsi qu'aux costumes. Les visages sont agréables également mais la variété de leurs angles de vue et de leurs expressions est un peu limité cependant. J'ai eu un peu de mal à me plonger dans le récit au départ. Les tournures de phrase de l'époque et les dialogues légèrement alambiqués, tournant autour du pot ou usant d'un phrasé trop sophistiqué, m'en ont tenu un moment éloigné. Mais quand la relation complexe entre l'héroïne, son mari et celui qui s'est pris de passion pour elle prend forme pour de bon, j'ai commencé à être davantage intéressé. Et comme les lecteurs et lectrices de l'époque, j'ai apprécié ce moment clé de la confession qu'elle fait à son mari. Je salue aussi sa vertu et les choix qu'elle fait, avec tout le débat possible sur la question de savoir si elle a bien fait d'agir ainsi ou s'il aurait fallu qu'elle fasse autrement. Et c'est aussi une instructive fenêtre ouverte sur les mœurs et les relations amoureuses compliquées de la noblesse de l'époque. Bref, une lecture intéressante, au dessin plaisant, qu'il m'a été agréable de lire.
On se souvient encore de la sortie de Sarkozy à propos de l’inclusion de la Princesse de Clèves dans les programmes scolaires, représentant pour lui le summum de la « ringardise »… alors que le livre de Madame de Lafayette est une œuvre-clé dans l’évolution de la littérature française, préfigurant le travail futur de Flaubert ou de Balzac. Adapter en BD ce livre riche et complexe, tant scénaristiquement – intrigues à la cour de Henri II avec une multitude de personnages – que psychologiquement, est un véritable défi, et il faut immédiatement reconnaître la qualité du travail fait par Claire Bouilhac et Catel Muller : tout reste à la fois parfaitement compréhensible, lisible et d’un rythme soutenu, au point que, une fois passée une première partie de présentation qui demande un peu de patience, la Princesse de Clèves tient presque du thriller et se dévore à grande vitesse. C’est également une excellente idée que d’avoir inséré la fiction entre une introduction et une conclusion consacrées à l’autrice (et sa relation avec M. de la Rochefoucauld et Mme de Sevigné), par ailleurs dessinées par Catel, et non par Claire Bouilhac comme le reste du livre. Reste, au-delà du plaisir indéniable procuré par la lecture de cette version BD du grand classique, la question de savoir si le format apporte quelque chose de plus à l’œuvre de Madame de Lafayette : là, notre enthousiasme est un peu moins franc, car il nous semble que la qualité du graphisme varie sensiblement d’une page à l’autre, et que certains choix effectués sont discutables. D’un côté, on appréciera le dépouillement bien venu de nombreuses scènes de dialogue, qui permet de mettre efficacement l’accent sur des intrigues amoureuses quasi « rohmeriennes ». On aimera moins une attention un peu scolaire aux décors (les célèbres châteaux), et un léger sentiment de rigidité dans de nombreuses scènes. On pourra également regretter des expressions un peu systématiquement affectées à chacun des personnages (il en va ainsi de la Princesse de Clèves elle-même, qui semble éternellement effarouchée, et dont l’innocence ainsi représentée frôle la caricature…). Mais ce ne sont là néanmoins que de petites réserves vis à vis d’un projet dont l’ambition force le respect. Et d’un livre dont on recommandera la lecture à toutes et tous… n’en déplaise à M. Sarkozy !
Spéciale dédicace à Nicolas Sarkozy ! Madame de La Fayette était « bien en cour », elle connaissait donc parfaitement les us et coutumes, les personnes qui faisaient, animaient, le petit monde des grands courtisans. C’est d’ailleurs pour ça – sans doute pour ne pas faire d’impairs, ne pas offusquer certaines susceptibilités, ou révéler certains secrets d’alcôves – qu’ elle situait les intrigues de ses romans non pas dans la deuxième moitié du XVIIème siècle dans lequel elle vivait, mais un siècle plus tôt, à la cour des Valois. « La Princesse de Clèves » est un roman psychologique – peut-être un des premiers du genre. L’essentiel est donc basé sur la personnalité de l’héroïne, madame de Clèves donc, qui découvre la vie de cour, se marie (sans passion, mais en respectant les convenances et son mari), et surtout qui va susciter une passion (en partie partagée) avec l’un des plus beaux fleurons des courtisans, monsieur de Nemours. L’intrigue et sa construction pouvaient paraître intéressantes et originales au XVIIème siècle. Et le roman a eu un gros succès (dont l’ombre portée s’est étalée sur les siècles suivants). Il faut dire que, centré sur les rumeurs dynamisant le microcosme des courtisans, mettant en avant le respect de son rang et de la bienséance, il avait tout pour séduire le lectorat de cour et, plus généralement, tous ceux qui placent plus haut que tout certaines valeurs morales (en cela la bourgeoisie au XIXème siècle a pris le relais de la haute noblesse des siècles précédents, ce qui explique aussi le succès de ce roman sur la durée). Mais si la présentation de cette passion douloureuse a quelque chose d’attachant, il y manque à mon goût certains ingrédients : de la folie, des conventions dépassées, comme Tristan et Yseult, ou Héloïse et Abélard avaient pu nous le montrer. L’amour incarné par madame de Clèves ressemble au cœur d’un réacteur nucléaire, qui fusionnerait sans atteindre l’explosion : sa fin recluse est une triste leçon d’amour déchu. La version des deux auteures est correcte, mais un peu sage (sans doute car trop fidèle au roman, exempt de folie). Et le dessin semi réaliste de Claire Bouilhac (qui dessine l’essentiel de l’album, Catel Muller n’officiant que pour l’introduction et la conclusion, présentant madame de Lafayette) ajoute à ce côté un peu trop sage et statique – même si je lui reconnais des qualités.
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