Irmina
2015 : Prix Artémisia. Inspiré d'une histoire vraie, le parcours d'une femme allemande des années 1930 à 1980.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale 1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Allemagne Auteurs allemands Grand Prix Artemisia La BD au féminin Nazisme et Seconde Guerre Mondiale, vus par les Allemands
Un drame poignant sur le conflit entre l'intégrité personnelle et les compromis auxquels peut conduire l'ambition. À travers des images suggestives et pleines d'atmosphère, l'évocation d'une carrière pleine de fractures, exemplaire de la complicité que beaucoup ont nouée avec le régime hitlérien, en détournant les yeux et parce qu'ils y trouvaient avantage.
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Date de parution | 19 Novembre 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L’histoire ne paye pas de mine, mais elle est agréable à suivre. Triste d’un bout à l’autre, comme le destin d’Irmina, pourtant femme forte et dont la personnalité s’accommode mal des préjugés, du carcan social et familial, et des contraintes de l’histoire. Mais Irmina, femme allemande, va se trouver embarquée dans le maelstrom des années 1930-40, dans la folie hitlérienne, sans pouvoir lutter contre les vents contraires. Ses rêves d’indépendance, son amour pour un étudiant de la Barbade, rencontré alors qu’elle passait une année à Londres dans les années 1930, elle a dû faire son deuil de ses aspirations. Finalement poussée au renoncement, elle épouse un Allemand lié aux Nazis, se plie aux injonctions nazies, jusqu’à l’écroulement du Reich, pour finir une vie « normale ». Le dernier chapitre est sans doute le plus brutal (je ne spoile pas) pour Irmina. Le destin de cette femme, apparemment forte mais qui va subir une vie qu’elle ne voulait pas, qui va laisser ses rêves de côté, est très bien mis en mots. La narration est fluide, agréable. Et le travail graphique, léger, est lui aussi réussi. Une lecture recommandable.
A la fois éblouissant et décevant. Une première partie extra, pleine d'émotions, où on s'identifie complètement à Irmina, cette allemande, apprentie dactylo, perdue dans le monde britannique, juste avant la seconde guerre mondiale, mais aussi à Howard cet étudiant noir, qui se tient à carreau et maîtrise la langue anglaise et Shakespeare à la perfection pour conserver sa place à l'université dans un monde fair-play mais malgré tout raciste. Le petit minois de ces deux personnages, leurs dialogues, tout est extrêmement touchant et sensible. On y est, on ne veut plus quitter les pages...Mais la vie les séparent, et on suit Irmina qui , privée de bourse par l'administration nazie, retourne chez ces parents, et...se marie à un nazi, et ...cela devient du déjà vu. Je ne sais pas du tout ce qu'il aurait fallu faire pour maintenir l'empathie dans ces circonstance très vraisemblables, et justes, mais on perd la sympathie première (évidemment me direz-vous, comment s'identifier à la "banalité du mal"? Je ne sais pas, Robert merle y arrive bien, lui, dans "La mort est mon métier"...) Les retrouvailles des deux personnages âgés, le malentendu entretenu par Howard sur le courage de la jeune fille allemande auprès de ses enfants, sont assez réussies cependant. Mais cet échec du milieu m'embête un peu. Mais ne vous laissez pas rebuter par ma déception, ni par le dessin qui semble brouillon et gribouillé, ni par la forte odeur d'encre , à l'ouverture du livre : la première partie à elle seule vous plaira, et vaut la lecture !
Gros recueil (288 pages, tout de même) dévoré en une soirée, un verre de rhum posé sur le guéridon. Verre plus souvent posé que soulevé tant j’oubliais sa présence, plongé que j’étais dans ce récit. Pourtant, il s’agit là typiquement du genre de bande dessinée que je ne conseillerai à personne tant j’ai conscience que son sujet comme sa forme peuvent laisser plus d’un lecteur de marbre. Seulement voilà, moi, ce récit, il m’a passionné. Il raconte l’histoire d’une jeune femme allemande que nous allons suivre de 1934 jusqu’à la fin de la guerre avant de la retrouver dans les années ’80 pour une scène finale très pertinente. En quête d’indépendance, elle va d’abord partir étudier en Angleterre. Rien de folichon, juste une petite école commerciale où elle apprend le métier de dactylo internationale. Sur place, confrontée au climat politique de l’époque, elle se sent mise à l’écart et se lie d’amitié (et plus car affinité) avec un étudiant boursier noir. Sur cette base qui nous décrit donc une jeune femme qui se veut moderne, ouverte et attachée à son pays sans s’occuper de la politique menée par ce pays, l’auteure va construire une histoire dans laquelle le renoncement, les petites lâchetés, les impératifs urgents (se nourrir, survivre), les ambitions (obtenir un meilleur train de vie, voyager) qui font le quotidien d’une existence normale seront analysés avec le recul qui est le nôtre aujourd’hui. Irmina n’en sortira pas grandie, elle la très ordinaire qui se décrit au début du récit comme une Allemande normale (en opposition aux Allemands en fuite ou aux Juifs). Pourtant, elle ne sera coupable de rien… sinon de continuer de rêver à un avenir meilleur. J’ai trouvé dans ce portrait une dimension à la fois moderne et universelle. Ce portrait d’une femme très ordinaire nous montre pourquoi et comment un peuple peut accepter d’être dirigé par un mouvement extrémiste. Non par choix mais par absence de prise de position. Il nous montre aussi que nos vies peuvent basculer du noir au blanc sans que nous ne puissions y faire quoi que ce soit. En d’autres circonstances, Irmina aurait sans doute pu être une grande dame oeuvrant pour le bien d’un peuple. La vie va en décider autrement. Pourtant Irmina n’est coupable en rien, tout au plus peut-on lui reprocher d’avoir, à l’occasion, hurlé avec les loups. Le dernier chapitre est celui de la prise de conscience, dans lequel Irmina lève un coin du voile. J’ai alors senti le poids du sentiment de culpabilité qui alourdit ses épaules, la tristesse d’être passée à côté de sa vie et la résignation d’une vieille dame qui doit bien accepter que sa vie ait été telle qu’elle a été. C’est un récit fin, triste et profond, écrit avec une rigueur toute germanique, très méthodique sans être démonstratif. Il ne s’y passe rien d’exceptionnel et c’est dans cette absence de mouvement que réside sa force et sa pertinence. Et puis le dessin de Barbara Yelin convient parfaitement au sujet. La mise en page est aérée, offrant régulièrement des doubles pages tout en ambiance. Le côté ébauché du trait apporte de la profondeur aux personnages, sa maladresse occasionnelle ne fait qu’accentuer l’humanité du propos. Donc voilà, moi j’ai beaucoup aimé, ce livre m’a parlé. Il m’a touché… mais je suis convaincu que ce ne sera pas le cas pour tout le monde.
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