Penss et les plis du monde
Dans ce conte philosophique, l’auteur de la Saga de Grimr, fauve d’or 2018, traduit avec force le regard singulier que Penss porte sur le monde, aux antipodes de celui de l’humanité de ces temps préhistoriques…
Gobelins, l'École de l'Image Mirages Préhistoire
À l’aube des temps, Penss, piètre chasseur, passe ses journées à contempler la beauté de la nature. Rejeté par son clan, il est contraint à la survie en solitaire et promis à une mort certaine. Mais au printemps, il arrache à la terre son plus grand secret : tout dans le monde se déplie inéluctablement. Une nouvelle vie commence pour Penss et, il en est certain, un nouvel avenir pour l’humanité…
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Date de parution | 25 Septembre 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un peu plus mitigé sur cet album que la prodigieuse Saga de Grimr. D'un côté, le dessin de Jérémie Moreau est toujours fabuleux, et il sait magnifier le monde comme il le faisait sur sa saga islandaise. D'un autre côté, j'ai eu plus de mal à comprendre où l'auteur voulait nous en faire venir. Il nous montre un homme préhistorique qui découvre les bienfaits de l'agriculture et les améliorations indéniables qu'elle apporte à la vie de chacun, mais pourtant, on dirait qu'à la fin, les personnages laissent tout tomber pour revenir à leur mode de vie antérieur. En fait, plus généralement, j'ai eu l'impression que Moreau établissait une opposition entre l'agriculture et la chasse qui n'a pas vraiment lieu d'être, même si un personnage insiste sur leur complémentarité. En-dehors de cela, Penss et les plis du monde reste une excellente lecture pour un tas de raisons. Si le personnage principal n'a rien de sympathique (il est même limite antipathique), l'ensemble des personnages n'en est pas moins plutôt attachant. Mais c'est surtout l'évolution du héros et de son regard que j'ai trouvé captivante. A une époque où certains veulent absolument décentrer le regard de l'Homme pour ne plus se tourner vers la nature (ce qui n'est une mauvaise chose que si elle est poussée à l'extrême, entendons-nous), Jérémie Moreau nous invite à la démarche inverse : oui, le Monde est magnifique et l'Homme ne le voit pas. Mais sans l'Homme, il ne rime plus à grand-chose. Ainsi, Penss est au début du récit un miroir inversé de ceux qui l'entourent. Les hommes ignorent le monde et lui ignore les hommes. Au fur et à mesure du récit, toutefois, le protagoniste apprend à compter sur les hommes et comprend qu'eux aussi ont leur place dans le monde, qu'eux aussi participent à la beauté du monde et de la vie. C'est ce qui fait de Penss et les plis du monde un joli récit : il ne s'agit pas seulement d'une bande dessinée écologiste, mais aussi humaniste. Ce n'est qu'ainsi qu'elle est vraiment complète. C'est donc une très belle œuvre que Jérémie Moreau signe là, en s'appuyant toujours sur son trait solide, ses images puissantes et ses dialogues emplis de poésie. Maintenant, il subsiste cette ambiguïté soulignée en début d'avis que je peine un peu à comprendre, mais il est possible qu'avec le recul, cette bande dessinée vieillisse de mieux en mieux dans mon esprit et que je lui accorde la quatrième étoile que j'ai pour l'instant du mal à lui attribuer. 3,5/5
Le week-end dernier j'ai lu 'Penss et les plis du monde' le dernier petit bébé du talentueux Jérémie Moreau. Ouvrage récemment publié, puisqu'en septembre dernier, aux éditions Delcourt. Premièrement, la fab de l'album est totalement somptueuse. On dirait un objet d'art, un tableau et c'est un peu normal je dirais au vu de ce que nous propose l'auteur à l'intérieur. Le déroulement des pages de gardes, de la page de titre et même de la page de fin (normalement ça n'existe pas mais bon), la C1C4 et le dos participent concrètement à l'œuvre principale. C'est beau, simple et efficace. Nous allons suivre le récit de Penss, à l'aube des temps, où les cueilleurs déambulaient sur la Terre. Penss est un rêveur. Un poète. Il regarde le monde avec des yeux différents par rapport à ses pairs. Il est en quelque sorte considéré, par son clan, comme un bon à rien. Il ne sait pas chasser ou pêcher. Mais il possède le sens de la beauté. La beauté de la nature et donc celle de la terre nourricière. Juste avant la saison de l'hiver et de la période blanche, lui et sa mère, se retrouvent seuls abandonnés par leur clan. S'ensuit une tragédie qui va le marquer à jamais et tout en retrouvant un mode de vie assez typique puisqu'un second clan va venir s'installer avec lui, Penss va partir en guerre contre la terre et va vouloir contrecarrer les plans de celle-ci en essayent de passer outre le douloureux cycle de la vie. Jusqu'à ce qu'il puisse se reconstruire et aller de l’avant. Le récit est très porteur. Il met en évidence notre incapacité à assimiler la nature et le cycle de la vie. En voulant combattre tout cela et en passant outre notre besoin de vivre en adéquation avec la Terre. Ce qui est intéressant également c'est le ton qu'emploie Jérémie Moreau pour conter son récit qui est moderne. C’est un parti pris assez bien foutu car ne vous attendez pas à lire 'un parler néandertalien' ou de lire 'une énième histoire de la Guerre du feu'. Bon ensuite, l’auteur n’est pas historien et moi non plus. D’ailleurs, nous ne sommes pas là pour lire une histoire sur la préhistoire mais sur la pensée du monde ou ses plis. De l’être humain, de sa quête et de l’ascension de la pensée philosophique. C’est à prendre de toute manière avec des pincettes car c’est ce que je pense et surement qu’un autre lecteur y verra autre chose. Et ça c’est l’apparat d’un bon roman graphique. À chaque lecture d'un Jérémie Moreau, nous entrons dans un monde bien particulier. À chaque nouvel album, son style graphique se bonifie, change, prend des tournures différentes en rapport avec l’histoire contée. C’est un auteur conteur, un troubadour, un poète et il ne cesse de sublimer son art. Présentement, Penss pousse les limites de la bd et prend une tournure au niveau de la maquette du déroulement des cases et des planches assez folles et inattendues. C’est tellement beau, contemplatif parfois, âpre, dur, dramatique et poétique tout en étant métaphorique qu’on n’essaie même pas de se poser mais de se laisser porter par le récit et le design. Je suis certaine que je reprendrais en main cet album, bien après l’avoir dévoré, juste pour lire des passages et me rincer les mirettes. Voilà, j’aime, j’adore cet auteur et je pense sincèrement que même s’il a eu le Fauve d’or durant le festival d’Angoulême 2019 avec La Saga de Grimr, il continuera à dépoter et nous en mettre plein de la vue et l’esprit. Toutefois, son oeuvre que je préfère et que je trouve toujours aussi magnifique, car plein de subtilité et d'émotion, c'est son Max Winson. <3
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