Jimjilbang

Note: 1.67/5
(1.67/5 pour 3 avis)

Jérôme Dubois raconte son voyage d'études en Corée où il perd tout repère.


Carnets de voyages Corée Les petits éditeurs indépendants

Élève aux Arts Déco de Strasbourg, Jérôme Dubois doit partir en voyage d’études au Japon, qu’il a toujours rêvé de visiter. Les circonstances décident autrement. Avec ses camarades, il se retrouve en Corée, pays dont il ne sait rien. Aussi aimable que soit l’accueil des Coréens, le séjour se passe mal. Revenu en France, Jérôme tente de se purger d’un malaise profond en dessinant une histoire basée sur son expérience. Loin de l’humanisme et de la curiosité de rigueur dans un récit de voyage, le héros de Jimjilbang (nom du sauna coréen) affiche peur et dégoûts à travers une Corée lavée de ses couleurs. Affublé d’une tête de cachet d’aspirine, cet avatar ingrat d’Alice traverse le miroir et se perd dans un monde où tout est trop grand ou trop petit, trop propre ou trop sale, trop minéral ou trop charnel. Fatigue et isolement engendrent chez lui la peur, la paranoïa et l’aliénation. La foule, la nourriture ou l’architecture, tout lui semble étrange, donc effrayant. La ville est un labyrinthe menaçant. Le petit Français cite Voltaire, se plaint de la nourriture, ronchonne que personne ne parle sa langue et gémit qu’il aurait du écouter maman. Quand la beauté du pays lui apparaît, il est trop tard, il faut rentrer. Son départ n’a pas plus de sens que son arrivée. La Corée aura joué le rôle d’un révélateur : aussi loin qu’il aille, l’homme emporte dans ses bagages sa solitude et sa peur.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Avril 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Jimjilbang © Cornélius 2014
Les notes
Note: 1.67/5
(1.67/5 pour 3 avis)
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07/10/2019 | Jetjet
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L'avatar du posteur Noirdésir

Par rapport à ce que j’ai déjà pu lire de cet auteur, j’ai trouvé le graphisme assez différent. En Noir et Blanc tout d’abord (et donc sans les couleurs franches et étonnantes de Bien normal par exemple). Un graphisme aussi plus froid, stylisé et géométrique, qui m’a un peu fait penser sur les premières pages au dessin de Kirchner sur Le Bus. Les décors urbains vides et immenses, la forme surprenante des visages (leur ôtant parfois réalisme et vitalité), la quasi absence de textes, concourent eux-aussi à « refroidir » l’ambiance. Et cela est grandement accentué par le personnage principal que nous suivons, lors de son arrivée, puis lors de ses visites en Corée (rien dans l’album ne précise le pays, je dois donc me fier au résumé de la fiche de la série), pays, univers dans lesquels il a du mal à se fondre, qu’il ne comprend visiblement pas, au point qu’on se demande ce qui a pu l’y attirer. On est loin ici des albums de Delisle, l’approche est différente, et on ne ressent ici aucune empathie pour le sujet. Cette froideur générale, qui n’est pas contrebalancée par l’humour, ou quelque ironie, donne une lecture pas désagréable, mais disons que j’ai eu du mal à m’attacher à un personnage ou à l’histoire elle-même. Je ne sais pas où Dubois voulait en venir avec cet album. Comprendre le malaise qui l’habitait durant un voyage en Asie ? Peut-être après tout n’y a-t-il aucun message. Mais en tout cas, par-delà le côté esthétique, froid mais pas inintéressant, j’ai eu du mal à entrer dans cette histoire et, laissé sur le côté, l’ai finie sans envie pressante d’y revenir. Note réelle 2,5/5.

12/09/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Ce n'est qu'après coup, en lisant le résumé de l'album, que j'ai découvert que le personnage principal s'y rendait en Corée et non pas dans un Japon plus ou moins fantasmé. Le graphisme est tellement stylisé et les lignes tellement géométriques que je m'y suis perdu. Tout comme le héros se perd dans ce dédale urbain qui l'accueille... mais que lui rejette en bloc. C'est étonnant de voir cela raconté en BD. A l'inverse de ces carnets de voyage où règnent au minimum la curiosité mais aussi souvent un vrai intérêt et finalement une vraie affection pour le pays visité, là c'est la haine qui suinte du récit. Un haine tout d'abord du héros envers un pays qu'il trouve factice, laid et dégoûtant. Il en devient lui-même assez immonde et particulièrement impoli et détestable envers les locaux qui essaient tant bien que mal de lui faire découvrir les lieux. Puis peu à peu à cette haine des autres et de lieux étrangers vient s'ajouter une haine de lui-même quand il ressent une sorte d'attirance ou du moins de répugnance à quitter des lieux auxquels il a fini par se faire... pour ne pas dire qu'ils ont fini par lui plaire car il continue à lui cracher son rejet au visage. C'est vraiment bizarre. Surprenant certes, mais pas agréable pour autant. D'autant que le graphisme est du même acabit même si je commence un peu à connaitre le style de Jérôme Dubois et qu'il était nettement plus biscornu dans Bien normal notamment. J'ai partiellement apprécié le côté décalé et original de ce récit qui prend les carnets de voyage à rebrousse-poil, mais cette originalité ne suffit pas à compenser le vide du reste du contenu et le peu d'attirance qu'on peut éprouver envers lui.

11/08/2020 (modifier)
Par Jetjet
Note: 1/5
L'avatar du posteur Jetjet

Jérôme Dubois se met lui-même en scène dans cette première oeuvre étrange racontant un voyage d'études qu'il aurait dû effectuer au Japon mais qu'il a du faire en Corée du Sud. Mais rien ne va se dérouler comme prévu, la métropole n'est qu'une succession de lignes géométriques toutes identiques et les barrières de la culture et de la communication vont freiner l'ambition du protagoniste français qui ne va rien capter à cet environnement. Représenté sous le visage d'un personnage ampoulé anonyme, Dubois va purement et simplement rejeter en bloc toute proposition de la Corée, qu'il s'agisse de sorties, de la bouffe ou même des marchés ouverts, il ressent constamment un malaise le rendant au mieux désagréable, au pire dépressif. On peut comprendre Jimjilbang comme un exercice personnel permettant d'évacuer et d'exorciser la peur de l'auteur d'un pays inconnu où il se sent constamment rejeté. Peu de dialogues d'ailleurs émanent de cet essai constitué principalement d'un trait sommaire et anxiogène en noir et blanc. Il faudra attendre la visite des Jimjilbangs pour trouver enfin une rupture de ton, l'auteur commençant enfin à s'imprégner de l'ambiance coréenne voire carrément de l'apprécier en fin de lecture alors qu'il est temps pour lui de rentrer dans son pays natal. Le Jimjilbang kézako ? Il s'agit de bains publics ou saunas pouvant permettre aux plus démunis d'y dormir sur place dans des conditions particulières. Le problème de ce récit tient en plusieurs phases : s'il est le penchant bd du fameux film "Lost in Translation" de Sofia Coppola qui parlait également d'une histoire semblable, il n'en possède pas la richesse et l'esprit. Et à vouloir bien trop en faire et à démonter l'austérité de la Corée, Jérôme Dubois parvient un peu trop à réussir son pari : dresser une image peu attractive d'un pays lointain sous couvert d'un récit loin d'être palpitant et intéressant. En effet si on y retrouve de temps en temps quelques dessins corrects, le trait trop épuré et géométrique coupe toute émotion lors de la lecture et on se contrefiche assez rapidement des états d'âme de Dubois. À contrario, lorsque la tête d'ampoule commence à apprécier le pays, c'est pour faire n'importe quel caprice et de façon peu naturelle. Alors si Jimjilbang peut constituer une porte d'entrée dans le monde merveilleux de la bédé pour Jérôme Dubois, c'est tout à son honneur mais il nous excusera d'avoir réussi à nous en écarter et plus encore à nous y ennuyer.

07/10/2019 (modifier)