L'Humain

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 6 avis)

Si l’humanité s’éteint un jour, est-il souhaitable de favoriser sa réapparition ? C’est en substance la question posée par ce récit d’anticipation original, aussi ludique que pessimiste.


Auteurs argentins Environnement et écologie Robots

Planète Terre. 500.000 ans dans le futur. Alpha est un psycho-bot, à savoir un robot psychologue d'aspect féminin. Elle est responsable de la santé mentale de Robert, un biologiste généticien qui a été envoyé depuis l'ère humaine pour relancer la civilisation disparue depuis des milliers d'années. Sur place et une fois réveillé, Robert ne pense qu'à l'arrivée de June, sa femme, avec qui il devrait commencer la repopulation humaine. Mais il découvre, anéanti, qu'elle est arrivée cent ans avant lui. Alpha devra agir pour que Robert ne devienne pas fou et remplisse sa mission d'origine...

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 30 Août 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Humain © Dargaud 2019
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 6 avis)
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05/10/2019 | Blue boy
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L'avatar du posteur ThePatrick

Ce très bel album a pour lui - outre la qualité de l'objet - un trait d'une finesse élégante et une pseudo-bichromie du plus bel effet. Mais si visuellement la beauté est là, l'histoire, elle, recèle pas mal de cruauté. Les deux derniers survivants de l'Humanité retournent sur Terre après 500 000 ans, qu'est-ce qui pourrait donc mal tourner ?! Bien évidemment, d'homme bon et heureux de ce nouveau départ (Il faut reprendre l'histoire à zéro. Cette fois, on fera ça bien.), Robert tourne mal. Si facilement mal, si profondément mal, que cette faille semble ici inhérente à la nature de l'Homme. Alors face à la folie de Robert qui devient mégalomanie meurtrière et despotisme absolu, les touches d'humour du début de l'histoire disparaissent complètement. Les différents types de protagonistes (Homme, robots, humanoïdes) permettent de mettre en scène des interrogations nombreuses et pertinentes. En vrac et pour ne citer que celles qui me viennent en tête : - Qu'est-ce qui définit l'humanité ? - Ne sommes-nous moraux que parce que nous vivons sous le regard de l'autre ? - Un nouveau départ est-il suffisant pour mieux faire ? - L'absence d'espoir autorise-t-elle tous les excès ? - Le pouvoir de faire quelque chose justifie-t-il son utilisation ? - Etc. Tout ceci étant dit, et malgré une lecture intéressante et que je recommande, je n'ai pas été plus transporté que ça. Sans doute l'histoire ne m'a-t-elle pas surpris, et sans doute aussi le dessin est-il trop lisse et trop propre à mon goût, particulièrement par rapport à la laideur des actes qui y ont lieu. Note réelle : 3,5 / 5.

31/03/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

On pourrait peut-être reprocher à Agrimbau de ne pas avoir densifié son intrigue, de ne pas lui avoir donné secousses, rebondissements, surprises, car l’intrigue est un peu linéaire. Mais si je commence par cet aspect négatif, c’est pour ensuite souligner tout le bien que je pense de cet album. Autour d’une expédition sur la Terre du futur, menée par un homme, Robert, accompagné de quelques robots humanoïdes (aux compétences très diverses), on a là un questionnement habile à propos de plein de sujets sensibles : qu’est-ce que l’humanité (et qu’est-ce qui la différencie de l’animal, du robot) ? Des questions d’éthique aussi, lorsque Robert pète les plombs dans un gros délire mégalomaniaque et eugéniste. Une intrigue beaucoup plus riche qu’elle n’en a l’air de prime abord donc. Quant au dessin de Varela, c’est un peu la même chose. Pas forcément fouillé, je l’ai trouvé efficace, et j’ai surtout beaucoup apprécié les choix de colorisation, jouant sur la forte présence du rouge (et globalement avec une palette très restreinte). Chouette lecture donc, que je vous recommande.

24/03/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Guillaume.M

« L’Humain » est un one shot issu de la collection « Visions du futur ». Diego Agrimbau propose ici au lecteur de voyager dans le temps. Comme souvent dans cette collection, l’avenir qui nous attend est bien sombre. Une fois n’est pas coutume, l’humanité a annihilé son habitat et conduit à sa propre destruction, enfin presque. June et Robert sont les derniers représentants de notre humanité. Après un sommeil en orbite de 500'000 ans, ils doivent revenir sur Terre pour relancer notre civilisation, tel des Adam et Eve 2.0. Seulement voilà, June est sortie de son sommeil bien avant Robert et a vécu sa vie seule avant de mourir. Cette découverte va conduire ce dernier à une folie mégalomaniaque. Il est ici question de nature humaine, d’éthique scientifique, d’éthique tout court et même d’écologie, mais en toile de fond. La question qui est posée est simple et lourde de conséquences à la fois : si l’homo sapiens venait à disparaître, sa réapparition serait-elle une bonne chose ? Compte tenu de la situation mondiale actuelle et des derniers siècles écoulés, poser la question, c’est donner la réponse. Mais cela est un autre débat. Les auteurs proposent une réponse plutôt sombre et pessimiste à travers les yeux d’Alpha, robot psychologue bien plus humain que Robert et unique bouée de salut dans cette vision peu glorieuse de notre destin. Si l’idée de base et son développement sont intéressants, je n’ai jamais été surpris par le déroulement du scénario. Passé les premières pages, l’histoire est sur des rails et n’en sortira pas vraiment. Le côté sombre et pessimiste n’est pas dérangeant, au contraire. Il s’agit même d’un point fort de l’album. Visuellement, la couverture est attirante et plutôt évocatrice. Le trait et très sobre et dans le ton du récit. Je le trouve un peu froid. La colorisation est en revanche une belle inspiration. Les tons sont très limités ce qui donne une vraie identité à l’album. « L’Humain » est une bande dessinée intéressante et de qualité. Il m’a simplement manqué un brin d’imprévisibilité pour noter plus haut. Note réelle : 3.25/5

14/10/2020 (modifier)
Par Pierig
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Pierig

A la base, ce sont le titre et le dessin qui ont attiré mon regard. Au final, je ne suis pas déçu de ma lecture. Par ses propos, le livre invite à une réflexion interrogeant la place de l’homme sur la planète Terre et les dommages qu’il lui fait subir. En se projetant 500 000 ans dans le futur, les auteurs veulent prendre de la distance temporelle pour mieux cerner l’humain aujourd’hui. Est-on indispensable ? Si on redémarre l’humanité de zéro, est-ce qu’on ne répétera pas les erreurs du passé ? L’homme peut-il changer ? être meilleur ? Cette bd donne une vision de ce que tout cela pourrait être. Ce n’est pas franchement joyeux mais le parti pris reste cohérent dans son développement. Il y a quand même une lueur d’espoir en guise de conclusion (volontairement ouverte). Côté graphisme, j’aime les traits épurés et le choix réduit des tonalités de couleurs. Cela donne une ambiance particulièrement en adéquation avec les propos tenus. A découvrir (si ce n’est déjà fait !).

05/05/2020 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Jetjet

Lucas Varela m'a toujours épaté par la qualité de son trait. Une fine ligne claire singulière qui n'a de limite que dans son imagination. En ce sens le présent ouvrage pourra rappeler l'épatant Le Jour le plus long du futur tant son début également muet et le look des androïdes nous ramènent en terrain conquis. Pourtant cette fois "L'Humain" est écrit avec Diego Agrimbau au scénario avec lequel Varela avait déjà collaboré sur Diagnostics que je n'ai hélas toujours pas lu. Cette histoire emprunte effectivement sur le classique de H.G. Wells et sa machine à remonter le temps pour le contexte d'une planète Terre futuriste bien dévastée par son évolution. Si le titre porte bien sur les caractéristiques de l'Humain, c'est bien sous le regard sympathique de la droïde Alpha que toute l'histoire va se dérouler. On pourrait reprocher à l'ensemble d'être un brin classique et sans surprises. Pourtant la mise en scène est au diapason avec une nouvelle fois le bonheur de retrouver les dessins précis de son auteur mais également une magnifique colorisation mettant le rouge et le gris à l'honneur pour une parfaite compréhension. En dire plus serait bien dommage mais l'histoire grimpe rapidement en intensité, en violence et en intérêt pour une conclusion en apothéose sur le devenir de notre humanité.

09/10/2019 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
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Si le genre post-apocalyptique est assez commun en science-fiction, c’est avec une certaine curiosité que l’on attendait de voir ce que Lucas Varela allait en faire avec ce récit, qui n’est pas sans rappeler « La Machine à explorer le temps » de H.G. Wells, ou encore, d’un point de vue plus politique, « Au cœur des ténèbres », de Joseph Conrad. A ce titre, l’auteur argentin, qui a connu la dictature de Pinochet, sait assurément de quoi il parle, même s’il n’était encore qu’un enfant lorsqu’elle prit fin. Il a d’ailleurs déjà traité de la question dans L'Héritage du Colonel, en collaboration avec Julien Frey (Avec Édouard Luntz - Le Cinéaste des âmes inquiètes). Mais Varela, qui est plus dessinateur que scénariste, possède cette particularité de renforcer l’intérêt pour ses œuvres par un graphisme original et stylé. Une fois encore, on appréciera ici sa ligne claire très moderne, dans une jolie palette de couleurs quasi bichromiques, où dominent les tons rouges et gris. L’univers très dépaysant de la BD évoque la préhistoire, mais certains détails nous disent que ce n’est pas tout à fait la Terre d’il y a 100 millions d’années. On y aperçoit des plantes aux formes bizarres, des canidés capables de se tenir debout, des espèces de singes très différentes (et là on évitera le spoiling) : certains volent ou vivent dans les arbres, d’autres ont des tailles gigantesques ou encore sont cavernicoles (évidemment, on pense immédiatement aux Morlocks). Pour ce qui est du scénario, Lucas Varela s’est associé pour la deuxième fois avec son complice Diego Agrimbau, lui aussi argentin, après l’étonnant Diagnostics, un album regorgeant de trouvailles et consacré aux troubles mentaux. Doté d’une narration impeccable, « L’Humain », qui raconte comment l’espèce humaine va lutter contre sa propre extinction suite à une catastrophe ayant décimé l’humanité entière, à travers un couple de scientifiques dont le projet est de revenir sur Terre cinq cent mille ans après s’être fait cryogénisés. Le récit permet d’aborder une multitude de thèmes, le plus marquant étant la nature humaine et son indécrottable propension à dominer et à conquérir son environnement, et, ce faisant, à le dénaturer, souvent pour le pire… Bien sûr, si la fable écologique demeure en toile de fond, le propos politique n’est pas absent. Les auteurs montrent ainsi comment le pouvoir corrompt et peut transformer un homme au départ rationnel et bienveillant en tyran assoiffé de sang. Robert, seul humain de l’histoire autoproclamé empereur, régnant sur une communauté de singes et de robots, va rapidement basculer dans cette folie hystérique parfaitement décrite dans la nouvelle de Conrad. C’est bien le processus de mise en place d’une dictature qui est décrit ici, et la nationalité des auteurs n’y est certainement pas étrangère. L’autre thème développé est l’intelligence artificielle à travers le personnage d’Alpha, une androïde incarnant la sagesse et l’humanité dont semble peu à peu dépourvu son maître, Robert. Ce qui nous amènera à nous poser la question : le genre humain est-il à ce point stupide qu’il devra confier son destin à des robots pour éviter de disparaître ? Cette fable sombre et captivante, si éloignée du mythe du bon sauvage cher à Rousseau, fournit matière à réflexion tout en restant récréatif et fluide dans la forme. Même si la trame reste le plus souvent assez prévisible, les rebondissements sont bien amenés et certaines scènes assez spectaculaires. Si humour il y a, il est en mode grinçant — on n’est pas non plus là pour se taper des barres de rire —, et on l’aura compris, l’homo-mégalo en prendra pour son grade. On peut donc sans se tromper qualifier ce one-shot de réussite.

05/10/2019 (modifier)