Le Vent des libertaires
Découvrez Nestor Makhno, figure emblématique et romanesque de la révolution ukrainienne !
1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale 1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Anarchiste ! Auteurs italiens Biographies Europe centrale et orientale
Cette BD historique nous fait faire connaissance avec l’anarchiste ukrainien Nestor Makhno, quelque peu oublié par la grande histoire mais qui aurait pu changer la face de l’Europe au début du XXe siècle. Car son rôle au sein du mouvement libertaire fut loin d’être négligeable. Mais ce combattant qui traversa un demi-siècle de révoltes et de révolution, et dont la devise était « La liberté ou la mort », dut lutter contre plusieurs fronts, les fascistes aussi bien que les communistes. Ces derniers, censés être ses alliés, n’ont jamais hésité à le trahir et à le calomnier de la façon la plus inique, pour finalement parvenir à le briser.
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Date de parution | 21 Août 2019 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Le Vent des Libertaires est une biographie romancée d’un anarchiste ukrainien… et au vu de la couverture du tome 1, je ne m’attendais pas à ça. Bon soyons clairs, malgré l’intérêt que je porte aux anarchistes, ce personnage -du moins tel qu’il est présenté dans ce diptyque- ne m’a pas touché. La cause principale de ce manque d’intérêt de ma part vient sans doute de l’aspect ultra romancé de cette biographie, au détriment de l’approche politique du sujet. S’enchainent ainsi tout au long des deux albums histoires d’amour et de fesses et faits d’arme mais sans jamais voir une évolution politique chez ce personnage de Nestor Makhno ni avoir une vision d’ensemble de cette révolution et son impact sur le long terme. Côté dessins, je trouve la couverture du tome 1 très réussie, et mes attentes étaient par conséquent assez élevées. Malheureusement, et même si je ne peux pas dire que le travail de Roberto Zaghi soit mauvais, cette approche extrêmement classique ne m’a pas séduit. J’ai ainsi eu l’impression de lire une œuvre de commande, certes faite avec application mais sans passion. Au final, sans doute parce que je m’attendais à autre chose, sans doute aussi parce que l’aspect historique s’efface devant une accumulation d’anecdotes romanesques, je sors de cette biographie en ayant un peu l’impression d’avoir perdu mon temps. Bof, donc…
L’anarchisme, à travers toutes ses tendances, est probablement la « famille » d’idées politiques qui m’attire le plus, avec laquelle je me sens le plus d’affinités. Et Makhno en est une figure à la fois singulière et intéressante, tout en restant en marge des grands courants de pensée anarchistes, lui qui a tout misé sur l’action. C’est dire que le sujet m’intéresse a priori. Nous suivons la vie et l’œuvre révolutionnaire de Makhno en Ukraine dans les 20 premières années du XXème siècle, puis (les deux périodes alternes avec des flash-back) dans son dernier refuge en France, en 1934, alors qu’il n’est plus qu’un ouvrier misérable et malade, anonyme pourtant traqué par les sbires de Staline. Mais la période la plus intéressant est bien sûr lorsqu’il dirige la révolte libertaire en Ukraine après les révolutions russes, usant de propagande par le fait, détruisant le système agraire injuste et soulevant la paysannerie pour combattre les propriétaires terriens et les armées blanches contre-révolutionnaires, ainsi que les armées allemandes. Mais aussi, hélas, au bout du compte, les armées rouges : c’est la principale tâche sur la mémoire de Trotsky que d’avoir œuvré à tuer (dans tous les sens du terme) Makhno et ses hommes, leur œuvre émancipatrice (les Staliniens feront de même avec les anarchistes de la CNT en Espagne peu après). Un sujet intéressant donc – et pas forcément souvent traité. Voilà ce qui justifie, avec un rappel des faits (et un petit dossier en fin de premier tome pas trop mal fichu même si un peu lapidaire) les trois étoiles. Car pour le reste, plusieurs choses m’ont déçu dans cette biographie. D’abord le dessin, pas mauvais techniquement, mais un peu impersonnel et trop « lisse. Et ensuite une narration un peu trop hagiographique (trop lisse elle aussi ?), comme si on avait accordé à Makhno le même traitement que les « grands hommes » que l’histoire retient, avec une vie sans aspérité, trop linéaire. La posture de certains personnages, certains dialogues et situations, j’ai trouvé que c’était parfois trop « gentil », un peu trop édifiant, j’avais l’impression de lire « la vie d’un saint », ce qui est un comble pour un anarchiste ! Ceci étant dit, la lecture n’est pas déplaisante, et Makhno et ses idées valent tout de même le détour, même si « l’hommage » m’est apparu quelque peu maladroit.
La liberté, c'est quand on la perd qu'on se rend compte à quel point elle est précieuse. On peut d'ailleurs la perdre de différentes manières. Elle peut nous être confisquée par un régime autoritaire ou bien par un événement extérieur justifiant son absence. On va découvrir la vie d'un certain Nestor Makhno qui est une figure très connue en Ukraine pour avoir dirigé une insurrection contre les exploiteurs à l'aide d'une armée composée de paysans. Il a combattu ainsi les Allemands, les bolcheviks et les Russes blancs. Il a pris aux riches pour donner aux pauvres. Il est surtout l'une des figures les plus marquantes de l'anarchisme mais pas dans le sens de faire n'importe quoi. Visiblement, j'ai été assez séduit par cette lecture et l'exemple de mise en place durant cette période de l'Histoire à savoir les années 20. Il est dommage que le communisme de Staline a confisqué par la suite cette liberté au peuple ukrainien. J'ai beaucoup aimé le graphisme et je trouve que le scénario de cette biographie romantique est solidement construit.
Quelque peu oublié par la grande Histoire, Nestor Makhno aurait pourtant bien mérité de figurer au panthéon des héros révolutionnaires voulant renverser l’ordre établi, bien devant Staline ou même Lénine. Héros romantique et charismatique issu d’une paysannerie très pauvre, celui-ci prônait l’avènement d’une société égalitaire gérée par le peuple et pour le peuple. Il y réussit partiellement dans son Ukraine natale, en constituant en 1918 une armée forte de 50.000 hommes (la Makhnovchtchina) pour combattre les Armées blanches et mettre en place un système collectiviste et autogéré pour la production nationale agricole et industrielle. Cela ne se fit pas sans mal puisqu’il fallut recourir à la violence face à une caste de puissants qui ne voulaient pas renoncer si facilement à leurs privilèges. Mais dans la guerre civile qui opposa les Russes blancs et les bolcheviks pendant trois ans, Makhno dut fuir vers la France après avoir été trahi par l’Armée rouge et subi les calomnies abjectes des partisans du nouveau pouvoir soviétique. C’est à Paris en 1934 qu’il finit ses jours, malade et miséreux, une bien triste fin pour l’homme de bien qu’il fut. Avec à son actif une bonne vingtaine de scénarii, Philippe Thirault n’est pas vraiment un nouveau venu dans la bande dessinée. Il signe ici un récit bien construit et fluide, sans déroger aux codes du genre historique. De la vie mouvementée - à la fois riche et tragique - de Makhno, l’auteur en tiré une histoire ultra romancée – même s’il n’a pas oublié l’aspect politique - qui pourra plaire également aux amateurs d’aventure. Une option critiquable peut-être, mais qui aura le mérite de faire connaître le héros ukrainien à un plus large public. Quant au dessin, on ne peut pas faire plus académique, mais cela n’enlève rien au talent de Roberto Zaghi pour qui le contrat est rempli sur le plan du réalisme et du souci du détail. Si d’un point de vue formel « Le Vent des libertaires » ne brille pas par son originalité, on sait gré aux auteurs d’avoir mis un coup de projecteur sur cette figure délaissée et pourtant notable de la Révolution russe et du mouvement libertaire en général. A une époque où toute velléité de rébellion de la société civile semble condamnée d’avance par les instances politico-médiatiques, ce type d’œuvre reste toujours appréciable. On peut même avouer avoir envie de lire la suite de ce diptyque annoncé.
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